- Tederic Merger

saber, sàber

français : savoir

La forme sàber avec l’accent tonique sur "sa" existe par endroits (Albret...).
Rappel : en aucun cas le "r" final ne se prononce, et c’est valable pour quasiment tous les mots gascons, voire d’oc.

L’homonyme saber (avoir saveur) n’est pas, selon nos recherches, un véritable homonyme, mais un verbe de même racine.

E sàbas pas çò qu’és qu’avut la preferença ?
"Et sabos pas so qués qu’aouüt la préférenço ?" dans le texte de Louis Gelle.
Louis Gelle, "L’expositioun dé Mézin", lu par Tederic M.
Quin èra aqueth tornur ?
"Qué désirèt sabé qu’in èro aquét tournur
Qui dan tant dé bigou hazè sa marchandiso" dans le texte de Louis Gelle.
Louis Gelle, "L’expositioun dé Mézin", lu par Tederic M.

 

Grans de sau

  • Autre sens de saber : (en mangeant ) Que sab à ..... Ça a un goût de...

    • Je pense que c’est même un homonyme de saber/savoir, donc un verbe de même son mais qui n’a pas le même sens.
      Je viens de le créer dans la base de Gasconha.com. saber = avoir saveur
      D’ailleurs je pense que "Me’n saberé mau" pourrait utiliser ce saber là : ça aurait mauvaise saveur pour moi, je ne goûterais pas ça, je n’aimerais pas ça... parce que "ça ne me saurait pas" ne veut rien dire !

  • Je ne sais pas si cela a rapport avec le gascon, mais le mot"savoir" en français a la même étymologie que "saveur" cela vient du latin "sapere".
    Sapere veut dire avoir du goût, du discernement, apprécier les choses, d’où s’y connaître en telle ou telle chose : savoir. C’est un sens un peu second du terme ...
    Cela ne vient pas de "scire" le mot pour dire directement savoir en latin qui a donné science("scientia") et désigne immédiatement la connaissance.
    L’origine de l’unique prononciation de deux verbes de sens différents en gascon provient peut être de la même évolution du sens du "sapere" latin et le gascon a repris le même procédé que le français.
    La parenté sonore n’existant en français que pour les substantifs "saveur" et savoir" et pas pour les verbes "goûter" et "savoir"... Ce n’est qu’une hypothèse personnelle... mais voir l’étymologie de savoir dans le TLF.

    • Oui Dominique, c’est ce sabere latin qui a dû donner à saber en gascon comme en français (et en castillan aussi, d’ailleurs) les deux sens qui paraissent maintenant si différents : savoir (pour une personne par exemple) et avoir de la saveur, du goût (pour un aliment par exemple).
      On sait que l’évolution du sens des mots est parfois vertigineuse (comme penser, panser, peser),pensar = penser, panser mais ce qui me perturbe ici, c’est qu’entre un aliment qui a du goût et une personne qui a du goût, il y a, là aussi avec les mêmes mots, une différence énorme : l’aliment (qui a du goût) n’a pas de cerveau, il ne pense pas, il ne sait pas, il ne connait pas ! Il y a comme un interversion entre sujet et objet...
      Bon, j’ai créé un deuxième saber dans la base, et je pense qu’on va le conserver ; mais c’est bien le même verbe dans la forme, et je suppose dans la conjugaison. Ensuite les constructions qui les utilisent ne sont pas les mêmes ("que sap a"... pour la saveur : ce serait intransitif dans ce cas ?).

  • Ua excepcion plan coneixuda a çò de non pas prononciar jamèi lo r finau : l’aur, tan preciós belèu que tot i servi !

  • Pouvez-vous me dire si pour vous, les fichiers son du mot saber se déclenchent sans crier gare, et en l’occurrence dans une certaine cacophonie, parce qu’il y en a deux ?
    Dans ce cas, je m’en excuse, il y a surement un réglage de programmation à faire, mais qui risque d’être fait à la Saint Glinglin !-)
    Lou webmèste

  • Souvent dans les langues latines, pour ce qui est des mots qui désignent des sensations, le même mot peut avoir un sens "subjectif" (point de vue du sujet) et un sens "objectif" (point de vue de l’objet).
    Exemple en français : une bonne vue (celle du sujet qui a la vue perçante), une belle vue ( beth veder !)
    Je pense qu’ici c’est pareil, "sapientia" qui donne sagesse (celle d’un sujet connaissant, le sage stoïcien par exemple ) et" sapidité" ( le fait pour l’aliment,objet, d’avoir du goût) sont le même mot ; " savoir" et "saveur" sont des doublets (comme pour la vue et la vue !) etc...
    Si on regarde les théories antiques de la sensation on voit bien que la langue grecque comme la langue latine (avec le double sens objectif et subjectif des mêmes mots) renforcent les théories qui ont été élaborées et qui supposent une "activité" aussi bien du point de vue de l’émetteur que du récepteur pour produire une sensation.
    L’histoire de l’évolution des langues va faire qu’on aura des difficultés à comprendre ultérieurement comment, comme vous le dites joliment on ne peut confondre l’aliment qui n’a pas de cerveau avec l’homme qui le goûte et l’apprécie, nous n’avons plus du tout la même représentation de ce qu’est une sensation que par exemple Lucrèce ou même Sénèque.
    Les langues latines ont gardé cela à titre peut-être fossilisé, mais je crois vraiment que c’est le même mot originellement ,même si nos langues en font deux homonymes actuellement. (le gascon est une langue vivante et non morte !!!).

  • 4.Quiò Tededric, ça se déclenche simultanément !

