Pays d’Orthe Pays negue

Cagnotte


 
en graphie alibertine :

Canhòta
Prononcer "Cagnote"

Origine du nom : petite chienne ? (be pareish un chic estranh !)
Bénédicte Fénié, dans son dictionnaire toponymique des communes des Landes et du Bas Adour, nous signale la forme ancienne "Canota", et explique l’évolution en "Cagnotte" par l’attraction de notre familière "canhòta" (petite chienne) qui n’avait probablement rien à voir avec le "Canota" originel.
L’imagination populaire aurait même construit une légende qui fait intervenir une petite chienne dans la formation du nom de la commune...

Gentilé : Cagnottais, Cagnottaises. (rien à dire !)


 

 

Lòcs (lieux-dits = toponymie, paysage...) de Cagnotte :


 

 

 

Grans de sau

  • La pelote basque est bien vivante ici, avec un fronton inauguré en 2014.

  • Et en latin petite chienne se dit "canicula" !
    La constellation de la petite chienne qui apparait à l’horizon en Août quand cela tape dur : le jour est bien choisi d’évoquer l’étymologie de Cagnotte, car vu la température en ce jour : "se non è vero, è ben trovato !!!"

  • Eh bien Dominique, nous tenterons maintenant, dans nos échanges gascons, de remplacer le terme "canicule" par "cagnotte" !-)

    J’essaye d’avancer sur ce nom Cagnotte, et de comprendre son rapport avec le nom Corheta qui désigne la même abbaye :

    « Cagnotte ou Cagniotte, Canota : Cagnota ou Corheta »
    [Dictionnaire universel de la France ancienne et moderne, et de la ..., Volume 1 - Google livres]

    « Cagnota, Corheya, ou Corheta »
    [Dictionnaire des Abbayes et Monasteres, ou Histoire des Etablissements ... - Google livres]

    Le passage suivant semble donner l’origine de "Corheta" : Corfédia, où le f a été transformé en h selon la règle gasconne.
    La variante "Corheya" vient peut-être d’une hésitation pour transcrire un son du genre "tj" (Corhetja), mais là j’attends la compétence de ceux qui savent comment le génie gascon a pu transformer le "dia" de Corfédia. Vincent, es-tu là ?-)

    « La tradition veut qu’une première abbaye dite de Corheta y ait été fondée par les bénédictins dès le Haut Moyen Age, entre le VIIIe et le IXe siècle. Elle aurait fait, dit-on, l’objet de donations importantes d’un certain Olthérius évêque de Dax, avant d’être détruite lors des invasions des Normands. On raconte qu’on y aurait vénéré, entre autres reliques habituelles à l’époque, celles d’une patricienne dacquoise, Maria Galla Corfédia, morte en martyre au V ème siècle. »
    http://landesenvrac.blogspot.com/2010/01/dorthe-corheta.html

    Il peut y avoir eu ensuite passage de "Corheta" à "Canhota" par des erreurs de transcription et l’attraction par le mot canhota (petite chienne) de la langue courante.

    L’église de Cagnotte s’appelle toujours "L’église Notre-Dame de Corheta".
    Corheta est donc vraisemblablement un nom pleinement gascon, qui doit se prononcer "Courhéte" en aspirant bien le h !

  • La difficulté n’est pas le passage du groupe -dia- à -y-, qui est standard en gascon, et dans de nombreuses langues romanes : il ne s’agit que de la question du i latin en hiatus.

    Quelques exemples tirés de chez Rohfs, qui localisent les variantes, ce que je ne fais pas pour cette intervention :

    Gaudiacum "domaine de Gaudius" > Gaujac
    sudia "suie" > ’souyo, ’soujo, souéyo, souèjo
    media "demie" > mèyo, miéjo

    Dans cette optique, Corfedia donne facilement "Cou’rhéye", qui aura été graphié anciennement Corheya, et serait Corheja en graphie classique alibertine.

    Le mystère, selon moi, n’est donc pas là, il est dans l’impressionnante, et à vrai dire irréconciliable variation de ce qui semble pourtant être un même toponyme.

    Il n’y a pas moins de trois soucis, si Corheya est l’étymon :

     Le passage de -o- à -a- dans la syllabe initiale ;
     Le passage de -rh- à la nasale -n- ;
     Le passage du son y/j à -t- ;

    A priori, aucun de ces passages n’est concevable en gascon, sauf immense cacographie écrite, qui se serait maintenue au fil des siècles. Dans l’acte 174 du Cartulaire de Dax, donc au XIIème siècle, l’église est mentionnée comme suit : "Sancta Maria de Canota". Si la déformation a eu lieu, et si nous ne sommes pas en face de deux traditions pour un même lieu, alors ladite déformation est très ancienne.

    Le Corpus des inscriptions de la France médiévale (p.86) semble indiquer la source de la mention "Corheta" : ce serait l’épitaphe du tombeau de Raimond-Sanche, dont nous ne possédons qu’une traduction de la version latine, relevée au XVIIème siècle.

    https://www.persee.fr/docAsPDF/cifm_0000-0000_1981_cat_6_1_867.pdf

    Corheta paraît-il dans une autre source ? Y eut-il mauvaise lecture au XVIIème siècle ? Tout devient complexe, mais ce qui me semble certain, c’est que le fait d’appeler, de nos jours, les restes de l’abbaye du nom de "Corheta" n’a pu se faire sans l’intervention savante d’érudits, car il est impossible que le -a final se soit maintenu dans une version moderne, qui aurait été concurrente de Cagnotte.

