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La Bastide-Clairence / La Bastida-Clarença

- Vincent P.


 

Toquely et Pegnin / Tòca-l'i e Penhin


Au quartier de Pessarou.


 

Grans de sau

  • La maison Pegnin est celle située à l’arrière plan ; la maison de l’avant étant Tocaly.

  • Merci de la précision !

    Tocaly est bien entendu le gascon "tòca-l’i" (touche-l’y), qui signifie ??

  • Le verbe tocar (touca) rentre dans un grand nombre d’expressions avec des significations variées.
    J’ai des doutes dans le cas de "Tocaly", car s’il s’agissait du verbe, on aurait plutôt toquely, ou tocoly, touquely suivant la région.
    (A tocar), a touca : contigu.
    "tòca-l’i" : se dit pour exciter, provoquer.
    Se dit aussi pour une femme légère.
    E pour sourire : touca’i : s’énivrer.
    Quand à "Pegnin", c’est encore moins évident.
    Sagit-il du nom du propriétaire ? Ce fut le cas pour les maisons du pays basque, et certaines maisons gasconnes.
    On peut remarquer que les habitants portaient volontiers le nom de la maison de préférence à leur propre nom, sinon eux-mêmes, du moins l’entourage. Cette pratique, sans être généralisée a perduré dans les Landes, jusqu’à une date assez récente.

  • Un ancien -a atone d’origine latine dans un composé, comme c’est le cas ici, garde un timbre parfois assez proche du a, cf les adverbes.

    Je me demande également si les variantes "Décha Dise" que l’on trouve parfois n’illustrent pas le même phénomène, plutôt que d’y voir l’infinitif (mais il faudrait demander aux autochtones).

    Il n’y a donc, à mon sens, aucun problème à considérer que "Tocali" est bien "tòca-l’i".

    • Nous sommes là pour corriger les erreurs quand personne ne le fait, et il me semble qu’il y en a une dans la notice de l’Inventaire aquitain : « la remise au centre (appelée "sotou" en gascon ou "ezkaratz" en basque) » ; c’est, je pense, soou (sòu) et non "sotou". sòu = sol

  • PALAY :
    Sòtou (Mᵗ.) ; sm. — Sous-sol d’habitation, rez-de-chaussée au-dessous du niveau du sol ; petite excavation. N. de l. et de p. Sotou, Sottou.
    LESPY :
    Soto masc., cave : Une tone... au soto. BAY. Une tonne à la cave. - Voy. Sotou. D.
    SOTOU, Soto rez-de-chaussée des habitations rustiques, servant d’étable et de grange. Les gens de la maison se tiennent à l’étage au-dessus, étage unique où ils montent par un escalier établi contre le mur de l’un des côtés du sotou. - Dans le Dict. basque-franc, de VAN EYS : « Soto,... cave, du provençal sotol, fondement. » ? -
    D.-C. « sotulum (citation de 1170), sutulum ; pars domus inferior. » - Cf. BRACHET, Dict. étym. : « Soute, dans Rabelais, soutte, venu de l’italien sotto, dessous, magasin à fond de cale. »
    Voir aussi sotol dans E. LEVY (Provenzalisches Supplement-Wörterbuch t. 7)

  • Ce terme gascon soto (accentué sur l’initiale : ’sotou), si l’étymon latin *sotulum/subtulum est exact , illustre la tendance du gascon à réduire les étymons latins par recul de l’accent tonique et coupure.

    Cependant, a priori, le languedocien a sòtol, formé de la même manière, que l’on voit en toponymie, comme "Le Sotoul". Nous payons de ne pas posséder un ouvrage aussi remarquable que "Le Gascon" de Rohlfs pour l’entier domaine d’entre Garonne et Rhône.

  • Dans le Couserans, entendu "sóto" (soútou) pour la cave, la remise, là où ils attachaient l’ours à Ercé. Donc ce n’est pas forcément toujours "sòto".

