Oñati, en Guipuzcoa, commune d’Espagne avec le chômage le moins élevé Vincent.P

- Vincent P.

L’économie locale se base sur le patriotisme et les coopératives, aidés par la présence d’une université qui a noué des liens avec les entreprises locales.
Un modèle de développement pour la Gascogne ?

politica.elpais.com

Grans de sau

  • Je fais remarquer à cet égard que le Gers est en pointe pour ce qui est du nombre de coopératives.
    Archaïsme pour d’autres, notamment pour les gros groupes agricoles béarno-landais comme Euralis ou Maïs-Adour qui n’ont pas de mots assez durs contre les Gersois.

    Oñati me semble un modèle fascinant : maire étiqueté Bildu, donc un pays très bascophone et abertzale, la richesse locale est le fruit d’entreprises locales qui gardent leur siège social au pays (sans s’interdire de se développer à l’export).
    En temps de crise, l’ajustement passe, non pas par le licenciement, mais par l’ajustement à l’intérieur des coopératives et par le moindre intéressement.
    L’article parle des pépés avec leurs petits-enfants, des mères et leurs bébés, c’est aussi ce que j’ai vu dans ces petites villes du Guipuzcoa, forte présence des anciens, transmission générationnelle, des petites villes vivantes et animées.

    Bémol : l’article laisse entendre que le chômage touche surtout les immigrés. C’est qu’il est certain qu’un tel modèle communautaire (les coopératives n’en sont que le traduction économique) ne permet pas une insertion facile pour les nouveaux venus.
    Mais il faut aussi se poser la question de l’ajustement à la demande : y’a a-t’il demande de main d’oeuvre externe ? S’il n’y en a pas et que la vallée fournit convenablement du travail aux autochtones, pourquoi en faire venir d’ailleurs ? C’est à mon sens la vraie question, qui dépasse largement la problématique d’Oñati, à savoir que les migrations mondiales, internes comme externes au pays, sont devenues incontrôlables, et peut-être pas utiles économiquement, puisque des modèles de développement sont possibles, qui permettent en outre de maintenir la culture locale.

  • Pour ce qui est des "pépés avec leurs petits-enfants, des mères et leurs bébés", qui animent les rues d’Oñati :
    le journaliste le dit pour souligner que les personnes en âge de travailler travaillent. Pas de chômeurs désoeuvrés dans la rue.
    Cette remarque laisse penser qu’ailleurs en Espagne, le fort chômage s’apprécie directement au spectacle de la rue...

    L’exemple des coopératives basques me hante depuis longtemps.
    Elles ont démarré (en tout cas Mondragon) par l’initiative d’un "curé du peuple" (et probablement aussi abertzale), qui a voulu combattre la misère pendant les années noires du franquisme.

    Nous parlons ailleurs de la possibilité pour une Gascogne rurale et de villes petites et moyennes de se refaire hors de la dépendance des métropoles... l’exemple d’Oñati est suggestif.
    Mais il n’y a en Gascogne ni le ferment identitaire ni la pauvreté absolue qui ont été le terreau de Mondragon.
    Le ferment identitaire, Gasconha.com essaye de s’en occuper ; la misère, elle, risque de venir si notre système économico-social continue à dysfonctionner.

  • Je partage l’admiration de Vincent pour le modèle économico-social des coopératives basques.
    J’ai un peu connu la coopérative Mondragon (la plus grosse et la plus diversifiée, sans doute la locomotive du système).
    Par contre je ne coincide pas dans sa vue idyllique des villages et bourgs du Guispuscoa, haut lieu de ce monde des coopératives certes mais aussi, hélas, coeur de ce qu’il faut bien appeler l’Etaland.
    A chacun de mes brefs passages, j’en tirais une impression pénible de tension, de silence, d’adhésion forcée à tous les mythes etarras (ou "abertzale" puisque Herri Batasuta, alias Herriko Eskerra, Bildu, Amaiur, tout ce qu’on voudra (l’hydre renait sous un nom nouveau à chaque tête coupée par la justice espagnole !) a réussi à confisquer ce bel adjectif.
    Dans sa dernière liveraison de l’excellente revue (landaise,je le rappelle) "Terres taurines", Anndré Vial raconte sa plongée dans cet univers l’été dernier avec une acuité et une précision qui me semblent remarquable.
    Je conseille la lecture de cet excellent numéro d’automne,qui ne peut que faire réfléchir.

