Dogme linguistique lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2008-06-22 n° 8901]

- Jean Lafitte

Adixat moundë,

Je voudrais ici reprendre au bond la balle envoyée par l’ami Daniel Séré
qui écrit :
« Et lorsque je parle de religion d’Etat je ne pense pas faire preuve
d’une exagération excessive. Chez nous, c’est le jacobinisme avec son
dogme "un état-une nation/un peuple-une langue". On comprendra, sans
être sorti forcément sorti de Saint-Cyr, qu’avec un tel crédo la langue
soit indissociable de tout le reste.  »

J\observe d\abord que ce jacobinisme a tellement imprégné les mentalités
que l\occitanisme a le même dogme : une langue (unique pour tout le Midi
roman, sauf Roussillon, parce que le morceau catalan est trop gros pour
l\appétit occitan) - une peuple occitan - une nation - un état (à
séparer de la France colonisatrice).
"Occitan†, la revue du Parti Occitan, affiche une devise de ce genre que
je cite de mémoire : « Une langue, un peuple, un pays  ».

Donc impensable de reconnaître le gascon ou le provençal comme langues
autonomes, même si les intéressés le veulent.
Voici la merveilleuse affirmation tautologique de Jean Sibille, en 1997,
pour clore un débat sur le gascon dans la petite revue d\études qu’il
avait créée "Estudis occitans†:
LO GASCON ES UN DIALECTE OCCITAN PERQUÉ LOS GASCONS SON OCCITANS

Mais je ne suis pas certain que ce phénomène soit une spécialité
française. On sait en effet qu’au Moyen Âge, le mot "langue†signifiait
"nation†. Le mot "peuple†n’avait pas cours. Par contre,
l’identification de la nation à l’État, qui implique une seule langue
dans l’État, est sans doute le fruit de la pensée du siècle des
Lumières. Au demeurant, si l’on éliminait le Roi comme symbole et même
facteur de l’unité nationale, il fallait bien inventer autre chose, car
personne n’avait envie de morceler le Royaume...

En allant encore un peu plus loin, je pense que ceux qui n’ont qu’une
langue sont en quelque sorte jaloux de ceux qui en ont une seconde (M. 
Bayrou l’a éprouvé quand il était ministre), que certains préfèrent même
à la langue commune : ceux qui n’ont que celle-ci se sentent rejetés par
les bilingues.
De même que ceux qui n’ont pas appris le latin se sentent diminués par
rapport à ceux qui le connaissent. D’où la solution égalitaire : on
élimine le latin du cursus secondaire, ou peu s’en faut.

Même modestes et apparemment méprisées, nos langues doivent souffrir
aussi de ce phénomène psychologique... très répandu.


Daniel écrit aussi :
« Alors, que dans les circulaires administratives nos idiomes ancestraux
portent l’étiquette "dialectes" ou "langues", c’est tout simplement du
folklore tant que ça ne débouche pas sur quelque chose de plus concret,
de plus explicite et... de plus officiel. En attendant notre patrimoine
linguistique ancestral se réduit comme peau de chagrin. Pourtant nos
beaux esprits sont pourtant favorables à la diversité culturelle et
linguistique, oui, mais chez les autres...  »

Certes, mais là comme pour tout ce qu’il serait très bien de faire, il
faut de l’argent. Et si les citoyens se mobilisent pour une clase de
maternelle qu’on va supprimer dans leur village ou leur quartier, il n’y
a pas foule pour demander des crédits pour nos langues.

Et même si l’on en obtient, on n’a pas les hommes compétents pour
vraiment travailler sur les langues. Par exemple, qu’apporte l’Institut
occitan de Pau à la transmission de la langue béarnaise et gasconne ?

Sans compter que je persiste à affirmer que la graphie occitane a
dénaturé la langue ; je tiens à la disposition de ceux qui me la
demanderont une courte fiche montrant ce qu’était réellement l’ancien
gascon écrit...

Qu’éy tout per oéy lou die.

Hèt beroy.

J.L.

Un gran de sau ?

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