Le Gascon en 365 leçons de Georges Lamothe suit une précédente publication du même auteur selon le même format « Le basque en 365 leçons » publiée en 2011. Cette méthode propose une progression journalière à partir, chaque fois, de peu de mots (un seul au début) jusqu’à des phrases complètes de plus en plus longues.
C’est un bel essai de méthode facile d’apprentissage de notre langue. Le gascon est présenté ici, « non à la grande louche, mais à la petite cuillère » dit l’introduction avec humour. Son vocabulaire est vaste, très en phase avec la vie actuelle et permet au néo-locuteur de se doter d’un bagage lexical apte à le faire évoluer dans la vie courante. « Centrée sur l’élève,comme indiqué par l’introduction générale, La Méthode Pas à Pas est radicalement novatrice. L’enregistrement oral de l’ensemble de la méthode est disponible gratuitement sur le site internet : gascon.365.free.fr ».
Les dialogues forment la trame de la méthode. Je me suis souvent demandé d’où ils sortaient. Parfois manifestement d’extraits de journaux (« Le Monde », cité une fois au moins) … voire occasionnellement d‘oeuvres littéraires mais aussi surtout de propos de la vie quotidienne glanés on ne sait trop où, parfois localisés (sur la vie des troupeaux de brebis et leurs bergers dans les Pyrénées par exemple) et parfois non localisables.
Ces dialogues donnent un certain ton à l’ensemble, souvent un peu sombre ou pessimiste d’ailleurs. En particulier dans les nombreux sujets abordant la famille, qui abondent en référence aux séparations de toutes sortes (« divorciar, desmaridar, confrontacion conjugau, ex-marit », etc…) et où les enfants sont parfois perçus comme des racketteurs de leurs parents ou peu s’en faut. Mais on dira que ceci réflète la société actuelle, bon, si l’on veut …
On peut par ailleurs avoir quelques réserves ou questions en matière de choix lexicaux ou syntaxiques :
Certains mots m’ont laissé un peu perplexe :
Devirar’s’en (p 74, 3/17) pour virar-s’en ,
Aperar (p 88) pour « séduire »
« deslagastar » donné comme synonyme (que l’apprenant peut prendre au sens le plus général) de « débarasser » bien que l’exemple choisi (« deslagastà’us de tau o de tau ») soit bien conforme à l’usage restreint qu’en donne Palay à côté du littéral « enlever les tiques ».
Et aussi un choix trop typiquement béarnais de certaines formes usuelles : troisième personne du présent du verbe être systématiquement en « èi » au lieu de « es » partout ailleurs qu’en Béarn,
Arrès (au lieu du plus général digun ) pour « personne »,etc…
Enfin on peut regretter, toujours dans l’introduction à la méthode, la référence à la langue des troubadours appelant assez inévitablement la définition du gascon comme « dialecte de l’occitan » :
« La langue Guillaume IX, duc d’Aquitaine et de Gascogne (1071-1127), le plus ancien poète médiéval, compose en langue d’oc les premières chansons des troubadours. Ses vers traitent de l’amour courtois. Il définit les règles du « trobar » (poème chanté) et sera imité dans le nord de la France. L’occitan, dont le gascon est l’une des quatre composantes : une langue de culture » .
Mais tout de même, le titre est clair : il y est question du gascon et pas de « l’occitan gascon » ou « de Gascogne » .
Et finalement ces quelques réserves comptent peu : le gascon en 365 leçons est un bel outil, tout à fait recommandable à mon sens. La base qu’il donne, un gascon standard très béarnais, est bien sûr ensuite à compléter et enrichir par d’autres formes de notre langue si l’apprenant est suffisamment motivé. Espérons qu’il le sera !