Société fermée Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2010-12-17 n° 10286]

- Jean Lafitte

Vincent Poudampa a écrit :
« Moi qui ai été en contact avec des Gascons de
l'ancienne mode, je peux faire état de cet esprit conservateur que
je ne retrouve pas ailleurs en France. Tous les témoignages des
exilés gascons ailleurs en France concordent à faire de la Gascogne
d'avant l'ouverture sur la France un monde pesant. Je n'irai pas
plus loin car je sens déjà les bonnes âmes de la liste s'indigner. »

Mon vécu : je suis né à Talence, sur le boulevard dont l'autre rive était Bordeaux ; à 9 ans, en 1939, mes parents sont venus habiter Pau, sur la limite de Jurançon. J'ai tout de suite ressenti le sentiment de ce qu'on appelle aujourd'hui l'exclusion : pour mes camarades de classe, j'étais un étranger.
Le service militaire m'a tiré du "pays" et fait découvrir dans l'armée un monde sans qualifications ethniques. Au bout des 18 mois, j'ai rengagé ; et les concours internes m'ont permis d'arriver où je suis.
J'aime le Béarn, mais j'ai le sentiment que la jalousie à l'égard du voisin qui a mieux réussi son maïs ou dont le porc est plus gros reste un sentiment très partagé…

À rapprocher de deux histoires inter-occitanistes : à un moment donné, la présidence de Per noste est passée à Dominique Bidot-Germa, à l'époque instituteur — aco ray ! — mais habitant vers Gélos si je ne me trompe. Il a voulu faire passer la revue Païs gascons de bimestrielle à mensuelle, partagée entre une équipe d'Orthez et une autre de Pau, un mois sur deux. Les Orthéziens se sentirent dépossédés et bloquèrent le changement.

De même quand un occitaniste bordelais s'y proposa ses services pour faire de l'édition : en vain.

Historiquement, le Béarn préféra toujours obéir à des vicomtes venus d'ailleurs qu'à des nobles autochtones. Et le "Béarnais" Henri IV avait trois grands-parents sur quatre "Français" ; quant au 4ème, il ne devait pas être si pur séng "béarnais" !!!!

Et combien de Béarnais et Gascons de souche ont réussi de magnifiques carrières, mais une fois sortis du pays !

À méditer…

Grans de sau

  • --- Dans Gasconha-doman@yahoogroupes.fr, Jean Lafitte <lafitte.yan@...> a écrit :

    >
    > Historiquement, le Béarn préféra toujours obéir à des vicomtes venus
    > d'ailleurs qu'à des nobles autochtones. Et le "Béarnais" Henri IV >avait trois grands-parents sur quatre "Français"; quant au 4ème, il ne >devait pas être su pur séng "béarnais" !!!!

    Adishatz,

    Henri IV le "Béarnais" ? Il est certain que voilà une proposition douteuse, à deux titres. D'un point de vue culturel, le Roi de Navarre était un prince français élevé à la Cour des Valois, ainsi que l'avait été sa mère nièce de François Ier. Je me suis toujours demandé d'ailleurs ce que la conversion au protestantisme d'une partie du Béarn devait à l'âme béarnaise ou aux caprices de sa famille régnante. De toute façon, il me semble aujourd'hui que plus personne n'est dupe : les mythes autour de Henri le Béarnais sont des recréations romantiques du XIXème siècle servies à un public béarnais qui aime que l'on parle de lui.

    De même, et c'est lié à qui Henri IV était culturellement, le prince navarrais était généalogiquement un prince français. On passe souvent sous silence le père du Roi : il n'y a pas une famille plus représentative de la noblesse française que les Bourbon(s?), j'ai presque envie de dire oïlique.

    Côté maternel, on oublie aussi trop souvent de faire remarquer que la mère de Jeanne d'Albret était Marguerite d'Angoulême, soeur de François Ier ! Henri IV par les hasards de la succession dynastique s'est trouvé héritier du Royaume de France, mais maternellement, c'était un Valois et un cousin proche des derniers Rois de cette dynastie. Il va sans dire que la famille Valois, tout comme toute famille noble d'Europe, était fortement cosmopolite.

