Un chant corse représente la France à l’Eurovision Tédéric D.

Le 14 mai prochain, à Düsseldorf, lors de l’Eurovision de la chanson les couleurs de la France seront défendues par un chant Corse "Sognu" !!
Les langues régionales défendant les couleurs de la France. Les temps changeraient ils ?
A méditer
Pour l’écouter :
www.ladepeche.fr

Grans de sau

  • C’est une longue tradition : il y déjà eu des chants corses et des chants bretons si j’en crois ma lamentable culture télévisuelle.
    C’est un fait qui illustre deux phénomènes, l’un de fond, l’autre conjoncturel :


     Il s’agit donc d’un énième avatar de chant en langue régionale que l’on envoie au casse-pipe dans une Europe aux réflexes anglo-saxons.


     France 3 sous sa nouvelle direction entend se recentrer sur les régions.
    Les premiers résultats ne sont pas convaincants (cf Midi en France). C’est la télé à papa.

  • Peut-être du même ordre est le succès commercial totalement imprévu du CD de Nolwenn Leroy, la belle (ça peut aider ...) chanteuse bretonne qui reprend les succès de Tri Yann et Alan Stivel dans les années 1970.
    Je hasarde l’hypothèse que s’entrouvrirait un nouveau moment dans la perception des identités régionales par l’opinion dominante - c’est à dire celle propagée par les grands media audiovisuels en France : après une époque où elles étaient bien vues (époque du "multiculturalisme optimiste" post-soixantehuitard) elles ont été ces dix (?) dernières années enfouies dans l’opprobe silencieuse dévolue aux "communautarismes" honnis par le républicanisme ombrageux en assimilation indue avec des phénoménes culturels entièremnt différents.
    Le balancier étant allé réellement trop loin, au point de créer une chape de plomb un peu étouffante qui a suscité la parade - pas très efficace, j’en conviens - des milieux occitanistes présentant leur (notre ?) cause comme une défense de la biodiversité culturelle et de l’ouverture à l’universel.

    Cette toute récente poussée printanière de reconnaissance timide de nos identités moribondes (ce qui, par la même, n’engage pas à grand chose...) est peut-être à suivre.

  • Mais le rayonnage régionaliste n’a jamais été aussi maigre en pays gascon.
    Je m’intéresse à la production régionale musicale depuis plus de 10 ans (en tant que simple consommateur même si j’aime bien pousser la chansonnette avec des amis), la dégénérescence est une réalité, on ne trouve plus le CD de tel groupe local qui reprenait avec plaisir des chants du pays, Nadau reste ancré sur quelques standards mais ne sort plus grand chose, la plupart des chorales s’enferment dans un imaginaire français tandis que parallèlement les musiciens labellisés occitans se cloitrent dans des expériences musicales difficilement accessibles (et souvent nulles pour tout dire, c’est inversement proportionnel aux subventions ramassées, sans jouer au poujadiste de bas étage).

    A l’inverse, le dynamisme musical basque est proprement stupéfiant, en Béarn il constitue les 3/4 des CDs que l’on peut trouver au rayon de musique régionale. Et c’est souvent d’excellente qualité, qu’ils soient espagnols (Oskorri, Lertxundi, ...) ou français (Berzaitz, ...).
    Ce qui pourrait sauver de l’oubli le patrimoine musical gascon, ce serait que les Basques s’en emparent ...

    Pour ce qui est du balancier décrit, je suis assez d’accord, sauf qu’il ne faut pas nier, je crois, que ce retour aux racines est aussi la conséquence d’un refus de la mondialisation.
    A ce titre, je crois que c’est une erreur stratégique que de vanter notre culture régionale sous les seuls auspices du multiculturalisme quand l’appétence pour celle-ci relève justement du phénomène inverse, à savoir la volonté d’échapper au gloubi-boulga relativiste bien-pensant propagé depuis les années 80.
    Bref, je pense que les acteurs régionaux gagneraient à être un peu plus mordants identitairement, parce qu’il y a un terreau, il faut arrêter la pudibonderie, il n’y a aucune honte à aimer son pays natal, parce que de toute façon, il faut bien occuper son existence.

  • Je vais être plus direct.
    Il n’y a qu’à voir le succès comme le disait Gérard Saint-Gaudens de Nolwenn Leroy où les ventes explosent notamment chez les Bretons. Depuis longtemps ils ont su travailler leur identité !
    Grands dieux il ne manque pourtant pas de groupes de rock, folk, pop, de blues ou de jazz en Gascogne, mais veulent ils réellement chanter du gascon !!!
    Les musiques de chez nous ne sont bonnes dans l’imagerie populaire qu’à être chantées pour les fêtes et soirs de beuveries !
    Pourtant je suis sur qu’avec de la bonne volonté on peut avoir un vivier artistique de qualité.
    Mais une fois passé le cap de la création, il y aura le cap de la production musicale et là on se heurte à un autre problème, les labels indépendants face aux Majors.
    Tout le monde ne s’appelle pas Nolwenn et trouvez-moi un artiste médiatisé originaire de Gascogne qui voudrait et pourrait chanter en gascon ?

  • Nolween est d’une beauté renversante et en plus je pense qu’elle a oublié d’être idiote.
    Si elle met sa beauté et son intelligence au service de la langue et de la culture bretonnes... Je la félicite de s’approprier ou de se réapproprier la langue.
    Je ne peux pas juger de sa qualité de néo-locutrice mais je peux vous dire que, chez nous, les groupes qui s’essaient au gascon, surtout les ressucées des chants collectés par Arnaudin, ont une bien mauvaise connaissance du gascon, de sa prosodie, de ses intonations...
    Mais on peut toujours s’améliorer, je suppose.

