- Jean Lafitte

pensar

français : penser, panser

Tout part du latin ‘pendere’, « laisser pendre les plateaux d’une balance, [d’où] peser »
qui donne de façon classique pénë pour « pendre » en gascon moderne.

Le participe passé ‘pensus’ donne le neutre ‘pensum’ « chose pesée », qui, devenu substantif, désignait « le poids de laine que l’esclave devait filer par jour », d’où par extension « tâche quotidienne [de la fileuse] » et plus généralement, « tâche, fonction, devoir ».

‘pensum’ a donné le verbe latin ‘pensare’ sur lequel je vais revenir, et par une évolution phonétique naturelle, les français peis (vers 1165), et pois (v. 1170) qui se prononçait [pwès], tout comme ‘mensem’ a donné meis (Chanson de Roland, vers 1180) puis mois . Par fausse étymologie rattachant pois au latin ‘pondus’ (cf. le français pondéré ou l’anglais pound, poids d’une livre d’argent), poids est apparu vers 1450. Mais l’espagnol a peso (d’où peseta) et mes, et le gascon, pés, et més, tout simplement.

‘pensare’ a d’abord signifié « peser » physiquement, puis « peser, apprécier » ; d’où l’évolution phonétique normale vers le français peser, le gascon pesa ; et à partir du sens d’« apprécier » est venu le sens de « penser » et sa notation savante penser peu avant l’an 1000. Enfin, à partir d’expressions comme penser de au sens de « prendre soin de, se préoccuper de » (1165), puis penser quelqu’un au sens de « en prendre soin, le soigner » (1310-1340), penser a pris le sens du moderne « panser », cette orthographe apparue en 1453 n’ayant supplanté l’étymologique penser qu’au cours du XVIIIe s. Et le gascon en est resté à pensa dans les deux acceptions.

Palay, meilleur lexicologue que lexicographe, sépare les deux acceptions en deux entrées successives pensà, mais les réunit dans les dérivés ; par exemple :
pensàblë,-e ; adj. — Présumable, probable ; qui peut être pansé,-e.
pensamén ; sm. — Souci, tracas d’esprit ; action de réfléchir ; pansement.

Et une conclusion gasconne, tad arridë ûn drin : lou filousofë que ditz « Que pénsi, labétz que soy » mentrë qui lou vailét de l’escuderie que ditz « que pénsi, labétz que boùxi » (je pense donc j’essuie, en frottant).

Références, pour le latin et le français : Dic. latin-français de Gaffiot et historique de la langue française d’Alain Rey.


 

Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document