Le ZAN (Zéro Artificialisation Nette)

- Tederic Merger

Quan èri mainatge, lo ZAN qu’èra regalícia (réglisse).
Mès n’i avèvi pas dret, la mia mair que devè àuger quaucomet contra... mès vesevi los mens companhons qui chucavan ZAN...

Adara, que soi madur, e lo ZAN qu’es vasut auta causa, e pareish que los òmis politics locaus n’ac aiman pas.

L’hostilité des hommes politiques lot-et-garonnais :

Le sénateur et ancien maire de Tonneins, Jean-Pierre Moga était contre, Michel Masset qui le remplace au Sénat est contre aussi !
Raymond Girardi pareillement...

Dionis du Séjour, maire d’Agen :

« En Lot-et-Garonne, nous perdons des habitants, donc nous avons besoin de projets fonciers. Or, cette loi, qui s’applique à tous les territoires en France, n’est pas pertinente chez nous. Elle l’est peut-être à Arcachon ou bien à Bordeaux, mais pas chez nous. »
« On vous laissera les terres pour que nos écoles restent remplies », a soutenu Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture.
(Sud-Ouest) Urbanisme en Lot-et-Garonne : les maires vent debout contre le programme qui demande de réduire l’artificialisation des terres

Même le président de la Chambre d’agriculture, dont le syndicat "Coordination rurale" dit vouloir « éviter au maximum la perte de terres agricoles », admet donc qu’il faut bâtir sur des terres agricoles pour maintenir la population. [1]

Il n’est guère envisagé qu’on réhabilite, pour le logement ou les activités, des zones déjà bâties, ce qui est au coeur de la loi ZAN.
A la rigueur, que les zones attractives ou métropolitaines (Arcachon et Bordeaux...) fassent cet effort, mais pas nous !

En même temps, nos élus locaux signent avec l’Etat des conventions dans le cadre d’un programme « Petites villes de demain » pour « booster l’attractivité des centres bourgs avec en pierre angulaire l’habitat et la lutte contre les logements indignes, favoriser la mobilité, mieux maîtriser le foncier, soutenir les projets innovants ».
(Sud-Ouest) Aiguillon : Les conventions ORT ont été signées
Mais apparemment, ils ne comptent pas trop là-dessus pour remplir les écoles et maintenir la population...

Exemple :
A Buzet-sur-Baïse, les élus s’inquiètent du plan d’urbanisme intercommunal, regrettent « la baisse très importante de la superficie des zones constructibles, notamment dans le secteur de Lagravère, amputé d’une grande partie de sa constructibilité ».
Les élus ont décidé de « rendre les prescriptions d’urbanisme indicatives et non pas obligatoires ».

La Cellulose de Buzet
Un exemple de friche à réhabiliter...

Pourtant, le ZAN est parfois brandi comme un argument pour justifier des opérations de réhabilitation de friches urbaines.
Exemple : Friche de l’ancienne Manufacture des Tabacs de Tonneins Appel à projets
Lors d’un débat public, le maire de Tonneins justifie sa décision d’engager la ville dans la réhabilitation de l’énorme friche de la "Manu" par... la loi ZAN, et la rareté du foncier qu’elle va entraîner !

Ainsi, même combattue à mort par les élus locaux, et par suite vidée de sa substance, la loi ZAN pourrait avoir quelque effet...

Notes

[1Un article sur le site de la Coordination Rurale rappelle son souci sur la perte de terres agricoles, mais confirme son scepticisme sur la capacité de la loi ZAN à l’empêcher, encore plus depuis qu’elle a été adoucie par une série de dérogations :
« La CR insiste pour que les élus locaux et les pouvoirs publics travaillent à valoriser prioritairement les friches, qu’elles soient industrielles ou agricoles (anciens poulaillers ou hangars à veaux par exemple), en terrain à bâtir pour éviter au maximum la perte de terres agricoles. (...)
À peine deux ans après la promulgation de la loi d’origine, et alors même que les principes défendus par ces textes ne seront pas pleinement opérationnels avant 2050, voici qu’apparaissent les premières exceptions. La Coordination Rurale s’était interrogée sur ce temps long et sur sa pertinence face aux dizaines de milliers d’hectares bétonnés chaque année.
Nos craintes ne seront sans doute jamais vérifiées ou infirmées. Au rythme où vont les choses, en 2050 le « Zéro Artificialisation Nette » aura été vidé de sa substance depuis longtemps. »

Grans de sau

  • "enveloppe foncière" : jolie expression !
    Bref, les élus veulent que le SCoT leur autorise le quota maximum d’artificialisation.
    Remarque : le SCoT ne fixant pas de quota minimum, il n’oblige pas un maire à artificialiser !