  • Les Basques ne sont pas sympathiques disons qu’ils sont ombrageux. Je crains que ce soit la clé du succès.
    Je pense que le succès des coopératives n’est pas sans lien avec le patriotisme un peu exclusif des derniers basquisants.
    La même chose existe au Pays Basque français.

  • Les Basques ont raison de n’être ni sympathiques ni gentils.
    Les Gascons et les Occitans sont des faibles qui cachent leur lâcheté derrière un sourire faussement convivial et réellement fruit d’une grande impuissance. VAE VICTIS

  • Je connais des Basques sympathiques, ombrageux ou pas mais là n’est pas la question.
    Le terrorisme n’est simplement pas accceptable ni la couverture du terrorisme (avec pratiques de terrorisme mental attachées) façon Bildu ou autres avatars de la même mouvance.
    Et ces pratiques n’ont rien à voir avec la résilence basque ni avec l’esprit d’entreprise et de solidarité qui sont à la base du phénomène des coopératives.
    Elles en sont plutôt un dévoiement et un parasitage par l’intermédiaire du trop fameux "impôt révolutionnaire" que les coopératives devaient - doivent peut-être encore - payer,au premier rang.

  • Ce que je crois comprendre des résultats électoraux, notamment en Guipuzcoa, c’est que le nationalisme à la Bildu/Amaiur bénéficie d’une forte adhésion populaire.
    Je crois que ce fort communautarisme est assez en lien avec l’esprit des coopératives, à savoir qu’à travers la réussite d’une entreprise, c’est aussi la réussite d’une vallée, d’une petite ville que l’on signe.

    Franchement, de ce que je connais du Pays Basque français, c’est la même chose, les mêmes réflexions (surtout à notre endroit les Béarnais), il n’y a qu’à voir les tensions à la Chambre d’agriculture. Seulement chez nous, du fait du poids de l’Eglise, ce patriotisme basque s’exprime dans le vote centriste ou gaulliste.
    Dans une génération, je le prédis, nous aurons des mouvements en France à la Bildu très forts au Pays Basque français. Et la connerie des élus béarnais n’arrange rien ...

  • Les résultats des dernières élections générales en C.A.V. (Gipuzkoa-Bizkaia-Araba) sont bluffants tant ils sont éloignés de la réalité électorale espagnole.
    Le PNV (abertzale de centre-droite pour simplifier) et Amaiur (abertzale de gauche pour simplifier) ont à eux deux 11 sièges sur 18.
    La Catalogne n’a pas, elle, donné la majorité absolue aux catalanistes, même si CiU a fait un très bon résultat.

    Je ne pense pas qu’il faille voir dans le score d’Amaiur le résultat d’une pression sur les électeurs ni d’une adhésion de masse au terrorisme d’ETA.
    Du reste, une page semble se tourner avec celui-ci.
    Bildu était une coalition qui regroupait d’anciens de Herri Batasuna avec d’autres formations (sauf erreur de ma part) plus modérées comme Eusko Alkartasuna dont le fondateur Carlos Garaikoetxea a été lehendakari (premier ministre basque) alors qu’il était encore au PNV.
    Amaiur, c’est Bildu avec encore l’ajout d’une ou deux petites formations (Aralar...).

    Je pense que la plupart des électeurs d’Amaiur (et aussi des militants), comme ceux du PNV, réprouvent le terrorisme.
    Mais je ne suis pas sur place, donc je peux me tromper...

    Les espagnolistes ont beaucoup pratiqué, il me semble, l’assimilation abertzale=terroriste.
    De plus, l’Etat espagnol, en ne reconnaissant pas le droit à l’autodétermination du pays basque (la République française "une et indivisible" non plus), peuvent légitimer la violence :
    Un peuple qui ne peut pas décider de son sort par les urnes risque de vouloir le faire par la force.

    A cet égard, le cas québécois serait à méditer : des référendums sur la souveraineté ont au moins pu être organisés.
    Je ne suis pas sûr que la Constitution espagnole l’autorise.
    Quant à la Constitution française, n’en parlons pas !

  • La carte électorale est claire : il existe une majorité de personnes en faveur de l’indépendance là où la langue s’est conservée, selon des modalités politiques plus spécifiques à telle ou telle région (PNV de centre-droit en Biscaye, Amaiur de gauche en Guipuzcoa et Navarre bascophone).
    Y voir la pression sociale d’ETA me parait hors de propos, nous avons simplement la traduction électorale d’une aspiration politique réelle.

