Couserans Pyrénées

Montégut-en-Couserans


 
en graphie alibertine :

Montegut
Prononcer "Mountégut" en faisant entendre le t final.


 

 

 

 

 

Grans de sau

  • Lieu placé sous la protection d’Ageion (voir Montégut de la Neste, autel dédié au dieu Ageion Inscriptions Antiques des Pyrénées Julien Sacaze 1892 )

  • La présence du ’e’ et non du ’a’ évoquée plus haut s’explique par le fait que l’étymologie ne vient pas de agut ( accutus ), mais de mont ageioni, sans doute devenu monte gion, puis monte giou , puis monte gou. Le ’e’ d’origine est venu se placer entre les deux consonnes pour faciliter la prononciation en éliminant le ’a’.

  • Il faudrait des attestations anciennes très sûres pour avaliser cette théorie.

    En l’état, il vaut mieux y voir un croisement entre le gascon agut et le français aigu, comme pour tous les autres villages homonymes, prononcés localement Mountagut.

  • Les attestations anciennes les plus sûres sont celles de Julien Sacaze ( Inscriptions Antiques des Pyrénées Privat 1892 ). L’interprétation francisée ’aigu’ est fautive par le fait même que, en totalité, les Montégut, Montaigut, Aguts , Montgey se situent en plaine ou sur de douces collines. Ce ne sont jamais des nids d’aigles. Je pense d’ailleurs que Lauragais a la même étymologie Lour Ageion.

  • Méfions-nous des étymologies légendaires (comme Fondespan = "fontaine du dieu Pan") ! Elles sont séduisantes mais des linguistes professionnels (bien qu’étant amateur éclairé et rigoureux, je n’en suis pas) démontreraient, à l’aide de la phonétique historique et en se méfiant des anachronismes, qu’elles sont fantaisistes.

    Mais voyons ce qu’il en est concrètement. Regardons la topographie des différents Montégut :
     MONTEGUT (40) est sur un promontoire aplati
     MONTEGUT EN COUSERANS (09), au niveau de son château, est sur un promontoire bien marqué
     MONTEGUT-LAURAGAIS (31) est sur un promontoire peu marqué, il est vrai
     MONTEGUT-BOURJAC (31) est sur une colline
     MONTEGUT-ARROS (32) a son église sur un promontoire très marqué
     MONTAGUT (64) est sur un promontoire bien marqué par rapport à la vallée de la Rance

    La spécialiste gasconne en toponymie Bénédicte BOYRIE-FENIE indique que le latin "mons" (qui a donné le gascon "mont" ("moun") ) peut représenter une construction fortifiée sur une hauteur. L’adjectif "agut" s’applique donc à la fortification (bourg fortifié, château) elle-même.
    De même, "roque" (Laroque, la Roquille, Roquetaillade...) signifie souvent "château".

    On retrouve cette ambiguïté avec Mon(t)pezat : "colline à forte pente" pour les uns, "fortification avec palissade" pour d’autres, selon le sens accordé à "mons".

    J’irai voir la semaine prochaine ce qu’en dit E. NÈGRE dans sa Toponymie française, 3 vol., 1990-91.

    Quant au Lauragais, il a pour origine le château de Laurac (l’évolution -ac > -ag- est régulière dans les langues d’oc : Flaujac/Flaujagues, etc.), et les noms en -ac sont généralement issus d’un nom de domaine gallo-romain en -acum. Ici, c’est certainement le nom de personne Laurus (comme dans Lormont) + -acum > Laurácum > Laurácu (la finale s’amuït en bas latin) > Laurac (car le -u final est atone).
    De même, Fézensac > Fézensagais, Cubzac > Cubzagais, etc.

  • Sacaze relève qu’il est rendu hommage au dieu Ageion sur le territoire de la commune de Montégut, rien de plus.

    Il est phonétiquement impossible que Monte Ageione donne Montégut. On aurait quelque chose comme Montaguion.

  • Fondespan pour fontaine du dieu Pan est fantaisiste et non légendaire , il n’existe aucun document épigraphique au dieu Pan dans nos régions.
    On notera qu’à Baudéan Ageion est associé aux montagnes , la dédicace est ainsi rédigée " Montibus Ageionis ". Pas de notion de ville fortifiée.
    L’étymologie Laurac Lauragais est la plus commune . Sur quoi repose-t-elle en vérité, pas grand chose ...
    Dire qu’il est phonétiquement impossible que Mont(e) Ageioni ne puisse donner Montégut reste à démontrer, à moins de créer une bulle papale ...

