Cauterets
Cancéru
Cancéru est un hameau de Cauterets, qui sur la photo, depuis les hauteurs de l’Aoumède, se trouve encore dans l’obscurité, pour une grande partie, en ce matin de décembre où je me trouvais dans la vallée.
Le toponyme Cancéru me pose de très sérieux problèmes, et je ne doute pas que des attestations anciennes, notamment dans les actes anciens du Lavedan, permettront de trouver une solution convenable, outre le recensement d’une prononciation locale, pour connaître l’accentuation.
Si l’accentuation est en finale, alors il faut imaginer la déformation d’un suffixe, par exemple le suffixe dépréciatif -uç, mais il est tout de même étonnant qu’une consonne finale saute dans des parlers aussi conservateurs que ceux de la montagne bigourdane.
Si l’accentuation n’est pas en finale, mais sur l’avant-dernière syllabe, et au fond même si l’accentuation est sur la finale, alors fautivement, j’en suis à me demander si Cancéru n’est pas un reste fossilisé et assez formidable de la désinence latine -us : nous aurions le latin cancellus "barrière", avec maintien de la finale, face à la forme gasconne normale qui serait cancèth apr-s chute du u final cancell(u) ; ce doit être l’origine du toponyme "Le Cancet" de Perissac (33).
Il est assez connu que la montagne gasconne, au contact de l’Espagne, fait montre parfois de formes très archaïques : je pense notamment à la toponymie des montagnes aranaises, au contact de l’ancien aragonais des vallées aujourd’hui plutôt catalanes, où l’on trouve des toponymes comme Montanèro, Eth Horo, Estanho, Sossobasso, ... donc avec maintien de -u final latin, passé à une forme -o (prononcée -ou en position non-tonique).
Je suis intimement persuadé que dans une phase ancienne du développement du gascon, le -u final a pu être conservé, maintenant, il est certainement osé de voir dans Cancéru un tel maintien, bien que cela me séduise pas mal. A débattre !