Terribles baïnes, aussi pour l’étymologie du mot !

- Tederic Merger

("petite bassine" en gascon) nous dit "La Rép"baina = baïne

Va-t-il falloir se réjouir de leur existence parce qu’elles popularisent le gascon ?-)

Elles figurent dans un mini-lexique landais, plutôt de bon aloi d’ailleurs, du Conseil Général des Landes :
"Adishatz, Pastis, Feria, Bandas, Barthe, Baïne… ces mots landais vous intriguent"
http://tourismelandes.com/fr/1323/pages/d/le-bien-vivre/mots-gascons-landes-adishatz/page/0

Mais pour revenir à "baïne", j’ai toujours eu un doute sur sa prononciation : diphtongue "aï" comme "aïe-aïe-aïe" ou a-i bien séparés ?.
Il me semble qu’on l’entend prononcer plutôt a-i, et d’ailleurs quelqu’un l’a envoyé à Gasconha.com sous la forme "bahine".

Pourtant le "Tot en gascon" de P. Mora l’écrit sans tréma ("baina"), ce qui suggère en graphie alibertine une diphtongue.
Il dit aussi que c’est une petite "baia" (baie).
Ne serait-ce pas alors à l’origine un "baiina", le premier "i" venant de "baia" et le second du suffixe "ina" ?
Dans ce cas, on pourrait écrire "bayine" en franco-phonétique ?


Prumèr diccionari tot en gascon : lo de Pèir Morà !

Grans de sau

  • J’ai le même problème avec Baïse. J’ai toujours entendu Ba-ï-ze, et non Baÿze. Mais ce n’est pas une rivière béarnaise ... Comment dit-on dans le Gers ?

    Les attestations anciennes montrent qu’il y a eu chute du n intervocalique (cf les rivières Banise en France).
    Quel est le devenir phonétique du groupe a(n)i ?

    La rivière Bahus donne la solution en tout cas pour a(n)u : on a bien Ba-ü-ss et non pas Bawss.

  • A perpaus de la "Baïse" qu’avi tostemps audit (o pensat) : ba-i-ze ! dinc a qu’un gent de l’Albret e’m disossi "Baisa" (afrancesat en "Bayse").
    Qu’es pr’amor de ’quò que hens lo diccionari èi metut "Baina", per la famosa arressega de la premsa : "Baïne" pr’amor que n’èi pas audit jamès atau en gascon, e que’m semblava afranchimandit sos aquera fòrma.
    Damòra qu’èi enqüèra quauque dobte. E se un gascon deus peluts e’ns sabè trencar sus aquesta famosa : Baina/bajina, be’n serí urós.
    Lo dobte qu’èi, qu’es enter Baina (pr’amor "Baisa") et "Bajina" (petite baie), diminutiu de baia (baie).

  • Jo, dens la familha (de Labrit / d’Albret) qu’èi totjorn entenut, en francés, "Bé-i-se" e pas "Ba-i-se".
    Sur le modèle de "pays", mais c’est peut-être l’orthographe française qui a déterminé cette prononciation, et il sera maintenant bien difficile de trouver une prononciation gasconne authentique.

    "bajina" (prononcé, donc, "bayine") me plait. Je le sens bien, et ça me parait compatible avec la prononciation française "baïne".
    Cela correspond à "baiina" (petita baia...) en évitant le double i.

  • Voir article ci-contre :
    Traduction ? Landeche

    Réponse de Gasconha.com :
    Totjorn lo dreit camin seguirei / Toujours le droit chemin je suivrai" ?

  • Wikipedia va dans le sens d’une graphie "baina" correspondant à la prononciation du Marensin :

    "Le mot « baïne » est d’origine gasconne. Il est mentionné « bayne - dépression parallèle au rivage » dans le dictionnaire de Simin Palay. Cette graphie correspond à la prononciation qui était en usage en Marensin jusque dans les années 1960 : [’bajn ?], et non [ba’in ?] comme actuellement.

    Ce mot pourrait venir du mot baja, graphié baye par P. Rectoran, ou baia, qui désigne une baie, auquel s’ajoute le suffixe diminutif -ina : bagina/baïna soit petite baie."

    Reste que cette prononciation cadre mal avec l’explication donnée parallèlement du suffixe -ina sur "baia".

  • Et personne n’a envisagé une racine latine "bain" mise à la sauce basque ?
    Pour une espèce de baignoire naturelle, ce serait envisageable, et le Marensin n’est pas loin du pays basque.
    "bain" se dit "bainu" en basque, avec donc cette diphtongue "ai".
    Il faudrait chercher d’autre cas d’évolution en "ain", en gascon, à partir d’une racine latine qui a "aneum" comme dans "baneum".

  • Il semble néanmoins que ce que les Basques écrivent désormais bainu se prononce bañu, et que c’est pour eux la façon de se débarrasser de la tilde, trop espagnole.

    Je ne sais pas si cette graphie représentent un état ancien de la langue, probablement d’ailleurs, comme dans le suffixe -ain des toponymes navarrais, mais alors, je pense que le gascon aurait connu la même évolution que le basque et aurait quelque comme bagnou, accentué sur l’initiale, si l’étymon est bainu.