  • Les évolutions phonétiques du latin au gascon obéissent à des règles stables assez prévisibles : la finale -on(i) du terme Ageion ne peut donner que -on, comme dans toutes les langues ouest-romanes.

    Le développement d’une finale en -ut est strictement impossible. Sauf à dire que l’ancien terme Montaguion a été mal compris et que sous l’influence des nombreux Montagut des pays d’oc, il est devenu ce que l’on sait aujourd’hui, d’où la nécessité de formes anciennes qui retraceraient l’évolution.

    A défaut, l’on est dans l’extrapolation la plus complète.

    Pour ce qui est du Lauragais, il s’agit effectivement d’un pays médiéval à cheval sur les évêchés de Toulouse et Saint-Papoul, (et aussi sur les versants atlantique et méditerranéen, fait rare) dont l’origine sont les terres dépendant du château de Laurac, sur la commune du même nom de nos jours, dans l’Aude.

    Le suffixe latin -ensis (ensem à l’accusatif) qui sert à former des adjectifs sur les noms, a été généralisé dans toutes les langues romanes pour former des noms de pays :

    (pagum) lauracensem : le "pays de Laurac", le "pays lauragais".

    En oc, la forme s’écrit -és. En oïl, plusieurs variantes orthographiques un peu pédantes pour la plupart (-ay, -ais, ...).

    Le passage de -c- intervocalique à -g- est classique.

  • Latin, gascon, ou autre ...
    Jules César dans la Guerre des Gaules, nomme Narbonne, Narbonne, Carcassonne, Carcassonne et Toulouse, Toulouse. Les romains ne vont strictement pas modifier les noms de lieux par crainte superstitieuse. C’est leur désignation ’savante’ du moyen-âge en latin qui va déformer les noms d’origine ( comme au 19 e siècle la création des cartes d’état-major va les déformer à nouveau, voir Emile Belloc : Déformations de noms de lieux pyrénéens 1907). Je ne vois donc que le ’accutus’ latin qui pourrait expliquer l’apparition du ut final, une pièce rapportée au moyen-âge. Je ne vois donc pas une évolution du latin au gascon , mais une évolution de la langue d’origine où se sont formés les toponymes vers une déformation latine. Je pense même que la prononciation d’origine en gascon de ’montégut’ doit permettre de retrouver la racine authentique.

  • Le souci, c’est qu’il n’y a aucune preuve de ce que vous avancez.

    On sait que des théonymes aquitains ont été maintenus (par exemple, l lieu-dit Bazert où l’on a trouvé dans la chapelle du même nom l’inscription BAESERTE DEO), mais il faut en avoir la preuve.

    Dans la Carte archéologique de la Gaule, il n’est fait mention d’aucune inscription antique qui aurait été trouvée sur le territoire de la commune de Montégut qui honorerait Ageion.

    On trouve une inscription AGEIONI DEO à Montégut en vallée de la Neste, dans les Hautes-Pyrénées, comme vous l’indiquez. Il s’agit d’une divinité dont le culte n’est connu qu’en Bigorre et Comminges frontalier (Aure), autour de la division des bassins de l’Adour et de la Neste (pas d’attestation en Couserans), essentiellement dans ce qui est les Baronnies.

    Probablement une divinité des montagnes, comme le prouve l’inscription de Baudéan : MONTIBUS AGEIONI, où Ageion est le génitif de montibus.

    L’inscription la plus intéressante est celle de Rebouc en Aure : AGEIONI BASSIARIO. On reconnaît dans le second élément le nom de la montagne qui fait frontière entre les deux bassins mentionnées ci-avant : le Bassia.

    Voilà l’état de la connaissance sur Ageion (je ne m’aventure pas dans une analyse du nom en lui-même, qui fait intervenir des notions obscures d’aquitain ancien). Il est absolument improbable que le Montégut du Couserans tire son nom d’un mont d’Ageion.

    Quant à la prononciation gasconne, elle était classiquement Mountagut.

