La langue rapportée par l’auteur [1] me semble du medoquin authentique. Je regroupe les citations par chapitre. Mes commentaires au fil des citations.
Des remarques générales :
- les voyelles finales atoniques sont notées o ; même le e final de veire, de negre : "beyro", "négro"...
- Les ts et s finaux sont bien notés, ce qui veut dire sans doute dans cette graphie franco-phonétique qu’ils étaient prononcés : c’est un trait plutôt gascon, par rapport au guyennais ou au nord-occitan par exemple.
Episode de la Révolution en Médoc
« Acos pas you qué mé harey torso lou cot pr’aquet aoudet ! Boudréoui touts lous beyro sancna sos mous eils ! Ah ! poudets gayta pertout, dens touts lous cugns. »
« Y heyt négro coumo ché lou loup ! Baouc querro lou calumet. »
Remarque : francisme "ché"
« Attendetz en tsic, baouc bous paga quaouquouré. »
« Ba querro lou pinéou ! » (« la célèbre et favorite liqueur des médocains »)
Remarque : les "médocains" ont importé le pineau de leurs voisins d’outre Gironde, mais en ont gasconnisé le nom d’oïl en "pinéw" selon une règle que nous avons déjà signalée maintes fois sur Gasconha.com ; avec toujours l’hypothèse qu’au moment où ils ont reçu ce mot, "eau" était encore diphtongué en oïl...
« Acos d’aou quatre bin naou ! »
Remarque : article partitif "d’aou" comme en français "du"
Traduction : C’est du quatre vingt neuf
« Bibo Roubespierro ! »
« S’en foututs ! »
Remarque : S’en = Sèm (nous sommes ; mauvaise coupure)
« Moussu lou baroun, poudets sourti, acos enit ! »
Remarque : acos enit = acò’s henit ; donc usage de la forme henir pour le verbe français finir : donc le h gascon, probablement muet sans aspiration ; reste à savoir si la prononciation était "akossénit" ou "akozénit"...
Lou Bastard
« Ba-t-en d’aqui, michant bastard ! »
« Lou bastard a pas poou dé tu. Toquo mé sé gaouso ! »
Remarque : normalement, ce serait "gaousos" (tu oses) ?
« « Mesto Jaouset » de Cantecoucut »
« Moussu Piquefer » (Monsieur Pyckfer)
« Un balcon en dé las flous ! »
Remarque : "en dé las flous" = emb de las flors / avec des fleurs (de las = article partitif comme en français, contrairement au gascon général)
Un complot
« Turco-l’Amiraou »
« L’Esquiroou »
(l’écureuil)
Mon village
« Pierrille de Castelnaou »
« Lou Maoubestit »
« l’Aygo-longo (Longe l’eau) »
La traduction "Longe l’eau" est de l’auteur.