    Reste le grand-père maternel : Henri d'Albret. Un certain romantisme tend à en faire un "Gascon". Cela faisait un bon moment à cette époque que les Albret n'étaient plus des brigands de la lande ... Les Albret sont alliés aux Rohan, aux Sully, déjà aux Bourbon, aux Châtillon, ... Du côté de la mère de Henri d'Albret, il s'agit de la famille de Foix qui était alliée à Louis XII. Pour le reste, elle descendait de nombreux souverains espagnols. Pour trouver un ancêtre gascon à Henri IV, il doit falloir remonter à Amanieu d'Albret au XIème siècle ... Et pour ce qui est d'un ancêtre proprement béarnais, Henri IV n'en avait pas !

    Pour ce qui est de l'identité linguistique de la famille régnante navarraise, il me semble que Jeanne d'Albret, née à Paris, ne connaissait pas le gascon. Quant à son fils, il n'y a à ma connaissance aucun témoignage de l'époque tendant à nous faire croire qu'il parlait la langue, ou en tout cas qu'il en avait gardé un accent en parlant français.
  • [Gatesquiro, avisa't de ne pas passar era linha jauna...
    Eth moderator]



    adixatz a tots,

    Eths textes gascons de Jeanne d'Albret e deth sué hilh Henri que son numeros. On connait de nombreux textes de Jeanne d'Albret et de Henri de Navarre en gascon (béarnais). Non cau pas desbromba : ad aquera epoca que parlavan 2 o 3 lengas.
    Je suis toujours espanté par les aneries pompeuses que nous débite eth Poudempa !

    --- Dans Gasconha-doman@yahoogroupes.fr, "Vincent.P" <vpoudamp2@...> a écrit :
    >
    >
    >
    >
    > Pour ce qui est de l'identité linguistique de la famille régnante navarraise, il me semble que Jeanne d'Albret, née à Paris, ne connaissait pas le gascon. Quant à son fils, il n'y a à ma connaissance aucun témoignage de l'époque tendant à nous faire croire qu'il parlait la langue, ou en tout cas qu'il en avait gardé un accent en parlant français.
    >
  • --- Dans Gasconha-doman@yahoogroupes.fr, "gatesquiro" <gatesquiro@...> a écrit :

    > Eths textes gascons de Jeanne d'Albret e deth sué hilh Henri que >son numeros.

    Lesquels ? Des textes administratifs paraphés, rédigés par les "grata-papèrs" de Pau ? Depuis quand les souverains écrivent-ils les textes de loi ?

    > On connait de nombreux textes de Jeanne d'Albret et de Henri de >Navarre en gascon (béarnais).

    Lesquels ? Les reconstructions romantiques du genre "Qu'anira mau per lous Bearnes, Quoand lous hilhs parlaran frances" (qui cache difficilement son caractère récent et factice, car 'quan' prend le subjonctif dans une subordonnée de temps) ?

    On dit que Jeanne d'Albret aurait chanté "Nosta Dauna deu cap deu pont" en donnant naissance à Henri IV. On dit aussi que Henri IV a été baptisé à l'aïl et au Jurançon. On dit même que la carapace de tortue est authentique. On a dit beaucoup de choses au XIXème siècle. Où sont les sources ?

    Quand on sait que Jeanne d'Albret via le protestantisme a au contraire propagé la francisation ... Dire cela, c'est déjà se mettre à dos la moitié de l'occitanisme orthézien.


    > Non cau pas desbromba : ad aquera epoca que parlavan 2 o 3 lengas.

    Quand Jeanne d'Albret, née à Saint-Germain-en-Laye et élevée à la cour de François Ier, aurait-elle pu apprendre le gascon de ses provinces lointaines ? Je retrouverai la source, je me souviens avoir lu que les soldats gascons d'un sieur d'Albret mort à Bouvines moquait déjà ce dernier car il ne savait pas parler gascon. Guilhem dit pouvoir nous aider.

