Une boulangerie Paul à Bordeaux, l’on me sert un sandwich pour midi, enfin bientôt 14h.
– "Vous ne voulez rien de plus ?"
– "Haha, non, régime !"
– "Déjà ? Alors que la frangipane arrive !"
– "Je préfère la galette briochée, je dois vous dire."
– "Vous n’avez pas le droit !"
– "Pourtant ..."
– "Vous devez être du Sud, c’est pour cela."
Je suis effectivement né au sud de Bordeaux, à exactement 200km au sud plus précisément, si j’en crois les panneaux qui annoncent Bordeaux sur la route du même nom à Morlaàs, en Béarn, le centre névralgique de ma généalogie.
A ce titre, je n’ai pas vocation à donner des leçons de culture bordelaise, Bordeaux n’est que la ville où je paye ma taxe d’habitation depuis 2005 (si l’on excepte un intermède toulousain de 2 ans). Et pour dire la vérité, cela m’est bien égal que l’on préfère la frangipane ou la brioche, j’ai en horreur ces débats, du type "chocolatine".
Mais ... voilà, tout de même, cela m’a fait quelque peu mal, à Bordeaux, d’être renvoyé à ma supposée méridionalité, pour un témoignage culturel et culinaire somme toute lui-même bordelais, à savoir la préférence pour la galette briochée, et plus précisément en fait, la méconnaissance absolue de la frangipane pour l’Épiphanie.
Il ne convient évidemment pas de tirer outre mesure des conclusions sur cette brève interaction, mais elle me semble emblématique de l’absolue perte d’identité de la ville, tout du moins de sa déconnexion avec son environnement immédiat et sa tradition historique.