"R" pour Eyre Un "R" qui veut dire beaucoup, hélas !

- Tederic Merger

Je vois ce matin que, avec son nouveau "R Tourisme" et ses slogans "C’est dans l’Eyre", "En plein Eyre", l’Office du Tourisme du Val de l’Eyre fonde sa communication sur une prononciation estrangeyre de "Eyre" : comme le français "Air" !
La prononciation gasconne est èÿre (on entend à la fois le y et le e final). Je suppose que les personnes d’âge mûr et qui sont du coin le prononcent comme ça aujourd’hui encore, et pas seulement la conteuse Eliette Dupouy ! A vérifier avec soin cependant...

C’est pour nous un échec cuisant que ces prononciations authentiques, encore présentes dans l’usage, soient ignorées, méprisées, considérées comme non vendeuses.
Si nous échouons dans cette transmission a priori modeste, comment imaginer que nous puissions réussir une résurrection du gascon ?

J’observe aussi, par un parcours rapide de "R Tourisme", qu’il y est question d’éco-destination et d’acheter local.
E be çò qui’n pensi : si on est "éco-local", il faut respecter le parler local, qui porte encore les traces de l’histoire millénaire du pays de Buch, pays gascon !

Voir en ligne : L’Office de Tourisme intercommunal du Val de l’Eyre

Grans de sau

  • Tout en bas de la page d’accueil dudit Office de tourisme un module "contact" permet de leur envoyer un courrièl ;c’est ce que je viens de faire !A votre bon coeur ,gasconhautes !

  • Argh !!!

    Bon, "eÿre" se dit encore chez des gens d’âge plus jeune, mais cela doit être des gens de la région qui l’ont entendu dire par les anciens.
    A noter une curiosité : je connais un Rouergat qui habite en Bordelais, et qui prononce Mouleyre "mouleÿre" mais Broussey "broussé" ! (Sans doute parce qu’en occitan rouergat on connaît la terminaison -ièira mais pas -èir - car ce monsieur connaît l’occitan)

  • N’importe quel français parlant un bon parisien médiatique est capable de dire "le soleil revient", donc "..leil re...", donc Leyre CQFD. S’il ne veulent pas le faire c’est donc franchement une marque de mépris pour une culture qu’il considèrent inférieure (où se situe la frontière avec le racisme ?)

  • Qu’èi enviat acò (peu formulari "Contactez-nous") :
    « Dommage que votre "R" de marketing se fonde sur une prononciation de "Eyre" qui n’est pas celle du pays que vous promouvez !
    Renseignez-vous... et considérez que les touristes cherchent aussi de l’authentique...
    Adishatz !

    Il faudrait aussi en parler au Parc Régional des Landes de Gascogne... j’ai lu cependant que même ses salariés disent "R" maintenant (enfin pas tous peut-être ?)...
    Je caresse aussi l’idée d’une visite sur le terrain, à Belin-Beliet, lieu emblématique à plus d’un titre ! Y demander aux gens comment ils prononcent "Eyre"...

  • De manière plus générale, on peut faire (vite fait bien fait) une petite brochure sous l’égide de RGP qui rappelle les prononciations exactes (Piquey, Claouey, Leyre, Ychoux, Labouheyre, Morcenx...) et d’autres éléments de culture gasconne, et la présenter au PNR et autres EPCI notamment ceux ayant la compétence tourisme. Et surtout... idem pour la SNCF !!! ( Parce que à quoi bon avoir des panneaux pseudo-bilingues s’ils continuent à dire Podansac ou Portè :D )

  • Un navèth monde qu’es a vir, praubes de vos... Atau qu’es. E lo navèth monde qu’es tostèm a vir, d’alhors, tostèm en evolucion... Qu’èm indians... Mes qu’admiri aquera capacitat de’s patacar contra lo briu qu’an quauques de’queth forum. Malurosament, n’ac èi pas...

    Jo que disi tostèm, com ic èi entinut : "Belièttt" en Belin-Beliet... Mes qu’es en vaganaut... Pr’exemple, qu’èi dus amics de parents a l’accent gascon que parlan un perfèit ponchut (en fèit, en tot cas, n’an pas nat accent). Tot que’s pèrd. E tostèm. Donc que dura tot, bè !

