Vers une compréhension du peuplement de l’Europe occidentale Quid de la Gascogne ?

- Vincent P.

La discussion qui suit est quelque peu complexe mais je ne désespère pas de parvenir à faire un travail de vulgarisation. Pour cela, il faut maîtriser deux données :

 L’Europe a été peuplée, en gros, par trois vagues de peuplement : aux chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur, peintres de Lascaux, ont succédé les fermiers du Néolithique, en provenance d’Anatolie, et qui étaient génétiquement très distincts ; un métissage va s’opérer tout au long des siècles, pour se stabiliser, avant qu’à compter de la fin du Néolithique et surtout pendant l’âge du Bronze, n’afflue une nouvelle vague migratoire, en provenance de l’Est, depuis la steppe ukrainienne, qui de proche en proche, en se diluant, va modifier le paysage génétique européen (et vraisemblablement charrier les langues indo-européennes).

Ces vagues de peuplement peuvent se résumer sous la forme du graphique mis en évidence il y a quelques années par Haak (cliquez sur les photos pour les agrandir).

 Les Sardes contemporains sont génétiquement la population la plus proche du Néolithique, ils ont quasiment échappé aux migrations postérieures au premier peuplement de l’île par une population de fermiers (en réalité, une étude plus fine a pu montrer que cela était à gros traits, mais il convient de simplifier).

Les Basques sont, eux, sur le continent, la population la plus proche des métis entre fermiers et chasseurs-cueilleurs, avec cependant une touche d’apport de la steppe (ils sont toutefois en Europe ceux qui ont le moins été "touchés" par cette vague migratoire).

Une étude a très récemment montré que les Basques sont en réalité similaires aux Ibères de l’âge du Fer, qui étaient alors en Europe continentale, les moins affectés par les migrations de la steppe. Sur ce point, voir l’article suivant :

http://secher.bernard.free.fr/blog/index.php?post/2019/03/15/L-histoire-g%C3%A9nomique-de-la-p%C3%A9ninsule-Ib%C3%A9rique-durant-les-8000-derni%C3%A8res-ann%C3%A9es

Ces faits génétiques (quasi-identité entre les Sardes et les fermiers anatoliens, proximité génétique des Basques avec les populations d’avant les migrations steppiques d’Europe de l’Est) laissent supposer que l’ancienne langue d’Europe de l’Ouest était une langue de type basque, plus précisément une langue "sarde" (la toponymie de la Sardaigne montre des lieux-dits parfaitement explicables avec des racines basques actuelles).

Le basque ne serait donc que le dernier dialecte subsistant d’une plus large famille puisant ses racines dans la langue des premiers fermiers anatoliens.

Cette langue se sera mieux maintenue là où l’influence des migrations ultérieures, quantifiable génétiquement, aura été moindre : l’air de famille entre basque et ibère est désormais à nouveau reconnu, il reste maintenant à constater si le ligure ou certaines langues italiques n’auraient pas été apparentées, avant l’arrivée des langues indo-européennes.

***

Si la France est à la traîne en matière d’études génétiques, pour cause de névrose unitaire, l’apport des tests génétiques personnels a été de permettre de contourner les tabous français, et à raison, tant, même d’un point de vue plus philosophique, les résultats sont réjouissants, au sens où ils mettent en exergue une grande mixité. Nous sommes tous des métis, selon les époques.

Et il s’avère que les outils mis à la disposition des amateurs sont de plus en plus perfectionnés : aussi, il est désormais possible d’émuler le PCA de Haak, et de s’y placer personnellement, grâce à Vahaduo, et la possession de ses "coordonnées" Global25, tirées de l’étude de la donnée brute d’un test ADN personnel.

J’ai donc annoté le PCA et me suis placé sur le graphe : je correspond au point vert. Ma généalogie est simple, je descends de familles béarnaises, essentiellement concentrées en Vic-Bilh et Montanérès, sur les anciens évêchés de Lescar et Tarbes, dans les cités des Venarni et des Bigorri, peuplades aquitaniques, de probable langue proto-basque, romanisées et devenues "gasconnes".

La lecture du graphe est simple, sur deux axes :

 Sur l’axe horizontal, plus le point est vers la gauche, plus la mixité avec les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique est grande (une humanité disparue, noire de peau, aux yeux bleus) ; plus il est vers la droite, plus la mixité avec les migrations de Méditerranée orientale est importante.

