Visigoths et Gascogne vpoudampa [Forum Yahoo GVasconha-doman 2006-06-16 n° 6583]

Adishatz,

Les historiens de la liste pourront sans-doute me répondre : que
sait-on de la colonisation visigothe en ce qui était encore la
Novempopulanie et qui leur fut soumise au Vème siècle avant de leur
être enlevée par les Francs en même temps que l'Aquitaine ( seconde ) ?

Ma question porte surtout sur les colonies gothes. On connait les
villages du type Gouts, Goudon, Gotein, ... sans aucun doute des
villages de peuplement. A ce titre, quelle langue parlaient ces Goths
installés en future Gascogne ? Peut-on évaluer leur nombre ? Ont-ils
été massacrés par les Francs ?

Un autre problème est le partage du territoire : on remarque en
Gascogne et Pays Basque des lieux-dits de formation wisigothe. La
vallée de Louron est ainsi l'épicentre de drôles de toponymes :
Estarvielle, Loudervielle, Loudenvielle, Aranvielle, Adervielle,
Jurvielle, Armenteule ( ~Armentarvielle ), Cathervielle, ...

Plus récemment, je me posais aussi la question d'Ardengost. Orpustan
le compare au lieu-dit Ardengos de Bayonne, qu'l fait venir de
Ardan+goitz, autrement dit la vigne située en hauteur. Ce lieu-dit se
trouve justement dans le quartier des vignes. Mais pour le toponyme
des Hautes-Pyrénées, comment justifier la vigne ? Vigne sauvage ? J'ai
pensé que ce Ardengos basque n'avait pas été compris par les Basques
et qu'ils y avaient vu donc un toponyme viticole. Il est probable que
et Ardengos et Ardengost sont issus de l'anthroponyme germanique
Ardengus. Etait-il porté par les Visigoths ?

Rien de choquant à trouver en Labourd des formations visigothiques :
la nouvelle théorie dont je faisais état récemment voit dans les
formations en -riz basquisées en -ritz des formations visigothiques.
Cette théorie présuppose que les noms de domaine furent donnés par
l'administration gothe dans une langue romane car en Basque, l'on
aboutirait à -riki. Bayonne et le Labourd semblent ceinturées par de
tels lieux-dits : si cette théorie semble correcte, cela signifie que
cette région intéressait énormément les Visigoths. Les Francs par la
suite seront eux-aussi très intéressés par le débouché bayonnais.

Donc arrive ma question : il semble ( je n'ai pris que deux exemples )
que des formations de type germanique soient concentrées en certains
endroits de l'antique Novempopulanie. A-t'on confirmation de ces faits
dans les textes écrits ? Etaient-ce des colonies de peuplement ou
juste des domaines agricoles, comme les Romains précédemment ?
Surtout, quelle langue parlaient ces Goths ? Celle langue, à part le
vocabulaire ( Salle, borde, ... ) a-t'elle contribué à la formation du
gascon ? Je passerais sur les théories qui voient dans ces Visigoths
une des composantes des futurs cagots.

Grans de sau

  • > Adishatz,
    >
    > Les historiens de la liste pourront sans-doute me répondre : que
    > sait-on de la colonisation visigothe en ce qui était encore la
    > Novempopulanie et qui leur fut soumise au Vème siècle avant de leur
    > être enlevée par les Francs en même temps que l'Aquitaine ( seconde )

    [et première...] ?

    Réponse: rien. Il n'y a aucun document qui peut nous donner des renseignements
    directs à ce sujet.

    >
    > Ma question porte surtout sur les colonies gothes. On connait les
    > villages du type Gouts, Goudon, Gotein, ... sans aucun doute des
    > villages de peuplement. A ce titre, quelle langue parlaient ces Goths
    > installés en future Gascogne ? Peut-on évaluer leur nombre ? Ont-ils
    > été massacrés par les Francs ?