  • Vous rappelez à juste titre les documents épigraphiques qui attestent de la présence d’Ageion. Notons tout d’abord que cette pratique de dépose des autels votifs est spécifique à nos régions de montagne, cela ne signifie pas pour autant, en l’absence d’autels votifs que le culte des mêmes dieux n’était pas pratiqué ailleurs.
    Ageioni n’est pas le génitif de montibus. Sacaze d’ailleurs en fait l’observation et corrige en Ageionis. Soit le s s’est effacé, soit il s’agit d’une erreur du lapicide qui l’a omis, soit encore il donne un sens d’adjectif au datif à Ageion ( hypothèse que je privilégie). Le terme aurait alors le sens de ’sacré’, signification qu’il a toujours en grec , agion, sacré. Mais je ne vois pas à partir du moment où vous constatez le lien établi entre bassia et la toponymie,( sachant qu’il existe des centaines d’exemples du même genre, Aure, Louron , Luchon, Larboust, etc...) vous contestez qu’ageion ne soit pas présent dans la toponymie.

  • "Mais je ne vois pas à partir du moment où vous constatez le lien établi entre bassia et la toponymie,( sachant qu’il existe des centaines d’exemples du même genre, Aure, Louron , Luchon, Larboust, etc...) vous contestez qu’ageion ne soit pas présent dans la toponymie."

    Pour la simple et bonne raison que dans le premier cas, la théorie est étayée par l’existence d’une inscription antique dans la zone du toponyme moderne, qui par ailleurs, est une évolution phonétique tout à fait standard de la forme antique.

    Je ne vois vraiment pas pour quelle raison vous voulez faire d’un toponyme aussi répandu et banal que "Montaigu" en gascon, et dans l’ensemble du monde roman, un héritier d’un mont d’Ageion ...

    La toponymie est faite de plusieurs couches, Montaigut en Couserans relève d’une couche romane, probablement médiévale, d’ailleurs il n’y a aucun reste antique sur la commune.

    NB : L’explication d’Ageion par le grec est problématique, tout ce que l’on peut dire sur ce théonyme, c’est qu’il n’a pas l’air aquitanique.

  • Je pense qu’il y a deux modes d’évolution des toponymes, l’évolution phonétique, qui obéit à des règles strictes, et l’évolution qui résulte du contact de deux langues distinctes.Pour ce deuxième cas, Emile Belloc dans ’ Déformations de lieux pyrénéens " démontre comment les géographes français du 19 e retranscrivent de manière totalement fautive les toponymes pyrénéens en leur ’donnant du sens’ en français à partir de ce qu’ils entendent ( exemple la combe de la litterre, l’avalanche de fond devient la combe de la littéraire ...) . Mais je pense que la latinisation des toponymes, a induit exactement le même processus en des temps anciens. Exemple le peuple des convènes, les latins comprennent convenae, les gens rassemblés de partout, le ramassis. Donc je pense qu’un toponyme qui heurte le bon sens et la logique, est une déformation de ce type, comme les monts aigus à l’évidence bien plats,alors que les anciens toponymes désignaient toujours les lieux avec exactitude et précision. Je pense que c’est un travers de la toponymie régionale que de tout expliquer par le gascon moderne et les exemples de ces contresens foisonnent.

  • Vous n’avez évidemment pas tort dans l’absolu, sauf que :

     Une grande majorité des toponymes ont été formés lors du boom démographique médiéval, quand les terres furent défrichées, mises en valeur ou défendues. Il convient d’aller chercher des solutions romanes simples avant toute extrapolation, surtout dans le cas de toponymes transparents.

     La plupart des toponymes sont emphatiques : les monts ne sont que des collines et leur caractère aigu nous échappe un peu. Peu de Montaigu en France sont vraiment très convaincants, sauf le pic du même nom (qui a remplacé l’ancien nom aquitanique d’Oscaya, la preuve que le vocable Montaigu est envahissant).

     Dans le cas de Montégut en Couserans, vous ne menez pas la recherche avec le minimum de démarche scientifique : attestations anciennes, descriptif géographique.

    Votre hypothèse antique aurait un intérêt si le culte d’Ageion était attesté sur place. Ce n’est pas le cas.

    Sans oublier que rien ne dit que la paroisse originelle se situait là où se trouve aujourd’hui le bourg, la carte IGN montre d’ailleurs une vieille église avec cimetière sur un mamelon dominant la rivière de Caboussat.

