- Tederic Merger

relha, arrelha

français : soc (pièce de charrue)

Prononcer "(ar)rélye", "(ar)rélyo"...


 

Grans de sau

  • La « relha » ou « arrelha » est le soc, qui est la pièce pointue située la plus en avant de la charrue ou de l’ancienne araire, ayant évolué de la forme antique en pointe de flèche ou de lance, à la forme moderne du carrelet qui est une barre de section carrée aiguisée en biseau à l’avant. On amenait cette pièce d’usure régulièrement au forgeron.
    L’ALG indique ce mot pour l’Entre-deux-mers, les Petites-Landes, le Bas-Armagnac, le Couseran.
    L’ALG indique « bomé, -oe » du Médoc à la Chalosse et « boumé » de l’est du Béarn à la haute Bigorre, et puis on trouve ailleurs « karrat », « bròko », « hèrro » et « hè ».

  • Mais venons-en au gasconisme non corrigé, Tédéric, qui est d’utiliser en français le mot SOC, pour dire un sillon, et non la pièce de la charrue. En effet sillon se dit en gascon « souk », du latin « « sulcus » », dans une zone qui va de l’Albret néracais, Condomois à la Bigorre, est-Béarn et haut-Comminges. Moi-même je faisais cette confusion dans mon Agenais guyennais où l’on dit « sòt ».
    Le mot français soc, pièce de charrue, vient par contre du gaulois.
    Les autre mots de l’ALG pour sillon sont « la kawloe, kaw, kaloe » dans les Landes, et « la kanaw » en Médoc, et autres « roulyoe, kawoe et (ar)roessouk » en Gironde.

  • Andriu, je supprime donc la traduction sillon pour (ar)relha, puisque c’est seulement un soc, pièce de charrue.
    Ce qui me titille, c’est que je ne vois pas comment ce soc peut devenir un nom de lieu, comme LAREILLE à Ségoufielle.
    Et je vais créer le mot gascon soc (prononcer "souk") avec le sens de sillon de labour.

  • Je suis quand même titillé quand je lis « cette fosse perpendiculaire, la seule que les cartes désignent pour Cap-Breton, reçoit des habitants le nom d’Arreuilhe signifiant chenal »
    [Revue philomathique de Bordeaux et du Sud-Ouest, Volume 6 - Google livres]
    arreuilhe parait la notation de arrelha en negue, Capbreton appartenant au pays negue.
    Je tombe aussi sur des toponymes "La Reuille" à Lugon et Bayon, rive droite de Dordogne maritime, où des toponymes gascons sont nombreux.
    Mais je trouve ceci dans le glossaire de langue gabache de l’abbé Urgel :
    Glossaire de langue gabache

    "reuille (Blayais) : petit fossé, coupe dans un terrain aboutissant à un fossé, saignée dans le fond d’un champ pour l’écoulement des eaux ; var : rouille"
    ce reuille qu’on trouve en frontière gascon/gabaye serait donc très représentatif de cette situation : un mot de substrat gascon qui a une version oïlisée proche phonétiquement de la version gasconne, un mot qu’on peut supposer commun aux deux communautés linguistiques de ce pays du Bourgeais-Cubzagais-Fronsadais.

  • Est-ce-que arrolha rigole peut devenir arreuilhe en parler ’negue’ ?

    • Normalement non : le parler negue garderait arrolha (arroulye).
      Mais je remarque que l’abbé Urgel fait aussi ce rapprochement reuille/rouille pour "la langue gabache".
      Pour des synonymes, des presque homonymes (c’est-à-dire venant de racines différentes) peuvent fusionner ?

  •  En Gironde : "rouille" et pas "roulye" , ou alors dans un passé lointain. Et même au-delà de la Gironde. Il faudrait étudier ça : la façon de prononcer lh a-t-elle un déterminisme géographique ou est-ce simplement l’influence française qui a conduit à généraliser [j] ?

     Sillon se dit aussi (ar)règa, du moins vers le SE de la Gironde.

     Larreille (var. Lareille) a existé comme patronyme mais a disparu au XIXe s. On le trouve en Béarn et un peu en Bigorre et dans les Landes. Ca pourrait aussi être le surnom d’un forgeron

     C’est vrai que arrelha est étonnant dans ce sens dans les Landes. Par contre, j’ai observé à côté de chez moi (en Benauge) un toponyme "la Reuille", qui correspond vraisemblablement à la francisation rulha, variante de rolha (les 2 étant présentes en Benauge). En Bourgeais côté gascon, évidemment il y a "la Reuille", qui serait donc non pas une francisation mais plutôt une interférence gabaye. David Escarpit écrirait donc ruelha sans doute.

  • J’ai mis à jour arrolha, arrulha, arrelha, comme variantes du même mot, sachant que arrelha est aussi mentionné par Palay, sous la forme arrélhe comme synonyme de arroulhe et arrulhe.arrolha, arrulha, arrelha = rouille, ruisseau
    Il semble y avoir pour tout ça une racine unique hispanique pré-latine qu’on retrouve dans le mot castillan arroyo, et qui a pu être diffusée en Aquitaine romaine par le bas-latin, à moins que cette racine ait existé aussi en aquitain pré-latin.
    Concernant le reuille gabaye, je fais l’hypothèse qu’il appartient à ce fond gascon ; ce serait alors à partir de rulha, comme le dit Gaby, parce que rolha aurait donné rouille sans problème en gabaye qui connait très bien le son ouil...
    Ouïe ouïe ouïe, c’est un peu compliqué, mais nous progressons !

  • Selon le FEW :

     arrolha < lat. *arrŭgŭla
     relha < lat. rēgŭla

  • Et un autre document [Clicatz !]

    arrolha, arrulha, arrelha à partir de arrugula
    arrolha, arrulha, arrelha à partir de arrugula
  • Arreilha (arreille) En Chalosse rigole en bordure des parcelles ou des chemins.
    "Que cau cura les arreilles"
    "Qu’à début plabe, les arreilles que coulent..."


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