Le Bearn, coeur de Gascogne ?

- joseph

Adishatz !

Alors le sujet de mon premier fil serait, un peu direct dans l’espoir de susciter le débat :

"Comment définir le Béarn dans l’espace gascon, ou vascon, aujourd’hui ?

Idées de définition sur lesquelles rebondir :

D’abord en tant que principauté souveraine, seul territoire de Gascogne aux frontières stabilisées au cours des siècles (excepté la zone d’Arzacq ajoutée tardivement) et réellement représenté aujourd’hui par un drapeau ancestral, les fameuses vaquetas, quand les autres gascons s’en cherchent toujours un.

Une variante du gascon autrefois utilisée juridiquement et promue langue d’état, en Béarn, mais aussi en Soule et en Navarre, que les Béarnais nomment à 53% béarnais, 30% occitan et seulement 1% gascon, selon une enquête du conseil général (à vérifier).
Néanmoins, il est certain que l’utilisation de ce vocable reste minoritaire ici, surtout chez les anciens, malgré la conscience de n’être pas bien "différent" des Landais et consors. Les associations de diaspora béarnaise à Paris se nomment béarnaise et non gasconne, ainsi qu’en Uruguay.

En terme de Vasconisme, le Béarn est la seule entité gasconne à cohabiter au sein d’une entité commune avec le Pays basque, le département des Pyrénées atlantiques, dont nul n’avait voulu à sa création 1789.

Le Béarnais, dont Despal prévoyait à l’aube des années 80, l’imminente disparition causée par l’afflux de population du à l’exploitation du site de Lacq, s’enseigne finalement davantage depuis les années 90, bien que le déclin soit indéniable, mais moindre qu’ailleurs en Gascogne. Aujourd’hui, cet afflux s’est décalé sur la côte, présentant des risques similaires.
Comme l’on affirmé certains, le Bearn s’est enlaidi d’usines et de villes nouvelles, sujet à la monoculture du mais, en certains endroits, mais remarquablement statique et conservé en d’autres, un peu austère, mais puissant et verdoyant..

Historiquement, territoire de Jeanne d’Albret, qui a par ailleurs ordonné la première traduction des évangiles en basque ; mais aussi du célèbre Simin Palay, tourné vers l’occitanisme ; seul état protestant d’Europe du Sud, jusqu’au XVII, parsemé de petite républiques indépendantes montagnardes, le Béarn a donné Henri IV à la France.
Ce Béarn, que le grand Fébus, qui ne sentait ni occitan ni vascon, ne disait tenir que de Dieu quand il cédait le reste du pays aux Anglais, est un territoire à part en Gascogne, marqué par une histoire propre, et un nationalisme éteint au XIX.

Réputé modéré, et courtois, la fierté identitaire du béarnais s’exprime avec davantage de pudeur que celle de ses voisins. Toutefois, nous partagions les libertés politiques forales et le droit d’ainesse qui constituent des éléments vascons par excellence.
C’est aussi là que les cagots ont été traités le plus durement ; et pratiquée l’aussaude, sans nulle trace ailleurs.

En considérant ces éléments, qu’est ce que le Béarn aujourd’hui en Gascogne, et la Gascogne en Béarn ?"

Grans de sau

  • Adichat,

    Pour compléter la publication de Joseph et pour ceux qui veulent connaitre les résultats et l’analyse de la dernière enquête sociolinguistique de 2018 sur la perception de la langue béarnaise/gasconne/occitane, voici le lien des réalisateurs.

    https://ubic.u-bordeaux.fr/Realisations/Accompagnement-d-acteurs-culturels/Open-Lab-Iniciativa-2-avec-le-Departement-des-Pyrenees-Atlantiques-i5089.html

    Le Département s’apprête à voter vendredi prochain le nouveau schéma linguistique qui devrait s’inspirer des recommandations du rapport d’étude ??? A voir ! En tout cas aucun document de l’enquête n’est disponible sur le site du Conseil départemental 64, aucune information, étonnant non ?

    Boune lecture !

    Amistats !

    ps : c’est bienb 53% des sondés qui nomment BEARNAIS la langue régionale ! Avant qu’on leur fasse avaler le terme occitan à 73% !

  • Béarnais moi-même, je suis d’accord avec bien peu des constats de cet article. Mais les deux points principaux de désaccord sont les suivants :

     Je ne pense pas que le Béarn aille de soi.

    C’est assez clairement un espace qui n’est pas un bassin de vie, je le dis d’autant plus aisément qu’étant originaire du Vic-Bilh, il est net que mes ancêtres étaient plus attirés vers Vic-Bigorre, Maubourguet, voire Tarbes, qu’Oloron ou Orthez.

    C’est évidemment le lot de chaque petit pays que d’avoir un centre et des marges périphériques qui font transition, et le Béarn possède la chance d’une ville, Pau, relativement centrale, qui est une référence (également pour les Souletins) ; il n’en reste pas moins que le constat reste celui d’un espace historique dont l’évidence administrative n’est pas claire, et les élus ont eu du mal à accepter le Pays de Béarn (je mets en exergue le fait que la comcom de Nay comprend des communes bigourdanes, et qu’une partie du Vic-Bilh et le Montanérès sont, tout naturellement, avec la Bigorre et la Rivière-Basse de la vallée de l’Adour), tout simplement car ils ne voyaient pas l’intérêt d’un tel territoire d’action.

    D’ailleurs, ce constat est bien ancien : le Béarn, c’est un territoire historique sur 4 évêchés (Lescar, Oloron, Dax et Tarbes), un territoire partagé entre les grandes macro-divisions du gascon (voyelle féminine atone, article pyrénéen, ...), un territoire qui ne possède aucune différenciation nette, ni par les paysages, ni par l’architecture, ... Le Béarn, a priori, c’était surtout un droit, un sentiment de différence juridique, évanoui depuis 1789 (et il se trouva peu de gens pour défendre ce droit).

    Moi, je le dis, sans esprit de provocation, le Béarn, dans ma petite enfance de la fin du XXème siècle, passée au milieu des paysans autochtones, fins locuteurs de gascon, dans l’une des anciennes capitales du Béarn, à savoir Morlaàs, cela n’existait pas. C’était tout au plus un sujet d’érudition locale.

    Aussi, je suis toujours surpris quand certains vont piocher dans un passé désormais lointain les sources d’une supposée béarnitude : tout ceci n’existait plus dans le dernier état de vitalité identitaire non-française des "Béarnais". Ils étaient béarnais, par inertie du temps, mais surtout, disons la vérité, parce qu’au sein du département, il y avait des Basques.

    Et si l’occitanisme orthézien, dans sa première mouture, n’avait pas insisté sur les termes béarnais et Béarn (c’est eux le "carnaval biarnés"), les Béarnais auraient été comme les autres méridionaux de France, à s’appeler d’un nom de département, à ne pas trop savoir qui ils sont. Il n’y a pas de résistance béarnaise plus forte qu’ailleurs, sauf il y a encore 20 ans quelques "parçans" plus conservateurs, tandis que la vallée du Gave, elle, entre Orthez et Nay le cœur du Béarn, entrait dans l’ère industrielle, avec du retard.

  •  Je ne pense pas que le Béarn soit mieux préservé qu’ailleurs, le contraire même.

    Chaque fois que je reviens en Béarn, autour de Pau, je trouve là l’un des pôles majeurs d’enlaidissement et d’acculturation du grand Sud-Ouest. Mes chers amis béarnais, regardez ce que vous avez fait de votre pays, vous l’avez salopé. À Bordeaux, l’on me parle avec commisération chaque fois que je dis être originaire de Pau. "C’est quand même pas très beau, Pau". Quelle inversion dingue, par rapport à il y a 100 ans.

    Le Béarn est littéralement devenu un lotissement géant à 40km à la ronde autour de Pau. Ce n’est pas même le problème du bassin de Lacq, qui possède son génie industriel, non, c’est tout autre chose, c’est la banalisation pavillonnaire, c’est la Gilet-Jaunie.

    Alors, il reste la montagne : allez tous faire un tour en vallée d’Aspe, si vous voulez déprimer, et faire le constat d’une montagne vidée de ses gens. Heureusement, il suffit de prendre le tunnel du Somport, pour voir ce qu’est une vraie ville de montagne, Jaca, dynamique, vibrante et sympathique.

    Il faut que les Béarnais, s’ils existent encore, prennent conscience que la fierté identitaire un peu vaine qui leur est souvent attribuée par leurs voisins, ne repose sur aucun atout objectif, à tout le moins mis en valeur. Nous avons cédé au pire des travers français : étalement urbain, artificialisation des sols, monoculture intensive, irrespect des formes architecturales vernaculaires, ...

    Je comprends parfaitement les Basques qui veulent sortir du département qu’ils partagent avec nous ! Je reste très marqué par la réflexion d’une amie basquaise, quand elle me parla du Béarn : "quand on arrive en Béarn, on a l’impression que tout est en bordel, que rien n’est entretenu". Et bien elle avait mille fois raison : nous avons bousillé le Béarn, sur tous les points cruciaux qui font l’identité, aussi bien dans ses paysages que sa cohérence identitaire, parfaitement floue désormais (occitan ? béarnais ?).