  • En dehors du milieu pastoral, je ne crois pas que la recherche de solutions phonétiques gasconnes simples soit une méthode rigoureuse pour l’étude toponymique, l’approche épigraphique est en revanche éminemment scientifique. Nous avons un Montégut de la Neste où le culte d’Ageion est établi par l’épigraphie bien avant l’époque médiévale, et où le lien entre le toponyme et le culte d’Ageion est prouvé de la manière la plus indiscutable. L’hypothèse la plus probable pour un autre Montégut tout à fait voisin, celui du Couserans, ce n’est pas une origine différente, mais une origine identique.

  • Ageion  : Si le nom est d’origine latine (voire celtique), il peut y avoir une liaison entre la base ac-, celle du latin acuo "rendre aigu", acûto "aiguiser") et le travail du métal, de la forge, de la pierre.

    Voici quelques liens intéressants :

    un article qui mentionne Ageio(n) dans son contexte :

    http://books.google.fr/books?id=_UUHSkbKII0C&pg=PA104&lpg=PA104&dq=ageion+dieu&source=bl&ots=CdZMHomd1Z&sig=79jpwG00StPk3muTxYxBFJ46XWw&hl=fr&sa=X&ei=8WHXU7f5G_Oa0QXRx4CIDA&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q=ageion%20dieu&f=false

    sur Ageion à Rebouc :

    http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=15258110

    Sacaze en ligne :

    https://archive.org/details/inscriptionsanti00saca

    Sur le panthéon pyrénéen :

    http://french-facts.fr/panth%C3%A9on+pyr%C3%A9n%C3%A9en#Liste_des_principaux_dieux_pyr.C3.A9n.C3.A9ens

    http://www.imagopyrenaei.eu/04-las-divinidades-indigenas/

  • Il y a des milliers de Montaigu et équivalents dans l’ensemble des pays de langue romane, sans parler des équivalents exacts dans les pays germaniques, slaves, ...

    Vous ne traitez pas intuitivement le gascon comme une langue normale qui aurait su nommer des lieux en fonction de caractéristiques perçues par les habitants. La preuve en est que vous n’attribuez qu’au monde pastoral cette capacité.

    Vous faites en somme du naturalisme de bas étage.

    Par ailleurs, vous assurez que le lien entre le Montégut de la vallée de la Save et le culte à Ageion est établi : au nom de quoi ? Ageio(n ?) était honoré sur le territoire communal de la commune appelée de nos jours Montégut. C’est tout ce que l’on peut dire.

    Je ne sais pas si vous vous rendez compte que vos théories ne reposent que sur l’existence d’un G dans Ageio ... que l’on retrouve dans le terme gascon agut, du latin accutus.

  • Je ne pense pas que ce soit très valorisant pour la langue française d’avoir traduit, entre autres, coume del litterre par combe de la littéraire, mais je ne pense pas que ce soit très valorisant non plus pour la langue gasconne de multiplier aussi les contresens linguistiques.
    Enfin loin de moi l’idée de vous froisser Vincent P ....
    Alors PJM peut tout de même nous mettre d’accord, s’il est prouvé un jour qu’Ageio est bien un affuteur ( un accuteur ?) de couteaux en fer ...Hypothèse très astucieuse ....
    Ceci étant, Sablayrolles conteste parmi ses collègues le caractère ’métallurgique’ d’Ageio, querelle de spécialistes, ne nous en mêlons pas...

    Une chose m’intrigue, toujours sur Ageio, le Montégut du Couserans a en face de lui un Montjoie, enfin un Mont jai , phonétiquement , ou encore peut-être un ... Mont Agei .( J’en suis désolé Vincent ....) Mais le Montégut de Lauragais, regarde lui aussi en face, sur un Montjoie ( enfin écrit parfois Mont Gaudi en latin, Montgey en français) , Mont jai ou encore Mont Agei. Simple coïncidence ???

  • La langue française n’est pas une entité dotée de pensée, elle est ce que l’on en fait, si l’on a traduit un toponyme, il y a des responsabilités (les autochtones, l’administration, ...) et des raisons (la transparence, l’acculturation, volontaire ou forcée, ...).

    Pour le reste, les Montjoie sont tous des toponymes médiévaux là encore, tirés du français Monjoi utilisé pour désigner des forteresses (voir le château de Montjoie près d’Aix-la-Chapelle), sur le cri de guerre bien connu, lui même évolution phonétique oïlique classique du latin mons gaudii, qui était le nom d’une des collines de Jérusalem.

    Bref, une référence biblique et médiévale, comme il y en a plein.

