Jean Rameau (Laurent Labaigt) et Isidore Salles : l’un en gascon et l’autre pas.

- Gerard Saint-Gaudens

Jean Rameau, né dans une famille de petits propriétaires au village de Gaas (aux confins du Pays d’Orthe et de la Chalosse) partit à Bordeaux dès la fin de son adolescence. Intellectuellement doué il avait pu suivre des études secondaires à Dax et se passionnait pour la littérature.
A Bordeaux il fonda une revue appelée significativement « Le Troubadour » dont il serait intéressant de retrouver des exemplaires. En même temps il travaillait alimentairement dans une pharmacie de la ville.
N’évoluant plus, au bout de quelques années, il partit comme tant d’autres à Paris. Là il fit assez rapidement son trou comme feuilletoniste à succès : des romans apparemment plutôt « à l’eau de rose » ayant peu de chance de lui occasionner une renommée littéraire durable.
En tous cas à côté de cette autre activité alimentaire quoi que littéraire, il écrivit des poésies et des contes qui semblent de plus grand intérêt d’après les extraits que l’on peut lire à l’exposition qui lui est consacrée dans sa vaste et hétéroclite maison de Cauneille, tout près de son village de naissance (un beau site, agrémenté d’une roseraie reconstituée depuis 2016 à partir de celle que l’écrivain y avait créée au début du siècle dernier).
Dans ses contes (partiellement réédités il y a quelques années), on trouve apparemment quelques références gasconnes, voire des mots et phrases en notre langue. Il était certes difficile de l’oublier totalement quand on écrivait à partir de la matière de la Gascogne rurale du début du XXè siècle quand elle était totalement vernaculaire, voire omniprésente.

Mais on ne peut qu’être frappé par la différence de perception que semblaient en avoir deux hommes de la même origine tant sociale que géographique et au parcours similaire d’émigrés de la réussite : si Isidore Salles, malgré une carrière à succès comme banquier et membre de la haute administration préfectorale, n’écrivit qu’en gascon avec un réel talent, Rameau (dont le vrai nom était Laurent Labaigt) prit le parti du français dès sa jeunesse malgré la référence troubadouresque de son journal bordelais.
Mystère que cette divergence : pourquoi ces deux choix divergents ?

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