Précisions sur Bayonne gaifier@free.fr [Forum Yahoo GVasconha-doman 2004-01-21 n° 1568]

Adishatz,

Le fait d'affirmer que Bayonne est gasconne et non basque n'est pas si anodin
qu'il paraît. Un certain nombre de Basques (de nationalistes basques ??)
affirment sur ce forum que l'identité gasconne de Bayonne n'est pas niée. Je
leur ferait remarquer qu'elle est plus qu'à son tour omise si ce n'est
ignorée.
A qui la faute ?

Tout d'abord aux Gascons de Bayonne dont certains ont trouvé plus "sex" au XXe
siècle d'adopter une identité basque de facade, rendue plus ou moins
attractive par la force du nationalisme basque "espagnol" plutôt qu'affirmer
leur identité gasconne que personne ne mettait en valeur correctement.

Ensuite, à la force du nationalisme basque "espagnol" et à son influence sur
le "régionalisme" basque "français". La capitale économique et le port des
Basques "du Nord" (et également le port des Navarrais)a longtemps été Bayonne.
Naturellement, des Basques sont venus habiter Bayonne pour des raisons
économiques, et ce depuis des siècles, puisqu'ils étaient voisins immédiats.
Mais leur proportion n'a jamais été ultra-majoritaire, loin s'en faut. Encore
en 1788, lorsque l'intendant de Bayonne proposa une union entre Bayonne et le
Labourd, le parlement labourdin (le Biltzar)refusa car "ils avaient toujours
des conflits avec les Bayonnais" et "à Bayonne, personne ne parle basque".

Que le Labourd tire son nom du nom romain de Bayonne (Lapurdum) c'est un fait
assuré. Que Bayonne était "vasconne" au haut Moyen age d'accord, mais nous
ignorons tout de cette ville à cette période,et nous ne pouvons savoir si ses
habitants parlaient majoritairement basque ou déjà gascon.

En tout cas, Bayonne fut séparée du Labourd en 1177 quand le duc d'Aquitaine
Richard Coeur de Lion conquit la ville sur le vicomte de Labourd. ce dernier
établit sa résidence principale à Ustaritz qui devint ainsi la vraie capitale
du Labourd jusqu'en 1790. D'ailleurs le Biltzar (Parlement) du Labourd se
réunit toujours à Ustaritz et jamais à Bayonne. Les petits conflits entre les
habitants du Labourd et de Bayonne furent innombrables au Moyen Age et jusqu'à
la Révolution.
Parmis les rares personnes qui savent(encore) que Bayonne est gasconne,
certains acceptent le concept d'une Bayonne gasconno-basque pour éviter des
problèmes avec le nationalisme basque bien plus costaud et surtout... très
violent pour l'une de ses composantes. Comme elle est à la frontière entre la
Gascogne et le Pays Basque ce n'est pas si faux. Sauf que linguistiquement
cela l'est et historiquement également. Bayonne fut par exemple la seconde
capitale de la Gascogne dite "anglaise" (XIIIe-XVe siècles) (après Bordeaux,
d'ailleurs une autre ville qui a perdu sa qualité de "ville gasconne" dans
l'esprit général. Heureusement, qu'il n'y a pas un nationalisme saintongeais
ou poitevin puissant, sinon Bordeaux serait maintenant considérée comme la
capitale de la Saintonge ou du Poitou !).

Tous les témoignages médiévaux sur Bayonne qui mentionnent la langue des
Bayonnais sont explicites : ils parlaient le gascon. Certes le basque ne fut
écrit qu'à partir du XVIe siècle et le gascon a souvent été écrit même dans
des zones bascophones au Moyen Age. Mais, ce schéma ne marche pas pour Bayonne
(c'est-à-dire une minorité, une élite parlant et écrivant le gascon entourée
d'une majorité bascophone)comme le démontre plusieurs témoignages au cours des
siècles.

Voici enfin les vraies capitales des Pays Basques "de l'état français" :

Labourd : Ustaritz,
Basse-Navarre : St-Jean-Pied-de-Port,
Soule : Mauléon,

Quand à Bayonne, elle fut toujours rattachée à la sénéchaussée des Landes du
XIIIe siècle jusqu'à 1790. D'ailleurs linguistiquement, le gascon qui était
parlé à
Bayonne, Biarritz et Anglet était du gascon de type landais.Il est curieux que
les nationalistes basques aient revendiqué Bayonne (avant de la rattacher au
Pays Basque...du moins dans les esprits...) alors qu'elle n'était pas
linguistiquement basque. Leur Pays Basque étant basé sur les limites de la
langue basque, ça n'est pas très cohérent. Mais après tout, ils revendiquent
bien l'intégralité de la Navarre ("espagnole")alors que le Sud et l'Est de
cette aire ne parle plus basque depuis le Moyen Age. Et je ne parle pas ici de
Pampelune qui fut bascophone jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Il serait temps que les Gascons apprennent à acquérir leur dignité. Ils l'ont
perdu à plus d'une reprise. En laissant Bayonne à des Basques qui se sont
réveillés à la fin du XIXe siècle, ils ont encore montré la faiblesse de leur
identité contemporaine alors que pendant de très nombreux siècles les Gascons
et la Gascogne (linguistique) était connue de tous.

PS : voir la carte du Pays Basque linguistique du prince Bonaparte (seconde
moitié du XIXe siècle) : Bayonne, Biarritz et Anglet en sont clairement exlues.

Guillem Pépin

Grans de sau

  • Adishatz!

    On parle de basques (basques nationalistes)... -je me demande si ce
    n'est pas celle-ci la liste du gascon-. Dans mon cas je suis plus que
    basque (ou basque nationaliste), je suis basque-navarre-aragonais,
    mais, bon. En tout cas il ne paraît pas juste transformer en diables
    aux nationalistes, ils sont des
    personnes comme les autres. Sans queue. Il faut finir avec la
    violence, je suis d'accord. N'a pas sens. Cause énormément de
    douleur. Mais ceci ne signifie pas que tout le nationalisme est tout
    de la même couleur. Le nationalisme n'est pas violent par définition.
    Par définition prétend donner à ce que certains considèrent une
    région, un status meilleur que cet de région, un status de nation. En
    Euskal Herria il-y-a des regionalistes, des nationalistes et des
    collectionneurs de papillons. ì Gasconha il passe la même chose. Le
    nationalisme n'a pas de cornes. Il est licite défendre Gasconha sous
    une optique regionaliste, comme tu fais, mais aussi il est licite le
    faire sous une optique nationaliste, puis que tant l'un comme l'autre
    ils sont démocratiques.

    Je ne connais pas le cas français, mais je puis t'assurer que les
    plus grands nationalistes sont les nationalistes espagnols.

    Concernant à Bayonne... le sujet me paraît récurrent et je crois que
    nous ne pouvons pas convaincre l'un à l'autre, mais en ce qui
    concerne à Pampelune, moi je crois qu'il paraît un peu plaisanterie
    dire que Pampelune était bascophonne -et par conséquent basque-
    jusqu'au XIXe et quand le basque on perd il n'était pas ensuite déjà
    bascophonne -ergo, elle n'est pas non plus basque-. Tu as
    étymologiquement raison "euskaldun = qui parle euskara". Et ceci est
    encore écouté dans beaucoup de peuples de la Navarre: "Mon père était
    basque -parlait euskara- mais je ne suis déjà pas basque -par ce que
    je ne parle pas en basque-". Il est vérité mais c'est une vérité
    philologique.

    Amistats
    --
    JUANKAR

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