  • E un de’quith amics qu’es sortit de Lucsèir e que dit "la lère". Çò que vòs ? Atau !

    Quèn èri gojatrèu, qu’aví aquera abituda de préner le guitarra e de hartar tot lo monde a voler cantar... Adara, se ne m’ac demandan pas, que dèishi les mans a le pòcha. Atau medish dab le mia cultura locau ! E ne sui pas "blasat" ! Sonque que’m disi : atau vira lo monde, e qu’èi clarament lo sentit de ne pas virar en lo medish sèns. Donc.... que dèishi har.... Proteccion personau...

    • Il faut expliquer pour Madame et Monsieur Tout le monde :
      Luxey est en pays negue.
      Pays negue

      Si on écrit Lucseir*, comme on est en pays negue, la prononcation est "Luxeuil".
      Si on écrit Lucsèir, la prononcation est "Luxeil".
      L’intervenant auquel je réponds nous dit que c’est Lucseir/Luxeuil qui est la bonne prononciation locale, avec une variante Licseir/Lixeuil.

      Il sera encore plus difficile de maintenir une prononciation "Luxeuil" que de sauver "Eÿre"...
      Le danger qui nous guette est maintenant "Luxè" !
      Allez, il nous faudrait un proverbe en gascon du genre "A coeur vaillant rien d’impossible !"...

      * en graphie alibertine dite "occitane"

  • C’est probablement un jeu de mot du syndicat d’initiative sur Leyre, l’air.

    La proposition de Gaby sur la prononciation me semble intéressante. D’autant plus que je ne sais souvent pas comment se prononce ces lieux. Par exemple comment doit on vraiment prononcer Maremne ?

    La prononciation de Leyre me fait penser à la prononciation des noms de famille Lapeyre et Labeyrie.
    Quand j’entends dans les pub Lapeyre prononcé Lapaire (la paire de coui**es ?) et Labeyrie prononcé Labérie (l’abbé rit ?) cela me choque même si c’est au niveau national

  • Tédéric je rebondis sur ta dernière phrase :

    "J’observe aussi, par un parcours rapide de "R Tourisme", qu’il y est question d’éco-destination et d’acheter local.
    E be çò qui’n pensi : si on est "éco-local", il faut respecter le parler local, qui porte encore les traces de l’histoire millénaire du pays de Buch, pays gascon !
    "

    Justement non, ta logique est toute minoritaire. La tendance "local" est souvent le fait... d’allochtones. Néo-ruraux, vacanciers. Sa communication est souvent le fait de chargés de mission recrutés à l’extérieur. Et puis "éco-destination", "acheter local"... c’est un langage touristique, il sert à vendre, pas à comprendre.

    Toutes les peuples en zones touristiques vivent comme ils peuvent cette réduction culturelle : pour vivre au pays, faut des touristes ; pour qu’il y ait des touristes, faut vendre le pays... Prostitution et intégrité, vieux vieux débat.

    • Les pays gascons attendent beaucoup du tourisme, soit qu’ils sont déjà des destinations touristiques massives comme les Pyrénées et l’Océan, soit qu’ils pensent jouer la carte du tourisme vert, patrimonial, gastronomique...
      En plus du tourisme, il y a tous les retraités, et même des non retraités, parfois des gens entreprenants, qui choisissent de s’installer dans des lieux désertés par la population d’origine.

      La Gascogne attire, mais parfois plus par les vides que les gascons ont laissé, que par une dynamique gasconne. Du coup, les gascons qui disent "Eÿre" ou "peÿre" peuvent se trouver en minorité ; minorité numérique parfois, mais surtout minorité mentale ; une situation d’insécurité culturelle (tiens, cette expression est dans l’R du temps !)...
      Alors ils ne transmettent ni à leurs enfants ni aux nouveaux venus.
      Il faudra faire avec ces derniers - je souhaite qu’ils s’enracinent en Gascogne - mais sans s’effacer devant eux ! Une jolie synthèse peut sortir de tout ça. Notre axe #Gascony !

