Je suis d'un peu loin le débat récurrent sur l'identité gasconne, la langue gasconne etc.
Comme Daniel, quand j'ai découvert le gascon principalement par l'I.E.O., il y a déjà 25 ans, j'ai cru que le mouvement qui s'affichait dans Per noste-Païs gascons correspondait à quelque chose de profond et de massif et que la langue était dans la "vite vitante" comme quand j'avais quitté le Béarn en 1950.
Mais la réalité du déclin de la langue m'est apparue progressivement, tout comme la fausseté du slogan « gascon donc occitan » auquel j'avais cru. Et si j'ai beaucoup étudié et suis arrivé ainsi au niveau du doctorat sans m'en rendre vraiment compte, c'est parce que je voulais y voir clair.
Or le contexte sociolinguistique est pour la disparition totale et irrémédiable de l'usage du gascon dans la vie courante, tout comme a disparu l'usage du latin et même du grec ancien, que l'administration grecque avait artificiellement maintenu, mais qui a dû céder devant le grec moderne au début d XIXe s.
Alors vous pensez ce qui peut en être du gascon ou de l'occitan, qui plus est rhabillé en graphie médiévale !
Car le gascon et autres langues « régionales » n'ont survécu que dans un milieu rural dont les technique évoluaient peu et où les ainés reprenaient la ferme des parents, à effectifs à peu près constants. Et les cadets apprenaient le français, l'espagnol ou l'anglais pour aller gagner leur croute ailleurs.
Aujourd'hui, combien de nos compatriotes, qui n'ont parlé et entendu que le français, seraient prêts à l'effort d'apprendre le gascon pour en faire une langue d'usage courant ? Et qui les enseignerait s'ils étaient vraiment nombreux ? Car d'expérience, je constate que les enseignants connaissent mal, parfois très mal, la langue qu'ils ont pour rôle d'enseigner ; car ils sont recrutés sur la base d'épreuves où la connaissance de la langue n'est pas prioritaire !
Apprendre le gascon et le pratiquer un peu, ce ne peut plus être qu'un passe-temps d'esvagats, fort enrichissant pour l'esprit, certes, mais qui ne touchera jamais la masse des habitants de la Gascogne.
Croire qu'on peut réellement faire plus, c'est tomber dans la science-fiction, comme bien des romans de la littérature occitane moderne...
Et comme par hasard, un listayrë nous propose de la SF...
> Et c'est grave car, au risque de se répéter, une Gascogne > sans langue gasconne, c'est quoi ?
Comme la Bourgogne sans le bourguignon, la Lorraine sans le lorrain etc.
Sans illusion donc, mais continuant à enseigner à un petit escabot très
motivé, et à étudier, par respect de l’authenticité de la langue.