  • On ne peut analyser la situation actuelle à partir d’une carte électorale comme si Euskadi était dans une situation politique normale, sans se rappeler l’évolution des trente dernières années.
    Certes la réussite des coopératives basques est à relier au "communautarisme" de la population (utilisons ce mot si vilipendié en France actuellement mais qui correspnd assez bien à la réalité).
    C’est justement sur ce communautarisme qu’ ausi et habilement joué la mouvance HB depuis trente ans.
    Façade politique et publique d’ETA de l’avis unanime (voir son leader
    historique Arnaldo Otegi), elle a
    constamment utilisé de façon exclusive l’équation basque/antibasque, au lieu de toute autre réflexion politique.
    Coeur de cette stratégie obsessionnelle et obsédante : les "Euskal presoak" cad les prisonniers basques alors qu’il s’agissait de prisonniers étarras.
    Etant basques, ils ont été et sont présentés comme devant bénéficier de la totale et aveugle solidarité de la communauté basque sous peine d’être taxé de traitre ou de fasciste si l’on renâcle, ne fût-ce qu’un peu (cf la contribution du dénommé Maju dans le site-en anglais,on ne sait pourquoi- transmis par Vincent dans un message précédent).
    La stratégie a du reste été payante puisque les élections de ces jours derniers ont permis à Bildu/Amaiur de passer devant l’historique PNV ; celui-ci s’essouflait depuis son durcissement des années 90 à courir derrière la rhétorique HB pour éviter la concurrence en ce sens du transfuge Carlos Garakoiecha qui, déçu par le "centriste" PNV, l’avait quitté en ayant l’air de tomber "à gauche" (dans le contexte d’Euskadi : "plus abertzale que moi, tu meurs !").
    L’électeur ayant fini par préférer l’original à la copie, cela donne le résultat des derniers jours....
    Les basques sont-ils pour autant devenus indépendantistes façon Bildu ?
    Je n’en sais rien et doute qu’ils aient vraiement envie de tenter une aventure du style Albanie d’Enver Hodja... même si le bateau espagnol qu’il s’agirait de quitter fait eau de toutes parts.

    En tous cas, la mise en condition a payé !

    Quant à la Constitution espagnole, elle prévoit :
    en son article 2, que l’Etat reconnait et protège les Communautés autonomes (encore à venir au moment de sa rédaction) à côté de l’unité indivisible de la Nation espagnole (ce qui semble exclure un référendum d’autodétermination radicale) ;

    en son article 150 que l’Etat a seul droit de convoquer un référendum mais en son article 152 que des modifications des statuts d’autonomie peuvent être apportées par un référendum (convoqué par l’Etat, par conséquent) des habitants de la communauté.
    Bref,de quoi faire rêver outre-Pyrénées, n’est-ce pas ?

  • Tu parles de situation politique anormale qui expliquerait le contexte électoral basque-espagnol.
    Anormale dans le contexte espagnol, c’est clair, la situation politique l’est.
    Mais plutôt que de chercher à savoir ce que serait un Pays Basque qui voterait comme Madrid après normalisation, je préfère me contenter de constater que le Pays Basque espagnol (en partie la Navarre) a développé une culture politique propre.
    Je n’en pense pas moins parfois des oripeaux qui en découlent (obsession autour du retour des prisonniers par exemple) mais je ne vois pas pour quelle raison je nierais à ces faits politiques leur légitimité.
    C’est comme ça chez eux, parce qu’ils sont un peuple.

  • Il me semble comme à Vincent qu’une certaine sauvegarde de la langue ancestrale contribue beaucoup à maintenir un sentiment national basque.
    Le bloggeur basque Maju conteste un peu cette thèse en disant que beaucoup d’abertzales ne parlent pas basque.
    Mais nous connaissons aussi en Gascogne (ils ne sont pas assez nombreux, mais se manifestent parfois sur ce site) des personnes qui ont une sensibilité gasconne sans bien connaître le gascon, mais parce qu’elles ont pu l’entendre de leurs parents ou grands parents.
    Il y a comme un effet retard : le sentiment identitaire peut rester sur une ou deux générations après la perte de la langue.
    D’ailleurs c’est un peu mon cas personnel.
    Les nationalistes basques sont arrivés au pouvoir (et la libération post-franquiste a eu lieu) en Euskadi juste au moment où l’effet retard n’était pas épuisé (avec des variations d’un endroit à l’autre).
    Dans les zones de la Navarre qui ont été débasquisées au 19e siècle, ou en Araba, l’effet retard est épuisé depuis longtemps...

