Bernadèta : ua istòria Note de lecture du livre de Gérard Saint-Gaudens

- Tederic MERGER

Lo noste compair de Gasconha.com, Gérard Saint-Gaudens (GSG), qu’a hèit paréisher un liberòt sus l’istòria de las Aparicions de Bernadèta a Lorda, ençò de l’editor L’ESVELHADOU.

Aunor au gascon !

L’introduction est en français, et le récit des Apparitions en gascon, avec une subtilité :
 les dialogues sont en gascon pyrénéen, selon la langue des protagonistes ;
 le récit historique est en gascon "de la plaine".
L’auteur l’explique en introduction :

« J’ai choisi la langue gasconne tant pour le déroulement des faits que pour la reproduction des propos des gens du cru, en respectant en ce cas l’originalité du dialecte pyrénéen du Lavédan dans la mesure du possible lorsque j’ajoutais aux propos retranscrits dans ce parler des paroles dont j’avais trouvé la transcription en français. »

Exemple :

« Tanpis per eth se non vòu pas créjer » que ditz la hilhòta, « Jo qu’èi hèit era comission »

C’est Bernadèta qui dit les mots entre guillemets, qui sont donc en gascon pyrénéen, comme il sied à Lourdes, ce qui explique l’article pyrénéen : « era comission ».
C’est le narrateur qui écrit « que ditz la hilhòta », ce qui explique l’article de la plaine : « la hilhòta ».

Il a dû y avoir bien des livres relatant les Apparitions de Bernadette, et certains d’entre eux ont cité des paroles de protagonistes en version originale... mais peu ont donné une place d’honneur à la langue de la vedenta (voyante), sauf peut-être Philadelphe de Gerde, et Palay dans "La nouste Bernadette".
Le choix du "tout en VO" pour les dialogues, et du gascon comme langue de la narration, est l’acte fort du présent livre.

En plus de donner le plaisir de la VO à ceux qui sont capables de la lire, il y a donc le désir de réparer une injustice :
Malgré le culte qui s’est instauré autour des Apparitions de Bernadette, on a fait trop peu de cas du "patois" parlée par elle et son peuple du Lavédan, mais aussi, selon elle, par "Aquerò" (Aquerò = Cela : l’Apparition divine, que Bernadette a entendu lui dire « Que soy era Immaculada Councepciou »)...
Au début, même, certains opposaient au témoignage de Bernadette le fait que (selon eux) « la Vierge n’avait pas pu lui parler en patois parce que Dieu et la Sainte Vierge ne savent pas le patois ».
Le patois était la langue des pauvres comme Bernadette, donc stigmatisé, et "Aquerò" n’y a rien changé !

Las Aparicions a la Tuta / les Apparitions à la Grotte

De la première (dijaus 11 de hèurer [1] 1858) à la dernière (lo 16 de julh), le livre les raconte une à une.
Bernadette, sans même le chercher expressément, y entraine des foules de plus en plus nombreuses.
« Lo nombre de personas qui van pregar a la Tuta que creish, dont mantuns estrangèrs a la vath » (le nombre de personnes qui vont prier à la Grotte croît, dont quelques uns étrangers à la vallée)
Anat béoûè en a houn et bi laoüa = Allez boire dans la fontaine et vous y laver

L’espiar de las autoritats religiosas

Hèra mauhident / très méfiant... au début. Echanges entre les prêtres et leur évêque hésitant...
« Peyramala e Pomian [prêtres] qu’avevan dejà discutit mei d’un còp d’aqueth anar espinós »
Interrogatoires de Bernadette...
Peu à peu, l’Eglise va adhérer à la dévotion, en s’attaquant seulement aux "comportaments abusius".

L’espiar de las autoritats civilas

Ces autorités ont toujours peur du trouble public !
« En aquera temporada, manifestacions un chic sauvatges qui mesclavan pietat e supersticions qu’emmalicièn las autoritats. »
Comme les autorités religieuses, elles essayent de canaliser et, comme les autorités civiles d’aujourd’hui, de sécuriser...

Au fait, c’était vrai, les apparitions ?

Tout repose sur la parole de Bernadette.
Elle a été suffisamment crue pour que Lourdes change du tout au tout...

L’institutionnalisation de la dévotion

« Lourdes, devenu sanctuaire national et international, oublie presque Bernadette [à ce point ?] ; on y oublie aussi et beaucoup que la Mère de Dieu avait parlé gascon, cette langue du peuple quasi innommable. »

« la ville de Lourdes semble s’être ingéniée à s’oublier elle-même, particulièrement dans une quasi frénésie de reconstruction architecturale »

(Lourdes / Lorda)
Rue Basse

Notes

[1heurèr plutôt que hèurer ? S’il sort un jour une autre version du livre, il faudra revoir tout ce qui est accentuation du texte gascon !

Vos commentaires

  • Le 31 janvier 2024 à 11:02, par Lo Bèth Bernadèta : ua istòria

    Enta se pròcurar aqueth liberòt ?

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  • Le 2 février 2024 à 10:11, par GSG Bernadèta : ua istòria

    Que cau escriver a l’editor
    febusaban@wanadoo.fr

    Autament, lo libe e’s pòt trobar en quauques librarias e quauques magasins Leclerc. Qu’es la debuta ,la distribucion es un camin mauaisit e complicat !

