La Gascogne profonde et ses Métropoles

- Tederic Merger

La Gascogne a plusieurs métropoles (Bordeaux, Toulouse, Donostia-Bayonne-Dax en formation...) :


L’Euro-région du golfe de Gascogne

C’est une particularité intéressante... si la Gascogne profonde arrive à profiter conjointement des trois métropoles : additionner leurs services, prendre le meilleur de chacune (mieux vaut pour cela qu’elles se complètent, qu’elles soient en synergie, plutôt qu’en concurrence).

Un exemple : si les trois métropoles se complètent pour l’offre d’études supérieures, la Gascogne a alors à portée de main l’équivalent de l’offre d’une capitale totalisant les trois métropoles. Donc, moins besoin d’aller étudier à Paris, moins d’exil des jeunes !

La problématique Gascogne/métropoles est d’autant plus importante que, ces temps ci, et pas seulement aux abords de la Gascogne, les métropoles ont le vent en poupe.
Leur population croit vite, par un solde migratoire positif : des actifs viennent s’y installer, des activités s’y délocalisent...
Les grandes villes (plus de 500 000 habitants) attirent, par la richesse des opportunités qu’elles offrent.
Certains services (administrations publiques comme la Justice, hôpitaux...) ont tendance à quitter la Gascogne profonde pour se recentrer à Bordeaux, Toulouse...

Ce triangle des métropoles est une chance pour la Gascogne, mais peut avoir des effets contraires : la banlieuisation et la désertification.

Danger associé : la croissance de Bordeaux et de Toulouse peut renforcer la division de la Gascogne entre les deux aires d’influences, déjà consacrée par la division entre les deux régions, Aquitaine et Midi-Pyrénées.
Heureusement, l’entrée en scène de Donostia-Bayonne-Dax pourrait contrer ce duo et redistribuer les cartes, à l’avantage de la Gascogne, si celle-ci saisit adroitement les opportunités...


C’est donc la dialectique Gascogne/métropoles qu’il faut analyser , pour tenter de la faire jouer à notre avantage.

Le jeu est subtil pour la Gascogne profonde :
 profiter de la croissance des trois métropoles (proximités de services haut de gamme et de marchés où écouler ses produits...),
 mais développer un tissu économique à dominante rurale, avec des réseaux de villes moyennes et petites qui auront leur dynamique propre, sans se laisser "bouffer" par les métropoles !

Nous n’avons pas tous les éléments pour apprécier les chances de réussite.

A un horizon de 20-30 ans, nous ignorons l’évolution du coût de l’énergie.

Nous ignorons aussi l’évolution du coût de la main d’oeuvre, qui dépend de l’évolution du marché du travail et aussi de sa législation.

Si le pétrole devient rare et donc très cher, et si le coût de la main d’oeuvre baisse, la Gascogne profonde peut redévelopper une agriculture forte, aux débouchés locaux et régionaux, s’appuyant sur une main d’oeuvre nombreuse. Un retour à la situation du 19e siècle, avant la dépopulation des campagnes gasconnes, mais sans régression technologique, bien sûr...

Autre inconnue : l’évolution des modes de consommation, notamment en matière d’alimentation et d’habitat : retour à l’exigence de qualité, aux fruits et légumes locaux et de saison, à l’ossature bois (pins des Landes...)...?

Un changement majeur, qui, lui, semble inéluctable à cet horizon de 20-30 ans, c’est le développement du télé-travail, qui va changer la donne pour les trajets domicile-travail pour les emplois fortement informatisés : disparition des mouvements pendulaires quotidiens, incitation à la dissémination de l’habitat.
Cela peut renforcer la fonction résidentielle de la Gascogne profonde.
Mais c’est à double tranchant : si les métropoles cultivent leur attractivité résidentielle, certains travailleurs de la Gascogne profonde peuvent choisir d’habiter la grande ville, et de fréquenter à temps partiel leur terrain de travail...

Il va donc falloir préciser des scénarios, différant par la valeur des facteurs ci-dessus : coût de l’énergie, coût de la main d’oeuvre, mode de consommation, attractivité résidentielle...