 Sur l’axe vertical, plus le point est vers le haut, plus l’influence des migrations de la steppe fut importante (en lien avec les migrations indo-européennes) ; plus il est vers le bas, plus le substrat est celui des fermiers du Néolithique, de probable langue "sarde".

Ainsi, les Sardes se retrouvent quasi avec les fermiers du Néolithique, inchangés depuis plusieurs millénaires ; les Basques sont ensuite, sur le continent, les plus vers le bas, compte tenu de leur plus faible perméabilité aux migrations de la steppe, mais décalés vers la gauche car ayant été métissés auparavant avec des autochtones du Paléolithique.

Si l’on jette un œil sur ma position, je me trouve un peu au dessus des Basques, en dessous des autres Français, en position intermédiaire. Il convient de zoomer :

Les échantillons modernes proposent des individus labellisés "French_South" et "French_Occitania" : cela est bien dommage, car cela ne signifie évidemment rien. Après enquête, l’échantillon "French_South" semble correspondre à une étude sur des Béarnais, Landais et Bigourdans datant de 2013 : ce sont donc des Gascons.

https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0067835#pone.0067835.s003

Je ne suis pas parvenu, en revanche, à trouver d’où provient l’échantillon "French_Occitania" : il est tout de même malheureux que la loi NOTRe vienne compliquer les choses, même sur le terrain scientifique, le monde anglo-saxon collant évidemment à nos découpages administratifs misérables.

Le fait que l’échantillon se trouve éclaté en plusieurs morceaux, avec un noyau dur que j’ai relié en violet, et un autre qui se retrouve vers la droite, vers la Provence, montre qu’il s’agit selon toute vraisemblance d’un échantillon de la grande région.

Si l’on passe sur ce contretemps malheureux, les résultats sont assez limpides :

 Avec constance, les populations gasconnes semblent toutes un peu décalées vers le haut par rapport aux populations basques : cela dénote une plus grande perméabilité aux migrations en provenance de la steppe. Elles sont cependant, également avec constance, les plus proches des Basques.

 L’on sait, via l’étude de l’an dernier sur l’Ibérie que la différenciation entre les Basques et les autres Espagnols s’est faite à l’époque historique : en gros, les Espagnols sont "décalés" vers la droite, en fonction de l’apport migratoire de la Méditerranée orientale (afflux continu, depuis Rome jusqu’à Al Andalus), depuis "seulement" les 2000 dernières années. Il est important de bien considérer que les populations modernes qui habitent d’anciennes terres ibères (je pense aux Catalans par exemple) ont donc quelque peu "dévié" de leurs ancêtres, par métissage.

Pour ma part, "Moi", le point vert, je me trouve au milieu de populations anciennes de l’Ibérie de l’âge du Fer, autrement dit, les populations gasconnes sont à peu de choses près identiques aux Ibères de cette époque, ce qui corrobore les propos de Strabon ou César.

Le même graphe que plus haut, avec à la place des populations modernes, les populations anciennes, est illustratif :

 On remarque que les Auvergnats sont parmi les Français les plus proches des Gascons, en l’état de l’échantillonnage à disposition (on ne sait rien des gens de l’espace entre Garonne et Loire et l’échantillon "Occitania" doit comporter des Rouergats et autres). Ce n’est rien de surprenant, la différence majeure entre l’ancienne Ibérie, dont la Vasconie, et l’Auvergne tient à une influence supplémentaire de la steppe, suffisante, a priori, pour celtiser linguistiquement le pays d’Auvergne.

À titre parfaitement anecdotique, il n’est pas inintéressant de remarquer que les races de vaches, par exemple, du Massif Central, sont de même souche que les races du bassin aquitain. L’on sait que les animaux suivent les hommes.

In fine, l’on touche probablement au phénomène que j’ai appelé plaisamment de la "France jaune", mis en évidence cette année dans le cadre d’une étude quelque peu lacunaire :

http://secher.bernard.free.fr/blog/index.php?post/2019/07/24/L-histoire-g%C3%A9n%C3%A9tique-de-la-France

Cette "France jaune", pour la couleur des camemberts, est en gros le sud de la France, incluant le Poitou et le Berry. Elle est cette France moins touchée par l’influence steppique, la question étant de savoir si celle-ci était déjà en place au Nord de la Loire du temps des tribus de langue celte (dite gauloise) ou bien si elle est le produit d’une migration ultérieure, lors des invasions germaniques (c’est mon hypothèse pour ma part).