  • Je ne pense pas que les consorani aient eu besoin d’emprunter le nom de leurs châteaux et ces lectures de Montjoie en français médiéval m’ont toujours laissé perplexe. Il s’agit en réalité là encore d’une francisation d’un terme indigène, et non pas d’une importation d’un nom. La pierre gravée de Montégut de la Neste évoque les montagnes d’Ageion, donc c’est l’ensemble des montagnes qui entourent le lieu qui portent ce nom, elles sont toutes désignées par la même tutelle, d’où cette surprenante ressemblance qui est tout sauf une coïncidence.
    Au fil du temps, leur désignation a légèrement évolué, ce qui a permis de les distinguer entre elles. Dans le Lauragais à côté de Montgey et de Montégut , on trouve en plus un Agut tout seul ...

  • Bon, bon, bon, aucun argument rationnel et historique attesté ne semble avoir de prise, c’est l’ensemble des toponymes en Mont- qui sont fatalement, pour vous, des traductions d’anciennes dénominations pré-indo-européennes.

    Alors vous en oubliez : par exemple, près de Montégut-en-Couserans, il y a Montgauch. C’est très clairement un homme au dieu aquitanique Garre, attesté en Comminges. Il y a un G dans Gauch et dans GARRE, la mutation est claire, there’s no point in discussing G.

    Il y a aussi Montfaucon sur les hauteurs de Moulis, très proche de là ! Bon, j’avoue, on a du mal à comprendre la forme moderne faucon, le français a trop déformé, il est méchant le français, mais il doit y avoir un lien avec un quelconque dieu, Faucon, le dieu des étymologies douteuses. Right or wrong ?

  • Je me suis mal fait comprendre alors, car je ne crois pas avoir jamais dit que la totalité des toponymes en ’mont’ étaient d’anciennes dénominations pré-indo-européennes, d’autant plus d’ailleurs que je pense que la langue gasconne d’origine était indo-européenne, avec un apport du basque.
    Gar est attesté en de nombreux lieux du pays des Garumni : Garonne, Pic de Gar etc...
    Quant à Montfaucon et à Montgauch, c’est certainement un sujet d’études où il faut se méfier d’interprétations hâtives, le français , le latin et le gascon sont parfois de faux amis en toponymie.

  • Des substrats pré-indo-européens ont été identifiés il y a longtemps grâce à l’onomastique, mais leur attribution à tel ou tel peuple ou culture proto- voire pré-historique dépend d’une interdisciplinarité qui est rarement souhaitée par les chercheurs (limitations personnelles pour nombre de raisons, dont toutes ne sont pas la sclérose et la pusillanimité...). Pour la Gascogne la présence du basque et les vestiges de l’"aquitanien" permettent heureusement d’envisager des effets de substrat qu’on peut corréler à d’autres données extra-linguistiques.
    Pour d’autres régions hispaniques c’est beaucoup plus difficile. La question se complique si l’on considère que les premiers indo-européanophones en Hispanie comme sur la façade atlantique sont arrivés bien plus tôt qu’on ne le pensait (La Tène : hypothèse intenable), avec les "Campaniformes" (sur cette question voir V. Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, première partie. Les langues et religions ont donc évolué sur place vers ce qui deviendra, théoriquement vers -1000, le celtique (et spécialement le "celtibère" avec ses archaïsmes). Mais le "lusitanien", langue indo-européenne, n’est pas envisagé comme celtique.

    Un substrat se révèle généralement par l’irréductibilité phonétique des noms documentés à la langue dominante ou par des accidents phonétiques (et autres) systématiques et déroutants, plus que par le vocabulaire, mais les rares spécialistes ne sont pas toujours bien connus des toponymistes français. Ainsi X. Delamarre a épinglé avec raison Ch. Rostaing pour ses contributions à une nouvelle édition du célèbre dictionnaire de Dauzat : mettre du pré-indo-européen partout supposerait déjà une grande maîtrise de la philologie... indo-européenne. L’expression passe-partout "pré-ind." a son pendant avec nom de domaine en -acum "sur un nom d’homme gaulois" inventé ad hoc.