Le pire scénario serait celui-ci, pour la Gascogne profonde :
Désert médical, résidences secondaires, agriculture industrielle (grands groupes), qui prend la succession de l’agriculture familiale, quelques industries agro-alimentaires ou autres, mais pas d’essor global, stagnation de la population,

Le meilleur (que nous appellerons le scénario "Gasconha-doman") :
 Redémarrage d’une économie de circuits courts ;
 Transports en commun de proximité avec redensification des centres-ville, centres-bourg et centres-village favorisant l’attractivité résidentielle ;
 Bonnes liaisons de la Gascogne profonde avec les trois métropoles pour mettre leurs ressources à portée de main sans déménagement...

Le présent article est une ébauche. Contribuez par le forum ci-dessous !

Géographes chevronnées ou en herbe, on compte sur vous, surtout si vous avez la sensibilité "Gasconha" !

Grans de sau

  • Bon, je me réponds à moi-même... Normal, je réfléchis !

    J’ai tenté d’isoler des paramètres qui détermineront la Gascogne de demain :

    - le coût de l’énergie :
    Le prix du pétrole brut peut très bien être multiplié par 3 ou 4 à l’horizon de 25 ans, vu que la ressource n’est pas renouvelable, et que la consommation semble vouloir exploser (à Pékin, il y a déjà une voiture pour 4 habitants !).
    Mais le prix du pétrole brut ne compte que pour 1/3 dans le prix à la pompe.
    Les autres composantes du prix (marges de distribution, coût du raffinage, coût du transport, TIPP, TVA...) n’ont pas de raison d’’être proportionnelles au prix du pétrole brut.
    Un quadruplement du prix du pétrole but peut donner un doublement du prix à la pompe.
    (ex : ça ferait actuellement passer le prix du super à environ 2,50€). Pas totalement dissuasif pour l’usage de la voiture : ça donne pour une consommation de 5l au 100km un coût de carburant de 12,50€. C’est moins que le prix d’un billet SNCF Tonneins-Bordeaux (100 km) sans réduction...
    Il n’y a donc pas de cataclysme à attendre.
    Un report massif en faveur des transports en commun (ou du vélo) nécessitera une amélioration de l’offre de transport en commun en service et en prix ; pour le vélo, une campagne permanente de promotion, associée à une sécurisation de la circulation ferait l’affaire.

    - le coût du travail :
    Il ne s’agit pas seulement du coût salarial, mais aussi des charges salariales (cotisations sociales...).
    Il est difficile d’imaginer une baisse forte des salaires, sauf s’il y a une crise totale.
    Il se peut qu’ils stagnent ou baissent en termes réels sur la longue durée.
    Pour ce qui est des transports en commun, la baisse peut être plus forte avec l’introduction progressive de la concurrence, à la place du monopole de la SNCF.
    Les charges salariales peuvent baisser si le système dans son ensemble est complètement revu. A l’horizon de 25 ans, on peut toujours espérer ! On paye actuellement les gens à ne pas travailler ; si on les paye pour travailler, on aura globalement une baisse du coût du travail.
    A surveiller aussi : le volume du travail au noir (c’est du travail moins cher à mobiliser).

    Pourquoi prendre le coût du travail comme paramètre de l’évolution économique de la Gascogne ?
    Parce qu’il peut conduire, s’il baisse, à une relocalisation des activités en Gascogne, notamment dans l’agriculture et la sylviculture. Rappelons-nous que c’est la concurrence du Portugal puis de la Chine qui ont mis fin à la production de résine dans la forêt des Landes !

    - Un autre paramètre : la culture alimentaire !
    A coût du travail et coût de l’énergie égaux, une évolution de la culture alimentaire vers un retour à la préférence pour des produits locaux et de saison peut changer la donne pour la Gascogne agricole.
    Cette évolution n’est pas acquise pour l’instant (au contraire : dans les cantines, on continue, sous la contrainte des fameuses normes, à aller vers la "liaison froide" et la nourriture hyper-industrielle et mondiale), mais on commence à en parler beaucoup...

    Récapitulons :
     Une forte augmentation du coût de l’énergie,
     une diminution (même légère ou moyenne) du coût du travail,
     et un retour à une culture alimentaire "traditionnelle" et ancrée dans le local...
    Et la Gascogne profonde revit !

  • En cet automne 2010, j’ai précisé l’articulation que je souhaite pour la Gascogne et ses métropoles :
    http://gasconha.com/debat/spip.php?article77#forum43462
    C’est parti d’un débat sur le découpage de la région Poitou-Charentes, mais on est en plein dans le sujet !

    Pour résumer :
     des régions enracinées qui utilisent plusieurs métropoles,
     des métropoles puissantes qui rayonnent sur plusieurs régions.


Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs