Gascogne toulousaine

Esperce

- Vincent P.


 

Maison dans le bourg

Je ne veux pas surestimer les différences gasconnes entre le Toulousain de langue gasconne, donc, et celui de langue proprement toulousaine (sud-languedocienne) mais pour avoir arpenté le même jour des villages d’un côté de la frontière linguistique comme de l’autre, je ne peux que remarquer que c’est côté gascon que je trouve immédiatement, et en relative abondance, des maisons à pans de bois (mais ça, ça se trouve côté languedocien), à façade sous pignon (ça, en bourg rural du type d’Esperce, je ne trouve pas).

Je fais l’hypothèse, tout de même, d’un plus grand archaïsme gascon.


 

Grans de sau

  • frontière linguistique ou pas, plus grand archaïsme ou pas ... (je ne crois pas à ces arguments) ce type d’habitation est loin d’être conforme à ce que l’on voit dans l’orbite toulousaine. A mon avis il y a là derrière, et se révélant bizarrement, ce qui semble se rattacher à de biens vieilles habitudes. Un jour, peut-être, les gens en rendront compte, arguments à l’appui. Arguments qui seront (espérons-le) autres que "linguistiques" et de frontières dessinées à l’emporte-pièce (avec le corollaire : ça c’est gascon, où alors ça ne l’est pas ...).
    Je rêve ... et j’ai peut - être tort
    M.D

    • Michel, les frontières linguistiques que nous utilisons pour délimiter la Gascogne n’ont pas été dessinées "à l’emporte-pièce" mais par des universitaires qui travaillaient avec méthode et enquête sur le terrain.

      Il est de bonne méthode historique de confronter les frontières architecturales - en l’occurrence celles du type vascon - avec les frontières linguistiques.
      Après, il n’est pas surprenant qu’elles ne coïncident pas toujours :
       La diffusion des pratiques des bâtisseurs a ses canaux spécifiques. Le monde des charpentiers n’est pas exactement le monde courant...
       Le gascon comme langue s’est formé durant le premier millénaire, et a duré tant bien que mal au second millénaire sans changement majeur ; alors que la manière de bâtir, nous la connaissons mal au premier millénaire, et nous savons qu’elle a continué à évoluer au second.

  • Je comprends mal votre argumentaire : vous refusez que l’on puisse parler d’archaïsme, mais préférez l’expression de "vieilles habitudes".

    J’entends la différence qu’il pourrait y avoir, et surtout la volonté de ne pas faire de la maison à façade à pignon un style "archaïque". Mais enfin ...

    C’est un fait, on retrouve ce style de maisons dans le bâti ancien, du Poitou aux Pyrénées (il disparaît au nord de la Loire), avant la vague de reconstructions des XVIIème et XVIIIème siècles. On retrouve un proche parent sous la forme du chalet alpin, a priori.

    Pour le reste, je me refuse de ne pas faire le lien entre un style architectural répandu en Gascogne linguistique et la permanence de traits linguistiques gascons sur cette commune.

  • Je mets en ligne - Michel Duvert m’en a laissé juge - une réponse qu’il a envoyée par mail, mais qui fait suite au débat commencé ci-dessus.
    J’aère le texte pour une meilleure lecture.

    « Cette obsession linguistique est (à MON avis) une absurdité qui fait beaucoup de mal ... ajoutez la « frontière » et patatras ! Je repousse cela de toutes mes forces.
    J’ai connu à Bayonne de dangereux intégristes (il y en a, de moins en moins, mais il y en reste) clamant le fameux "Bayonne c’est pas basque" (mais c’est quoi alors ?). Ils disent cela à des bayonnais "pur jus", comme moi, nés ici, baptisés dans la cathédrale, scolarisés entièrement ici, élevé sur les pelouses de l’aviron bayonnais, etc, etc. Ces dangereux idéologues qui vous disent qui vous êtes et ce que vous êtes ... alors que vous-même peinez à vous trouver.

