Sachant combien vite les discussions sur l’étymologie de Tenarèze peuvent devenir houleuses, c’est sur la pointe des pieds que je me hasarderai à mon tour sur le chemin des hypothèses invérifiables.
Parmi celles-ci (iter Caesaris, chemin de crête, trouée dans la forêt…), Perez de Castera (1) propose la suivante, supposant une équivalence entre l’origine grecque qui fait dériver Pyrénées de pyr (feu) et de enne (montagne) et les mots correspondants en celtes tan et arre : « Tenarèze (ou Tanarese) dériverait du celte et désignerait l’endroit où il va, c’est-à-dire les Feux-Montagnes ( aujourd’hui appelées Pyrénées) ».
Ripoll (2) ne s’attarde pas sur pyr et enne, comme étymologie grecque pour Pyrénées, la jugeant « loin de résoudre tous les problèmes ». Cela rendrait caduc l’hypothèse de Perez de Castera (Jean L’aisit (3)).
Cependant, cette hypothèse reste séduisante car elle suggère un nom antérieur à l’arrivée des grecs pour nos montagnes. Nous ne le suivrons pas dans son explication explosive et volcanique. Mais, ayant en tête la légende rapportée par Diodore de Sicile, selon laquelle les bergers y mirent le feu, faisant naître des ruisseaux d’or et d’argent fondus, nous considérons les points suivants :
1. Les Sotiates étaient un peuple aquitain mais sous influence celte au moment de la conquête romaine selon certains historiens (4),
2. Ce chemin de crête, sur la ligne de partage des eaux entre Adour et Garonne, ne se nomme Tenarèze que dans la région de Sos (5), (6). Plus au sud, il s’appelle chemin de César ou Césarée,
3. Sur ce chemin, Sos était la seule cité d’importance quand les romains sont arrivés (et est toujours d’ailleurs). Elle domine la Gélise qui est l’unique rivière que l’on y doit traverser, les Sotiates pouvant en contrôler aisément l’accès,
4. Selon Jules César, les Sotiates excellaient dans la construction de mines : « … sorte d’ouvrage où ils sont très habiles, leur pays étant plein de mines d’airain qu’ils exploitent ». Mais les recherches de mines dans les alentours de Sos n’ont pas abouti (voir dans ce site : Ténarèze 7. Les mines de Sos),
5. Ce chemin aboutit dans la vallée d’Aure. Dans le voisinage de celle-ci, les vestiges d’exploitations minières antiques sont nombreux : dans le cirque de Barrosa (7) ou dans les Baronnies (8).
En conséquence, les Celtes n’auraient-ils pas conquis la cité de Sos pour contrôler l’accès de la route qui menait à des montagnes dont les Aquitains avaient recouvert les flancs de fourneaux pour y fondre les métaux ? Les Celtes se seraient ainsi assurés le monopole de leur exportation et commerce vers le monde celtique.
En bref, la Ténarèze, ne s’agirait-il du chemin vers les « Feux sur la Montagne » ? , Toutefois, si les vestiges de mines y sont nombreux, rien ne permet d’affirmer à ce jour une exploitation préromaine dans les Pyrénées centrales (Beyrie et al. (8)).
Oubliant les feux sur les montagnes, une autre hypothèse nous effleure…