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  • Il s’agit de revitaliser neuf « pôles de centralité » : les centres bourgs de Barbaste, Buzet-sur-Baïse, Francescas, Lamontjoie, Lavardac, Mézin, Nérac, Vianne et Sos.
    Le détail ici (document de 2021).
    Ce qui revient comme une litanie :
    Un parc de logements (des centres ville et bourg) « inadapté aux nouveaux parcours résidentiels » ; « les familles ou les jeunes couples qui privilégient la périphérie en bordure des grands axes de communication »

    Le chantier est énorme ; peut-être impossible dans la modalité actuelle du "tout automobile"...
    E lo bastit vielh que miaça de càser* (ci-dessous à Mézin)
    * lou bastit bieil qué miaço de càse / le vieux bâti menace de tomber

  • Nos politiciens locaux évoluent-ils ?

    Habitat dégradé, logements vacants, commerces à l’abandon : dans les Landes comme dans d’autres campagnes françaises, le cœur des petites villes ne bat plus aussi fort qu’antan, la faute à des dérives urbanistiques qui ont déplacé les zones d’activités en périphérie. Xavier Fortinon, président du Département, refuse cette fatalité : « il faut remettre la population au cœur des bastides qui sont quand même le centre de vie de nos communes. C‘est un enjeu primordial pour garantir du lien social ».
    Gasconha.com défend depuis plusieurs années un nouvel esprit bastide... même dans les centre-bourgs qui n’en sont pas !
    Esprit Bastide

    Et aussi :

    « S’il y a des logements vacants, il faut travailler sur l’existant, avant de construire des lotissements », assène Xavier Fortinon.

    GABARRET ET ROQUEFORT S’ENGAGENT DANS LA REDYNAMISATION DE LEURS CENTRES-BOURGS
    A cette adresse, des photos des rues - en difficulté - du Fort et de Marsan, à Gabarret.

  • Le diagnostic sur les 9 centralités d’Albret, rédigé par le cabinet Lestoux et Associés, explique ceci :

    "L’attractivité d’une centralité est une équation entre quatre niveaux d’attractivité :
    résidentielle, de services, économique et identitaire."*

    "la fonction identité : créer un attachement, un point de repère, une fierté"

    Parmi les neuf "centralités" étudiées, c’est à Francescas, Sos, Vianne et Lamontjoie que le diagnostic donne un point prépondérant à la fonction identité ; probablement parce que les autres fonctions (résidentielle, de services, économique) y sont plus faibles qu’ailleurs...
    Lamontjoie

    *En gascon, los factors d’atractivitat que poderen estar recompausats atau : maison, suenh & crompa, trabalh, plaser & fiertat

  •  On tente laborieusement de revitaliser les centres-bourg et coeurs de ville, et l’idée de la "ville du quart d’heure" (où on peut tout faire à pied en moins d’un quart d’heure) se répand ;
     les cabinets comptables et les offices notariaux se délocalisent en zone industrielle...

    Tonneins - Office notarial délocalisé en zone industrielle (2024)
  • Quand même les notaires quittent le coeur de ville (gran de sau précédent), il y a de nouveaux entrants !
    Dans l’artère commerçante du coeur de Tonneins, elle aussi menacée de déprise, des commerces étrangers (cafés ou snacks maghrébins, épiceries portugaise, espagnole, polonaise...) apportent de la vie.
    Est-ce en lien avec le rôle que jouerait, selon moi, Tonneins, comme centre d’accueil de la main d’oeuvre agricole étrangère ?
    Manca de man d’òbra agricòla lo terçat ganhant C-H-C
    Certains resteront. Que leur transmettre ? l’esprit estanquet (ils l’ont peut-être déjà !) ? l’émancipation de la daune (la rue nouvelle est très masculine !) ? des recettes de cuisine ? savoir dire Adiu/Adishatz ? le béret vascon ?-)

  • (sudouest.fr) Technopole Agen Garonne : en attendant le campus d’animation des compétences, la pépinière d’entreprises est sortie de terre

    Architecturalement, le projet est pensé pour s’intégrer dans le patrimoine local. « Il a été dessiné pour recréer une ferme Gascogne, détaille Ludovic Bonnet, directeur général du site, avec une maison de maître, des séchoirs à tabac, des écuries. »

    Ah, c’est ça, une "ferme Gascogne" ?-)
    Le fait est que le projet est clairement du côté gascon de l’Agenais.
    Par contre, c’est contraire au ZAN (ça contribue à l’artificalisation du sol et à l’étalement urbain)...

    « Il faut que ce lieu vive. On pourrait installer des foodtrucks et organiser l’été, pourquoi pas, des concerts. »

    Il y a un endroit où ça vit déjà : Agen ville !

    Élue de territoire Agenais, la conseillère se « questionne sur la mobilité ». Le « point négatif » du campus est « qu’il est excentré »

    Ben oui...

    Le président de l’Agglomération, maire d’Agen, Dionis du Séjour :

    « Il faut que ce soit une école de 2025 et pas de 1980, promet-il. On n’est plus dans le tout bagnole. »

    On le dirait pas !

  • La force du secteur privé en société capitaliste, c’est qu’il sait coller aux modes, aux envies, aux idéologies : à Grenoble, ville très écolo dans son affichage et où je me trouvais ce matin, un grand groupe de BTP vend les constructions nouvelles comme devançant la ZAN !

  • ... alors que nos politiciens le trouvent trop contraignant !