  • Effectivement on attendrait sótol, soto. Cela relève peut-être du flottement ó/ò [u/ɔ] qu’on trouve entre (ou même dans) divers parlers, cf. mort/mòrt, ora/òra, etc. Palay et Lespy ne donnent que les variantes en ò, mais on a bien l’entrée soutou, soutoul, sotoul dans le TdF (t.2 p. 926 : Rez-de-chaussée, sol, appartement inférieur qui peut servir de cave ou d’étable, dans le haut Languedoc).
    Le sens semble assez clair. Voir Du Cange : Subtulum - Locus inferior, idem quod Sotulum (http://ducange.enc.sorbonne.fr/SOTULUM) et le FEW (vol. 12, Sk-š, p. 368, entrée *sŭbtŭlus).
    — 
    Il s’agirait d’un de ces mots en -ol post-tonique, où l’l est muet : títol (titulum), apòstol (apostolus), etc. A priori cet accent tonique vient bien du latin (ou du grec via le latin).
    (Existe-t-il des endroits où l’l est encore prononcé ? Parce que s’il ne l’est jamais nulle part, on peut se demander à quoi sert de l’écrire. Je veux dire que si on écrit apòstol, cela supposerait sòtol/sótol ; mais si on écrit sòto/soto, alors on devrait écrire apòsto, tito…)

  • Le souci avec la graphie alibertine sòtol, pratiquée pour le languedocien sur ce mot, c’est que l’on ne sait pas si ce -l final est prononcé ou pas.

    La toponymie, avec notamment le lieu-dit "Le Sotoul" à Soturac (46) laisse penser que c’était le cas.

    L’étymon reconstruit *sŭbtŭlus est composé de 3 syllabes : l’antépénultième étant brève, si je me souviens bien des règles d’accentuation du latin, alors, l’accent tonique était porté sur l’initiale, ce qui est conforme aux héritiers néo-latins du gascon et du languedocien.

    Autrement dit, contrairement à ce que j’ai avancé hier, nous ne sommes pas dans un cas où le gascon a fait reculer l’accent tonique vers l’avant du mot, mais dans une adaptation classique d’un mot qui était déjà proparoxytonique en latin.

  • En castillan sótano est la cave, soto un fourré. En basque soto c’est la cave, le sous-sol, en concurrence avec ardandegi (plus spécialement cave à vin). Mais pour le basque, sauf le souletin à ma connaissance, il n’y a pas d’accent tonique.

  • Vincent : oui, c’est bien le sens de ma question. Le principe de la graphie “englobante”, me semble-t-il, c’est qu’il suffirait d’un parler où l’l s’entende (*[ˈsɔtul]) pour le justifier graphiquement, en expliquant… hem, en essayant d’expliquer qu’il est la plupart du temps muet…
    Mais s’il y a clairement des sòtol, l audible, en languedocien ou alors très à la périphérie du gascon (Ariège ?), je n’en trouve pas d’exemples en gascon moderne proprement dit (ou ce qui en reste). Et c’est pareil pour apòsto(l), où l’l m’a tout l’air d’être une pure coquetterie étymologique (qui ne me déplaît pas, mais c’est personnel).
    L’AK/LZ de Per Noste note sòto, avec raison selon moi, et devrait étendre cette logique à *apòsto, par cohérence.
    Aquò rai, n’èra pas sonque tà díser ; ne m’i vau pas pèrder lo dromir :)

  • Jan, on l’aví entinut, donc completment la periferia deu gascon e en Arièja, nada tralha deu l final.

    Que carré véder aqueth l finau en "apostol" s’es prononçat o pas. Ua hemna d’Aulus (09) que m’avè cantat quauquarren on i avè aqueth mot e n’èra pas en gascon. Que’m carré véder.

    E entà díser tot, aqueth "l" finau, ne sabí pas que n’èra pas prononçat !


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