La gamata Un mot qui a suivi les voyages des maçons occitans.

- VERDIER Gilles

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Ua gamata tota nava...

En Bigorre, “la gamata” c’est l’auge du maçon ou du plâtrier, en gascon et en français régional.
En val d’Azun (65) “era gamata” est aussi une civière agricole. C’est aussi une civière en Lozère : “la gamacha” [ga’matso].
On a en occitan languedocien et provençal :
• “la Gamacha / gamata” : Civière, auge de maçon pour le mortier, hotte de vendange.
• “lo Gamaton / gaton” : petite auge
• “lo pòrtagamata” : l’apprenti maçon...
• “la gata” : auge
• “una gamatada” : une augée

Ce mot occitan semble avoir accompagné les déplacements des maçons.
Dans le sud de la France on le trouve donc en Savoie, dans le Dauphiné, en Lozère, vers Montpellier et Montauban, en Provence et en Gascogne.
Mais on le retrouve aussi depuis le XXème siècle dans le centre de la France (la gamatte), dans le parler pied-noir d’Algérie, dans le créole de La Réunion.

Mais ce mot n’a pas trop la côte dans les dictionnaires..!
Pour le gascon, le Palay et le Per Noste ne retiennent que le mot du Val d’Azun (era gamata = une civière) alors que tous les maçons et plâtriers de Bigorre emploient tous les jours ce mot. Ces deux dictionnaires donnent pour auge à mortier : ausèth et ausèu (Médoc).
Les dictionnaires occitans languedocien et provençaux le mentionnent.
Pour le français, il n’est pas pris en compte par les dictionnaires généraux contemporains.
C’est pourtant un authentique mot occitan qui a essaimé au nord avec les maçons voyageurs.

Etymologie.
Ce mot serait une altération du latin "gabata" = jatte, plat creux. Né dans les dialectes occitans, ce mot est passé au catalan (« la gaveta” attesté en 1350 : l’auge du maçon, el gavadal : la bassine, le baquet), à l’italien (attesté au XIV), au castillan («  la gaveta » attesté vers 1570). Ensuite il est passé plus récemment au français..