"graphie englobante" ou béarnocentrisme ? LAFITTEJann [Forum Yahoo GVasconha-doman 2006-10-17 n° 7314]

- Jean Lafitte

Bonjour amis,

Toujours sur le [w] intervocalique :

Txatti répond avec précision à mon message où je mettais en cause ses
graphies » Qu’aví  », » naveths » et » navera  » :

 » j’écris "Qu’aví" mais dis "qu’auí", le v intervocalique graphié "v"
pouvant être à l’envi [et non envie] prononcé [w] ou [ß].
 » J’aime cette souplesse de la graphie classique alibertine (etc) que l’on
ne
retrouve pas ailleurs. Elle me permet de pouvoir choisir entre les deux car
j’avoue qu’en commingeois la règle du "v intervocalique prononcé [w]" est
bien moins rigide qu’en bigourdan. Et comme l’a mis en évidence l’ALG ça
n’est
jamais nulle part tout [w] ni tout [ß].  »

Sans entrer dans le détail, Halip Lartiga a lui-même fait sensiblement la
même réponse :

 » Entà la grafia dita "classica", que crei lo W/B intervocalic cau que
s’escrivi V, grafia englobanta tà las duas prononciacions e valedera de l’un
cap a l’aute de Gasconha.  »

Voici ma propre réponse :

J’aime bien le » que crei » de Halip, acte de foi d’un esprit formaté par
les occitanistes ; mais ceux-ci, pas plus que Txatti, n’ont sans doute jamais
lu la norme I.E.O. du gascon, qui permet "u" dans ce cas depuis 1952, en
reprise des premières règles d’Alibert pour le gascon, de 1942 ou avant,
pour qui ce n’était pas une tolérance, mais ce qu’on appellerait plus tard
une » variante irréductible » (voir Ligam-DigaM n° 11, p. 29).
Avant moi, Taupiac a insisté sur le fait que "v" ne pouvait être » graphie
englobante », puisqu’en un même lieu, il est [w] ou [ß] selon les mots.
L’unification graphique sur "v" est une standardisation béarnocentriste, à
laquelle je m’oppose d’autant plus qu’elle est rampante, occulte, tout le
contraire d’une adoption délibérée du béarnais classique comme base d’un
gascon standard.
Je répète donc : écrivez -u- ou -v- selon votre prononciation réelle (donc
"auí" et "avant" pour Txatti), cela n’empêchera personne de vous comprendre,
et vous aiderez au maintien de la prononciation de chez vous. Ou alors, ne
vous plaignez pas de la voir disparaitre.

Txatti poursuit :

 » J’ajoute que je n’utilise PAS la graphie aranaise mais que j’ai opté de
communiquer ces derniers temps en adoptant les pluriels féminins en -es et
souvent les pluriels masculins en -i quand la graphie classique est par trop
éloignée de la phonétique. Et que sinon j’ai vraiment l’impression de parler
en
langue étrangère si je dis "cases" et que j’écris "casas" (ayant admis au
départ que le -a final atonique pouvait être prononcé "a", "o" ou "ë") ou
pire si je dis ’toti" et que j’écris "tots". Si je laisse passer cela,
autant adopter les articles "lo et "la" et me mettre au béarnais palois et
poli ? ou alors à l’occitan !! »

J’approuve à 100 % et j’ai écrit la même chose dans ma thèse.

 » Sinon, savez-vous comment il aurait fallu que j’écrivisse votre "naveths"
dans ’mon’ commingeois ? => "nauèri". Eh oui ... mais les deux formes étant
employés par les mêmes personnes (aujourd’hui quasiment toutes décédées) je
me contente souvent de "naveths". Je ne trouve pas cette forme du pluriel
masculin sur le Palay mais vous en aurez saisi la philologie, j’en suis
certain.
 » Elle est la même que celle qui aboutit à l’article "eri". Palay mentionne
ce dernier mais pas "naueri", comme d’ailleurs beaucoup de substantifs
pluriels masculins de la montagne mais il ne pouvait être exhaustif à ce
point.
 » N’ayant accès à l’ALG que ponctuellement je ne sais si ces pluriels y
figurent. Je crois me souvenir d’une carte illisible pour les pluriels en
-i. »

J’ai dit que l’on aurait attendu » nauèths, nauèra » parce que Txatti avait
choisi ces formes à finale "standard" ; mais là encore, j’approuve
tout-à-fait son choix pour "nauèri, nauèra". Je n’ai pas étudié l’ALG sur
ces points, mais on doit trouver de très bonnes choses dans la grammaire du
regretté Georges Ensergueix, alias Delédar. Mais surtout pas dans Palay, qui
n’a pas écrit une grammaire de l’ensemble des parlers gascons, seulement un
dictionnaire ouvert à toutes les formes... dont il avait eu connaissance par
ses informateurs.

Par ailleurs, je n’ai jamais entendu parler d’un » article "eri" », "eri’
n’étant à ma connaissance qu’une forme du pronom (= eux) effectivement
mentionnée par Palay.

 » Nous ne sommes pas sortis de l’auberge gasconne ... »

Non, certes, mais si chacun écrit au plus près la langue qu’il a reçue
d’authentiques témoins, on y verra plus clair dans la phonologie et on
pourra mieux décrire chacun des parlers que l’on voudra conserver.

À moins de baisser les bras et d’apprendre le béarnais voire l’occitan de
Taupiac et consorts. Mais quel que soit le choix, cela ne fera pas vivre la
langue qui restera un exercice de loisir.
Hèt beroy.

J.L.

Grans de sau

  • Selon LAFITTEJann <LAFITTEJann@wanadoo.fr> :

    Mon esprit est donc formaté par les occitanistes... c'est la meilleure de ces
    derniers jours. Bon, je crois que nous ne sommes plus du tout en phase, Jean
    Lafitte et moi. Autant ses travaux sur le gascon peuvent très souvent être
    sérieux, autant son anti occitanisme lui fait parfois dire des bêtises et ôte
    par la même toute crédibilité à ce qu'il écrit.

    C'est bien dommage car son travail aurait pu servir utilement la cause gasconne.
    Elle la dessert par son côté de plus en plus réactionnaire et négatif. On n'est
    jamais aussi bien trahi et déçu que par ceux qu'on a appréciés.

    Philippe Lartigue


Un gran de sau ?

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