Gascon, langue aux mille parlers Jean Lafitte [Forum Yahoo GVasconha-doman 2011-03-17 n° 10461]

- Jean Lafitte

Adixat moundë,

À la suite des excellentes précisions apportées par Daniel Séré,
Philippe Bonora a écrit : « je n'avais pas forcément perçu ce caractère hybride avant d'avoir lu toutes vos réponses sur ce forum. Je croyais qu'il y avait le gascon, avec sa variante landaise et béarnaise. C'est tout. J'en sais maintenant un peu plus... »

Enseignant bénévolement le gascon à des adultes pour la 22ème
année, j'ajouterai que sont parfaitement naturelles les mille
variétés de parlers au sein de l'espace que tout les linguistes
reconnaissent comme "gascon", aussi bien que les élites de jadis
qui nous ont laissé des écrits (administratifs surtout).

Mais aujourd'hui, les parlers gascons sont quasiment morts et très
peu ont laissé des écrits, et encore moins des enregistrements de parole, qui permettraient à des dialectologues de les définir, .

Et de toute façon, ces descriptions savantes sont d'une inutilité totale en pratique, quand on veut apprendre la langue. Car
pourquoi l'apprend-on ? Pour parler avec des vieux locuteurs de
plus en plus rares ? Et se dire quoi ?

En fait la seule utilité est de comprendre les chansons que l'on
peut être amené à apprendre et chanter et de lire les livres
encore accessibles.
Or il n'y a guère que des livres en béarnais qui soient
disponibles aujourd'hui, et c'est souvent de la très belle langue ;
je pense en particulier au Bigourdan d'Azun Camélat, au
quasi-Bigourdan Simin Palay.
Et c'est le béarnais qui a servi de base à la plupart des livres d'enseignement.

En pratique, à moins de vouloir faire des études de dialectologie
archéologique, je dis à tous ceux qui veulent apprendre le gascon de l'apprendre sous sa forme béarnaise, tout en apprenant en quoi la forme parlée par leurs ancêtres pouvait être différente. Je m'y attache dans mon enseignement, où les Béarnais ne sont pas majoritaires, et de loin.

Hèt beroy,

J.L.

Grans de sau

  • A Jean Lafitte

    Même si votre analyse s'avère certainement en grande partie réelle, n'est-il pas un peu rapide que de condamner déjà à mort le gascon en le limitant à quelques chansons et quelques livres ?

    S'il est malheureusement vrai que les "vieux locuteurs sont de plus en plus rares", il en reste néanmoins encore et pas forcément si vieux que ça (mon copain, qui demeure dans le sud-ouest, le parle couramment et il a à peine la cinquantaine).
    Et même si effectivement ces gens là sont de plus en plus rares, nous n'avons pas le droit d'enterrer la langue avant qu'elle ne soit réellement morte.

    Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir dit-on et vous en êtes bien la preuve vivante, puisque vous enseignez cette langue depuis de nombreuses années.

    Mais revenons au sujet premier : vous prétendez que le dernier bastion du gascon (la langue), est le béarnais. N'étant absolument pas un spécialiste du sujet, je ne peux que croire cette affirmation.
    Dans cette hypothèse, pouvez-vous me dire (en quelques mots seulement), quelles sont les principales ressemblances ou différences fondamentales entre le béarnais et le landais ? Comme je le disais dans mes premiers messages sur ce forum, je suis un gascon de c
  • adixats a tots,



    deux remarques :

    - le gascon n'est pas mort, il est même assez vif à la montagne

    - il y a des cours pour adultes un peu partout en Béarn et Bigorre, et peut-être dans les landes ?
    Si ce n'est pas le cas il reste des méthodes béarnaises. A partir d'un certain niveau de langue il est relativement facile à partir du béarnais d'adapter son parler à son parler local. Il faut bien sûr avoir des locuteurs "sous la main".
    C'est une petite gymnastique intellectuelle qui permet de progresser encore plus dans la connaissance de notre langue en particulier dans ce qui fait sa richesse (ses tournures de phrases spécifiques).

    Per noste propose une méthode en 2 volumes(a hum de calhau)et un CD Rom d'apprentissage (conjugaison et vocabulaire). Ce dernier est édité par linguashop (cela fera plaisir au gascon (ou pas peut-être) : à la rubrique occitan ils ne proposent que le gascon).

    La méthode "que parli gascon" est intéressante également. Juste un bémol sur la qualité des enregistrements...


    Lattuga R
  • Enfin une bonne observation sur la vivacité de la langue en montagne.

    Pour l'adaptation du landais au bigourdan, j'ai des doutes. J'ai le souvenir
    de Maïté à une fête au Pays Toy qui ne comprenait rien à ce qui lui était
    dit et inversement. Et pourtant ils y mettaient tous du c
  • Drin d'umor si ac permetetz..

    En poussant le raisonnement de Jean Lafitte à l'extrême, autant apprendre tout de suite l'aranais (appelé occitan en Catalogne), seule forme de gascon ayant un tant soit peu d'assise institutionnelle. De plus, la présence de catalanismes et de castillanismes permettra aux générations suivantes de franchir le pas vers une langue encore plus solide au choix...

    Non mais, sans blague...

