Un còp, que devèva estar en 1996 o 97...
Ma mère m’a dit au retour d’une petite excursion à Montréal-du-Gers [1] : "Dommage que tu n’aies pas été là"...
Elle avait rencontré par hasard Robert Coustères, qui devait s’occuper d’une expo sur la maison traditionnelle, autour de ses idées sur la fonction du crépi sur les maisons à colombage.
Ma mère avait eu, en gascon, un petit échange avec lui. Au passage, il avait exprimé son opposition aux occitanistes, des gens de Toulouse...
Peu après, Robert Coustères, déjà âgé, amoureux à la fois de l’architecture traditionnelle et du gascon, et sans doute de tout ce qui faisait l’Armagnac d’autes còps, est mort.
Aujourd’hui, par une recherche par Google sur "Robert Coustères", on ne trouve pas grand chose, sinon ceci :
Heureusement, j’ai gardé précieusement quelques feuilles que ma mère m’avait ramenées, et qu’il lui avait données :
des articles courts, en gascon, en graphie "Gastou Fébus", et avec l’entête, à la fois de "COUNTAIRES DE GASCONHA" et "Maisons paysannes de France".
La prose de Robert Coustères est riche et imagée (je ne comprends pas tous les mots ni toutes les images).
Le passage que je recopie ici est en français mesclat de gascon.
Auch, estiu 1996
"Maisoun de Gascougno"
à Mèstes Cousinès e Binatès : André Daguin, André Dubosc, Jòrdi Nosella
Las aussarigos
Il n’en reste presque plus.
Gn’a pas banlèu mei nàdo.
Des vraies maisons de colombage en Armagnac, crépies - chafràdos - à l’or du sable fauve préparé à la chaux grasse.
Pour la couleur et pour le grain, c’est comparable à une belle oie bien dodue.
Io bèro auco plan guiuado. Afrediado.
Au bout de la découpe du "màntou" pour décoller "lous quoate leuats", le reste, pihat - pendu - par le cou, tel le Patrimoine après l’arrachement de la tradition du "coulanà" réduit sous l’apparence de ses carcasses : "las aussarigos".
Dab las damisèlos ser la grilho que bam beue bin palhet.
A la bosto :
l’arrajat embucayre
Mèstes Cousinès e Binatès = Maîtres cuisiniers et vignerons (bien que je ne trouve pas binatè/vinatèr dans les dictionnaires !)
Gn’a pas banlèu mei nàdo = N’i a pas ballèu mei nada = Il n’y en a bientôt plus
chafre = crépi, donc chafràdo = chafrada = crépie (participe passé au féminin)
Io bèro auco plan guiuado. Afrediado. = Ua bèra auca bien ... ??? = Une belle oie bien ... ??? =
coulanà = colanar = colombage (las coulanos / las colanas = les pans de bois du colombage)
l’arrajat embucayre = la signature facétieuse de Robert Coustères
Enfin, sur le fond du problème, une citation tirée du même feuillet, d’un article donné à la revue "la Talanquère" de Robert Castagnon :
Ço que parech coum lou nas entremei lous oelhs, lous mauajits qui saberen pas s’esmole un picassoun ende trucha legno t’at saben pas bese que forço coulànos soun de boy sounco boun end’ou hoec : brouncut, brancos, estoursut, puntos de cassou, arrebouchut, pè-tèrros, i a de tout.
Calhiuados jasudos coum s’escay - tanplan que teng - aquiu las probos qu’aqueros coulànos, lous qui las an picados lèu-hèit sabèn que las boulèn a l’estujoc, capèrados de chàfre.
En bref, les maisons traditionnelles d’Armagnac était faites de "coulanes" de bois tordues et inesthétiques, qui devaient être cachées par le "chafre" (crépi).
C’est donc une hérésie de faire réapparaitre ces coulanes en pensant revenir à l’authentique.
Je transcris sa dernière citation en graphie alibertine, pour que le lecteur puisse comparer :
Çò que pareish com lo nas entremei los oelhs, los mauajits qui saberén pas s’esmòler un picasson ende truchar [?] lenha t’ac saben pas véser que fòrça colanas son de bòi sonca bon endeu hoec : broncut, brancas, estorçut, puntas de casso, arreboishut, pè-tèrras, i a de tot.
Calhivados jasudas com s’escai - tanplan que ten - aquiu las pròvas qu’aqueras colanas, los qui las an picadas lèu-hèit sabèn que las volèn a l’estujòc, caperadas de chafre.