    Moi Béarnais, je n’aime pas ce que le Béarn est devenu. Et je ne lui trouve aucun des ressorts identitaires susceptibles de servir de modèle pour une renaissance plus largement gasconne. Nous nous sommes banalisés, au dernier degré, et ceux qui ne veulent pas le voir se refusent à voir ce qu’est le XXIème siècle.

  • Intéressant point de vue, Vincent P, que je ne partage absolument pas.
    Je lis dans votre analyse une suite de traits compilés avec négativité dans la plus grande confusion.

    Affirmer que le Béarn n’existe pas à Morlaas, qui plus est en milieux ruraux, me parait relever d’un souvenir bien subjectif et en aucun cas généralisable.

    En ce qui concerne le témoignage succin de votre amie, de la même maniere, je pourrais citer des opinions entendues ici et là. L’entretien d’un paysage-carte postal n’est pas un vecteur unique d’identité, il faut regarder derrière l’image.

    Les lotissements existent partout, les monocultures, le surpaturage, l’industrie ; et en particulier dans ce pays basque, dont vous développez une vision fantasmée dans nombre de vos propos. Je lis une faiblesse de lecture entre les problématiques d’identité et celles du développement économique moderne.

    L’artificialisation des sols, l’étalement urbain, la monoculture intensive épargnent une grande partie du Béarn, mais bien peu de Biscaye, Navarre ou autres Padanie ou Catalogne. Ce ne sont en aucun cas des "travers français" comme vous l’affirmez.

    Enfin, remettre en question l’existence historique du Béarn, cela ne relève plus de l’opinion sur un état des lieux contrasté, mais simplement du déni.

    Les vallées d’Aspe, d’Ossau, et de Baretous, se sont en effet "vidées" comme beaucoup d’aires montagneuses, mais il y existe des dynamiques extremement interessantes que vous semblez ne pas vouloir voir ou qui vous échappent ; et encore une fois, le fait qu’elle vous "déprime" renvoie, à mon sens, à trop de subjectivité et d’émotivité pour batir une analyse constructive.

    J’estime que vous éxagérez les défauts, et dévaluez votre territoire. A quoi revez vous donc, pour s’octroyer le droit de considérer positivement un territoire ?
    Une homogénéité architecturale absolue, une autodéfinition culturelle stricte, des frontières historiques hermétiques, des cultures vivrieres, et la dynamique démographique d’une métropole ? Ce genre de pays n’existe tout simplement pas, son évocation ne sert qu’à marteler,par un contraste imaginaire, son désaroi.

    Vous ne revenez sur aucun point constructif évoqué, pour buter sur deux éléments, vous égarer dans l’histoire pour chercher à nier des évidences, et vous figer sur des images, des contenants, en pointant avec excès la laideur paysagère. Suffirait il de repeindre ses charpentes pour exister ? De crier sur les toits ?

    Nombre de points évoqués (les droits foraux, les personnalités historiques, la persistance des vaquetas, les sociétés de diaspora, les dynamiques linguistiques, les spécificités des territoires ruraux montagneux, les particularismes culturels subsistant, les actions politiques communes à toutes les parties du Bearn..) semblent ne point vous intéresser, pas plus que la position centrale dans un espace vasconique.

    Certes, le Béarn n’est pas en tout point chargé de particularismes, (mais il en existe, et il n’est pas nécessaire de les inventer, comme certains sont amenés à le faire ailleurs), n’est plus ce qu’il a été dans l’Histoire, s’est francisé et modernisé. De là à parler d’une "banalisation au dernier degré", c’est exagéré.

    Ou se trouvent donc selon votre analyse si radicale les ressorts identitaires pour une rennaissance gasconne ?

  • Si vous trouvez quelque chose relevant de la dimension identitaire locale au phénomène de l’industrialisation béarnaise (de Turboméca à Total), grand bien vous fasse, j’y vois pour ma part l’élément-clé pour comprendre au contraire l’évaporation très rapide du sentiment de pays en Béarn.

    Pour le reste, je ne dévalue pas les atouts du Béarn, c’est un coin de France qui a des qualités, et de vraies choses à offrir (notamment son industrie, qui permet un chômage moindre, industrie certes exogène, et par son personnel, et par ses classes dirigeantes).

    Je dis, assez simplement, et sans qu’il soit véritablement possible de me contredire, que lesdits atouts ne sont pas ceux qui permettront la mise en place d’une contre-culture dans l’air du temps, ainsi que les Basques y procèdent depuis quelques décennies, avec succès (je regarde notamment, oui, avec envie, l’évolution du monde paysan dans le Pays Basque intérieur qui s’est fait contre les Béarnais et Euralis).

    Vous listez ensuite quelques totems qui font votre enthousiasme, permettez-moi de douter pour chacun d’eux :

     les droits foraux : ils n’existent plus depuis 1789, nous vivons sous l’emprise du code civil (qui a bien fait du mal en pays de transmission par droit d’aînesse) depuis plus de deux siècles, je ne vois pas même le lien qu’ils entretiennent avec le Béarn contemporain, c’est une lubie d’universitaire (là où en Espagne, ils signifient quelque chose, évidemment) ;

     les personnalités historiques : le Béarn en possède deux, Henri IV, grand noble français sans attache généalogique en Béarn, qui est souvent la passerelle idéologique vers le jacobinisme français et le roman national, et Bernadotte, qui illustre qu’il faut quitter le Béarn pour réussir ;

     la persistance des vaquetas : quel pourcentage de présence au fronton des mairies ? Et le renouveau de cet emblème, nous le devons à l’occitanisme des années 70, avant sa mutation des années 90 en pan-occitanisme, le tout sous pression des Basques qui ont commencé à démanteler le département ;

     les sociétés de diaspora : nous avons tous des cousins à Buenos Aires, so what ? Cela fait bien longtemps que le lien est rompu, et ces diasporas n’ont rien à nous dire d’eux-mêmes. S’il y a des liens à chercher, c’est avec les voisins immédiats, notamment les Aragonais (mais eux-mêmes ne sont pas en grande forme identitaire) ;

     les dynamiques linguistiques : c’est à peine si l’on entend encore l’accent du Sud-Ouest en français à Pau ;

  •  les spécificités des territoires ruraux montagneux : la spécificité de la montagne béarnaise, c’est son échec comme lieu de vie au regard même du massif français, sans oublier des erreurs d’aménagement regrettables comme Gourette (l’on se rend compte que ces stations en altitude furent une erreur qui ont dévitalisé l’économie touristique hivernale en bas de vallée : cf le cas bigourdan de Luz-Ardiden) ; l’on ne se souvient que de la grève de la faim de Jean Lassalle pour réclamer plus de présence de l’État (une gendarmerie à Urdos) et plus de politique industrielle (le maintien irrationnel de Toyal), bref, tout attendre du pouvoir central, vraie aliénation ;

     les particularismes culturels subsistant : lesquels ? Connaissez-vous le Béarn ? À part le sport palois (et encore, il y a quoi de béarnais à la Section Paloise ou l’Élan ?), il ne reste plus grand chose, dans un contexte français ;

    Enfin, pour ce qui est de votre reproche sur mon négationnisme quant au fait que le Béarn a existé, je reste seulement marqué par la division qui me semble lumineuse d’Anne Zink, entre "pays vécu" et "pays officiel" : le Béarn fut un pays officiel, l’un des nombreux pays officiels de la géographie médiévale et post-médiévale (en compétition avec d’autres "pays", dont l’évêché), mais je doute tout à fait de son caractère de "pays vécu", surtout après 1789 et la fin du droit béarnais. À tout le moins, c’est mon expérience de "Biarnés cap é tout".

    Les Béarnais de la seconde partie du XXème siècle sont des Français du Sud-Ouest que les Basques ont contraint à la définition. L’évidence béarnaise était si faible, et je le regrette, qu’il fut facile d’imposer l’attirail graphique occitan, en même pas une génération, c’est dire.

  • Le non -béarnais que je suis (malgré quelques ancêtres un peu loin maintenant de ce côté-là…) a bien envie de s’immiscer dans ce débat entre deux Béarnais. Allez,je me lance !
    A la vérité, je n’ai pu m’empêcher de penser que les deux intervenants avaient tous deux raison …l’un avec sa perception somme toute positive et optimiste et l’autre avec sa lucidité pessimiste qu’on peut trouver du coup négative (avec toute l’amitié que je lui porte).
    De cette rencontre entre ces deux pôles positif et négatif, je me prends à espérer un choc électrique salutaire pour les Béarnais : s’ils prêtent à cet échange l’attention qu’il mérite, ils devraient y trouver l’occasion de répercuter une onde de choc, faite de réveilet de libération d’une créativité éclairée par les leçons de l’histoire… Rêvons donc !
    Mais réfléchissons aussi :
    Difficile de dire que le Béarn n’a pas de substance architecturale propre : il me semble que d’où qu’on y entre, on ne peut qu’être frappé par ces toits d’ardoise, ces toits quasiment à la Mansart, ces cours de fermes barrées de hauts murs. Peut-être voit-on cela aussi en Soule ou en Bigorre occidentale, je n’en suis plus très sûr mais venant du nord ou de l’ouest , pas de doute : on arrive en Béarn ! Maintenant, ce qu’ont fait de cet héritage les bâtisseurs des 50 ou 100 dernières années, c’est autre chose.
    Le Pau d’aujourd’hui n’est plus celui qui juxtaposait la vielle ville et les villas anglaises des années 1900 et les lotisssements provençalo-californiens s’étalent partout dans les campagnes …comme partout en Europe, semble penser Joseph ? Pas sûr : outre nos voisins basques (pardon de céder à mon tour à cette obsession comparative de ce côté mais à moins de regarder volontairement ailleurs, on ne peut que constater…), dans l’Allemagne industrielle par exemple, pourtant aussi située dans un Etat soumis à la PAC destructrice d’emplois et de terres agricoles tout autant que la France, il me semble que l’on constate toute autre chose mais je ne voyage plus assez en Europe pour être formel.
    En tous cas, nos deux débatteurs antagonistes seront sans doute d’accord pour espérer un réveil né d’une fierté architecturale béarnaise retrouvée.
    Architecturale seulement, cette fierté ? A l’aube de la Révolution, elle semblait certes limitée aux élites, celles qui avaient vraiment accès aux Etats et au Parlement de Navarre ; tout montre l’indifférence du peuple béarnais à la suppression des privilèges de l’ancienne Vicomté souveraine, c’est vrai. Ce que dit Vincent de cette indifférence maintenue jusqu’au XXè siècle, au moins dans la majorité de la population, me parait très vraisemblable et pourtant… mon enfance a été bercée par l’énorme fierté explicitement béarnaise de ma grand ‘mère de cœur, née vers la fin du XIXè siècle dans une famille paysanne de Josse (alors paradis perdu pour elle, peut-être idéalisé).

  • Il y avait donc des nuances, des différences dans tout cela, difficiles à apprécier maintenant. Ce qui me parait clair est qu’on ne peut parler de nationalisme béarnais perdu au XIXè siècle : le nationalisme fut une invention de la Révolution française, vite étendu comme une trainée de poudre à toute l’Europe dans le courant du XIXè siècle avant de gagner le reste du monde.
    Avant cela, chez nous, des loyautés, des sentiments d’appartenance, de l’attachement à des privilèges qui ne supposaient aucune connotation péjorative mais pas de nationalisme. Les seuls nationalismes que les Béarnais ont pu connaitre depuis deux cents ans auront été le français et timidement, dans les années 1970/80, l’ »occitan » …
    Plus près de nous, le rôle de transformation culturelle et sociale de l’arrivée des « pétroliers » à Lacq pourrait par contre toujours être utilement à creuser : période charnière du milieu du XXè siècle dont un des Béarnais présents à Samatan me disait le mois dernier son caractère traumatique, révélateur des faiblesses et des contradictions de la population béarnaise qui, du coup, n’en eut que des retombées économiques indirectes via la redistribution fiscale et les investissements publics mais rien ou si peu du côté privé, sinon une déperdition culturelle accélérée et un « petit remplacement » de population à l’échelle du Béarn du nord-ouest.

    Alors cette fierté à retrouver ? Bien sûr, elle me parait à concilier avec une redécouverte de la gasconité du Béarn et des Béarnais dont Guilhem Pépin a montré ailleurs les sources médiévales. Du reste, si l’on en croit l’historien souletin Jaurgain, le premier Centulle, vicomte de Béarn n’était-il pas un fils cadet d’un des ducs de Gascogne d’autour de l’an mil ?
    Et elle pourrait s’appuyer sur la re-création d’une entité politico-administrative qui pointe son nez dans le Pays de Béarn qui vient juste de se réunifier, façon de reprendre l’histoire là où on l’avait laissée. Mais sans oublier l’impérieuse nécessité de coopérer avec les voisins si proches que sont Basques, Bigourdans et au nord, les discrets Landais partageant la parenté vasconne pour les uns, gasconnes pour les autres.

  • 7.Lire au début "un peu loin mainenant...".

    [J’ai corrigé avec le crayon magique.
    Tederic M.]

  • Votre réthorique anti béarniste est une coquille vide de sens, et plein d’aigreur.

     pas de "pays vécu" en Béarn ? Analyse peu inspirée.

     l’agriculture d’Ipparralde qui vous fait rever : Saint Palais, Lurberri, l’explosion de l’immobilier, la création d’une agriculture tertiarisée à vocation touristique, le surpaturage et les défrichements, et "tout ça serait contre les Béarnais" ? Aucune réussite en Béarn selon vous, et un succès couronnée dans l’Ouest du département ! Quelle vision binaire ! Vous confondez l’identité et la modernité, et les mettez en opposition aux dépens d’une lecture d’ensemble.

     Diaspora, vous ne faites qu’exprimer votre ignorance sur le sujet, vous méconnaissez l’influence des associations béarnaises parisiennes et autres en Béarn.

     Les vaquetas sont sur nombre de mairies, surtout dans le piémont, et demeurent un symbole présent, ne vous en déplaise. Qu’il soit encouragé par un contraste départemental, certes, et alors ? Que ce soit ce contraste qui favorise la définition, en quoi cela pose problème ? C’est un phénomène dialectique naturel.

     sur les dynamiques linguistiques, c’est le simple constat d’une augmentation indéniable de l’enseignement ces dernieres années, au delà des probleme de graphie. Quant à l’accent, il demeure, et se porte bien, je vous l’assure.

     Deux personnalités historiques ? Il vous en manque beaucoup, beaucoup, beaucoup. "Bernadotte, preuve qu’il faut quitter le Béarn pour réussir"... Vos propos sont lamentables, et absolument pas constructifs.

    -Français, évidemment, au même titre que les Basques, Occitans etc... que vous imaginez vous ?
    Vous parlez de" contre culture dans l’air du temps", est ce l’unique ressort de la fierté identiraire ? Je n’y vois qu’une spectacularisation de la culture, l’expression localisée de la culture dominante.

     Jean Lassale bien qu’incarnant selon vous une telle médiocrité, est, je vous le rappelle, porté par l’electorat basque.
    La dialectique vous échappe à nouveau.

    En somme, vous refusez tout débat constructif. Vous ne répondez pas à ma question, et appart "démonter" tout ce qui pourrait caractériser le Béarn, vous n’abordez aucun des liens entre Gascogne, Bearn et Vasconie que je proposais, mais déblaterez encore et toujours votre rengaine lamentable.

  • Mon pauvre Vincent, te voilà habillé pour l’hiver.
    Pourquoi t’évertues-tu (tévertutu) à fâcher les gens ? Après les occitanistes, les béarnistes.
    Comme tu es un vilain garçon !

  • Gerard, merci de votre réponse

    Vous évoquez Centulle, et malgré l’archaisme de la référence, questionner le Béarn au sein de l’espace était l’objet de mon propos, dont l’influence passée du Béarn en Navarre, et ce que Vincent soulevait, les liens avec l’Aragon, et le territoire vascon dans son ensemble.

    Au sujet de l’architecture, je ne vous suis pas. Sur l’ensemble du territoire basque, Espagne compris, la situation est plus problématique qu’en Gascogne. Urbanisation quasi sauvage au Sud, et peinture blanche et rouge pour carte postale sous lesquelles les lotissements californiens sont les mêmes au Nord. Le Sud bearn a un patrimoine cohérent, comme certaines parties de la Navarre bien entendu, qui constituent un patrimoine particulier, contrairement à une grande partie du Labourd par exemple.

    Sur le nationalisme, je reconnais un usage abusif du terme. Le Béarn a raté la vague nationaliste du 19eme, ainsi que la Gascogne. Je faisais référence à une souverraineté très affirmée avant la révolution, depuis Fébus. "Autant de lien entre le Béarn et la France qu’entre l’Angleterre et l’Irlande" affirmaient les députés béarnais en 1789, faisant requete pour l’indépendance béarnaise. Ce n’est pas un fait historique anodin. Les nationalismes basques (né à Bilbao, et non en Iparalde, ou l’on avait pas non plus significativement resisté à la francisation républicaine) , catalans et occitans, sont à mettre sur un autre plan que la construction nationale espagnole et française.

    Le "remplacement de population" est une problématique à laquelle toute région attractive est confrontée, ce fut le cas du Béarn avec les pétroliers, effectivement. C’est au tour de la Cote de subir un phénomène similaire, non avec l’industrialisation mais la tertiarisation. Je ne crois pas que ce soit par faiblesse qu’on ne résiste ou pas à ces vagues de l’Histoire.

    Vous évoquez une énorme fierté explicitement béarnaise, elle existe, et s’exprime avec des traits culturels propres, liés à la discrétion et aux sous entendus. Vous trouverez peu de lieux auxquels les personnalités qui s’en distinguent, restent à ce point attachés, en témoignent de nombreux écrits contemporains compilés par J.Marziou.