    Il est difficile à première vue de tirer quelque chose de noms monosyllabiques qui ne sont pas attestés avant le M. A. (d’autant que la chute des syllabes finales latines fut "la solution gasconne par excellence" (G. Rohlfs), ce qui rend étranges beaucoup de nos toponymes romans. La question s’est posée pour les noms de rivières indo-européens, identifiables certes par leur association aux sites naturels, mais aussi par leur distribution et leur insertion dans des familles de mots historiquement productives (Oder, Odra, Gr. hudor "eau"). Le gascon, langue néo-latine, garde inévitablement des toponymes celtiques (Berdoun) et, directement ou à travers le gallo-roman (double filtre), une couche aquitanienne. Les noms de rivière sont de ceux que les nouveaux arrivants adoptent le plus volontiers (noms indiens aux Etats-Unis, noms celtiques en Angleterre). Les noms en gar- pourraient bien appartenir à cette couche ancienne.
    Maitenant la création de toponymes est de toutes les époques et accompagne les grands défrichements.

    Quand aux noms des divinités, j’avoue mon hésitation. Je ne vois pas ce qu’il peut y avoir de celtique dans Lehennus, Alardos et d’autres (ni dans les Sex Arboribus), enrôlés abusivement dans le bataillon du panthéon gaulois. Mais c’est un autre sujet, dont le traitement demanderait beaucoup... d’acuité ; n’en faisons pas une montagne. Prions Ageio, on ne sait jamais.

    Il est déjà demain. J’arrête. Boune noèyt.

  • Dans l’excellent ouvrage de Noé Batigne " Toponymie de la commune de Montgey ", je trouve page 12, un extrait de l’Histoire des Albigeois de Guillaume de Puylaurens rédigée vers 1273 " convenerunt in plateam Montis-Aygoni " .
    Guillaume de Puylaurens écrit en latin mais respecte la phonétique du lieu et ne traduit pas par accutus. Le lieu décrit est sans aucun doute la porte du Capitole appelée aujourd’hui ’ Esplanade Bertrand de Montaigu ’. On voit bien ici un exemple de la mutation du nom d’origine Montis Aygoni, directement inspiré du paganisme, vers le terme de Montaigu où l’origine païenne du nom est désormais effacée . Ce Bertrand de Montaigu est vraisemblablement un des deux prieurs de la Daurade au 13 e siècle Bertrand I ou Bertrand II . Au milieu du 13 e siècle le nom d’origine perdurait encore.

    J’attends maintenant avec stoïcisme les foudres jupitériennes de Vincent P.

  • Pas de foudres, le simple constat que l’ancien nom de la place Saint-Georges à Toulouse, puisque c’est d’elle dont il s’agit dans le texte latin, tout du moins son ancêtre, est Place Montaygon, évolution phonétique normale du latin.

    Une recherche Google "Place Montaygon" suffit à s’en convaincre. Elle n’a jamais été dite "Place Montagut", ou autre dérivé.

  • Tout à fait exact Vincent, il s’agit très vraisemblablement de la Place St Georges d’autant plus que la foule se dirige ensuite selon Guillaume vers la porte St Etienne. Il n’en reste pas moins que nous avons là au coeur de Toulouse un toponyme qui conserve juqu’au 13e siècle la mémoire du dieu païen Ageion. La christianisation l’a donc logiquement remplacé par un Saint, Georges, alors que les noms déformés de Monti Accuti , ont été épargnés, car ils ne représentaient aucun danger pour l’Eglise.
    La foudre, elle, ne m’a pas épargné ....

  • Je ne vois aucune preuve comme quoi le terme "Aygoni" serait le dieu pyrénéen Ageion. Je pense même que cela ne l’est pas car :

     Le panthéon pyrénéen n’était pas honoré en pays celte qu’était Tolosa, quand bien même le théonyme n’a pas l’apparence phonétique d’un nom aquitain.

     Aygon, a toutes les apparences d’un prénom médiéval d’origine germanique au cas-régime, quelque chose en lien avec Hugues (cf Aigoni en pays italophone).

    Le Mont de Guy sera Montguyon. Reste à trouver la racine exacte mais c’est clairement là qu’il faut fouiller.

  • Et comme Guillaume cite Montis-Aygonis, la coïncidence avec Montis -Aegonis serait, qui plus est, un heureux hasard .... Nous voici maintenant non seulement avec un mont aigu d’influence française mais aussi un mont de Hughes d’influence germanique.
    Par contre, trouver une pierre gravée Monti Aegoni en Couserans et envisager une origine gascone à un nom gascon reste sacrilège ....
    J’en perds mon latin ....


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