La Gascogne est une mosaïque de pays gascons.
Nous essayons depuis des années de délimiter de "vrais" pays gascons, des pays qui ont une épaisseur historique, un potentiel identitaire.
Mais à côté de ces pays idéaux, il y a les pays qui se font cahin-caha (talin-talan, calí-calà, halí-halè...) au gré de regroupements de communautés de communes qui se font eux-même talin-talan... Ils ont souvent des contours discutables, mais ils tentent d’exister, et certains y arriveront peut-être !
Parmi eux :
– le Pays de l’Agenais, partiellement gascon selon nos critères, qui a gardé le statut de "Syndicat Mixte" [1].
C’est une version réduite de l’Agenais historique, qui rayonne surtout au sud et au sud-est d’Agen, peut-être parce que Villeneuve-sur-Lot bloque l’expansion au nord, et Nérac à l’ouest.
Ce pays a une charte [2] dont les grandes lignes sont tellement générales qu’elles sont peu criticables !
Pour les "petites lignes" de la Charte, voir ici.
La problématique ville-campagne est très présente. On verra plus loin comment elle peut être traitée...
– le Pays Portes de Gascogne, PETR (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) qui réunit plusieurs communautés de communes du département du Gers, depuis celle de la Lomagne gersoise (siège à Fleurance) jusqu’à celle du Savès (siège à Lombez).
Le nom "Portes de Gascogne" sonne comme une trouvaille récente pour regrouper des terroirs dont le point commun est d’appartenir au nord-est du Département du Gers, mais ne sont pas des portes de Gascogne, puisque la Gascogne les entoure de tous les côtés ! Sauf bien sûr si on assimile la Gascogne au Département du Gers, ce qu’il ne faut pas faire !
Or, ces deux pays ont signé une convention en juillet 2019.
« Objectif : fixer un cadre à la coopération entre ces territoires. »
Cet événement devait être suivi d’un "Apéro de Pays" !
Avant d’examiner le contenu de la Convention, il faut dire que la coopération de deux pays de Départements et de Régions différent(e)s est en soi un point positif pour la Gascogne, ignorée, maltraitée, divisée, par les Départements et Régions.
Traits saillants de la Convention :
« Les agglomérations, acteurs importants de la croissance du territoire national, doivent, encore plus que par le passé, jouer un rôle d’accélérateur et d’impulsion mais aussi de solidarité et de partage, certes au bénéfice d’elles-mêmes, mais aussi à celui de leurs territoires de proximité et de leur ensemble régional.
En contrepoint, les territoires périurbains ou ruraux assurent un rôle de « régulateur » de la densification urbaine une offre foncière desserrée, une organisation sociale et des services « à taille humaine » accessibles au plus grand nombre et un cadre de vie considéré par les familles comme de meilleure qualité. »
Ce paragraphe exprime crûment qu’on ne compte que sur "l’agglomération" comme moteur économique ; le reste (périurbain et rural) offre du "foncier desserré" !
Partage de fonctions souvent avancé aussi entre les Métropoles régionales et le reste...
Puisque nous sommes ici dans le cadre d’une convention entre l’Agenais (où l’Agglo d’Agen pèse lourd) et "Portes de Gascogne" (pays rural), on comprend, et c’est décevant, que le second est vu par le premier comme un espace surtout résidentiel, une réserve foncière.
En parlant plus crûment encore : Agen ne se prend-elle pas pour une petite métropole, voulant rayonner encore plus loin que l’Agenais rive gauche, de l’autre côté de la frontière départementale, en "Lomagne gersoise" ?
Qu’Agen rayonne, pourquoi pas ! ça dépend comment : le risque, c’est un étalement urbain à grande échelle, avec son cortège de lotissements et zones d’activité en rase campagne, de voies rapides, de rupture du tissu social des villages...
« Pour des raisons de géographie et notamment de risque d’inondations, le développement d’Agen se fait côté Gascogne et non pas côté Guyenne. » [Jean Dionis du Séjour, maire d’Agen, qui sait au moins que "Garonne" est la vieille frontière entre Guyenne et Gascogne]
« nous avons un art de vivre très proche »
« Coopérer avec le Gers me semble donc une évidence d’autant que culturellement, nous avons un art de vivre très proche », ajoute Jean Dionis du Séjour.
https://www.ladepeche.fr/2019/07/25/cooperation-un-partenariat-innovant-rapproche-lagenais-de-la-gascogne,8330731.php
L’art de vivre (gascon, donc !) vient à la rescousse... pour justifier une expansion péri-urbaine qui ressort plutôt d’un art de vivre automobile à l’américaine.
Nous n’avons pas encore assez balisé ce qu’est un véritable art de vivre gascon pour éviter son utilisation à toutes les sauces !
« Cette coopération s’exprimera particulièrement dans les champs thématiques suivants :
1. Infrastructures, multimodalité et mobilité
2. Développement de l’économie et de l’emploi
3. Développement du tourisme
4. Accompagnement de la transition agricole
5. Gestion raisonnée de la ressource et de la qualité de l’eau
6. Transition énergétique
7. Amélioration de l’accès à la santé
8. Développement de la formation en direction de la jeunesse »
Ici, pas grand chose à rajouter : transports, économie, santé, tourisme, agriculture, énergie, eau, formation... la coopération prévue entre l’Agenais et "Portes de Gascogne" est ambitieuse !