    Le mystère est donc épais, car nous ne sommes pas même assurés que les formes à notre disposition ne seraient pas fautives, les originaux ayant été perdus.

    Dès lors, il y a tout un travail à mener dans les sources, avant de proposer des explications linguistiques. On peut par exemple faire mention du fait qu’en basque, il n’est pas impossible qu’une vibrante avant consonne soit réalisée en nasale, et inversement : le toponyme souletin Lichans par exemple, Lexantzü localement, est vraisemblablement le basque leizar(r) "frêne" + suffixe fréquentatif -(a)zu, qui fait Leizarazu ailleurs.

    L’on constate que -r- avant consonne a bien été réalisé en nasale -n-. Inversement, il est très connu que le basque jaun "seigneur", en composition avant consonne, devient jaur- avec r (cf le patronyme Jaurgain).

    Tout cela pour dire que dans un contexte bascophone, ce qui fut le cas anciennement en Orthe, l’on pourrait éventuellement trouver des solutions pour le passage de -rh- à -n-, mais c’est aller trop vite en besogne, car nous ne possédons pas d’inventaire raisonné des attestations des toponymes, qu’il faut démêler les mauvaises lectures et les traditions érudites des formes authentiques, ...

    D’autres questions en tout cas méritent d’être posées :

     La forêt sur l’épitaphe de Raimond-Sanche est dite "Canota" : transfert du nom de la forêt vers celui de l’abbaye ? Je me persuade assez qu’il aurait existé deux noms, qui auraient fusionné, l’un pour la forêt (Canota), l’autre pour l’abbaye (Corheya).

     Mais d’où vient cette tradition de la martyre dacquoise au nom romain "Maria Corfedia" ? C’est l’énigme principale ! D’autant que les règles de passage du latin au gascon peuvent parfaitement admettre ultérieurement Corheya, comme démontré plus haut.

    • Je ne crois guère non plus à un passage naturel de corheta a canhota. Peut-être une cacographie énorme ou plusieurs erreurs de transcription qui s’ajoutent. Les confusions entre a et o, entre r et n, entre e et o peut-être aussi, sont courantes dans les recopies de documents anciens.
      Mais je trouve important que nous puissions affirmer que Corheta, nom actuellement utilisé, est gascon ; moi même je le sentais au départ comme une formation savante latino-grecque... donc, réappropriation légitime de notre part ! Il est de notre responsabilité de faire entendre la prononciation gasconne ; je vais faire un enregistrement.

      Corheta ou Corheja
      Nom de l’église de Cagnotte, qui vient d’une abbaye médiévale.
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      Par contre, il sera plus difficile de réintroduire Corheja, même si ce dernier est peut-être plus normal.

  • Oui, mais quelles sources fiables avons-nous d’une forme Corheja/Corheta ? J’ai beau chercher, je ne trouve rien, toutes les attestations fiables sont des dérivés de "Canota".

    J’ai demandé à Guilhem Pépin, et voilà ce qu’il me répond :

    Dans le rôle gascon de 1323 pour Cagnotte il y a les formes (copiées par des scribes anglais) : Kaynet, Canieta et Caynote. Celui de 1324 : Caynote.

    Ne serions-nous pas face à une mauvaise lecture du XVIIème siècle de l’épitaphe du XIème siècle, sur le tombeau désormais disparu ? Et par effet boule de neige, tout s’ensuit, avec l’aide des érudits locaux qui officialisent la forme "Corheta" relevée au XVIIème siècle, alors même que nous avions peut-être là une mauvaise lecture pour ... Canhota.

    Et d’où vient cette légende de Maria Corfedia ? Je n’en trouve aucune autre attestation que ce qu’indique le site net de la commune.

    • Ce qui me semble intéressant d’un point de vue gascon, c’est le lien entre "Corheta" et "Corfedia".
      Même en supposant que "Corheta" résulte d’une mauvaise lecture de Canhota, je comprends que "Corfedia" et "Corheta" sont considérés comme le nom de la même personne (inventée ou pas), et c’est le gascon qui fait le lien entre les deux.
      En d’autres termes, même si le lien Corfedia-Corheta était erroné ou inventé, l’erreur ou l’invention a vraisemblablement été faite par un gasconophone.
      Un autre ingrédient du mystère est que les textes anciens ne notaient pas le h gascon par un h, mais par un f. Ils auraient donc dû garder Corfedia, ou à la rigueur Corfeya ou Corfeta...

      Nous ne devons négliger aucune occasion de débusquer une trace gasconne ; de rendre à César ce qui est à César... surtout quand je vois que le FANTOIR dérive avec son "AIRE STE MARIE DE CORETHA" qui rajoute involontairement une louche de grec en déplaçant le h que je suppose gascon...


Un gran de sau ?

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