    A Ainhoa (par exemple) les registres d’état-civil, depuis la Révolution sont écrits d’abord en espagnol puis en français ... des langues quasiment pas connues au village. Ainhoa "c’est pas basque" ??? C’est espagnol ? C’est français ?
    Et l’euskara qui ne fut JAMAIS une langue administrative … par le jeu des circonstances, comme on dit ; par notre faute aussi, à n’en pas douter ! C’est quoi l’euskara, du non-français, du non-espagnol ? A force d’être du non-quelque chose on finit par ne plus savoir de quelle réalité on parle.

    Et puis, en ce qui ME concerne, j’ai été élevé en bilingue à Bayonne : basque et français (des intégristes m’ont dit que j’étais un menteur de dire ça ... il est vrai que c’était en Béarn que cet incident eut lieu ... car, répétaient-ils, "Bayonne c’est pas basque"). Il y a des gens qui savent ce que vous êtes et qui vous le disent d’office. Dois-je avouer qu’une large partie de ma famille s’étire, depuis quelques siècles, de Dax à Hendaye et que j’adore les Landes ? Désolé, les Landes c’est mon pays, aussi. Elles sont comme une patrie pour moi. Oui, une patrie, car mes derniers ancêtres directs étaient tous landais et "patoisant" !!!! Mes vacances furent bercées par le patois. La Gascogne c’est mon âme, autant que le Pays Basque. Je l’aime de tout mon cœur.
    Pour moi il n’y a pas plus à opposer le kaskoin que l’euskaldun, ce sont deux frères quasi jumeaux ; c’est le café du commerce qui a mis cette barrière nulle. Qui divise dans son non-savoir, dans sa bêtise (sans limite). Il y a encore des zozos (je maintiens !) qui s’amusent à tracer des frontières (encore !!!) jusqu’à Getari pour nous faire croire qu’Anglet, Biarritz et même Bidart "c’est pas basque". Comme Bayonne ! Ri-di-cu-le. Si c’est ça leur vision du monde, qu’ils la gardent pour eux et je la combats.

    Cette semaine je lisais, comme toujours, et avec plaisir, un journal "très Basque" (Enbata). Il y avait une devinette rapportée par un chroniqueur : quelle différence y a-t-il entre les Landes et le Pays Basque ? Dans les Landes, il y a un pin, un con, un pin, un con, un pin, un con etc. Et au Pays Basque ? Il n’y a pas de pin ...
    Je fais mienne cette boutade !

    Le critère linguistique, s’il est réel au moment de définir des peuplements (des peuplements, je dis bien, car c’est cela qui m’intéresse) est trop flou, insaisissable à mes yeux ; hors de toute chronologie avérée. Depuis quand parle-t-on ainsi ici et pas là ? Qui parlait ainsi et pas comme ça ? etc. La langue, oui mais aussi l’archéologie, la mythologie, le droit coutumier, l’organisation sociale, la biologie du peuplement, celle qui tient à distance les raciste (les études sur les groupes sanguins, sur les formes d’ADN ...), les routes et les échanges, etc. sont autrement plus fiables à mes yeux.
    Là j’y retrouve des pans entiers du monde pyrénéen qui nous a fait, qui a fait nos paysages, qui a modelé nos goûts communs ...
    L’identité est une construction de tout instant et non un état de fait, gelé dans un décret ou gardé au chaud dans quelque bibliothèque forcément savante.

    C’est vrai qu’ici nous nous battons pour l’euskara (comme pour toutes les autres langues que les jacobins veulent supprimer, éradiquer par la force). L’euskara est l’épicentre de notre identité mais il n’est pas seul (rebasquiser le Congo n’en fera pas un nouveau Pays Basque !!) Sans notre euskara que serions-nous ? Sans le milieu qui le porte et qui lui donne sens, quel lien pourrions-nous élaborer avec nos semblables ? Et puis … quels Basques serions-nous vis-à-vis de ceux qui ont transmis cette richesse (de plus : unique) ? Rompre le fil ? Quelle arrogance … L’euskara est de notre identité. Ceux qui combattent cette langue (toutes les langues, comme l’euskara) sont de dangereux idéologues, ils ne veulent que notre mort … et en plus ils veulent qu’on leur ressemble. Être d’un monde lisse, gouverné par des académiciens en tenue verdâtre et à plumes, coiffés de leurs bicornes. Non merci ! »


Un gran de sau ?

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