Savignac
Mouliéra
Ce toponyme pose problème, outre qu’il ne figure pas sur les cartes anciennes.
– Le premier problème est celui de la finale : une finale en -a, vraisemblablement tonique, masque souvent le suffixe -ar. Celui-ci sert à créer des substantifs, mais essentiellement des collectifs de végétaux : cela ne semble pas le cas ici.
– Car en effet, et c’est là le second problème, il semble bien que nous ayons un dérivé de molin "moulin". Mais lequel ?
On sait que meunier se dit molièir en Bazadais mais l’adjonction d’un suffixe pour former un substantif n’a alors aucun sens. Il faut de plus supposer que *moulieÿra aurait été réduit à *mouliéra.
L’on trouve à Marions (33), donc non loin, un lieu-dit "Le Moulierat", qui est sur la carte d’État-Major "Molirat", "Le Moullerat" chez Cassini. Il me semble vraisemblable que notre Mouliera ait la même origine, et que l’absence de -t final s’explique par une francisation phonétique, passée à l’écrit.
Si l’existence d’un toponyme similaire à Marions nous fait avancer, la solution n’est pas pour autant aisée. Est-ce le suffixe augmentatif -at ? Ou bien un participe passé (mais de quel verbe) ?
Il semble en tout cas que la séquence -ie- soit une influence française, qui marque peut-être un ancien *Mouleyrat, réduit avec indécision dans la propre bouche des locuteurs à Moulerat voire Moulirat. Nous sommes dans une zone par exemple où le suffixe latin -aria a tendance à devenir -èra et non plus -èira.