    La catastròfa suu media valencian À Punt* :
    Les conseqüències de la DANA
    BON DIA COMUNITAT VALENCIANA
    (À Punt)
    *À Punt es un media parlat e escrit en valencian (ua varianta deu catalan) ; lo monde entervistat, e tanben la publicitat, parlan sovent en castelhan, tot acò estant lo rebat de la realitat lingüistica d’adara aquiu.

    Il y a toujours eu des inondations, mais l’artificialisation des sols les aggrave.
    Dans le triangle gascon, nous ne sommes pas à l’abri ; nous recevons fréquemment des alarmes : Salies de Béarn, Peyrehorade, Artigues près Bordeaux, Bruch
    et Roquefort (en Agenais)...

  • "Mais Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer." Souvent retranscrit, à tort, sous la forme : "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes."

    Jacques Bénigne Bossuet

    Amen

  • Une mission de Gasconha.com est de renforcer le lien de la Gascogne avec le sud des Pyrénées, donc l’Espagne.
    Ici un bon* article du Diario de Navarra sur la catastrophe dans l’horta de València :
    Los sentidos de la devastación en Valencia

    *N’estosse pas bon, ne’n publicarí pas lo ligam !
    Pour ceux qui ne lisent pas le castillan : c’est l’occasion d’utiliser les traducteurs automatiques qui foisonnent de nos jours...

  • Dommage qu il faille accepter les cookies (et donc toutes les pubs et sollicitations qui s en suivront) du DN pour accéder à l article.

    [Je n’ai pas vérifié si le fait de refuser les cookies empêche d’accéder au contenu du DN.
    Ceci mis à part, cet article semble lisible entièrement par un non abonné, ce qui est relativement rare, et vu la qualité de l’article, et de ses illustrations, il m’a semblé qu’il valait la peine de donner le lien. Tederic lo webmèste]

  • Une polémique semble naître, mettant en évidence la destruction de barrages en amont qui auraient pu éviter la catastrophe. Cela ne semble pas faux, mais le souci majeur réside, comme ailleurs, dans l’urbanisme sauvage.

    Voir ici la comparaison entre 1956 et 2024, d’autant que le Turia a été détourné au sud de Valence :

    https://twitter.com/esme_mys/status/1852431527298101324

    En France, c’est le PPRN qui régit ces données.

  • Ce serait déraisonnable de nous constituer en cellule d’investigation gasconne sur la riuada de l’Horta valenciana (ou DANA pour les valenciens), mais il y a quelque chose qui ne colle pas entre les cartes du tweet donné en lien ci-dessus, qui placent le coeur ancien de Paiporta hors zone inondable, et des images de désolation qui circulent, qui semblent bien ressortir de ce coeur (relativement) ancien.

    J’ai lu aussi qu’il était question de renaturer des cours d’eau dans cette zone, ce qui irait encore plus loin que le ZAN. Est-ce que cette renaturation avait commencé ? est-ce que la destruction de barrages en amont en ferait partie, auquel cas l’effet serait contraire à celui attendu (quel micmac ce serait !) ?

    Pour expliquer mon intérêt spécial pour ce drame (en plus de la problématique du ZAN), je dois révéler que j’avais par hasard découvert le média en valencien* À Punt quelques semaines avant, et ne savais quel biais trouver pour en parler sur Gasconha.com !

    *Le valencien, qui est en fait du catalan, a donc une parenté avec la langue d’oc et le gascon ; sa présence affirmée dans l’espace public officiel (les noms de rue : Carrer Metge Peset à Paiporta par exemple, la télé régionale...) du Pays valencien correspond à une pratique réelle d’une part de la population...

  • Retour en Gascogne :

    Les élus de Val de Garonne Guyenne Gascogne ont récemment présenté à Marmande, leur stratégie pour la révision du Schéma de cohérence territoriale (Scot) (...)
    "On a construit plus de 1900 logements sur la période 2012-2017, alors que l’on a accueilli 320 habitants" (Jacques Bilirit, président de Val de Garonne)
    Sud-Ouest - « On aura beaucoup moins la possibilité de construire » : dans moins d’un an, les règles changent pour 91 000 habitants du Lot-et-Garonne

    Analyse de la phrase en gras ci-dessus :
    1900 logements construits pour seulement 320 habitants de plus dans la zone considérée sur la période considérée (soit presque 6 logements construits par habitant supplémentaire !), ça peut s’interpréter de deux manières au moins, qui peuvent s’ajouter :
    - la décohabitation : à population égale, on a besoin de plus de logements, parce que des personnes qui partageaient un logement vont se scinder ;
    - la vacance : des habitants vont habiter un logement neuf, et ne sont pas remplacés par d’autres dans leur ancien logement, qu’on devine peu attirant...

    Difficile d’agir sur la décohabitation, qui est phénomène sociétal...
    Sur la vacance, la solution est l’adaptation des logements anciens. Tout un programme ! Le Programme Local de l’Habitat de l’Albret Rénover les centres-bourg et centres-ville pour accueillir les habitants qui dé-cohabitent !