  • Je découvre dans les plans de Tarnos, (à proximité de l’Adour, et de son ancien coude qui allait vers Capbreton, et donc de l’Océan), une avenue "de la Grande Baye", et une impasse "de la Baye". Dommage qu’il n’y est pas eu aussi la "petite Baye", ou "Bayine", qui aurait pu intéresser tout le monde.
    Néanmoins on attend des tarnosiens quelques éclaircissements au sujet de "baye"...parmi les locuteurs du gascon.
    Celà mettrait à mal ma proposition de "Baina", s’il s’avère que la fameuse "Baïne" du français est en réalité la bajine, mais si on approche de la vérité, j’en serais très heureux.

  • Finalement, l’IGN donne pas mal de "Bayne", "La Bayne", et aussi "Baynette" (St Antonin - 32) et "les Baynottes" (Layrac - 47).
    Le "Bayne" le plus proche de l’océan est à Assat (Béarn) près du Gave de Pau, et le cadastre napoléonien donne "chemin de Baÿne".
    Les "Bayne" et dérivés forment une concentration du côté de la Lomagne, mais on en trouve aussi en domaine d’oc hors Gascogne.

    Finalement, cela, joint à l’affirmation de Wikipedia sur la prononciation ancienne en Marensin, me fait pencher pour la graphie "baina" en alibertin, correspondant à "baÿne", donc celle du "Tot en Gascon" (e non "Tot en Camon" !-)).
    Mais alors la racine "baia" ne tient plus guère, selon moi.

  • Comme nous, le forum Babel s’est penché sur la question :
    Plusieurs racines envisagées :
     balnĕum (en oc, on aurait banh*)
     « Dans le Sud-Ouest, on ne disait pas une bassine mais une baye ou baille »
     « Ce terme pourrait venir de "bassine". Au niveau du sens, c’est cohérent. Mais en gascon, bassine se dit en général baci. Au niveau étymologique, cela pose un problème. »
     « On a baio (baie) mais ce terme semble être plutôt un emprunt au languedocien. »
     latin "vagina" « gaine, fourreau où était enfermée l’épée » plus gén. « gaine, étui » ; mais « Je doute que l’on soit passé du sens de "gaine, étui" à celui d’espace aquatique. »

    Mon gran de sau :

     Le mot gascon vagina (identique au latin si écrit en graphie alibertine, prononciation bajine ; sens gaine, fourreau, vagin) est attesté par Palay.
    Il n’est sémantiquement pas absurde de l’envisager (pas plus absurde que "petite baie"), et il peut convenir phonétiquement (en Médoc, la prononciation pourrait en être bayine), mais il faudrait trouver d’autres cas d’utilisation en gascon.
     l’attraction de la racine banh* sur une autre racine est à envisager.

    PS : le forum Wikipédia de discussion sur "baïne" ramène les mêmes hypothèses : balha (balhe = cuveau selon Palay), "bajîne" = fourreau,étui,vagin, baïna dérivé de baia/baie, racine banh*).

  • Dans la vidéo sur les baïnes de l’article du quotidien sud-ouest, le narrateur dit baïne petit bain en patois landais.

    Gascon des Landes serait mieux quand même...

    https://www.sudouest.fr/2018/08/01/peut-on-se-baigner-lorsqu-il-y-a-des-baines-5277589-2780.php

    J-Cristian

  • A Marmande on disait :

     gardale pour la bassine.
     la baille était un tonneau, un cuveau destiné à recueillir l’eau de pluie.

    A La Teste-de-Buch, baïne se prononce ba-ine.

  • Adixatz,

    chez nous, Pays de Born et des baïnes, le mot "baye ou baille" ést synonyme d’eau. Se jeter ou jeter à la baille=se jeter ou jeter à l’eau. Est-ce que cela vient des bassines où les anciens faisaient la toilette ? Séy pa. Dans ce cas, l’hypothèse "bayine’ ou "bayne"
    (petite bassine) me semble crédible. Mais je suis loin d’être un spécialiste.

    Boun dimeche

  • A propos de Baïse, Du Bartas écrit dans Les trois Nymphes :

    Baise, enfle toun cous : comẽce-t’hé més grane

    (Baïsa, enfla ton cors : // comence’t hèr mès grana)
    La métrique parle. C’est bien ba - i - se [ba.i.zə], 3 syllabes ; pas bai - sa [baj.zə], 2.

  • Dans un gran de sau précédent, J-Cristian écrivait ceci :

    Dans la vidéo sur les baïnes de l’article du quotidien sud-ouest, le narrateur dit baïne petit bain en patois landais.
    Gascon des Landes serait mieux quand même...

    Dans un article du 21 juillet 2021 (Le littoral aquitain, l’un des plus dangereux du monde), sous la plume de Y.St-S, je relève une récidive : « les baïnes (petites cuvettes en patois landais) »

  • Autre hypothèse pour l’origine du mot baïnes :
    Je rentre d’un séjour en Écosse. Là bas, j’ai remarqué que plusieurs rivières avaient des noms commençant par Bhaine... Ce qui m’a rappelé nos baïnes.
    À mon retour, j’ai cherché dans un dictionnaire Gaélique écossais - Anglais, et la racine BAIN apparaît clairement dans tous les mots écossais pour ruisseau, rivière, et courant marin. Une baïne étant un courant marin localisé lié aux marées, le mot ne pourrait-il pas être d’origine Celte ?
    À contrario, une recherche similaire dans un dictionnaire Breton - Français n’a rien donné de comparable :-(


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