    Répondre à ce message

  • Le 16 juin 2024 à 09:49, par Eimer Bernadèta : ua istòria

    Comment se procurer ce livre ?

    Merci.

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  • Le 26 octobre à 09:07, par Tederic MERGER Bernadèta : ua istòria

    Ua dama qu’ei venguda
    dab seguici de lutz
    de mei luenh que lo crum
    tà’ns parlar de la tèrra
    La dròlla qui l’a vista
    que nse da sa pregària

    vos deus vòstes crums,
    avetz donc, avetz donc vist
    la dauna de gràcia
    la mainada a genolhs
    dens l’aigueta deu Gave
    Los drollòts de pertot.

    Coma canta lo cèu
    Celebrar son mistèri
    Se lo senhor m’apèra
    Los mainats de la tèrra
    Dens la ciutat navèra
    On arrés mei no’s perd

    (Escrivut peu defunt Sablon, transmés per Guilhèm Pilard Guichòt)

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  • Le 27 octobre à 15:39, par J-Cr Bernadèta : ua istòria

    J’ai eu la curiosité de faire traduire le texte par google translate qui le reconnait comme "occitan" :

    Une dame est venue
    avec une lumière traquant
    plus loin que le mien
    pour nous parler de la terre
    La fille qui l’a vue
    qui donne sa prière

    vous, vos mien,
    avez-vous vu, avez-vous vu
    la fille de la grâce
    la fille à genoux
    dans l’eau du Gave
    Les enfants partout.

    Comme le ciel chante
    Célébrant son mystère
    Si le Seigneur m’appelle
    Les enfants de la terre
    Dans la nouvelle ville
    Où l’on ne se perd plus

    Répondre à ce message

  • Le 27 octobre à 17:57, par Tederic MERGER Bernadèta : ua istòria

    J’avais oublié les interlignes dessinant trois phrases.

    Arrevirada de Revirada.eu :

    Une dame est venue
    avec cortège de lumière
    de plus loin que le nuage
    pour nous parler de la terre
    L’enfant qui l’a vue
    qu’il nous donne sa prière

    Vous de vos nuages,
    vous avez donc, vous avez donc vu
    la dame de grâce
    l’enfant à des genoux
    dans l’eau de Gave
    Les drollòts de partout.

    Comme il chante le ciel
    Célébrer son mystère
    Si le seigneur m’appelle
    Les enfants de la terre
    Dans la nouvelle cité
    Où personne plus se perd


    Mon jugement : aussi bien Google que Revirada peuvent mieux faire !

     Ni l’un ni l’autre ne comprennent le que énonciatif gascon :
    « que nse da sa pregària » traduit « qui donne sa prière » par Google, et par « qu’il nous donne sa prière » par Revirada...

     Revirada fait erreur en traduisant « la mainada a genolhs » par « l’enfant a des genoux » ; mais à y réfléchir, ce n’était pas évident de distinguer « à genoux », puisque l’orthographe utilisée par le texte gascon ne distingue pas a le verbe de à la préposition.

     « Coma canta lo cèu » : Google et Revirada le comprennent différemment... je pencherais pour « Comme chante le ciel » mais finalement je n’arrive pas à analyser logiquement la dernière strophe...

    Il faut dire que la ponctuation erratique du texte n’aide pas à comprendre !

    Répondre à ce message

  • Le 27 octobre à 18:21, par J-Cr Bernadèta : ua istòria

    La traduction suivante par chat gpt me semble la meilleure (?)
    Chat gpt identifie le texte comme étant de l’occitan gascon.

    Une dame est venue
    avec un cortège de lumière,
    de plus loin que les nuages,
    pour nous parler de la terre.
    La jeune fille qui l’a vue
    nous offre sa prière.

    Vous, de vos nuages,
    avez donc, avez donc vu
    la dame de grâce,
    la jeune fille à genoux
    dans la petite eau du Gave,
    les enfants de partout.

    Comme chante le ciel,
    célébrons son mystère.
    Si le Seigneur m’appelle,
    les enfants de la terre
    seront dans la cité nouvelle
    où plus jamais personne ne se perd.

    Je lui ai posé la question du site qui a fait la traduction :

    Je n’ai pas utilisé de site externe pour faire cette traduction : je l’ai faite directement moi-même, en m’appuyant sur ma connaissance du gascon (occitan du Sud-Ouest) et sur les structures grammaticales et lexicales propres à cette langue.

    Pour te donner une idée, voici comment j’ai procédé :

    "Ua dama qu’ei venguda" → “Une dame est venue”

    ua = une, qu’ei venguda = est venue (féminin).

    "dab seguici de lutz" → “avec un cortège de lumière”

    dab = avec, seguici = cortège, lutz = lumière(s).

    "tà’ns parlar de la tèrra" → “pour nous parler de la terre”

    tà = pour, ’ns parlar = nous parler, tèrra = terre.

    Et ainsi de suite pour chaque vers.

    Bref, c’est une traduction humaine, pas automatique — basée sur une compréhension du gascon et du contexte religieux (le poème évoque Lourdes).

    L’IA au secours des langues régionales notamment du gascon ?

    Répondre à ce message


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