Graves & Cernès

Portets / Portèth

- Tederic Merger


 

Impasse de Moutéou / Motèu ? / Moutèw ?

en graphie alibertine :

Motèu
Prononcer "Moutèw". Probablement une aphérèse suffixée d’un nom plus long : (...)


Cette impasse bucolique se termine par un plaçòt, comme souvent à Portets. Un plaçòt qui finit juste au bord de la première terrasse au-dessus des palus.

Le nom :
Avec Trenquetéou, la question des noms gascons terminés en -eu (ou -èu, ce n’est pas trop clair) s’est de nouveau posée à nous.
Avec "Moutéou", on a peut-être un vrai nom gascon terminé de la sorte, à moins que ce soit le nom d’oïl Mouteau qui ait été mis à la sauce gasconne.
Mais on trouve aussi Moutéou plus au sud, à Lugos (ou le cadastre napoléonien écrit cependant "Montau"), Cachen, Castets...


 

Grans de sau

  • Il est net que les patronymes des migrants d’oïl ont été gasconnisés quand ils faisaient souche en Bordelais (ce qui pose la question de la prononciation par ces autochtones eux-mêmes de leur patronyme : probablement que le -eau final était diphtongué, mais rien n’est moins sûr, chapeau a bien été adapté shapèu, sans diphtongue en français).

    Maintenant, je pense aussi qu’il existe nettement un suffixe -èu en gascon, et que celui-ci est un emprunt précoce au français, voire aux parlers d’oc plus septentrionaux, de type limousin.

    Le Bordelais étant à date ancienne soumis à l’influence nordique, plus perméable, il me semble bien probable que le gascon local ait adopté ce suffixe -èu pour créer des formations autochtones. Il conviendrait de le vérifier dans les textes anciens.

    Je pense par exemple au doublet Rouchaley/Rouchaléou, patronymes de la lande bordelaise. On peut évidemment supposer un ancêtre commun Rocheleau, originaire des pays d’oïl, mais on peut aussi tout simplement concevoir que le patronyme signifie "rochelais", avec confusion de suffixes.

    Il y a vraiment une question à creuser, et Berganton, que j’ai cité dans mes interventions sous Trenquetéou, donne la clé à mon sens.

    • La finale -eau a été d’abord diphtonguée en français, il me semble, et elle est probablement restée diphtonguée plus longtemps dans les dialectes d’oïl (en picard par exemple) qu’en français standard.
      Ainsi, pour le poitevin-saintongeais qui nous concerne en premier lieu :
      « Les textes du XIIIe au XVIIIe siècle portent tous la finale -ea (latin -ellu, français -eau). Chapè s’explique par la chute du second élément de la diphtongue ea, chapia par la réduction du premier, de è à i. Mais on dit encore chapèa, coutèa dans le Marais de Challans (85), comme dans le Mirebalais (86). La langue poitevine-saintongeaise n’a pas été fixée par l’École et l’Académie comme le français. »
      http://pivetea.free.fr/langue_poitevine.htm

      Donc les gasconophones entendaient déjà une diphtongue (chapèa, chatèa...) et la remplaçaient par une diphtongue plus familière ou plus facile. S’il n’existait pas comme suffixe, le son èu ou eu existait à l’intérieur des mots : teule etc...
      Pour nous, il est un peu difficile de comprendre le passage de èa à èu ou eu, ne sachant déjà pas comment se prononce exactement èa...

  • Moutéou à Parentis-en-Born, au bord du lac.


Un gran de sau ?

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