    > Je suis toujours espanté par les aneries pompeuses que nous débite > eth Poudempa !

    Je n'en reviens pas moi-même. Plus sérieusement, je suis infiniment désolé si mon travail de déconstruction des mythes fait de la peine. Il ne faut pas s'inquiéter cependant, ils ont toujours leurs défenseurs, souvent en majorité. Vive le bon Roi Henri, celui que des Provençaux ou des Limousins appellent maintenant sans rire, par le truchement de l'occitanisme, "Nostre Enric" ! L'occitanisme, c'est une arme géniale des Béarnais, ou comment par jalousie des Basques, ils imposent aujourd'hui leurs clichés romantiques à tout le Sud de la France.
  • Adiu Gatesquiro !

    > E podetz explicar ço que segex :
    > > Quand on sait que Jeanne d'Albret via le protestantisme a au contraire
    > > propagé la francisation ...

    Ne soi pas Vincent, mès que'm sovieni d'aver lejut en quauque loc que los
    protestants avèvan favorizat l'usatge deu francés dens las regions d'oc (en
    Lengadoc tanben).
    Si me sovieni plan, qu'estot prumèr pr'amor de l'importància que balhavan a la
    lectura de la Bibla : que calèva que los protestants e podossen legir la
    Bibla dens ua lenga viventa, e pas en latin. Perqué pas en "lenga d'oc" ? e'm
    diratz ? Bona question... Lo francés qu'èra dejà ua evidéncia, probable, au
    moment de la Reforma (1550-1650). L'edit de Villers-Cotterets qu'èra passat
    pr'aquiu.
    Le Bearn n'era pas concernit per aqueste edit, mès Jana de Labrit, benlèu que
    si... O au mensh, que n'avè gahat l'esprit ?

    En Alemanha, la reforma protestanta qu'a jogat tanben un rolle lingüistic,
    dens la fixacion d'un aleman estandard, per la difusion d'ua Bibla en aleman.

    Tederic

    --
    http://Gasconha.com
    http://fr.groups.yahoo.com/group/Gasconha-doman/
  • Adiu tederic

    tot aquero que m'estona pr'amor qu'èi Jane d'Albret qu'a heit arrevirar eths Psaumes en gascon per Arnaut de Sallette. Donc perqué dises qu'eths calvinistes an espandit eth frances ?

    Que poderem parlar un cop de mès dera grafia ad aquera epoca, mès que n'i a pro...



    --- Dans Gasconha-doman@yahoogroupes.fr, Tederic Merger <tederic@...> a écrit :
    >
    > Adiu Gatesquiro !
    >
    > > E podetz explicar ço que segex :
    > > > Quand on sait que Jeanne d'Albret via le protestantisme a au contraire
    > > > propagé la francisation ...
    >
    > Ne soi pas Vincent, mès que'm sovieni d'aver lejut en quauque loc que los
    > protestants avèvan favorizat l'usatge deu francés dens las regions d'oc (en
    > Lengadoc tanben).
    > Si me sovieni plan, qu'estot prumèr pr'amor de l'importància que balhavan a la
    > lectura de la Bibla : que calèva que los protestants e podossen legir la
    > Bibla dens ua lenga viventa, e pas en latin. Perqué pas en "lenga d'oc" ? e'm
    > diratz ? Bona question... Lo francés qu'èra dejà ua evidéncia, probable, au
    > moment de la Reforma (1550-1650). L'edit de Villers-Cotterets qu'èra passat
    > pr'aquiu.
    > Le Bearn n'era pas concernit per aqueste edit, mès Jana de Labrit, benlèu que
    > si... O au mensh, que n'avè gahat l'esprit ?
    >
    > En Alemanha, la reforma protestanta qu'a jogat tanben un rolle lingüistic,
    > dens la fixacion d'un aleman estandard, per la difusion d'ua Bibla en aleman.
    >
    > Tederic
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