À noter que quelques échantillons "French_Occitania" et la Provence tirent clairement vers la droite, ce qui dénote leur porosité au monde de la Méditerranée orientale : sans trop de difficultés, il est possible d’imaginer que les individus "occitans" de "French_Occitania" qui sont décalés de la sorte sont originaires de la côte languedocienne.

 Les points espagnols sont évidemment intéressants, mais trop peu nombreux selon les régions : le point de La Rioja est particulièrement étrange, il suppose un apport des chasseurs-cueilleurs beaucoup plus faible que chez les Basques voisins (une "sardité" plus forte), également un apport plus faible que chez tous les voisins non-basques de la steppe, mais une vraie porosité à rebours à la Méditerranée orientale, ce qui doit refléter pas mal l’histoire de la vallée de l’Èbre. À noter que des points navarrais se trouvent aussi dans ces parages. L’échantillonnage est probablement trop faible néanmoins.

En revanche, avec plus de netteté, la Cantabrie semble, en moyenne, la plus proche des points "French_South", ce qui va dans le sens des témoignages antiques de solidarité entre Aquitains (les ancêtres des Gascons) et les Cantabres, alors même que ces derniers étaient indo-européanisés, au contraire des Aquitains en règle générale.

***

Alors, qui sont les Gascons, au final ? A priori, comme des Ibères de l’âge du Fer au nord des Pyrénées (pour ma part, je suis presque identique à un Ibère d’Empuries), à savoir des Basques un poil plus ouverts aux influences nouvelles de l’époque. Il serait intéressant que de l’ADN ancien soit extrait dans notre zone.

Lorsque les influences furent plus fortes, l’on peut supposer alors la celtisation plus complète : ce fut le sort du Massif Central, selon toute vraisemblance, probablement aussi celui des Celtibères.

Ce qui est certain, dans tous les cas, c’est que la variation à chaque époque fut importante : c’est le féodalisme qui semble avoir comme "congelé" les populations dans un état donné, avant que les progrès des transports à partir du XIXème siècle n’induisent à nouveau de grandes migrations, d’abord européennes, désormais mondiales en réalité.

Reste qu’il est indéniable qu’a priori, les populations du triangle Garonne-Pyrénées-Atlantique pouvaient arguer d’une relative continuité depuis au moins 800 avant J.C.

Voir en ligne : Vahaduo : Global 25 Views

Grans de sau

  • Adishatz Vincent, merci pour cette étude très complete.

    Les trois vagues de peuplement dont vous parlez peuvent être résumées grossièrement ainsi :
    _Cro Magnon paléo -25000 (Aurignacien -35000)
    _Fermiers du Levant -7000
    _Cavaliers steppes Yamna, problablement du type Hitittes (à l’origine de la vague indo europeenne s’imposant sur les substrats locaux par une dominiation éco militaire ? ) -4000

    Ou placez vous les chasseur cueilleurs du Caucase, correspondant aux squellettes du Dzudzuana ? Peuvent ils être considérés comme une quatrieme vague, ou considérés en tant que séparation précoce d’une vague citée ci dessus ?

    Dans la suite de ses recherches :

    "L’intégralité des lignées masculines ibériques (déjà métissées entre Chasseur cueilleurs et fermiers) ont été remplacées, par des lignées provenant des steppes de la mer Caspienne, entre 2500 et 2000, ce qui accréditerait l’idée d’un métissage secondaire des populations iberes avec une population de steppes correspondant à Dzudzuena conséquemment (et non pas une petite influence Yamna, moindre que les autres Européens), détaché précocement du foyer Indo Européen, et corroborerait la thèse de Venneman et Etchemendy "

    Qu’en pensez vous ?

  • Sur la "France jaune" :
    Je comprends que la question est de savoir si la différence génétique sud-nord en France vient (premier cas) d’une celtisation plus forte dans la partie nord, ou (second cas) d’une germanisation ultérieure plus forte dans cette même partie. Ou même les deux ?
    Peut-on faire un lien direct avec la différence oc/oïl ? Le latin, sur des substrats différents, aurait produit des langues différentes ; ça vaut dans le premier cas :
    La partie sud n’aurait pas été celtisée linguistiquement, ou moins, et serait passée au latin à partir d’un substrat non celtique (comme le substrat gascon, mais pas forcément le même). Mais il me semble qu’on considère que le sud, sauf Gascogne, parlait aussi "gaulois".