    On ne peut supposer des "colonies de peuplement" wisigothes en Gascogne qu'à
    partir de la toponymie. Les Goths parlaient le goth, une langue germanique
    disparue. Mais ils devaient connaître au moins la forme locale populaire du
    latin, et au mieux, pour les plus éduqués le latin "classique". A part ceux
    tués pendant la guerre de 507, il ne semble pas que les Wisigoths ont été
    massacrés par les Francs. Il apparaît possible que la Novempopulanie soit
    restée quelque temps dans le giron du royaume wisigoth rencentrée sur la
    péninsule ibérique. En effet, lors du partage du royaume franc entre les fils
    de Clovis (511), la Novempopulanie n'est pas citée. Il est possible qu'elle
    n'ait été rattachée au royaume des Francs que dans les années 520 ou 530.
    Les Wisigoths occupaient principalement entre 418 et 507 la vallée de la Garonne
    entre Bordeaux et Toulouse. Comme chacun sait, Toulouse était leur capitale. Ils
    sont alors estimés à une population de 100 000 personnes, femmes et enfants
    compris. Ils ne se mélangeaient pas à la population locale puisqu'ils étaient
    alors ariens et non pas catholiques. La grande majorité d'entre eux est parti en
    Espagne suite à la défaite de 507.
    Il est possible que des descendants de Goths soient restés en Gascogne. Il est
    mentionné dans les années 790, un noble gascon (= vascon) nommé Adalaric qui
    fit prisonnier le comte franc de Toulouse nommé Chorson et qui lui extorqua des
    serments. Pardonné par le roi d'Aquitaine Louis le Pieux, il fut exilé par le
    père de celui-ci (Charlemagne). Le nom d'Adalaric suggère une ascendance
    wisigothe. Cependant, était-il descendant de réfugiés wisigoths ("hispani")
    venant d'Espagne ou de Wisigoths restés en Novempopulanie ?? On ne peut en fait
    en dire beaucoup plus.

    D'ailleurs, il ne me semble pas qu'il faille trop exagérer l'importance des
    Wisigoths dans
    la formation du peuple gascon. Pour moi, leur apport est très minime comparé à
    celui des "Vascons". Et il ne faut pas trop prendre au sérieux les derniers
    écrits de Renée Mussot-Goulard à ce sujet (dont le livre "Les Goths" publié
    chez Atlantiqua en 1999).

    Amistats,

    Guilhem


    >
    > Un autre problème est le partage du territoire : on remarque en
    > Gascogne et Pays Basque des lieux-dits de formation wisigothe. La
    > vallée de Louron est ainsi l'épicentre de drôles de toponymes :
    > Estarvielle, Loudervielle, Loudenvielle, Aranvielle, Adervielle,
    > Jurvielle, Armenteule ( ~Armentarvielle ), Cathervielle, ...
    >
    > Plus récemment, je me posais aussi la question d'Ardengost. Orpustan
    > le compare au lieu-dit Ardengos de Bayonne, qu'l fait venir de
    > Ardan+goitz, autrement dit la vigne située en hauteur. Ce lieu-dit se
    > trouve justement dans le quartier des vignes. Mais pour le toponyme
    > des Hautes-Pyrénées, comment justifier la vigne ? Vigne sauvage ? J'ai
    > pensé que ce Ardengos basque n'avait pas été compris par les Basques
    > et qu'ils y avaient vu donc un toponyme viticole. Il est probable que
    > et Ardengos et Ardengost sont issus de l'anthroponyme germanique
    > Ardengus. Etait-il porté par les Visigoths ?
    >
    > Rien de choquant à trouver en Labourd des formations visigothiques :
    > la nouvelle théorie dont je faisais état récemment voit dans les
    > formations en -riz basquisées en -ritz des formations visigothiques.
    > Cette théorie présuppose que les noms de domaine furent donnés par
    > l'administration gothe dans une langue romane car en Basque, l'on
    > aboutirait à -riki. Bayonne et le Labourd semblent ceinturées par de
    > tels lieux-dits : si cette théorie semble correcte, cela signifie que
    > cette région intéressait énormément les Visigoths. Les Francs par la
    > suite seront eux-aussi très intéressés par le débouché bayonnais.
    >
    > Donc arrive ma question : il semble ( je n'ai pris que deux exemples )
    > que des formations de type germanique soient concentrées en certains
    > endroits de l'antique Novempopulanie. A-t'on confirmation de ces faits
    > dans les textes écrits ? Etaient-ce des colonies de peuplement ou
    > juste des domaines agricoles, comme les Romains précédemment ?
    > Surtout, quelle langue parlaient ces Goths ? Celle langue, à part le
    > vocabulaire ( Salle, borde, ... ) a-t'elle contribué à la formation du
    > gascon ? Je passerais sur les théories qui voient dans ces Visigoths
    > une des composantes des futurs cagots.
    >
    >
    >
    >
    >
    >
    >


    Guilhem Pépin
    St John's College
    University of Oxford
    Oxford, OX1 3JP
    UK

Un gran de sau ?

(connexion facultative)

  • [Se connecter]
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Dans la même rubrique :


 

Sommaire Noms & Lòcs