    [C’est assommant !-)
    Il faudrait que ça se déclenche seulement par clic, et alors, il n’y aurait pas de simultanéité.
    Bon, j’ai fait un changement ponctuel qui résout le problème ici.
    Tederic]

  • Je ne dois pas avoir une mentalité gréco-latine, parce que j’ai du mal avec cette confusion de l’émetteur et du récepteur.
    A y réfléchir, je trouve un autre exemple de verbe qui marche dans les deux sens : sentir (en français, et aussi en gascon, il me semble - oui, Palay confirme)
    « Je sens la fleur ; la fleur sent bon »
    de même qu’on a en gascon (enfin je suppose) :
    « Que sentís* la flor ; la flor que sentís bon. »
    Bon, j’ai retenu que ma grand-mère disait "la flor qu’auloreja".
    De même pour le goût, l’ancien gascon a donc dû dire :
    « Que sap lo pastís ; lo pastís que sap bon (bien ?) »
    (il/elle goûte le gâteau ; le gâteau a bon goût)
    Là-dessus, on pourrait rajouter un pronom :
    « lo pastís qu’u sap bon » (lou pastís qu’ou sap boun) : "le gâteau lui sent bon" (qui sonne bizarre en français)

    * ou senteish, dans une grande partie de la Gascogne

  • Dans mon courrier spam de ce matin, je trouve un titre : "I miss you".
    Pour ceux qui connaissent l’anglais : n’est-ce pas aussi un cas de confusion de l’émetteur et du récepteur ? Je comprends que ça veut dire "vous me manquez", mais n’est-ce pas littéralement "Je vous manque" ? Je ne suis pas sûr...
    Bon, nous nous éloignons de la Gascogne, mais c’est pour mieux y revenir !
    D’ailleurs, comment dirait-on "tu me manques" en gascon ?

  • Intuitivement,je dirais : que t’ei de manca (que t’ey de manque).

  • Tu me manques. = Que m’ès de manca. (gascon standard) / Me sès de manca. (nord-gascon garonnais)

  • Te tròbi de manca
    ou
    Te tròbi a díser
    ( Confirmé par une locutrice naturelle de Beaulac)

  • Trobar quauqu’un de manca = trobar quauqu’un a díser

    Cette dernière expression se retrouve en français dans "trouver quelqu’un à dire" = "regretter quelqu’un (qui manque, qui n’est pas là ou plus là)".

    Elle n’est probablement pas des plus courantes de nos jours mais elle est attestée dans "The Royal Dictionary, English and French, and French and English", by Mr A. Boyer, 1805

  • Verbes en -er : il existe l’exception du Duraquois , due à une influence marotine :
    Aver/aguer, saber, posquer, vorguer, varguer.

    Pour les mots en -or je crois qu’en effet c’est une spécificité gasconne de ne pas prononcer le -r

  • En retombant sur ce fil de discussion, je m’aperçois de quelques points sur lesquels j’aimerais revenir (bien que n’étant pas linguiste).

    Au sujet de sapere, le FEW nous confirme l’étymologie commune pour "avoir goût" et "savoir". De même, il range notre fameux se’n saber (a) mau sous le sens "avoir goût", et il se trouve que c’est loin d’être une spécificité gasconne. En effet, en ancien français, malsaveir signifie "déplaire", et savoir mal de "regretter" se retrouve en lyonnais.

    Par contre, Tederic, lorsque tu écris "l’ancien gascon a donc dû dire : « Que sap lo pastís ; lo pastís que sap bon (bien ?) » (il/elle goûte le gâteau ; le gâteau a bon goût)", le premier sens de saber que tu donnes n’existe pas. Là on ne peut dire que gostar, tastar.... Saber c’est vraiment "avoir goût de", donc avec le gâteau comme sujet. Le FEW le confirme. Que sap lo pastís signifie donc "le pastis a un goût" , comme variante de Lo pastís que sap.

    Tu parles aussi du verbe sentir avec les formes sentís/senteish ; cela m’intrigue car en Gironde on di(sai)t sent. La carte 1633 de l’ALG semble donner la distribution mais j’ai bien du mal à la décrypter !

  • Adiu Gaby !
    En écrivant "l’ancien gascon a donc dû dire : « Que sap lo pastís ; lo pastís que sap bon », je faisais, dans le sillage du fil de discussion, l’extrapolation au goût de la confusion sujet-objet qui semble exister pour l’odorat ou (moins) pour la vue ; mais je n’ai peut-être pas tout compris, et je m’y perds un peu...

    Foncièrement, je n’arrive pas à "capter" la communauté de sens entre un pastís qui a tel ou tel goût, et une personne qui sait quelque chose.
    Comme je l’écris plus haut, j’ai du mal avec la confusion de l’émetteur et du récepteur, évoquée par Dominique comme possible dans le monde gréco-latin.
    Mais j’ai compris que c’est cette confusion émetteur-récepteur, ou objet-sujet, qui permettrait de faire le lien entre les deux sens si éloignés du verbe sàber... comme elle existe pour l’odorat avec le verbe sentir (je sens une fleur, une fleur sent bon).
    Il s’agit donc seulement d’une hypothèse, que j’ai formulée par "l’ancien gascon a donc dû dire".

    Pour la forme du verbe sentir : j’utilise celle qui m’a été transmise par ma mère (donc, Réaup !), donc celle de l’inchoatif "à la languedocienne" : à la 1ère et à la 3e personne que sentissi, que sentís, au lieu de l’inchoatif gascon majoritaire que senteishi, que senteish.

  • Il est vrai que le verbe sentir a 2 sens opposés, en gascon comme en français. Mais saber fonctionne comme a(u)lorejar : on ne peut pas dire *qu’auloregi lo pastís.


Un gran de sau ?

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