Du parti à tirer d’une phrase lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2008-06-23 n° 8907]

- Jean Lafitte

M. Loig Cheveau a écrit :
« Reconnaître les langues régionales n'engage l'Etat à rien du tout.
Nombreux sont les pays qui reconnaissent leurs langues minoritaires sans
rien faire d'utile pour elles. Donc si la France le faisait, je ne vois
pas trop le parti que pourrait en tirer les "agitateurs" de toutes façons. »

C'est oublier les procès où des gens ont voulu à tout prix s'exprimer
dans une langue régionale dans la sphère publique, et les complications
que cela crée pour la justice qui a des choses plus utiles à régler.

J'invite M. Cheveau à lire le compte-rendu complet de la séance du Sénat
et certaines interventions très explicites, celle de M. Badinter
notamment ; les intervenants voient dans cette reconnaissance un moyen
pour certains de faire ratifier la Charte européenne, dont ni le PS ni
l'UMP ne veulent, avec raison à mon avis. M. Sarkozy candidat avait
d'ailleurs nettement annoncé qu'il ne la ratifierait pas.

Hèt beroy.

J.L.

Grans de sau

  • Même ratifier la Charte n'engage pas à grand-chose, d'après ce que j'ai entendu : l'Etat qui la ratifie doit seulement mettre en oeuvre certaines des propositions (qu'il choisit) : il peut ne choisir que les propositions les plus insignifiantes, et au final le sort des langues régionales risque de ne pas changer du tout. Il y a toujours un échappatoire.
    De toutes façons, même certaines langues officielles ne sont pas réellement soutenues, il n'y a qu'à voir ce qui se passe avec l'irlandais : première langue officielle selon la loi, enseigné dans toutes les écoles obligatoirement, et au final, presque tout le monde se moque complètement de cette langue, la plupart des jeunes la détestent parce qu'elle est difficile, obligatoire et enseignée de façon soporifique.
     
    Le nombre de ceux qui en sont les locuteurs traditionnels a tendance à diminuer. Donc, statut officiel, mais qui ne sert à rien, car les mesures prises sont inefficaces (les Irlandais n'ont pas envie de parler irlandais, et rien n'est fait pour leur en donner l'envie).
    Alors même si la Charte était ratifiée par la France, ce n'est pas sûr que ça changerait quoi que ce soit.
     
    Loìc

  • Bien que souffrant de la désaffection de la majeure partie de la
    population irlandaise, le gaélique d'Irlande ou langue irlandaise, est
    plus ou moins compris et parlé par un petit tiers des Irlandais.
    Bien que précaire en raison du nombre restreint des locuteurs naturels,
    la situation de cette langue est sans commune mesure avec celle, bien
    plus catastrophique, de nos langues dites régionales. C'est surtout dû
    au fait qu'elle est reconnue première langue officielle d'Irlande devant
    l'anglais et enseignée de matière obligatoire dans toutes les écoles.
    Elle a également un statut de langue de travail officielle au sein de
    l'Union Européenne. Pour en savoir un peu plus sur la situation de cette
    langue en danger de disparition, malgré la protection dont elle jouit,
    cliquer sur le lien ci-dessous :

    http://www.salic-slmc.ca/showpage.asp?file=biling_autres_pays/irlande&language=fr&updatemenu=true

    Première langue d'Irlande, officiellement, le gaélique ne l'est plus
    dans la vie quotidienne puisque l'anglais est la langue maternelle de
    l'immense majorité des Irlandais. Loïc a raison de faire remarquer que
    doter une langue d'une reconnaissance certaine, voire d'un statut
    officiel, ne suffit pas à assurer sa survie. Si une telle langue ne
    jouit pas d'une pratique massive et quotidienne, sa reconnaissance ou
    son officialité lui sera d'un bien piètre secours.

    Daniel

  • >Bien que souffrant de la désaffection de la majeure partie de la
    >population irlandaise, le gaélique d'Irlande ou langue irlandaise, est
    >plus ou moins compris et parlé par un petit tiers des Irlandais.

