Un panorama général de l’ethnogénèse sud-gasconne et péri-basque (2022) Vulgarisation au regard des données actuelles de la génétique des populations
Un excellent article sur l’origine des Basques, qui provient bien évidemment de la presse en ligne anglo-saxonne, un tel article étant impossible en France, y compris dans la presse scientifique.
Rien de nouveau pour qui suit l’actualité génétique, mais c’est un résumé intéressant et didactique d’une étude suédoise récente, qui condense les apports les plus récents.
Que met en exergue l’étude ?
– Que les populations basques sont les descendantes des fermiers du Néolithique européen, en provenance du Moyen-Orient 7.000 ans avant J.C.
– Que ces populations fermières se sont métissées avec les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur, qu’elles ont rencontrées sur leur chemin (les hommes derrière Lascaux et Altamira) pour former la population européenne de -4.000 avant J.C.
– Que les tests génétiques sur des individus qui habitaient la Atapuerca moderne, au Nord de Burgos, entre -5.000 et -3.500 avant J.C. montrent que les populations en question sont très proches des Basques modernes : c’est donc de cette époque qu’il faut dater l’ethnogénèse basque.
– Que selon le degré de métissage entre fermiers et autochtones chasseurs-cueilleurs, plutôt peu ou plutôt beaucoup, l’on obtient soit des Sardes, soit des Basques.
– Que les Basques (et les Sardes) ont pour originalité en Europe d’avoir échappé à la dernière vague migratoire en provenance de la steppe ukrainienne qui a amené les langues indo-européennes en Europe, à partir du IIIème millénaire avant J.C., ainsi qu’une variabilité génétique caucasienne, que cet ultime métissage/remplacement a été plus fort en Europe du Nord que du Sud.
– Que le Moyen-Orient lui-même a été l’objet de migrations ultérieures à la migration des fermiers vers l’Europe, de telle sorte que les populations actuelles du Moyen-Orient ne sont elles-mêmes que partiellement les descendantes de ces fermiers "basco-sardes".
– Qu’il n’y a donc pas en Europe de descendants "purs" des premiers Européens mais seulement des "métis" des 3 grandes vagues migratoires que le continent ait connue : chasseurs-cueilleurs, fermiers et Indo-européens.
Bref, rien de neuf, mais c’est la première fois que ces faits scientifiques pénètrent la presse grand public : il n’y a plus pour ainsi dire de mystère basque.
Ce que cet article ne dit pas ou en quoi il se trompe :
– Les Basques se distinguent certes des autres populations d’Ibérie, d’une part par une absence d’apport indo-européen (faible néanmoins en Ibérie) et surtout nord-africain.
L’article fait cependant un lien avec la conquête berbère de l’Ibérie au VIIIème siècle ("Al Andalus"), mais cela n’est pas possible car la variabilité nord-africaine est à son maximum dans des zones de l’Ouest de la péninsule (Galice, Asturies, ...) autrement dit des zones restées hors les possessions musulmanes. C’est donc un autre événement, probablement proto-historique.
– Les Basques ne sont pas si isolés que cela, car les autres Français du SO ont également échappé aux migrations indo-européennes : cf la différence entre "French" et "French_South" (en fait, un échantillon gascon).
[Vincent P.]