    Dans le second cas, le sud (sauf la Gascogne) aurait été aussi celtisé que le nord, l’arrivée du latin y aurait donc trouvé un substrat semblable à celui du nord ; seules les invasions germaniques auraient pu alors, en même temps qu’elles accroissaient la proportion de l’apport génétique steppique, créer la différence oc/oïl...

  • Intéressant mais difficile à comprendre !

    Comment fonctionne Vahaduo : Global 25 Views ? et avec quelles données génétiques ?

    J-Cristian

  • 2. Par rapport à ces questions de substrat, je ne saurais dire pour tout le domaine d’òc mais je vais quand même m’avancer, de façon tout à fait intuitive et aucunement scientifique en disant que le languedocien ibérique (celui que Pierre Bec avait mis avec le gascon et le catalan dans la même classification supra-dialectale) a un substrat "ibère" qui aurait subi une influence celtique d’intensité moindre qu’à certains endroits, à l’image du castillan qui - né quelque part entre terres celtes et protobasques - aurait un substrat protobasque sur lequel il y aurait eu d’autres interférences (celtibères ?).

    Il ne faut pas oublier que la Gascogne même a eu auparavant dans son espace linguistique la présence de celtes, comme à Burdigala par exemple, et que le gascon n’y est pas tout à fait pareil qu’à Aragnouet.

    Mais bien évidemment, le substrat n’explique pas tout, surtout au bout de presque deux millénaires de processus linguistiques.

  • Selon de récentes découvertes, les Pré-Indo-Européens tardifs qu’étaient les cavaliers nomades Yamnas étaient issus d’un mélange de chasseurs-cueilleurs d’Europe orientale et d’une population dite de Malt’a aux abord du lac Baïkal qui aurait contribué à la fois au pool génétique des Européens et à celui des Amérindiens d’Amérique du Nord.
    Toutes ces passionnantes études génétiques corroborent ce que dicte le simple bon sens, à savoir que nous sommes tous métissés et qu’à l’avenir nos descendants seront archi-métissés. Ce qui n’interdit pas que l’espèce humaine puisse être divisée et subdivisée en "populations", en "groupes biogéographiques" qui, bien qu’ensembles flous ont quand même une certaine consistance. Toutes ces variantes sémantiques remplacent désormais, du moins en France, le concept de "race" devenu un ignoble gros mot plus par idéologie et conviction philosophique que par réalisme scientifique. Car, ne nous illusionnons pas, une "population" au sens génétique du terme n’est pas plus objectivement définissable sur le terrain qu’une "race" au sens strictement biologique, hormis bien sur les variétés d’animaux domestiques dont la sélection est orientée par la main de l’homme et pour lesquelles le mot "race" est toujours utilisé de manière indiscutable. Précisons en passant qu’en anglais il n’est pas question de "race" dans ce cas mais de "breed" ("lignée d’élevage" traduite abusivement en français par "race").
    N’oublions pas qu’en génétique la "population" est un modèle idéal, un outil de travail qui n’existe pas dans la nature en tant que tel. La nature n’est pas composée de tiroirs étanches ni d’ensembles découpés à l’emporte-pièce. Seul l’esprit humain se prête à de telles dichotomies par commodité.

  • 2.
    Le Sud Est de la France parlait Ligure, probablement un proto celte, bien que les Romains les dissociaient nettement des Gaulois.

    Le Ligure ancien, du moins ce qu’on en connait, a aussi un substrat non indo-européen, comme en témoigne une partie de son etymologie.

    Le provençal a donc un substrat proto-celte, qui a un substrat non indo européen... et ainsi de suite.

    Il serait interessant de savoir ce qui relève dans la langue basque d’un substrat, puisque celle ci éclaire la toponymie gasconne, mais nous ne pouvons connaitre ni le protoibere, ni les substrats de celui ci.

    Pourtant, dans ce vocabulaire épars que l’on reconstitue et nommons Aquitain ou Ibère, certains mots doivent bien être antérieurs à d’autres, et provenir de langues aujourd’hui oubliées. Ces dernières forment les substrats, avant la fixation de ces langues, qui nous arrive par bribes.

    La décision de fixer un substrat est finalement temporellement arbitraire.

  • Je vais dire une lapalissade, mais plus il y a de substrats, moins les substrats antérieurs sont susceptibles d’êtres observés car ils sont tels des couches qui se recouvrent les unes sur les autres.