  • Il ne faut pas s’énerver Joseph, et je ne vois pas en quoi, moi, qui suis on ne peut plus béarnais, je serais aigre, voire anti-béarnais, quand c’est la seule passion pour le pays qui me fait tenir des propos que je veux tristement réalistes, pour trouver les ressorts d’une reconquête (je ne crois pas à la politique de l’autruche) ; j’ai seulement le regard du Béarnais que quelques années un peu loin du pays (ho, Bordeaux et Toulouse) ont fait évoluer sur la vision du pays natal.

    Alors, reprenons point par point :

     "pas de "pays vécu" en Béarn ? Analyse peu inspirée."

    Vous m’excuserez, mais personne n’est capable de parler pour les Béarnais du XVIIème siècle. Ce que je sais, en revanche, c’est que le Tiers-État béarnais a applaudi à la suppression des fors, défendus par les seuls nobles en 1789, et que beaucoup de cahiers de doléances béarnais appelaient majoritairement à faire le sacrifice de la différence béarnaise, pour le grand marché français en gros (et l’idéal universel, c’était l’époque). Lisez Desplat sur ces questions.

    Ce que je peux dire, également, c’est que mon Béarn de la seconde moitié du XXème siècle, dans ce coin NE appelé Vic-Bilh, ne se disait béarnais que par habitude, sans jamais que cela ait emporté des conséquences nettes sur les alliances, les bassins de vie ou autre. Oui, en ceci, le Béarn n’était pas un "pays vécu" : ce n’était pas une échelle qui correspondait à quoi que ce soit. Et j’ai le malheur de vous apprendre, car vous semblez l’ignorer, que les gens de Lembeye, d’où je tire une partie non-négligeable de mes ancêtres, allaient plutôt à Vic-Bigorre, Maubourguet, Aire ou Viella que dans les villes béarnaises comme Nay ou Monein. C’est ça le "pays vécu", celui des liens familiaux, économiques, la réalité, face à l’officialité administrative.

     "- Diaspora, vous ne faites qu’exprimer votre ignorance sur le sujet, vous méconnaissez l’influence des associations béarnaises parisiennes et autres en Béarn."

    Alors, soyons francs, je me contrefiche des aimables amicales béarnaises de Paris, ce qui m’intéresse, ce sont les gens restés au pays, qui y travaillent, consomment, s’y projettent.

     "Les vaquetas sont sur nombre de mairies, surtout dans le piémont"

    Oui, et ? C’est bien, c’est un joli drapeau, et de fait, les Béarnais sont béarnais, au moment de chercher un ancrage local, de plus en plus prégnant dans nos sociétés, ils vont chercher les "vaquetas". Cela me semble naturel, mais cela ne dit rien à ce qu’il y a derrière ces vaches, ce qu’il reste de force identitaire, et j’ai même le souvenir assez tragique du village d’Urost, drapeau béarnais levé bien haut, et deux maisons provençales rosacées encadrant la mairie.

    Bref, la forme quand elle est aussi superficielle qu’un symbole m’intéresse peu, même si je me réjouis de voir un drapeau béarnais au fronton des communes.

  •  "sur les dynamiques linguistiques, c’est le simple constat d’une augmentation indéniable de l’enseignement ces dernieres années, au delà des probleme de graphie. Quant à l’accent, il demeure, et se porte bien, je vous l’assure."

    Bon, là, nous ne pourrons pas être d’accord sur le constat, c’est une affaire probable de génération, l’accent est en immense perte de vitesse dans la génération des moins de 30 ans, du fait de l’influence de la télé et du brassage des populations. C’est particulièrement net à Pau, un peu moins dans des contrées béarnaises restées plus à l’écart de l’influence "métropolitaine" paloise.

     "Vos propos sont lamentables, et absolument pas constructifs."

    Je ne cherche pas à construire sur la base des grands hommes, cela ne m’intéresse pas d’aller chercher dans l’histoire béarnaise de grandes figures, et j’insiste qu’au demeurant, c’est là un constat objectif, mis à part Henri IV ou Bernadotte, il en est peu qui ont dépassé les frontières de leur petite nation. Je suis même persuadé qu’il faut tuer le culte des illustres devanciers, et préférer les figures anonymes, les ancêtres qui ont travaillé la terre, s’y crevèrent.

    Mais si l’on parle de grandes figures béarnaises, il y aurait Barthou, à la rigueur, mais que tirer de la figure d’un homme politique de la IIIème République, le régime le plus terrible pour la diversité culturelle française ? Rien.

     "Je n’y vois qu’une spectacularisation de la culture, l’expression localisée de la culture dominante."

    Je ne comprends pas ce que vous dites, c’est un langage trop savant : pour ma part, je mets seulement en avant les efforts assez nets de la part de certains secteurs basques à chercher à vivre au pays, sans apport extérieur, bref à valoriser ce qui existe sur place, plutôt qu’à imiter les modèles d’ailleurs.

    On peut tout à fait être admiratif des réussites de nombreuses sagas industrielles béarnaises, mais il est une constante à chacune d’entre elles, c’est qu’elles sont venues d’ailleurs, ce qui crée des soucis à peu près similaires à ceux que peut connaître Toulouse avec Airbus, là encore d’un seul point de vue de la vitalité de la culture locale, étant entendu qu’Airbus est une formidable réussite économique.

    Bref, vous ne pourrez pas parler du Béarn contemporain sans prendre en compte la Totalie. Elle est peu béarno-compatible, en l’état, très hors-sol.

     "Jean Lassale bien qu’incarnant selon vous une telle médiocrité, est, je vous le rappelle, porté par l’electorat basque.
    La dialectique vous échappe à nouveau."

    Qu’il profite de sa circo bicéphale, il ne l’aura pas longtemps au rythme où Béarn et Pays Basque divorcent pour à peu près tout. Pour le reste, le mandat de député étant national et a priori détaché du corps électoral qu’il a élu, ce que je juge, ce sont les propositions de Jean Lassalle en matière de développement économique local, d’efficacité de l’action publique au sens administratif, et je ne vois qu’un homme englué dans la mystique de la Vème République, avec en point d’orgue, la figure du maire, infaillible. Je pense l’absolu contraire, la France crève de l’incurie de ses maires.

  • Après, Joseph, je lis chez vous beaucoup de passion pour le Béarn, tout à fait sincère, et je ne suis personne pour essayer de vous démoraliser : l’amour que l’on porte aux choses ou aux gens est varié, chez moi il est souvent mélancolique, et déçu.

    Bref, je trouve que les choses ne vont pas en Béarn, vraiment pas, je suis horrifié à chacun de mes passages, surtout dans le piémont, surtout autour de Pau (j’ai le malheur d’en provenir !). Mais ce qui n’y va pas, selon moi, ne sont jamais que les maux contemporains de la France, auxquels les Basques réchappent peu, en réalité.

    Je finirai donc cette passe d’armes en vous disant que si j’éprouve de l’admiration pour des modes de vie, ils sont plutôt à chercher côté espagnol, qu’ils soient basque, catalan ou castillan, et pas chez nos voisins basques immédiats. Le Pays Basque français, surtout la côte, n’est pas en grande forme, du moins identitaire, entre muséographie pesante et francisation extrême.

  • Sur le pays vécu, vous ne faites qu’évoquer des liens de ruralité banals. Ce que vous dites pour Lembeye, était vrai pour Mauléon, sans empecher l’existence d’une identité centralisatrice.

    Je ne m’enerve pas, et si mon ton est passioné, c’est pour les mêmes raisons que vous.

    Vous méprisez la diaspora réduite à de simples amicales, mais semblez ne point vivre en Bearn non plus. L’émigration est pourtant un décrypteur interessant, commun aux basques et béarnais.

    Vous trouvez trop savant le terme spectacularisation, je m’en étonne vu votre usage lexical au moins aussi savant à mon sens.

    Pour les vaquetas, vous signalez une mairie rosacée, quand elles sont apposées sur nombre de mairies typiques.. Enfin, un peu de bonne foi s’il vous plait. C’est un symbole non négligeable, et s’il ne vas malheurseusement pas dans le sens d’une identité gasconne, et du sans doute au désir de contraste départemental, il est à souligner comme marqueur dynamique.

    Pour les dynamiques linguistiques, vous ne niez donc pas une hausse de l’enseignement. Pour l’accent, il est plus valorisé qu’il ne le fut, malgré une homogeneisation du parler citadin, qui je le repete, n’est pas le propre de Pau. Dans l’ensemble, la parisianisme explicité par Bourdieu, le complexe provincial ne sont plus ce qu’ils furent.

    Des personnalités locales, vous omettez hélas les plus importantes, et qui illustrent bien davantage l’attachement à l’identité que vos exemples, tous connotés négativement.
    Les ancêtres qui travaillaient la terre comptent aussi certes.

    La Totalie hors sol, je vous rejoins tout à fait. Mais ce sont les vagues de l’Histoire, ce n’est pas la question de l’identité. Les territoires, s’en trouvent perturbés en profondeur, et enrichis souvent partiellement. C’est pourquoi il convient aujourd’hui de distinguer le bassin de Lacq, du Bearn des vallées ; comme l’Ipparalde de Soule et le Labourd cotier.

