en graphie alibertine :
Raufastèr
Raufaste, Raufast et Rofast sont ici réunis, parce que nous faisons l’hypothèse que ce ne sont que des variantes graphiques du même nom.
L’attestation de "le Raufasté (ou Raouasté, commune de Saint-Girons)" rapportée par Philippe Raufaste (lire ci-dessous), laisse penser qu’il y a bien un "e" final, normalement non accentué, et prononcé "é" en gascon.
Le fait qu’il ne soit pas présent dans certaines variantes est curieux, mais c’est un aspect mineur du mystère.
J. Tosti, sur son site des noms, écrit ceci :
Nom surtout porté dans l’Ariège (variante Raufaste). Désigne celui qui est originaire de Raufaste, hameau de la commune de Seix (09), près de Saint-Girons."
Nous restons donc sur notre faim, car que veut dire ce nom de hameau ?
Voici les informations aimablement mises sur la place publique par Philippe Raufaste qui, depuis une quinzaine d’années, cherche l’origine de ce patronyme :
"J’ai donc classé ces résultats, *bien qu’ils soient non attestés*, par ordre
de probabilité décroissant tel que je le ressens à titre tout à fait
personnel.
*a ) Origine wisigothique* :
Radulfus Fasten. Le second élément se rapportant à un verbe gothique :
"FASTAN" signifiant "tenir, garder", d’où par extension "FESTUNG" =
forteresse.
Sémantiquement, Raufaste serait donc : le lieu fortifié, le
domaine ou la fondation d’un certain Radulf.
* Sources* :
Professeur Norbert Weinhold (Patrom D.M. 314 - Université de Trèves)
qui a eu la bonté de s’intéresser à cette question et que je remercie
vivement.
Hispano-gotisches Namenbuch. (Joseph M. Piel - Dieter Kremer).
Différentes autres recherches effectuées par mes soins auprès
de sources également qualifiées, expliquant notamment la disparition du "d" intervocalique de "Radulf".
Cette disparition a été plus précoce dans les hautes vallées (IXème s.) et plus importante. D’où "Rau, Raulfus, Raolf, Raufus", ou "Raul" ce dernier attesté en Espagne.
* Notes* :
Cette proposition a en outre le mérite de correspondre le plus
étroitement du monde aux observations topographiques et onomastiques sur le
terrain. Elle correspond également à une étude pointue de l’histoire des
Wisigoths dans nos pays du Sud.
Hypothèse confortée par la présence du
hameau de Casteras qui présente toutes les caractéristique d’une
fortification "en éperon barré", utilisée, entre autres, au IXème s.
*b ) Origine germano scandinave et autres, d’évidence moins Wisigothique* :
Rau = L’eau qui coule du roc.
Ville de Rauma (Côte Ouest de la Finlande). Anciennement le nom de Rauma
désignait un détroit. La côte y est particulièrement rocheuse et les
courants y sont forts. La ville a pris le nom du détroit.
Ville de Rome à laquelle les Étrusques avaient donné le nom de Ruma,
qui, dans leur langue, signifiait "l’eau".
Ville de Raucoule (Haute Loire) : L’eau qui coule du roc. Dans chaque
maison du vieux bourg, il y avait un puits dans la cave. En outre, on m’a
signalé le cas d’un tombeau sur lequel coulait du roc une eau qui aurait
miraculeusement conservé le corps du trépassé. Malheureusement, les
coordonnées de certains de mes aimables informateurs ont été emportées par
une tempête informatique et je ne sais plus s’il s’agit de Raucoule ou de
Rauret.
Ville de Gajan (Ariège) : Source de Raufast. Il s’agit de la résurgence
d’une petite rivière souterraine au pied d’un gros rocher. (N.B. : à la
belle saison, elle est magique !)
Ville de Seix (Ariège) : Lieu-dit "le Raurès" à environ 1800 mètres au
sud de Seix. Il s’agit d’un resserrement du Salat entre les rochers. Une
légende évoque à cet endroit la présence d’un gouffre dans les temps
anciens.
Cette proposition, convainquante lorsque l’on se trouve sur les
lieux, n’explique pas le deuxième élément "FASTE". (Ici, *il
pourrait *être, par exemple "Fastus" ce qui reste évidemment une pure
hypothèse). Elle n’est pas non plus cohérente avec la présence de Raufaste à Capvert, commune de Seix.
Correspondance avec le Finnish Research Centre for Domestic
Languages.
Conversation avec le service culturel de l’ambassade de
Finlande à Paris.
Correspondance et conversation avec la mairie de
Raucoule, que je remercie ici, ainsi que mes informateurs de Rauret.
Informations recueillies auprès de la mairie de Seix, de feu monsieur Gaston-Lagorre et de Corinne.
*c ) Origine plus précisément franque * :
J’ai dressé une carte des départements comportant des toponymes
commençant par "Rau". Elle montre de façon claire qu’ils forment une ligne
continue le long des frontières du Nord et de l’Est, entre Dunkerque et le
Bas-Rhin. Ici, l’origine franque est probable dans la majorité des cas.
Ailleurs, nous ne les rencontrons qu’isolément, c’est à dire :
Dans la Manche, présence explicable par l’influence Normande.
En Gironde, présence explicable par les influences wisigothique, franque et normande.
Dans le Cantal et en Haute-Loire (où nous retrouvons les cas de
Raucoules et de Rauret), influence vraisemblablement wisigothique mais
peut-être franque.
Enfin, en Ariège, où nous retrouvons nos trois toponymes : Raufaste (commune de Seix), le Raufasté (ou Raouasté, commune de Saint-Girons) et le hameau de Raufast (commune de Gajan).
Au moins deux influences probables :
dans l’ordre, la wisigothique, la plus probable, puis la franque
carolingienne. Celle-ci, bien que plus tardive, est également tentante. Non
seulement elle est historiquement valable, mais elle est aussi fortement
enracinée dans la traditon locale.
*d ) Conclusion (dans la mesure où l’on peut en risquer une !)*
A ce stade nous ne pouvons que faire une remarque : s’il est logique
d’avancer une proposition germano-scandinave pour notre racine RAU, nous
n’avons, par contre, rien qui permette de privilégier un choix en ce qui
concerne le second élément "FASTE". Au mieux, pouvons-nous avancer deux
suggestions, la "Fasten" wisigothique et la "fastus" latine. Mais il y en a
d’autres...
Vous remarquerez que je reste très prudent et l’opinion d’experts confirmés
me serait évidemment précieuse.
Si vous le pouvez, dites par Gasconha.com à nos cousins Raufaste de
Gascogne et de toutes terres d’Oc, de Catalogne, de Saintonge et de bien
plus loin encore, que je serais heureux d’avoir pu les intéresser un
instant, si tel est le cas, à notre commune histoire.
Une chose reste
certaine : c’est une vieille, très vieille histoire couseranaise !