« Entà Sent Martin, sura ton vin ! »
A la Saint Martin, tu peux bondonner ta barrique !
Ce vieux proverbe explique qu’à la Saint Martin (10/11 novembre) on peut fermer la bonde du tonneau car le vin a terminé de bouillir, de travailler.
« Lo/eth sur » en gascon de la Bigorre, du Rustan, du Magnoac et du Comminges est le gros bouchon de liège (le bondon) qui permet de bondonner une barrique.
Ce mot donne en gascon
• « surar / surrar » : c’est bondonner la barrique. Si à Saint Sever de Rustan on dit [su’ra], dans d’autres lieux on dit [su’rra] avec le R fortement roulé.
• « La surratge / la surrada » : le bondonnage des tonneaux.
• « Lo surrèir/surrèr » (Landes, Nord du Gers, Lomagne) : le chêne-liège. surrèr, surrèir = chêne liège
• « La surra » (Landes) : gland du chêne-liège.
• « Un surret/au surreta » : une petite bonde.
De la même famille.
Occitan médiéval. « Lo suve » : le liège.
Occitan languedocien. « lo siure / suve » : le liège. « lo suvièr /surrièr / siurièr » : le chêne-liège. « Lo surre » : gland du chêne-liège. « La siurada » : lièges ronds des filets de pêche.
Catalan. « El suro » : le liège. L’industrie des bouchons de liège se dit dans cette langue « indústria suro-tapera ».
Etymologie.
« Lo/eth sur » vient directement du latin « suber » : le liège, le bouchon de liège.
Dans le reste de la Gascogne, on a
• "Lo tapon / lo tap". Donnent les verbes « tapoar », « tapar ». Ces mots viennent du francique *tappo : bouchon, couvercle (voir l’allemand « Zapfen » : bonde). En catalan, on a aussi « el tap » : le bouchon, « la tapa » : le couvercle, « tapar » : boucher et en castillan « una tapa » : un couvercle. C’est l’origine des tapas qui étaient à l’origine des rondelles de charcuterie placées au-dessus du verre pour le « couvrir »… tapo, tapon = bouchon, bonde
• "Lo tampo" (Lombez). Donne le verbe « tamponar ». Ce mot est la variante nasalisée de « tapon »
• "La bonda / lo bondon". Donne le verbe « bondar ». Gallicisme ? Viendrait d’un gaulois *bunda reconstitué d’après l’irlandais « bonn » : base.
• "Lo bonon". Donne le verbe « bonoar ». Forme bien gasconne de « bondon ».
A noter que partout en Gascogne, le liège (la matière) se dit « lo lèuge ».
Le mot « lèuge » vient du latin populaire « *levius » » provenant du latin « levis » = léger. En Bordelais, le chêne-liège est appelé « lo leugèr/leugèir » formé de « lèuge » + suffixe-èr. lèuge = liège