    L’incurie des maire n’était pas mon sujet, mais je ne vous contredis point. Je soulignais par cette personnalité que vous avez vous même évoqué, que les deux territoires dissociés dans votre discours avec tant de véhémence, étaient imbriqués dans ce canton, et que l’un était l’appui de l’autre.

    Mis à part ces constats, un point constructif, une piste ?

  • Vincent, je n’avais pas lu votre dernier message avant d’envoyer le mien.

    Cette fois ci je ne peux qu’être d’accord avec vous. Nos considérations divergent effectivement en grande partie par une approche simplement différente, mais pas contradictoire.

    Pour les modes de vie, je partage votre opinion sur l’Espagne, et bien sur, en ce qui concerne le pays basque français, puisque je n’ai eu cesse d’évoquer les travers que vous citez.

    Vous ouvrez un vaste débat qui va au delà de la fierté identitaire : la conservation du mode de vie outre pyrénées, qui passent pour exemplaire, en Castille comme ailleurs. Ces territoires semblent épargnés de nombreux maux contemporains de la France. N’avons nous pas un regard biaisé par nos passages contemplatifs ? (A moins que vous n’ayez vécu ou connus de plus près)
    Dans quelles mesures peut on s’en inspirer ?

  • Je suis arrivé à la conclusion que le mode de vie espagnol que j’admire (vie urbaine vibrante, dynamisme commercial d’hyper-centre, mixité des générations, ...) provenait en grande partie de l’aménagement urbain des villes espagnoles, d’après l’exode rural massif du franquisme, villes qui sont denses, en hauteur, où sont ménagées des échoppes commerciales en rez-de-chaussée, ville qui échappent à tout étalement urbain, même s’agissant des nouveaux quartiers (les fameuses folies de la bulle immo), souvent construits en continuité proche du bâti ancien.

    Il y a aussi que les villes espagnoles n’ont pas été éventrées par les trouées haussmanniennes françaises, et que la vieille ville, idéale pour la sociabilité nocturne, et la vie étudiante, cohabite avec l’ensanche où l’on consomme et où vivent les classes moyennes supérieures.

    Enfin, il y a probablement des raisons culturelles massives (importance de la famille, moindre mobilité géographique donc ancrage local plus puissant, horaires décalés, traditions culinaires propices au "sur le coude", ...). Mais je reste persuadé que la première raison reste la folie française de l’étalement urbain, qui a créé le monde rurbain, ni rural, ni urbain, où tout dépend de la voiture. C’est la France des lotissements, l’Amérique en somme, et nos maires sont les premiers responsables.

    Pour revenir au Béarn, il faudrait interdire toute construction nouvelle en grande banlieue encore rurale paloise, concentrer les populations au centre, quitte à construire en hauteur à nouveau, et définir quelques villes annexes, bien reliées par le train à Pau, pour commuter. Ce pourrait être Orthez, Nay (mais la gare est trop loin), Artix évidemment. Mais que faire de ce monde épouvantable qui n’est gérable que par la bagnole dans les interstices ?

  • Je me joins à vos propositions.

    La mise en oeuvre d’un tel changement réclamerait des moyens importants, et des gains compensatifs pour ceux qui s’y rallierait, sans une conviction profonde à ce sujet, et qui constitue une majorité probable.
    Quel étalement temporel pour sa mise en oeuvre est une autre question centrale.
    Mais une volonté politique aussi radicale parait pour l’heure en décalage avec la situation sur le terrain, il est nécessaire de relativiser et d’établir des compromis, de saisir les dynamiques existantes.

  • C’est très compliqué, les intérêts économiques en l’état sont divergents mais relancer l’identité béarnaise, ce peut être être à la pointe de ces mutations du monde occidental.

    Donc, dès à présent, réfléchir à ces questions, au sein de l’outil intéressant qu’est le Pays de Béarn, sensibiliser les maires à ces questions, le tout avec l’envie de relever le Béarn, dans sa beauté (préservation des paysages, des formes architecturales), dans sa fonctionnalité (rendre Pau plus forte, plus attractive, en parallèle, aider le monde paysan à affronter les modifications alimentaires du siècle qui commence) et évidemment, dans son identité.

    Il n’y a aucune raison que nous ne puissions pas innover, sans avoir à imiter qui que ce soit, et servir de modèle pour les autres pays gascons. L’association RéGasPro travaille sur ça.

  • Adichat !

    Je crois que j’avais déjà évoqué cet épisode de vie, mais avec le temps...
    Lors de notre visite à la Maison des Juntes de Guernica, le gardien (bi ou tri-lingue !) nous avait demandé : de donde vienen ustedes ?.
    Nous lui avions répondu : de France. Il nous avez déclaré : pero de donde ? Du sud, des Pyrénées !
    Et lui voulait le nom d’une ville ! On finissait par comprendre : de Pau ! Et lui de répondre ! Ah, si ! Biarnéses !!! Encantado !

    Eso es !

  • Adixatz Joseph.Pouvez-vous nous en dire plus sur les associations de Béarnais(et autres Gascons,sans doute) en Amérique du sud ? Pensez-vous qu’au delà de souvenirs nostalgiques,elles puissent s’intéresser à des projets locaux dans les pays de leurs ancêtres ?

  • Bonjour,

    Gerard,

    Je ne vais pas pouvoir vous renseigner beaucoup à ce sujet. J’ai évoqué les diasporas afin de les signaler en tant que marqueur identitaire. J’évoquais simplement leur caractère et leurs intentions plutot "béarnais" que "gascons" ou"occitans", ainsi que l’émigration en tant que patrimoine historique commun aux Béarnais, ce fameux cousin d’Amerique. La spécifité des professions, en particulier celle de Crestadou (les hongreurs, qui étaient exclusivement Ossalois Aspais, et Barétounais.) me paraissait être un élément à relever.

    La ligue HenriIV en Californie, s’est d’ailleurs créee dans l’optique de se distinguer des cercles de diaspora occitan.
    Il existe aussi "l’Association franco-uruguayenne des Bearnais" qui ont pour objet d’aider des uruguayens à trouver leurs racines, et créer des liens d’ordre culturel.

    Je pense qu’on reste dans tous les cas davantage dans le souvenir nostalgique et dans une forme de curiosité légère des origines, et ce dans les deux sens, puisqu’ici aussi certains se passionnent pour l’accès à ce connaissance qu’offre le Centre de Généalogie basco-béarnais.
    Cela peut prendre l’allure d’un voyage de retour poétique :
    http://www.emigration64.org/2017/04/emigration-bearnaise-en-amerique/
    Des échanges contribuant à une prise en compte internationale d’une dénomination territoriale, et quelques transmissions linguistiques peuvent être considérés comme agissant avec davantage de profondeur.

    En revanche, les sociétés béarnaises de Paris contribuent à tisser des réseaux, qui agissent effectivement sur le territoire en formant des groupements d’interets, dont l’influence réelle n’est pas mesurable, et d’ordre plutôt carriériste.

    Je ne sais pas ce qu’il en est des associations dites gasconnes de ce type. A propos du Béarn je ne dispose pas on plus de beaucoup d’éléménts, et serais aussi interressé pour en savoir davantage.

  • Jmcasa :

    Il est aussi possible de voir le Béarn particulièrement identifié et cité chez l’écrivain basque guipuzcoan Pio Baroja. Il le cite notament en tant que terre d’origine des sorcières (sorginak), et met en scène un personnage "Le Béarnais" auquel il confère un rôle particulier dans son récit.
    J’avais déjà entendu aussi de la bouche d’un Allemand que l’on pouvait lire dans "Bourdieu" un trait qu’il ne pouvait qualifier autrement que béarnais, qui le distinguait bien vite des auteurs français contemporains, selon son appréciation. Je ne sais ni ce qu’il voulait dire, ni la crédibilité de son propos.
    Ces considérations sont anecdotiques et à considérer avec prudence, bien entendu.

  • J’ai déjà remarqué personnellement (j’ai le souvenir d’une interaction à Tolosa) cette tendance des Basques du Sud à bien identifier le Béarn : j’y vois plutôt la force du pyrénéisme chez eux, le Béarn est un lieu où beaucoup de Basques vont randonner, l’été notamment.

  • Les touristes basques du Sud déferlent sur le littoral landais qu’ils adorent car ça les change vraiment de leurs paysages urbains de Biscaye ou du Guipuzcoa.
    Dès que les beaux jours reviennent on entend parler basque dans les rues de Mimizan-Plage ou de Biscarrosse-Plage. On les voit même jusqu’à Arcachon, qui semble être leur limite au Nord. J’ai régulièrement l’occasion de converser avec certains et, en juin dernier, avec une famille originaire de Tolosa sur une plage lacustre de Sanguinet.
    Ma compagne, archéologue et responsable du Musée du Lac à Sanguinet justement (que je vous conseille d’aller voir, https://www.musee-lac-sanguinet.fr/), fait souvent visiter son musée à des gens de là-bas, la plupart du temps des familles avec enfants. Mais elle ne parle ni le basque ni l’espagnol. Elle se débrouille cependant en anglais et/ou en français. La carte de la Novempopulanie qui y est exposée les intéresse pas mal. Quant au weekend de Pâques, c’est carrément l’invasion, même quand il pleut comme ça arrive souvent à cette période. On dirait qu’Hegoalde se vide au profit de la côte landaise.
    Un ami de Bilbao a même acheté un mobil-home à Messanges et il n’est pas le seul.
    Bon, moi ça m’enchante bien entendu (pardon par avance à ceux que ça va agacer). Puisqu’on n’entend plus parler gascon par ici, mis à part quand ma fille et moi nous baladons, je trouve ça assez cocasse. C’est amusant parce que c’est même la seule langue "régionale" qu’on entend régulièrement dans la rue, surtout au printemps, puisqu’ici c’est l’accent pointu avec bouche en cul-de-poule qui domine désormais partout.
    La reconquête vasco-aquitaine aurait-elle commencé ?
    Non Joseph, ne vous fâchez pas, je plaisante !
    Aucun risque, rassurez-vous, ce sont les retraités français qui conquièrent par chez nous. Et ils n’ont rien à faire ni du basque ni du gascon.