  • Tout à fait d’accord avec Vincent P.et Felip Lartiga.
    Je ne sais si c’est une question financière ou autre chose mais comme tout le monde je constate qu’à part Nadau on ne trouve guère de CD de chanteurs ou de groupes gascons en Gascogne.
    J’ai écrit il n’y a pas longtemps à un mèl trouvé à partir du blog de Marilis Orionaa (qui aurait bien, n’est-ce pas Felip Lartiga, toutes les qualités pour être la Nolwenn Leroy gasconne !) pour demander pourquoi ses CD ne se trouvaient nulle part et comment les obtenir.
    Eh bien, je n’ai pas eu de réponse (peut-être pour des raisons techniques de messagerie mais si c’est le cas c’est aussi l’indice d’un problème...).
    Il est plus facile apparemment de se répandre en imprécations contre des groupes concurrents que d’imiter leur politique de distribution (mais je suis peut-être injuste si c’est une question de moyens :un sujet à éclairer au grand jour si l’on veut que ça change...)

  • Je vais être dur, excusez moi !
    mais je sais que la plupart des gasconhautes qui s’expriment ici me comprendront...
    Nous entrons dans une nouvelle ère : celle de la Gascogne sans sa langue propre.
    Notre langue est maintenant le français.
    De notre deuil doit naître autre chose.
    Un astre de l’ère finissante, Nadau, réussit à avoir une audience relativement large, fondée sur un reste de familiarité avec la langue perdue.

    Mais il ne faut déjà plus identifier des chanteurs gascons uniquement par le fait qu’ils chantent habituellement en gascon.
    Nous devons jauger la création gasconne sur des critères nouveaux ; et ces critères, nous ne les avons pas encore.
    La Gascogne est réduite à une potentialité géographique, sur laquelle renaitra peut-être une culture propre, qui inclura des pratiques de chant.
    Il peut se développer quelque chose à partir des chorales et de ce qu’on appelle maintenant "cantères", c’est-à-dire des groupes qui chantent spontanément et pas sur un "empont".
    Certains jeunes sont en demande.
    Certes, nous buttons toujours sur l’étiquette "occitan" qui embrouille tout en incluant un territoire trop vaste et hétérogène.
    Mais si on arrive à créer un climat gascon, la mayonnaise peut prendre.
    Continuons de guetter ce qui se chante en Gascogne ! Et chantons nous-même (ce que je fais personnellement) !

    Quant à Nolwenn qui chante en breton et a franchi apparemment les portes du "show-biz", c’est sans doute un exemple à étudier, mais ce qui est possible aujourd’hui en Bretagne ne l’est pas forcément en Gascogne.
    Entre Bretagne et Gascogne, il y a un point commun : la situation de la langue propre me semble désespérée dans les deux cas (le mouvement breton pour la langue est plus dynamique, mais le point de non retour est aussi atteint là-bas, j’aimerais me tromper).
    Mais il y a une différence : l’identité bretonne, existe largement, pas l’identité gasconne. C’est justement le problème qui nous rassemble ici !

  • Il faut aussi parler clairement et constater que la Bretagne dispose de solides réseaux médiatiques à Paris notamment via de grands entrepreneurs ou hommes de télé (allez, osons le mot : c’est un lobby) :
    la Bretagne est un peu l’enfant chéri de la France, c’est un imaginaire sentimental très bien défini depuis le XIXème siècle, qui parle à tout le monde.
    La situation sociolinguistique en Bretagne est au moins aussi désastreuse qu’en Gascogne, mais la Bretagne reste une marque, ainsi qu’une unité géographique évidente (il suffit d’y entrer depuis Avranches ou depuis les pays poitevins, la Bretagne est une évidence, même en pays gallo).
    Les militants purs et durs ne peuvent que regretter la disparition de l’ancien monde plus authentiquement breton, mais au moins il leur reste la Bretagne, certes francophone, mais encore originale ...

    Ce qui me chagrine, c’est que la Gascogne était un espace ethno-culturel au moins aussi remarquable que la Bretagne.
    Et nous disposions tous comme les Bretons de liens à renouer avec des nations voisines (Aragon, Pays Basque, ...).
    Nous avons complètement raté la phase historique de développement des identités régionales, pourtant c’était bien parti jusqu’à 1945.
    On paie très fortement l’engagement des félibres dans le combat littéraire provençal qui s’est transformé dans l’après-guerre en occitanisme.
    Je pense que la Paris d’il y a 100 ans n’en reviendrait pas de la disparition des Gascons de l’imaginaire national français.

    Pour ce qui est du gascon, c’est une langue qui est de moins en moins chantée parce que de moins en moins connue, aussi bien par les chanteurs que par les spectateurs.
    Reste que je ne vois pas non plus émerger une production gasconne en langue française : existe-t-il une vie culturelle en Gascogne ? Existe-t-il des artistes gascons ?

  • "L’identité bretonne, existe largement, pas l’identité gasconne. C’est justement le problème qui nous rassemble ici !"
    Oui Tédéric surtout quand nos artistes sont mangés à la sauce de l’occitanisme :
    nadau-chante-l_occitanie


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