Il est des moments où l’on a plaisir à respirer c’est lorsque l’aulorejada (la bonne odeur) envahit votre environnement.
C’est un peu ce qui m’arrive, dans mon petit appartement de Rangueil.
Je suis en train de préparer les fêtes et rien de tel qu’un bon potage pour se désengorger les entrailles avant les excès ! Je n’oserai poser une question idiote à nos doctes lecteurs, mais, à votre avis, quel potage s’impose dans nos contrées gasconne ? Celui qui répond le bouillon au vermicelle a tout perdu. Bien que ce soit, en effet, un des incontournables de nos tables, il est réservé à l’été.
En hiver, une seule solution... la garbure (et pas la révolution bande de soixante huitards) !
Cet après-midi, j’ai mis à bouillir une bonne cocotte d’eau avec sel, poivre et clou de girofle (tiens j’ai oublié l’ail !). Quelques couennes légèrement rances sont venus se baigner dans ce bouillon clair, vite rejointes par une oreille de porc (je n’en avais pas de demi-sel, elle était donc fraîche) et une branche de céleri.
Les savors sont venus participer à cette fête aquatique au fur et à mesure de leur épluchage :
un (gros) poreau, quelques 400 g de haricots frais (je les ai congelé de la récolte de cet été), carottes, navets, pomme de terre... et ont attendu quelques instants le roi du moment : messire chou, quelque peu blanchi auparavant (ce n’est pas indispensable, mais en ville ça évite les vents qui sont moins faciles à lâcher qu’au fond du jardin : >)) et coupé en lanières.
Tout ça est en train de cuire sur la cuisinière (comme son nom l’indique). Ce serait meilleur au coin du feu, mais nos appartements dits modernes ne possèdent pas ce genre d’ustensile. Ils sont, heureusement, ventilés, parce que l’odeur qui commence à me chatouiller les papilles pendant que je rédige cet article pourrait m’empêcher de dormir :
il m’est arrivé, effectivement, de me relever pour aller goûter quelque tripes que j’avais préparées pour le lendemain... Atavisme, quand tu nous tiens !
La coutume veux que l’on rajoute, avant de servir, un morceau de confit qui liera un peu le bouillon. Mais pour cette garbure d’avant fête, je laisserait le canard dans sa graisse au fond du bocal.
En taula ! e bon talent !
Nòta deu cap-redactor :
La photo de garbure qui illustre l’article vient de la page "Garbure gasconne" du site balades-pyrenees.com.