    Bon Nadau a tots ! Eguberri on deneri !

  • J’ai oublié de dire que quand ils voient le panneau Biscarrosse, ça leur parle, comme un air de famille. Je le sais parce que je le leur demande à chaque fois et ils me disent que ça sonne vraiment basque. Je jubile ! (je sais c’est puéril, encore pardon)

  • Philippe,

    Les touristes espagnols vous rassurent, mais les retraités français ne me rassurent point.

    Vos divagations très personnelles éloignent du sujet du fil, et vous émettez bien peu d’opinion, ne cherchez pas à argumenter vos positions. N’est ce pas le but d’un tel forum ?

  • De toute manière, Joseph, nous ne nous entendrons jamais. Votre manière de vous adresser à moi, directement ou indirectement, est désagréable. Si vous avez un problème avec les Basques, ce n’est pas le mien et c’est à vous de le régler. Je ne sais pas ce qu’ils vous ont fait mais ça doit être assez grave pour que vous ayez une telle hargne à leur égard.
    Pour mettre les choses au point une fois pour toute. J’ai assez fait pour la Gascogne et pour le gascon depuis plus de trente ans pour ne point avoir de leçon de gasconnité à recevoir. Ne serait-ce que le simple fait d’avoir transmis la langue à ma fille, ce qui devrait être le minimum vital, il me semble. Je pense que si tous les gascons et béarnais vindicatifs, comme vous, avaient fait ne serait-ce que ça, nous n’en serions pas là aujourd’hui. Jamais aucun Basque n’est venu me menacer d’un attentat parce que je parlais gascon avec ma fille. Jamais la police et la gendarmerie française n’ont débarqué chez moi pour m’emmener au poste. Les seuls qui m’ont fait des réflexions à ce sujet sont les autochtones eux-mêmes. Encore aujourd’hui, quand elle essaie de parler gascon avec un gascon, dans la plupart des cas il ne sait pas ou bien refuse de poursuivre la conversation en gascon. Et ça non plus ce n’est pas la faute des Basques. Donc, ceux qui ont fait le choix de ne pas transmettre, de ne pas apprendre ou de ne pas parler en portent l’entière responsabilité et je trouve assez malvenu, aujourd’hui, de les entendre revendiquer quoi que ce soit.
    Maintenant, si vous parlez et avez vous-même transmis chez vous, ces remarques ne s’adressent pas à vous.
    En ce qui me concerne, cette non-discussion est définitivement close. Je n’ai pas plus envie de batailler avec vous qu’avec les occitanistes.
    Quant à mes opinions, vous n’avez qu’à lire ce que j’ai écrit sur ce site, et ce que j’y ai déposé comme documents divers et variés, depuis presque vingt ans, et vous les connaîtrez.

  • D’accord Philippe, pas de problème, ne bataillez pas.

    Je n’ai aucun soucis de voisinage avec les Basques, et je l’ai répété plusieurs fois.

    Je remets en cause l’idée de fusion vasconique, l’idée "de trois entités, un seul peuple", qui vous tient tant à coeur. Je souhaite aussi évoquer les liens protohistoriques qui soutiennent ces théories. Tout simplement, débattre au sujet de notre pays.

    Je n’ai aucune hargne envers les basques, vous vous méprenez, mais je me questionne sur ce glissement identitaire de la part des gascons. Je ne vous ai pas manqué de respect, et j’ai mentionné l’interet que je portais à votre travail.

    En ce qui concerne le fait d’être désagréable, il n’y qu’à relire la maniere dont vous vous adressez à moi, sous votre pseudonyme, dès ma premiere intervention. Si j’ai été véhément, ce dont je me suis excusé, vous semblez mal supporter la remise en cause de vos opinions, et parlez avec une autorité déplacée.

    Vous estimez avec arrogance "ne pas avoir de leçon de gasconnité à recevoir", que "nous ne entendrons jamais", et que "la discussion est close".Soit. Vous non plus n’avez aucune leçon à donner je vous le rappelle, vous ne détenez pas le monopole de la gasconnité.

    Ce site et le mouvement qu’il entend porter, devraient accueillir tous les Gascons et Béarnais sensibles à la question, sans la sélection dont vous parlez entre ce que vous estimez être les vrais ou les faux.

    En vous exprimant de la sorte, vous en faites davantage la vitrine de vos opinions et de votre orgueil, qu’un lieu de discussion. C’est dommage, cela divise plus que ça ne rassemble, au delà des sensibilités, ce qui paraissait être l’intention initiale de RéGasPro.

  • 30. Joseph : "Je souhaite aussi évoquer les liens protohistoriques qui soutiennent ces théories."

    Plus que d’évoquer les liens, vous avez plutôt cherché à les déconstruire par principe, en voyant par exemple dans Iluro / Oloron le nom d’un Dieu ibère alors qu’un raisonnement plus économique serait de penser que la langue de cet endroit (et le toponyme lui-même) eut une parenté avec la langue des ancêtres des souletins voisins. Ou en insistant sur le fait que vascons et aquitains aient été dénommés différemment (quoique … ça dépend des siècles), en tout cas à l’époque de Jules César, alors que la recherche toponymique et onomastique en Navarre et/ou Nord-Aragon ne montre pas de différence de nature linguistique avec celle de Gascogne en ce qui concerne cette époque (voir travaux de Gorrochategui, surtout depuis les découvertes des noms en Navarre qui sont assez comparables à ceux des Pyrénées centrales).

    Enfin, je ne crois pas qu’il soit utile d’aller sur le terrain des racines vaccéennes des béarnais, à moins que vous ayez des informations autres que les thèses d’Arette.

    Pour ce qui est des considérations plus actuelles, je ne pense pas qu’il y aura un "glissement identitaire des gascons vers le pays basque" tout simplement parce que c’est trop compliqué d’apprendre le basque sans bain culturel ou familial … sauf si, bien évidemment, on est très très très motivé. Donc des gascons qui ne sont pas "nés basques" et qui n’arriveraient pas à apprendre le basque ont une probabilité beaucoup plus grande de rester gascons, voire de devenir simplement des français du sud-ouest, que de devenir basque un jour.

    Dernière chose, il faut bien comprendre qu’il est tout de même particulier pour les basques de constater que les racines antiques de leur langue (ou du moins les racines d’une langue apparentée) ne sont présentes pratiquement qu’à l’extérieur de la zone d’où le basque est parlée à l’heure actuelle. L’exemple du petit taureau Sesenco à Soria, en pleine terre celtibère, en est un exemple supplémentaire. Ce genre de découverte et sa vulgarisation au grand public a forcément des conséquences sur la psyché collective, pour les basques comme pour leurs voisins.

  • Bruno,

    Je suis d’accord avec le fait que toutes ces découvertes ont une incidence sur la psyché collective.

    Oui, je les ai évoquées et bien sur discuté.
    L’hypothese qu’Iluro provienne d’un divinité ibere est évoquée par de nombreuses sources récemment.
    L’archéologie a conduit à plusieurs réflexions dans la région oloronaise. Je vous envoie vers le bureau d’investigation archéologique Hades.

    La thèse du basco iberisme est aussi discutée, et plutot abandonnée alors qu’elle a fait consensus dans le passé. La thèse vasco aquitaine mérite d’être discutée aussi, expliquée par ceux qui lé défendent, il me semble, non ?

    Au niveau historiographique, Strabon signale la différence entre Aquitains et Celtes, mais il les dit proche des Iberes. Est qu’il les rapproche une seul fois des Vascons ? Pourtant, les lors de la conquete ibérique, il distingue Vascons et Iberes, les premiers étant utilisés en troupes auxiliaires.Je suis tout simplement curieux d’en savoir davantage.

    J’ai cité Gorrochateguy dans Peuplement en Aquitaine, qui apporte quelques réserves quant aux liens d’antériorité et aux précisions géographiques.

  • D’ailleurs Bruno, si vous disposez de sources historiographiques, je suis preneur. Je me fais parfois l’avocat du diable afin de comprendre au mieux les liens possibles de cette période, qui vous l’avez dit, influent de maniere non anodine la psyché collective.

