Pey Marsau Chroniques d’une famille de laboureurs dans les Landes de Gascogne du 17 au 19e siècle

- Tederic MERGER

Pey Marsau - Chroniques d'une famille de laboureurs en Landes de Gascogne - 17e - 19e siècle
Pey Marsau - Chroniques d’une famille de laboureurs en Landes de Gascogne - 17e - 19e siècle
de Jean Dartigolles, descendant de Pey Marsau, dans une lignée localisée au quartier de Triscos, Balizac, Landes de Cernès.

« Pey Marsau, dit Moutic » ; « prononcer Marsaou », écrit l’auteur ; c’est bien le gascon Marçau, l’équivalent du français Martial.

Marçau

Motic

Pèir, Pèr
Et on peut ajouter : prononcer "Pèÿ".
 

La lignée Marsau à Triscos

Pourquoi l’auteur Jean Dartigolles (une figure contemporaine elle aussi remarquable !) s’est-il concentré sur cet aïeul en particulier, qui n’est pas strictement en droite ligne paternelle dans son ascendance ? la lignée étudiée passe deux fois par des filles : Jeanne Marsau épouse Ferrand, puis Jeanne Ferrand épouse Dartigolles.
Il semble avoir donné la priorité à la permanence dans le lieu Triscos :
Les parents de l’époux Dartigolles n’en étaient pas issus, ni même de Balizac ; remonter la lignée Dartigolles aurait conduit à quitter ce quartier.
Balizac

(Balizac)
Triscos

Par contre, remonter par Jeanne Ferrand permettait d’y rester, et puis de remonter les générations ayant vécu dans la maison Marsau où le père de celle-ci, Bernard Ferrand (Bernachon ), était venu « s’installer gendre ».

Que la vie était dure !

 Faible espérance de vie : mortalité infantile, famines, épidémies...
De fratries de cinq ou six frères et sœurs, parfois il n’en survit qu’un, par exemple Pierre Marsau et Pétronille Dupeyron ont eu 7 enfants, dont 5 sont morts en bas âge ou enfant, un à 27 ans et c’est la dernière, Jeanne, qui a vécu longtemps et assuré la descendance.

 Le milieu landais :
Culture des céréales (sègle, millade). Fin 18e siècle, le maïs et la pomme de terre arrivaient juste.
p. 34 : « en certaines de ces années là [fin 17e siècle], on évita la famine intégrale que grâce aux quelques ressources des jardins potagers » (fèves, pois, citrouilles, ail... et (non alimentaire), le chanvre)
Pommes et châtaignes pour passer l’hiver... Ils arrivaient donc à les conserver...
Il y avait déjà du pignada, et la résine et ses sous-produits se vendaient :

« Nous savons qu’à BALIZAC s’organisaient de véritables convois de charrettes se rendant au Port de PODENSAC pour y embarquer les produits locaux à destination de BORDEAUX, et quelquefois bien au-delà, essentiellement des bois bruts ou ouvrés et des produits résineux ».

 Les loisirs (rares) : en plus de l’auberge et des mariages, la fête, encadrée par l’Eglise :

« Tous les ans, le 29 Juin, toute la paroisse partait, bannières au vent, de l’église de BUDOS, et se dirigeait, derrière son Curé, vers la Chapelle St PIERRE, à peu de distance de la route de BALIZAC. Là, se retrouvait un grand concours de populations, venues parfois de très loin qui s’assemblait autour de baraques foraines de fortune dans lesquelles on vendait quelques modestes victuailles et du vin.

Du vin à profusion, et c’est bien, semble-t-il, ce qui déplaisait au Curé DORAT, Curé titulaire de BUDOS.

(...) le lendemain matin, après que beaucoup aient dormi sur place (la clémence d’une nuit de Juin le permettait) , une dernière Messe réunissait tout le monde, et l’on se séparait, bien fatigués, tandis que les Budossais, toujours en procession, conduits par leur Curé, ramenaient leurs bannières en leur Eglise paroissisale. Tout BALIZAC était là. »

 L’insécurité à TRISCOS (p. 117) :
Vols, violences, jusqu’à l’assassinat...
Triscos d’autes còps n’était donc même pas un hâvre de paix !

« les braves gens qui disposaient de quelques dizaines de Livres d’argent provenant de la vente de leur résine, ou d’un animal, ou encore d’une coupe de bois, ne disposaient d’aucun lieu de sûreté où ils auraient pu les déposer en attendant d’en trouver l’usage. Ceci explique bien souvent de modestes achats de terres quelquefois difficilement exploitables dont on se demande bien ce qu’ils pouvaient en faire. C’étaient des sortes de "placements relais" d’inspiration sécuritaire. »

 Les litiges, où les frais de justice dépassent parfois de loin les sommes à l’origine du litige.

 La langue, le gascon :

p. 146 :« Le Curé ROUDES était mort au début de 1788. Son successeur, Me Jean Antoine PRADIE était prêtre au Diocèse de MENDE. (...)
Mais on peut craindre qu’il y ait rencontré quelques problèmes de communication. Ses nouveaux paroissiens ne pratiquaient que le gascon, et si certains d’entre eux comprenaient bien le français, ce n’était pas le cas de tous. (...)
Les prônes dominicaux et les confessions se faisaient en gascon. »

p. 147 : « Ajude ! ajude ! lous mercants tuouent la mye hemne ! » (Au secours ! au secours ! les marchands tuent ma femme !)

 Il n’y avait pas d’école : la classe dirigeante locale, malgré quelques questionnements au plus haut niveau de l’Etat, ne souhaitait pas que les paysans apprennent à lire :

« Mr de MARBOTIN du MIRAIL, à LANGON, le 24 Août 1761, répondait à Mr BOURIOT, Subdélégué à BAZAS (une sorte de Sous–Préfet avant la lettre) qu’il souhaitait que l’on défende d’apprendre à lire aux jeunes paysans, "ce qui leur donne de l’ambition". »

Mais y aurait-il eu une école, elle aurait sans doute exclu la langue des paysans...

Voir en ligne : Le texte intégral de Pey Marsau

Un gran de sau ?

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