    6. Je n’ai pas compris votre phrase sur le fait de "fixer un substrat". Personne ne "fixe de susbtrat", certains sont plus observables que d’autres car recouverts par moins de couches ultérieures.

  • 6. Et pour répondre à la question du substrat - s’il existe bien évidemment ! - du protobasque et de l’ibère, peut être que certains indices sont à observer en Sardaigne. (Travaux d’Eduardo Blasco Ferrer).

    https://journals.openedition.org/la...

  • 7.
    La formulation n’était pas heureuse j’en conviens, je voulais dire : Dans le contexte lacunaire de nos connaissances des langues néolithiques ou paléolithiques supérieures, la nomination d’un substrat comporte une part d’arbitraire (ou plutôt qu’arbitraire, de relatif) puisque s’agissant de couches superposées, il est impossible de déterminer ce qui , dans chacun d’elle, provient d’un substrat antérieure ou pas.

    La Sardaigne, pour reprendre votre exemple et les travaux de Ferrer, a été peuplée, à priori, par trois familles linguistiques distinctes dont l’une est Ibérique, l’autre Iliense (directement issue des fermiers néolithiques, mais souvent liés aux Lybiens donc chamito-sémitiques) et enfin Indo-européen (Ligure et Illyrien). Tout ceci avant d’être un foyer ancien des langues italiques, de longue continuité.

    Le travail d’Areddu, comme celui de Ferrer concernant le Basque et son supposé substrat ibère, a relevé les similitudes du Sarde ou paléo sarde avec l’Albanais, et son supposé substrat illyrien.

    Les hypothèses sur le paléo sarde sont donc des plus variées. D’ailleurs, avec une telle variété linguistique, comment cette île peut elle constituer un isolat génétique, à moins d’un evenement démographique d’ampleur ?

  • 9. "D’ailleurs, avec une telle variété linguistique, comment cette île peut elle constituer un isolat génétique, à moins d’un evenement démographique d’ampleur ?"

    Sans aller aussi loin, la proximité génétique entre basques et gascons exposée par Vincent (surtout dans les Landes et en Béarn, ce qui est logique) n’a pas empêché les aquitains de passer d’une langue euskarienne à une langue romane (le gascon) puis enfin à une autre langue romane moins méridionale, d’oïl cette fois (le français), et tout ça sans grand "événement démographique majeur" puisque, je le répète, les gascons sont proches des basques sur les coordonnées génétiques alors que les basques ... parlent basque.

  • Oui, mais ni l’un ni l’autre ne constituent des isolats génétiques, contrairement aux Sardes... Ce que montre les graphiques de Vincent. Donc, il me semble que sans forcément parler d’événement démographique, la question reste entière.

    ("les basques parlent basques", grossomodo 20% de locuteurs complets (estimation généreuse, si l’on prend en compte les usages savants de la langue) et 99,9% de "bilinguisme" avec une langue latine, qui est plutôt une situation de dyglossie.

    L’académicien et linguiste Pierre Lafitte,a estimé à 80% le nombre de mots latins, soit un superstrat considérable, avant la création du Batua et de ses néologismes qui l’ont fait descendre à 65%.)

  • Oui, vous avez raison Joseph, les basques parlent de moins en moins basque. Ils finiront comme les français des Pyrénées Atlantiques qui ont un substrat béarnais. ;-)

  • Bien vu Bruno !

    Pour la Sardaigne, je rajouterais que la cohabitation de trois ensembles linguistiques distincts sur un espace si réduit, et la particularité génétique si marquée (fermiers néolithiques ), rend la situation bien différente de l’ensemble ibérique.

    Enfin, votre exemple des la propagation des langues d’oil en Gascogne renvoie justement à un évènement démographique qui est la migration des Français, et d’autres nationalités, dans le "Sud Ouest"en cours depuis un siècle.

    En ce qui concerne basque et béarnais, ces deux langues ne disparaitront pas completement, mais seront cantonnées à un usage marginalisé (au sein de milieux universitaires, et quelques usages populaires)
    Ceci étant, le basque, notament par l’interet qu’il suscite internationalement et auprès des linguistes, est dans une situation moins critique et aura problablement un usage moins confiné, bien que dyglossique.
    Toutefois, si l’on peut considérer le Batua, ce mélange de latin et de néologismes sur fond syntaxique reconstitué à partir de lambeaux, qu’Unanmuno comparait à de la taxidermie, comme une langue basque à proprement parlé.


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