    Pour les Vaccéens, outre la description du drapeau de Mr Arette, quelques éléments : Pline les cite en Aquitaine, au Sud des Pyréenées (l’orientation cartographique étant encore douteuse, et ploto Nord Sud qu’Est Ouest).
    Il distingue les Aquitains de tous les autres peuples cités. Cela

    Au vu de ce dont je dispose :
    Pline, Histoire naturelle, IV, 108 : "A l’Aquitaine appartiennent les Ambilatres, les Anagnutes, les Pictons, les Santons, libres ; les Bituriges, libres, surnommés Ubisques ; les Aquitains qui ont donné leur nom a la province ; les Sediboniates ; puis les Convènes rassemblés dans une ville ; les Bégères, les Tarbelliens, surnommés Quatuor Signani (à cause d’une garnison de quatre enseignes) ; les Cocosates, surnommés Sex Signani ; les Vénames, les Onobrisates, les Bélendes, la chaîne des Pyrénées ;
    au-dessous, les Monèses, les Osquidates des montagnes, les Sibyllates, les Campones, les Bercorcates, les Bipedimuens, les Sassuminiens, les Vellates, les Tornates, les Consoranniens, les Ausques, les Élusates, les Sottiates, les Osquidates de la plaine, les Succasses, les Tarusates, les Basabocates, les Vasséens, les Sénnates, les Cambolectres, les Agésinates (ou Cambolectres Agésinates) ;"

    Tout d’abord, Pline dissocie donc les Aquitains de ces autres peuples vivant en Aquitaine.

    Ensuite, on est deux siècles avant la Novempopulanie, qui dénombre douze peuples, dont les Tarusates et les Elusates, mais ils sont ici situés au Sud des Pyrénées, au même titre que les Vasséens, celtibères . Et point de Vascons.

    Entre la conquete de l’Aquitaine sous Crassius et celle de Sertorius en Hispanie, peu d’échanges entre le Nord et le Sud des Pyrénées. L’alliance de -56 n’a rien de singulier, puisqu’elles étaient courantes entre peuples différents (cf Aquitains et Celtes).

    Strabon est souvent cité pour avoir différencié les Aquitains des Gaulois et les avoir assimilé aux Iberes, mais a t’il pour autant lié les Aquitains aux Vascons ?
    D’autant plus que les premiers, bien que divisés, ont posé probleme à Crassius, et les seconds ont largement collaboré durant les guerres sertoriennes.
    Je ne trouve nulle part de sources attestant de l’existence d’un peuple de part et d’autre des Pyrénées.

    Ptolémé situe la frontiere au même endroit qu’aujourd’hui."Par conséquent l’Aquitania est délimitée ainsi, à l’ouest par la mer d’Aquitania, après que le promontoire d’Oeasso (Cap du Figuier)." Je ne trouve donc pas de liens historiographiques.

    Dans cette historiographie romaine, assez désinteressée par le sujet d’ailleurs, je trouve que les preuves manquent et que Strabon, au sujet de la fontiere garonnaise,est cité abusivement.
    C’est la toponymie qui suggère fortement ces théories, et ce sans que les mouvements de population ne puissent être datés.
    Qu’en est il des vestiges archéologiques ?

    Enfin, un autre question subsidiaires, les Cantabres étaient nommés Lapurdes, se pourrait il y voir un lien avec la province actuelle du Labourd ?

  • J’ai lu quelques centaines de pages d’articles de Gorrochategui à ce sujet et je viens d’ailleurs de visionner une de ses vidéo de présentation sur les différentes langues paléohispaniques : l’intervention semble être une introduction à une série de conférences sur ces différentes langues préhistoriques et antiques de la péninsule. Dans cette vidéo, il range le vasco-aquitain parmi une des langues de la péninsule, l’ibère y est à part, comme le celtibère, le tartessien, etc. Je ne crois pas qu’il ait jamais contredit l’antériorité du vasco-aquitain sur les langues environnantes et sa parole est plutôt prudente en général, quitte à être détesté par certains basques.

  • [nos messages se sont croisés]

    Je ne suis qu’un amateur et je suis nul en historiographie, j’espère seulement que les dénominations de peuples de l’époque ne soient pas du même ordre que les réformes territoriales d’aujourd’hui.

  • Bonjour Bruno, je ne suis qu’amateur aussi et c’est pourquoi je vous questionne !

    Je vais créer un autre fil à ce sujet.

    Pour Gorrochateguy, je ne crois pas qu’il soit en mesure d’établir l’antériorité du vasco aquitain, sur l’ibere et le tartessien dans l’ensemble de la peninsule, mais seulement en aquitaine. Mais c’est cette phrase qui m’a interpellée :

    "La toponymie antique pose des problèmes particuliers. Il est difficile de trouver dans la documentation toponymique aquitaine des séries étendues de noms de lieux formés de la même façon, de telle sorte que nous puissions obtenir des conclusions linguistiques et géographiques sûres." Gorrachetegui, linguistique et peuplement en Aquitaine

    En sachant que c’est la seule"preuve" dont on dispose (à moins d’avancer en historiographie et en archéologie), il me semble, peut être à tort, que la prudence est de mise, et que tout cela méritait d’être "évoqué".

    • Oui Joseph, il serait bien de créer un autre fil de discussion sur ces sujets que Gorrochategui (que j’ignorais encore il y a quelques jours !) semble avoir traités avec sérieux.
      A moins que le fil sur L’euskarisation tardive ... des deux côtés des Pyrénées convienne...

      Je viens de relire l’article de Joseph introduisant le présent fil.
      Je comprends qu’il veut mettre à l’épreuve l’idée que le Béarn, pays gascon au destin particulier, peut inspirer les autres pays gascons qui ont eu historiquement moins de chance.
      Alors, sur le modèle de mes "Las hèiras [los marcats] ua escadença entà la Gasconha ?", on pourrait poser la question "Lo Bearn, ua escadença entà la Gasconha ?" ("Lou Biarn, ue escadence entà la Gascougne ?")...
      Joseph parle en fait de "coeur de Gascogne", ce qui est même plus qu’une simple chance !

      La discussion entre Joseph et Vincent était bien dans le sujet, Vincent niant sur plusieurs points le pouvoir exemplaire du Béarn, avant qu’une amorce de synthèse ou de compromis ne pointe son nez...

      Au point bas où la Gascogne est arrivée, mettre le projecteur sur les avantages, les réussites, les potentiels des différents pays gascons est, je pense, une piste à continuer. Pour créer aussi une émulation ?
      Vu par moi du dehors, et malgré les failles exposées impitoyablement par Vincent, il me semble que le Béarn a des atouts particuliers, dont il n’est peut-être même pas totalement conscient, ou qu’il n’exploite pas assez.
      Mais je dois relire tout ça...

  • Adixat Tederic, c’était le sujet de ce fil effectivement.

    Les failles exposées par Vincent m’apparaissent justifiées en partie. Certaines me sont d’ailleurs apparues avec davantage de clarté, elles m’échappaient ou je me refusais à les considérer.
    Je persiste cependant sur certaines de mes positions, et estime que le statut du Béarn , du moins de certaines de ses parties, constitue une entité marginale, mais aussi primordiale de la Gascogne, qui possède des atouts particuliers (et comme vous le dites Tederic, peu conscientisés, et peu exploités.)

    Vincent concluait ainsi :

    "Donc, dès à présent, réfléchir à ces questions, au sein de l’outil intéressant qu’est le Pays de Béarn, sensibiliser les maires à ces questions, le tout avec l’envie de relever le Béarn, dans sa beauté (préservation des paysages, des formes architecturales), dans sa fonctionnalité (rendre Pau plus forte, plus attractive, en parallèle, aider le monde paysan à affronter les modifications alimentaires du siècle qui commence) et évidemment, dans son identité."

    Sensibiliser les maires, agir pour l’architecture, agir pour changer des pratiques agricoles ou l’attractivité (avec le risque que cela comporte). Cela parait clair, bien que la mise en oeuvre soit une autre question.

    Enfin, "relever le Béarn dans son identité", parait plus abstrait, et précisement, demanderait une réflexion de fond pour la définir. C’était l’objet de ce fil.

    Cela rejoint le point de départ de votre réflexion "Lou Biarn, ue escadence entà la Gascougne ?")...

  • Je ne suis pas l’auteur du message 36.

    [J’ai remplacé "Bruno" par Joseph". pour rectifier.
    Tederic, webmèste]

  • Je pense que le débat aurait intérêt à ce recentrer sur le sujet de départ, comme le suggère Tederic dans son post 1 inséré entre 36 et 37 (déjà tout ça pour parler ....assez peu du Béarn !).

