Chanson de la Pastorale de Lanne lafitte.yan [Forum Yahoo GVasconha-doman 2007-10-22 n° 8443]

- Jean Lafitte

Bonjour à tous,

Toujours au sujet de la tanscription de la chanson de la Pastorale de
Lanne : Gérard Loison a sérieusement fait avancer le schmilblick, bravo !

Je voudrais seulement répondre à sa remarque : Après avoir écrit très
honnêtement « péís » ce qu¹il a entendu, il ajoute : « (pèis est prononcé
pays à la française:D) (= Qu'èi lo país en lo còr) »

Or il se trouve que j¹ai étudié ce mot et préparé une note assez longue pour
le Ligam-DiGaM qui aurait déjà dû paraitre depuis 6 mois (!!).

Voici son début (malheureusement, les notations en API ne passent pasŠ) :

Dire ³pays² en gascon
Mon attention a été attirée sur ce mot par une phrase d’un billet de
l’Éclair du 7 décembre 2006 : » Même si une mélodie à succès le préconise,
les Béarnais ne disent pas ³sei un pais² mais ³Que sey û pèys² » ;
Certes, mais maintes chansons traditionnelles du Béarn se passent souvent du
que énonciatif (M’a prés per fantesie, Las guèrres soun cridades, Peyroutoûn
se-n va ta cace etc.) et il faut évidemment ajouter deux accents : ³Sèi un
pais² (sic, graphie d’origine, 33 tours de Lous de Nadau, 1978) et ³Que sèy
û pèys². En outre, » pais » du disque, qui se prononce [pa·is] en deux
syllabes, aurait dû être écrit » païs », devenu » país » selon la 1ère série
de ³preconizacions² du défunt Conseil de la langue occitane, juin et aout
1997 (cf. L-D 11, p. 38) ; et » pèys » de l’article se lit [·pEi8s] en une
syllabe. Qu’en est-il exactement ?
Palay nous offre deux entrées coordonnées :
païs ; sm. ‹ Pays, région, contrée ; on prononce aussi peïs, pèys.
Païs bach ou bachè, la plaine, pour les montagnards ou les habitants des
coteaux, des lx élevés. Familièrt compatriote : qu’èm païs. V. patrie.
pèys. ‹ C. païs, pays. Sous l’influence du fr. on dit aussi peïs.
Il apparait à l’évidence que ce grand connaisseur du » béarnais et du gascon
modernes » préfère la forme païs ; du reste, dans les exemples disséminés
dans le dictionnaire, on trouve 38 fois païs et seulement 5 fois pèys, dont
une dans la vieille chanson ossaloise Las guèrres soun cridades : » La-bas
au pèys lamè  » ; je lui consacre le paragraphe suivant.
On a donc déjà trois prononciations : pa-is, pèys, pé-ïs. Les autres
dictionnaires qui donnent la prononciation de façon fiable en ajoutent deux,
pé-yis et péys, ce qui donne ceci :

[Tableau impossible à faire suivre]

Les auteurs modernes confirment les monosyllabes pèys et péys dans l’Ouest
gascon (hors Gironde), tandis que l’Est use de pa-is en deux syllabes, avec
les inévitables zones de transition ou polymorphismes d’auteur :

[Liste d’auteurs avec nombre d’occurrences des diverses formes]

Voilà donc un aperçu de la répartition géographique des diverses formes du
mot. Comment en est-on arrivé là ?
Mistral rattache le mot au provençal pagés ³cultivateur-propriétaire², issu
du latin ÂŒpagensis’, lui-même dérivé de ÂŒpagus’, » bourg, village ; canton,
district » selon Gaffiot. Alibert le rattache directement à ÂŒpagensis’. Mais
selon toute vraisemblance, pour l’oc comme pour le catalan, cette filiation
passe par le français, puisque c’est de lui que l’espagnol lui-même tient
son país depuis au moins 1597 (Coromines, Breve Dic. etimológico de la legua
castellana, 1961).

[résumé de l’évolution de la prononciation et de la graphie du mot en
français]

Le Dic. de l’Académie de 1694 admet païs, pays pour une prononciation, en
[è-i] ou [é-i]. Mais un yod intermédiaire serait apparu dès le XVIIe s., à
l’origine d’une prononciation [pé-yi].
En gascon, voici ce que j’ai pu constater dans les textes anciens :
Les Fors anciens de Béarn, dont les originaux perdus étaient antérieurs à
1300, ignoraient le mot et n’usaient que de terre (ou terra). Il en est de
même des Récits d’Histoire sainte, que Lespy date par le style de la
première moitié du XIVe s. : terre/terra d’Egipte, de Salim, de Judea, homis
dequere terreŠ (pp. 2, 26, 92, 94) ; comme dans les Fors, pays n’y signifie
que ³pères² (pp. 8, 18, 64 et 106).
[Ici encore, auteurs et occurrences]
On voit donc que l’actuel païs (2 syllabes) est apparu en gascon et béarnais
sur la fin du XIVe s., prononcé et écrit comme en français, et que la forme
pèïs (2 syllabes) ou pèys (1 syllabe) est apparue sur la fin du XVIIe, en
même temps qu’en français. La première païs, largement attestée en Gironde
et à l’Est du domaine, est donc tout à fait gasconne, et la seconde pèïs et
ses variantes, même si elle prévaut en Béarn et dans l’Ouest, résulte d’une
évolution postérieure.
Hèt beroy.

J.L.

Grans de sau

  • Bonjour à tous, et en particulier au Dr Lafitte
    en fait jai entendu p�yi sans le s final :D . J'aurais du adopter une
    graphie phonétique.
    et pour le reste, j'ai peut-être tout faux, car je ne suis pas
    dialectologue et c'est de toute évidence très mal prononcé ! A
    l'évidence les chanteurs ne sont ni gascons, ni même occitans.
    canti est quasiment prononcé à la parisienne (pas kannti mais avec le
    "an" de chanter), aimi est prononcé �mi (je suppose que la graphie ne
    devait pas �tre aymi mais aimi...)
    Le "con" pour "dap" m'étonne. Ca c'est dejà vu ou c'est le fruit de
    mon imagination ?


Un gran de sau ?

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