      Pour revenir au site "R Tourisme" : je n’ai rien à redire à son contenu ; il récapitule ce que peut offrir cette Communauté du Val de l’Eyre à des touristes ou à des nouveaux arrivants.
      Dans sa page "Terrroir & traditions", il y a même une vidéo sur Eliette Dupouy, avec quelques mots en gascon...
      Je suis juste choqué par son nom et le mauvais jeu de mots Eyre-Air qui lui sert d’accroche.
      Il aurait fallu faire le contraire : utiliser la prononciation locale "Eÿre", peut-être même jouer gentiment sur le décalage avec la prononciation "Air" des estrangeys, pour affirmer la personnalité du pays.

  • Oui, un guide alphabétique de prononciation, simple et clair, et pourquoi pas pour toutes les communes, qui inclurait donc Pau et Bordeaux indiqués paw et bourdew. Sans mentionner aucune prononciation "française" (genre tarasteKS).
    "Prononçons correctement nos noms de commune", sans faire même référence au gascon ! Quand on sait combien les Français sont soumis à la norme, ce serait efficace.

    Labéri, les meubles lapaire, et l’ineffable Morsan, Morsan enregistré, heureusement repris par le haut-parleur "Morrsenss, Morrsenss, disneuf minutes d’arré", mais jusqu’à quand, quand le personnel viendra d’ailleurs (et l’ailleurs commence ICI, dans les salles de classe, à la télé, et dans les familles) ?

  • Ci-joint un brouillon avec quelques prononciations notées il y a quelques temps, mais ça demande pas mal de vérifications auprès d’autochtones !

    Comment bien prononcer nos noms de lieux & de famille gascons Guide à l’usage des gens venus d’autres régions
    Gaby Balloux
    Télécharger (78.2 ko)
  • Ce tableau alphabétique me parait aussi d’utilité publique (faisons notre * travail,notre devoir ... et on verra bien ).
    Pourquoi ne pas en faire, en un premier temps, un sous-produit des "lòcs" de ce site ? Quitte plus tard à en faire une petite brochure envoyée ,entre autres,aux offices de tourisme.
    Mais un lien par internet,ça peut aussi s’envoyer. A moindre frais.

    * travail dont j’accepte par avance de prendre ma part.

    • « un sous-produit des "lòcs" de ce site ? »
      Voici comment c’est déjà traité en partie sur Gasconha.com :
      Les punts geografics (qui sont ou étaient des communes) et les lòcs sont liés à des noms normats.

      C’est dans la fiche nom normat que ce genre d’explication peut prendre sa place.
      Cela évite de ressaisir 36 fois la même chose, sachant que plusieurs lòcs ou punts geografics partagent la même fiche s’ils portent le même nom.

      Par exemple, pour Beychac :
      nom normat Beishac : je vois que la fiche contenait déjà « Prononcer "Beÿshac". » Il s’agit de ce que j’appelle sur le site une notation "franco-phonétique".

      Pour être précis, la notation "franco-phonétique" du gascon ne coïncide pas avec la notation d’une prononcation en français régional qui est notre propos ici. Dans le cas Beishac, ça marche.

      Mais dans le cas Vilanava, ça ne marche pas :
      Il y a actuellement : Prononcer "Bilenawe", "Bilonabo"... or la prononciation "franco-régionale" ne peut pas être celle-ci ; il faudrait seulement noter que les deux e atoniques se prononcent... difficile...

      Pour Arveiras :
      Il y avait : Prononcer "Arbeÿres"
      J’ai modifié ainsi : Prononcer "Arbeÿres" en gascon, "Arvèïre" dans un contexte français.

      J’ai en général préféré la notation eÿ sur Gasconha.com plutôt que  ; eÿ a l’avantage de ressembler avec la notation ey qui est massivement utilisée depuis le moyen âge jusqu’à nos jours, comme dans "Eyre" !

      Autre chose encore, Gaby :
      Je vois que tu notes par exemple Brouquètt pour Brouquet. Ne faudrait-il pas mettre Brouquétt même si l’évolution la plus récente sous l’influence du français conduit à Brouquètt ?
      Par contre, je retiens l’idée du double t. Jusqu’à présent, je suis encore plus insistant dans les noms normats avec des indications du genre "Prononcer "Brouquét" en faisant entendre le t final." (nom normat Broquet)


Un gran de sau ?

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