    JF Blanc



    De : Jean Lafitte <lafitte.yan@orange.fr>
    ì : Gasconha-doman <Gasconha-doman@yahoogroupes.fr>
    Cc : Maurice Triep-Capdeville <maurice.triep-capdeville@orange.fr>; Emmanuel Pène <e.pene@languegasconne.com>
    Envoyé le : Jeu 17 mars 2011, 11h 03min 25s
    Objet : [G(V)asconha doman] Gascon, langue aux mille parlers

     

    Adixat moundë,

    ì la suite des excellentes précisions apportées par Daniel Séré, Philippe Bonora a écrit :
    « je n'avais pas forcément perçu ce caractère hybride avant d'avoir lu toutes vos réponses sur ce forum. Je croyais qu'il y avait le gascon, avec sa variante landaise et béarnaise. C'est tout. J'en sais maintenant un peu plus... »

    Enseignant bénévolement le gascon à des adultes pour la 22ème année, j'ajouterai que sont parfaitement naturelles les mille variétés de parlers au sein de l'espace que tout les linguistes reconnaissent comme "gascon", aussi bien que les élites de jadis qui nous ont laissé des écrits (administratifs surtout).

    Mais aujourd'hui, les parlers gascons sont quasiment morts et très peu ont laissé des écrits,
    et encore moins des enregistrements de parole, qui permettraient à des dialectologues de les définir, .

    Et de toute façon, ces descriptions savantes sont d'une inutilité totale en pratique, quand on veut apprendre la langue. Car pourquoi l'apprend-on ? Pour parler avec des vieux locuteurs de plus en plus rares ? Et se dire quoi ?

    En fait la seule utilité est de comprendre les chansons que l'on peut être amené à apprendre et chanter et de lire les livres encore accessibles.
    Or il n'y a guère que des livres en béarnais qui soient disponibles aujourd'hui, et c'est souvent de la très belle langue; je pense en particulier au Bigourdan d'Azun Camélat, au quasi-Bigourdan Simin Palay.
    Et c'est le béarnais qui a servi de base à la plupart des livres d'enseignement.

    En pratique, à moins de vouloir faire des études de dialectologie archéologique, je dis à tous ceux qui veulent apprendre le gascon de l'apprendre sous sa forme béarnaise, tout en apprenant en quoi la forme parlée par leurs ancêtres pouvait être différente. Je m'y attache dans mon enseignement, où les Béarnais ne sont pas majoritaires, et de loin.

    Hèt beroy,

    J.L.



  • Tout de même, il faut remarquer qu'en règle tout à fait générale,   les auteurs gascons (non béarnais)  n'écrivent absolument pas en béarnais. Et la littérature landaise n'a rien à envier à celle du Béarn. 
    Quant à l'aranais, que je pratique à l'occasion, je regrette effectivement qu'il ne soit pas davantage diffusé. C'est tout de même la seule forme officielle de l'occitan. Et qui progresse en nombres de locuteurs, contrairement au reste. 

    G. Loison


    Le 20 mars 11 à 10:40, Joan-Francés Blanc a écrit :

     

    Drin d'umor si ac permetetz..

    En poussant le raisonnement de Jean Lafitte à l'extrême, autant apprendre tout de suite l'aranais (appelé occitan en Catalogne), seule forme de gascon ayant un tant soit peu d'assise institutionnelle. De plus, la présence de catalanismes et de castillanismes permettra aux générations suivantes de franchir le pas vers une langue encore plus solide au choix...

    Non mais, sans blague...

    JF Blanc



    De : Jean Lafitte <lafitte.yan@orange.fr>
    ì : Gasconha-doman <Gasconha-doman@yahoogroupes.fr>
    Cc : Maurice Triep-Capdeville <maurice.triep-capdeville@orange.fr>; Emmanuel Pène <e.pene@languegasconne.com>
    Envoyé le : Jeu 17 mars 2011, 11h 03min 25s
    Objet : [G(V)asconha doman] Gascon, langue aux mille parlers

     

    Adixat moundë,

    ì la suite des excellentes précisions apportées par Daniel Séré, Philippe Bonora a écrit :
    « je n'avais pas forcément perçu ce caractère hybride avant d'avoir lu toutes vos réponses sur ce forum. Je croyais qu'il y avait le gascon, avec sa variante landaise et béarnaise. C'est tout. J'en sais maintenant un peu plus... »

    Enseignant bénévolement le gascon à des adultes pour la 22ème année, j'ajouterai que sont parfaitement naturelles les mille variétés de parlers au sein de l'espace que tout les linguistes reconnaissent comme "gascon", aussi bien que les élites de jadis qui nous ont laissé des écrits (administratifs surtout).

    Mais aujourd'hui, les parlers gascons sont quasiment morts et très peu ont laissé des écrits,
    et encore moins des enregistrements de parole, qui permettraient à des dialectologues de les définir, .

    Et de toute façon, ces descriptions savantes sont d'une inutilité totale en pratique, quand on veut apprendre la langue. Car pourquoi l'apprend-on ? Pour parler avec des vieux locuteurs de plus en plus rares ? Et se dire quoi ?

    En fait la seule utilité est de comprendre les chansons que l'on peut être amené à apprendre et chanter et de lire les livres encore accessibles.
    Or il n'y a guère que des livres en béarnais qui soient disponibles aujourd'hui, et c'est souvent de la très belle langue; je pense en particulier au Bigourdan d'Azun Camélat, au quasi-Bigourdan Simin Palay.
    Et c'est le béarnais qui a servi de base à la plupart des livres d'enseignement.

    En pratique, à moins de vouloir faire des études de dialectologie archéologique, je dis à tous ceux qui veulent apprendre le gascon de l'apprendre sous sa forme béarnaise, tout en apprenant en quoi la forme parlée par leurs ancêtres pouvait être différente. Je m'y attache dans mon enseignement, où les Béarnais ne sont pas majoritaires, et de loin.

    Hèt beroy,

    J.L.





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