  • Vincens,Tederic,
    Je vois deux ou trois questions différentes - pas simples à résoudre-dans vos deux derniers messages (qui nous amènent loin du niveau de chômage à Onate !) :

    1) qu’est ce-qui fait maintenir un peuple dans sa différence : la langue ou à tout le moins son souvenir pendant quelques générations (je suis dans le même cas de Tederic, en plus éloigné encore des locuteurs de gascon natifs !) ou bien un choix personnel et définitif (thèse du blogueur basque) ?
    J’aurais tendance à dire la langue OU le souvenir d’une nationalité historique longtemps maintenue avec des institutions propres (ce qui n’est pas notre cas) ou mieux encore la combinaison des deux mais je ne vois rien de définitif pour en faire une loi absolue dans un sens ou un autre.

    2) l’option entre politique "normalisée" (au sens où les forces politiques présentes sur le terrain seraient les mêmes (disons en Espagne ou bien en France sur tout le territoire) : ce n’est pas la présence de forces politiques différenciées sur le territoire historique d’un peuple spécifique (une nationalité "régionale") que je conteste ; au contraire peut-être sont elles nécessaires pour faire ressortir des dimensions réelles, utiles mais occultées par l’uniformité partisane (en France appelons ça le jacobinisme politique).
    Mais sans méconnaitre le risque d’un réel enfermement du peuple en question dans une rhétorique aveugle à d’autres problématiques (cas du PNV me semble-t-il) voire au delà réellement dangereuse (HB, Bildu, etc....) ; jugement que je n’oblige bien entendu personne à partager, je me borne à alerter devant ce qui me parait parfois ici un philobasquisme excessif (et qui me parait irréfléchi).
    Bref je n’ai pas envie d’un Bildu quelconque en Gascogne un jour ou l’autre (Vincent nous l’annonçant, sans doute avec une certaine clairvoyance, comme possible dans quelques années en Pays basque nord...)

    3) Et au delà, qu’est-ce qui permet à un peuple de libérer le meilleur de lui-même (les coopératives basques, début de notre débat, par exemple) ?
    Je laisse la réflexion ouverte !

  • Je suis en accord parfait avec ce que tu dis, j’essayais juste de ne pas laisser paraître mon sentiment dans l’analyse politique des faits.
    Quant à un Bildu en Iparralde, ce n’est que l’affaire de quelques années, quand la jeunesse basque "du Nord" aura coupé avec le conservatisme chrétien des parents.

    Du reste, en toute franchise, mon propre sentiment, puisque je me laisse aller à l’exprimer, c’est qu’un tel mouvement correspond profondément à une certaine âme basque avec laquelle les Gascons ont toujours eu du mal.
    Il suffit de lire de vieilles descriptions des Basques par leurs voisins, ce sont les mêmes doléances.

  • Gérard tu mélanges tout... Bildu ce n’est pas HB ou Batasuna, d’ailleurs si Bildu avait eu un quelconque lien avec ETA et n’avaient pas publiquement déclaré d’user uniquement et exclusivement des voies et des méthodes politiques, pacifiques et démocratiques, ils n’auraient pas pu se présenter aux éléctions (cf Sortu).

  • A Xuel :
    je maintiens qu’il s’agit de la même mouvance,en grande partie du même électorat, du même projet et du même personnel politique.
    Le nom change justement (il a dû changer 4 fois en 20 ans) pour pouvoir participer aux élections en échappant à l’interdiction pour cause de complicité avec la violence etarras que la justice espagnole finit invariablement de prononcer au bout de quelques années.
    Cela dit,c’est comme dans les expériences chimiques : à force de transvaser le liquide d’un flacon à l’autre, la "pureté" originelle n’est plus garantie à 100%...
    Et avec l’arrêt de la violence annoncé par ETA dernièrement (arrêt définitif parait-il, mais on a déjà connu un certain nombre de "trêves" annoncées à grand spectacle quelques semaines avant les élections, comme cette fois-ci !) Bildu pourrait bien prospérer et continuer à amasser sa pelote électorale encore assez longtemps avant une quelconque interdiction
    Nous verrons bien.

  • Tu maintiens ce que tu veux mais tu te trompes... ce n’est pas le même personnel politique.
    Tu n’as qu’à demander à n’importe quel basque si EA ou Batasuna(HB,EH,SA,Sortu...) c’est la même chose.
    Crois tu que le maire d’une ville comme Donostia serait passé avec le soutien du PNV si c’était le cas ?
    ETA est exsangue depuis des années en partie parce que le soutien populaire est à la baisse.
    Je ne nie pas les pressions exercées par certains mais dans l’isoloir, chacun fait ce qu’il veut et on a vu le résultat.

  • Xuel a totalement raison.


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