     
    Ce sont en effet ce que disent les chiffres officiels, qui ont été grossis, ou bien basés sur des questions mal posées (du genre : "Do you speak Irish ?", la plupart des gens répondront oui par fierté patriotique depuis que l'Irlande est à la mode et qu'elle est devenue un des pays les plus riches de l'UE, alors qu'en fait ils ne savent dire que quelques phrases ; il aurait fallu surtout poser les questions du sondage en irlandais...). La réalité est toute autre, je l'ai testé maintes fois. L'irlandais a beau être enseigné à tous les enfants du pays, c'est si inefficace qu'une fois leur "bac" (Leaving Certificate en fait) en poche, la majorité des jeunes irlandais ne savent dire que quelques phrases apprises par coeur, et ne comprennent rien quand on leur parle dans un irlandais non-scolaire, courant et sans accent anglais. Je le sais, je parle irlandais couramment et j'ai testé : les jeunes bacheliers ne me comprennent pas alors que
    quand je vais dans les régions irlandophones, tous les irlandophones me comprennent sans aucun problème...

    >Bien que précaire en raison du nombre restreint des locuteurs naturels,
    >la situation de cette langue est sans commune mesure avec celle, bien
    >plus catastrophique, de nos langues dites régionales.

     
    ça dépend lesquelles, je dirais.
     

    >C'est surtout dû
    >au fait qu'elle est reconnue première langue officielle d'Irlande devant
    >l'anglais et enseignée de matière obligatoire dans toutes les écoles.

     
    non, ça ne change rien puisqu'après le lycée, la plupart des jeunes oublient tout ce qu'ils ont appris (c'est à dire pas grand-chose).

    >Elle a également un statut de langue de travail officielle au sein de
    >l'Union Européenne.

     
    je sais, mais ça ne lui donne pas de la vitalité pour autant...
     
    Ce qu'il faudrait, ce serait surtout des campagnes de publicités et la création de choses pour les jeunes qui donneraient envie aux gens de s'y mettre. Et aussi il faudrait revoir la formation des profs (beaucoup ont un mauvais niveau en irlandais) et la façon dont ils l'enseignent.
     
    Loìc

  • Intéressante réponse qui montre, entre autres choses, que la France n'a
    pas le privilège d'un niveau pas très brillant d'enseignement des
    langues, et que le Leaving Certificate est, du moins en ce domaine,
    aussi peu performant que le Bac français, sauf à faire du chiffre comme
    chez nous. En effet, cette obnubilation du "chiffre" ne semble pas être
    un mal typiquement français mais, hélas, universel à notre époque
    déboussolée par le manque de repères. La quantité prime sur la qualité,
    l'avoir sur l'être, le faire-comme-si sur la vie réelle. Est-ce que je
    me trompe dans le cas de l'Irlande ?
    Que le nombre d'Irlandais disant parler gaélique soit grossi, soit par
    propagande, soit par fierté nationale, même s'ils bafouillent quelques
    mots, je veux bien le croire. Il doit en être de même de maint pays qui
    a perdu socialement sa langue mais au sein duquel existe un réel
    sentiment identitaire. Combien de Mexicains parlent réellement le
    mexicain (/aztèque/nahuatl) ? Combien d'Egyptiens parlent réellement
    l'égyptien (/copte) ? A propos, combien d'"occitanophones", combien de
    gascophones chez nous, avec la fierté nationale en moins ? En l'absence
    totale d'un dénombrement sérieux, hormis des sondages biaisés, mal
    bâtis, cela peut aller du simple au double, au triple, au quadruple, etc.
    Quant aux campagnes de publicité ou à la création de choses dans le but
    d'inciter les Irlandais à se remettre à parler leur langue ancestrale,
    peut-être, à condition d'avoir en tête le modèle hébreu qui est
    l'exception confirmant la règle.

    Daniel


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