La Nouvelle-Aquitaine, c’est aussi ça, c’est la possibilité qu’un élu de Royan, de l’autre côté de l’estuaire, peu importe en somme son affiliation politique, vienne dire publiquement, à Bordeaux, que notre ancienne langue n’est qu’un agrégat de patois du Sud-Ouest.
Bien évidemment, il ne faut pas nier le problème du concept d’occitan, et tout n’est pas faux dans l’intervention de l’élu FN, bien que ces choses soient dites avec un poil trop d’exagération. Oui, le projet occitaniste est flou, oui, il a cherché, ou cherche encore, à créer un standard : le jacobinisme occitan a été maladroit.
Pour autant, ne nous voilons pas les yeux : l’élu ne reconnaît bel et bien comme véritables modalités linguistiques régionales, ainsi qu’il le dit lui-même dans son incipit, le basque, le breton ou l’alsacien.
Il importe peu alors, dans ce contexte, que notre gascon, et avec lui le limousin ou le guyennais des anciennes régions composant la région dite Nouvelle-Aquitaine, se trouvent rassemblés sous le terme d’occitan : c’est bel et bien notre langue romane, bien moribonde, dont il est nié le caractère de langue. En 2017, on a insulté le gascon, à Bordeaux, certes indirectement.
La Nouvelle-Aquitaine posera problème en matière de politique culturelle régionale : les langues d’oc de l’ancienne Aquitaine, dont le gascon, se trouvent noyées dans un ensemble trop vaste, trop peu homogène, ce qui permet de discréditer très facilement ces langues en question, au fond en les ramenant dans l’imaginaire populaire au statut du poitevin, du "français mal parlé" (avec tout le respect que nous devons à la langue poitevine, je parle ici en termes d’images d’Épinal).
En perdant l’ancienne région Aquitaine, nous avons perdu une sorte d’entre-soi ouest-gascon, dont les Périgourdins s’accommodaient sans mal, au sein duquel nous n’avions plus à subir pareils discours. La Grande Région, par sa taille, nationalise bien des thématiques et je pense déceler dans ce discours de l’élu FN, le discours que nous entendrons demain, de plus en plus, à mesure que les élus supposés de terrain, auront à ce dernier une relation plus lointaine.