Pour une République européenne des Régions Les propositions du suisse Jean François Billeter

- Tederic Merger

Je signale en sous-titre que Jean François Billeter [1] est suisse. Les propositions qu’il fait détonnent dans notre univers français dominé par le jacobinisme.

J’inscris cet article dans une sous-rubrique Gasconha e Euròpa de Gasconha.com (rubrique mère Douman passat) que j’avais créée il y a longtemps, lors du référendum sur la Constitution européenne ; cette rubrique n’a peut-être pas reçu un seul article, et ce serait le premier [2]...
C’est peut-être le signe que le sujet est difficile, peut-être exotique dans le débat gascon et français, peut-être clivant ; mais nous sommes ici pour discuter sans tabou de douman passat (après demain).

En gros (écoutez le sur France Culture pour revenir à la source !), Jean François Billeter propose une Europe fédérale, mais une fédération de Régions puissantes et le plus équilibrées possible entre elles (alors que la disparité de puissance des Etats-nations constituant l’Europe est extrême, entre les petits que sont Malte et le Luxembourg, et les grands que sont l’Allemagne, la France, l’Italie...).

Il argumente que les Régions historiques sont souvent plus anciennes que les Etats-nations, d’où leur légitimité pour servir de fondement à une nouvelle Europe.
Mais quelles régions ?
Il cite au moins la Bavière, la Bourgogne, la Catalogne, la Lombardie... Un esprit gascon se demande tout de suite si la Gascogne sera au nombre des heureux élus...

Jean François Billeter ne mentionne pas le cas gascon, mais pour les régions moins "évidentes", il entrevoit un processus de choix à partir de la base, au contraire de la création de Régions par le haut telle qu’elle a eu lieu en France en 2015 avec, concernant la Gascogne, l’imposition de "la Nouvelle-Aquitaine" et de "l’Occitanie".

Bien entendu, les Etats-nations ne vont pas s’effacer comme ça, et surtout l’Etat français...
Jean François Billeter est conscient des différences de culture politique entre la France, d’une part, et la Suisse [3] et l’Allemagne d’autre part, ces deux dernières étant fédérales, donc connaissant déjà le modèle qu’il propose pour l’Europe.

Voir en ligne : Sur France Culture

Notes

[1« Jean François Billeter nom chinois Bì Láidé, né à Bâle le 7 juin 1939, est un sinologue suisse et professeur honoraire de l’Université de Genève. »

[2Vérification faite : il y a eu un article sur la Corse et la Catalogne.

[3Les cantons suisses sont comme d’anciennes nations confédérées.

Grans de sau

  • Bien qu’elle ait conservé officiellement son ancien nom de Confédération helvétique, la Suisse est un état fédéral depuis le 12 septembre 1848. Ce pays n’est donc plus une confédération, c’est-à-dire une union d’états souverains à partir de cette date, mais une union d’états fédérés, "autonomes" autrement dit, chacun avec son propre gouvernement mais chapeautés par un gouvernement central. C’est aussi le cas en Europe de l’Allemagne à part que les états fédérés portent le nom de "länder", c’est-à-dire de "pays" ou de "régions". Rien à voir cependant avec nos caricaturales "régions" qui sont bien loin d’être des états autonomes. Le jour où la France aura un système politique à l’image de la Suisse ou même de l’Allemagne, la Terre aura basculé sur son axe et les poules auront des défenses.

    https://www.ch.ch/fr/democratie/federalisme/le-federalisme-suisse/

    https://www.monde-diplomatique.fr/1959/12/REDSLOB/23336

  • Cette proposition aujourd’hui me semble très datée:elle était très en faveur,d’une façon ou d’une autre,dans les milieux régionalistes comme dans certains milieux européistes dans les années 1970,peut-être un peu au delà.C’était le temps où Guy Héraud se présentait aux élections présidentielles en France. Elle a eu le mérite de représnter les régions comme des acteurs valables d’une Europe qu’on voyait comme inéluctablement en voie d’unification alors que les Etats semblaient un obstcale à celle-ci.Mais elle a rendu méfiants vis à vis de tout régionalisme les souverainistes ou semi-souverainistes (je me souviens avoir débattu avec quelqu’un qui voyait dans un projet de ce type une manœuvre allemande pour récupérer l’Alsace-Lorraine et autres sombres projets de domination).En tout cas elle fait fi d’une histoire millénaire de l’Europe, alors que les Etats,devenus Etats-nations forgés par des dynastiies pérennes ou par leur culture partagée ,ne sont pas près d’abandonner toute pertinence,on le voit bien aujourd’hui. La question implicite est celle de l’Etat-nation ,qui , à l’inverse des Etats dyastiques d’autres fois,ont eu et ont encore tendance à vouloir monopoliser en leur sein tout type d’appartenance.Arrivera-t-on à un équilibre entre l’échelon local, les régions dans toute leur pertinence historique,culturelle et sociale ( c a nd pas celles de la loi NOTRE) ,le Etats historiques et l’Europe elle-même ? Ce serait l’application du principe de subsidiarité en politique, et c’est un de grands défis des années et décennies qui viennent.


Un gran de sau ?

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