    J’aimerais essayer de résumer les points d’accord possibles (comme Joseph nous y invite en 37).
    L’attention aux mutations du monde rural, à l’évolution socio-économique des villes, Pau au premier rang, aux collectivités territoriales, à la restauration de l’architecture vernaculaire et à l’urbanisme sont des sujets évidemment moins "sexy" que l’antiquité ou l’histoire linguistique mais aujourd’hui plus importants. Et qui surtout, qui peuvent unir tous ceux pour qui Gascogne et pays gascons veulent dire quelque chose alors que les sujets plus ou moins mythologiques déchainent les passions et divisent. Ce qui ne veut pas dire ignorer les voisins, fussent-ils basques ou aragonais (la liaison Pau/Oloron /Canfranc/Saragosse est en soi un sujet digne d’intérêt pour nous).
    Reste le socle de l’identité béarnaise, comme le dit Joseph en fin de message ; en premier lieu, réaffirmer l’identité gasconne du Béarn (en finir avec des formulations type "béarnais et Gascon quand on parle de langue ou de culture, me parait un premier pas).
    S’appuyer sur les réussites d’un Béarn semi-souverain et /ou autonome entre 1350 et 1620, voire 1789 mais j’en suis moins sûr ; des réussites, il y en eut, on peut esssayer de les lister).

    Surtout, s’appuyer sur le nouveau statut du Pays de Béarn, réunifié en cette fin d’année ...(las vaquetas pertot en Biarn !).
    Saura-t-il prendre les directions d’un retour à la santé physique et morale de ce pays ? A nous de le stimuler en ce sens, pour modeste que soit notre audience.
    C’est que focaliser sur un Pays comme le Béarn ne gêne pas ReGasPros, au contraire : s’appuyer sur les Pays encore tenus comme proches par ce qui reste de la conscience populaire (et le Béarn est un macro-pays) nous parait le vrai moyen de faire revivre les Pays gascons à terme.
    Et enfin, populariser les efforts envers la langue, évidemment ("il n’est pas besoin de réussir pour persévérer...") ; la Passem de 2020 sera un moment clé pour cela.

    •  Nous sommes d’accord sur l’intérêt de restaurer un paysage harmonieux et identitaire, sans passéisme et sans vitrification ; le Béarn, en réussissant cela, ne se fondrait pas visuellement dans la Gascogne (qui est très diverse de paysages, et chaque pays gascon devrait soigner le sien), mais plutôt dans son environnement du Piémont et de la Montagne pyrénéenne, avec la Soule, la Bigorre...

       Le paysage toponymique et sonore (les noms de lieu et leur signalisation visuelle et sonore), lui, mérite particulièrement notre attention, surtout que nous sommes plus forts là-dessus... Sauver les "Camî det miey" etc.
      En plus ce paysage est gascon par définition !

       Le projet de réouverture du chemin de fer Pau-Canfranc : justement, Aqui.fr vient d’en parler :
      Ligne Pau-Canfranc : un Livre Blanc pour démontrer ses potentialités
      Très beau projet, complet (tourisme montagnard, desserte de stations, tourisme ferroviaire comme sur la ligne de l’Albula en Suisse, fret, transport du quotidien...).
      La réouverture partielle jusqu’à Bédous n’a pas été comprise. C’est la liaison transpyrénéenne qui compte, jusqu’à Canfranc, et au delà vers la ville pyrénéenne de Jaca dont Vincent a fait l’éloge plus haut, et vers Saragosse.
      Mais ça ne marchera que si il y a « appropriation de cette ligne par les acteurs locaux, français et espagnols ». Le Pays de Béarn, donc !
      L’impératif touristique empêchera aussi de gâcher le paysage...

  • Pour jouer un moteur en Gascogne par rapport à la langue gasconne, Pau aurait peut être à jouer une carte par l’intermédiaire de son Université. Je ne sais pas quels sont les cursus liés à l’occitan à la fac de Pau mais celle-ci aurait peut être tout intérêt à se voir comme un pôle par rapport à la question linguistique gasconne. J’ai cet exemple en tête car la création du cursus universitaire de basque à Bayonne (jusqu’au l’agrégation) mais aussi du centre de recherche de la langue basque IKER (logé dans les locaux de l’Université) a contribué à la présence du basque de façon tout à fait concrète dans le petit Bayonne : étudiants parlant basque, image symbolique de la ville, etc.

    Évidemment, cela ne peut se faire qu’avec une énergie militante doublée d’une volonté publique. Et il faudrait au préalable qu’il y ait une vision claire du territoire sur lequel pourrait rayonner une telle politique. En résumé, je verrais bien l’équivalent d’un IKER gascon en Béarn à Pau, mais entre l’attitude parfois trop béarno-béarniste et les initiatives dans le cadre d’institutions occitanistes, il y a peut être quelques barrières à franchir avant que Pau se permette de s’imaginer comme un pôle gascon !

    Je serais intéressé de voir ici les réflexions à ce sujet de personnes connaissant les cursus universitaires, sur la faisabilité d’un centre de recherche sur le gascon (et j’insiste sur gascon) qui ne serait pas complétement inféodé à une politique occitaniste ... même s’il serait peut être plus logique de dire "languedociano-béarnaise" tant l’occitanisme institutionnel se résume à ça aujourd’hui.

  • Bonjour, je vous écris car je cherche des données socio linguistiques sur la Gascogne, et ne dispose que de celles sur le Béarn :

    Nombre de locuteurs du Béarnais :
    Lors de l’enquête linguistique réalisée entre octobre et novembre 2008 par la région Aquitaine, 8 % des personnes interrogées dans la « zone béarnaise » déclarent parler le béarnais sans difficulté, ces personnes déclarent pouvoir exprimer ce qu’elles veulent. Sur cette base, il y aurait donc autour de 29 000 locuteurs béarnaisab. En élargissant le concept de locuteur, 7 % des interrogés déclarent parler suffisamment le béarnais pour pouvoir tenir une « conversation simple ». Sur cette nouvelle base, il y aurait donc 15 % de locuteurs, soit environ 55 000 locuteurs béarnophones. Dans cette même enquête, 15 % des interrogés déclarent comprendre parfaitement le béarnais, tandis que 9 % déclarent comprendre facilement le béarnais même si certaines notions leur échappent. Dans une version élargie du concept, il pourrait donc y avoir 24 % d’allocutaires béarnais, soit 87 000 personnes. 10 % des interrogés déclarent pouvoir lire facilement ou assez facilement le béarnais écrit, tandis que 2 % des interrogés déclarent pouvoir l’écrire.

    Enseignement
    L’enseignement du béarnais est assuré selon deux possibilités principales, l’enseignement extensif ou intensif. L’enseignement extensif consiste en un apprentissage allant de 45 minutes à 3 heures par semaine selon les niveaux. Ce mode d’apprentissage apparaît dans l’enseignement public à partir de 1969, il est assuré par des enseignants itinérants et relève de l’inspection académique des Pyrénées-Atlantiques. Une trentaine de sites bénéficient de cet enseignement extensif en Béarn.

    Le mode d’enseignement intensif peut notamment être réalisé à partir d’un enseignement immersif. L’enfant, dès la maternelle, est accueilli en béarnais et effectue ses apprentissages — y compris celui de la lecture et de l’écriture — toujours en béarnais. Le français étant progressivement introduit par la suite. Début 198073, la première école Calandreta — laïque et gratuite — ouvre ses portes à Pau dans le sillage du mouvement occitaniste. Aujourd’hui, le réseau compte en Béarn neuf écoles, à Artix, Béost, Lescar, Lys, Mazères-Lezons, Oloron-Sainte-Marie, Orthez, Pau et Poursiugues, et un collège à Pau. Autre méthode d’enseignement intensif, le système bilingue à parité horaire apparaît à partir de 198271 dans les secteurs publics et privés confessionnels. L’enseignement en béarnais est alors assuré pendant 50 % du temps scolaire. À la rentrée 2015, cet enseignement bilingue concerne quinze sites publics — Artiguelouve, Asson, Bedous, Bordes, Coarraze, Gan, Garlin, Lagor, Lasseube, Mazerolles, Monein, Morlaàs, Oloron-Sainte-Marie, Salies-de-Béarn et Sauvagnon — et un site de l’enseignement catholique à Igon.

    Par ailleurs, des cours pour adultes sont assurés par le CFP’Òc76 et par l’Institut béarnais et gascon sur plusieurs sites béarnais et à Paris. "

    DEst ce que quelqu’un dispose des données d’une enquete similaire dans concernant les autres départements (ou provinces historiques) de Gascogne ?

    Merci.

  • Et d’ailleurs, si quelqu’un disposait des mêmes données pour l’ensemble des coins de France, ce serait génial ! Merci

  • Il me semble que les résultats d’une enquête menée par l’Office Public de la Langue Occitane (menés en Nouvelle Aquitaine, Occitanie et Aran) vont être publiés prochainement.

  • 24. 5 avril 2011, 20:15, par P.Lartigue

    "Bonjour Guy,

    Il s’agit des enquêtes linguistiques les plus récentes, je n’ai plus la référence en tête (mais l’omniscient Tederic saura peut-être), où il est dit que, en Aquitaine, c’est en Dordogne et dans les Landes que gascon et occitan se maintiennent le mieux.
    Le Béarn n’arrive qu’en 3eme position.
    Et puis il y a la transmission familiale qui, comme partout ailleurs, est éteinte ou quasiment éteinte."

    Alors, les sources ?

  • Vous trouverez des renvois aux enquêtes organisées par les régions concernées dans l’article de Bernard Moreux,édité par l’IBG.Article assez "à charge" sur la méthodologie et les idées implicites de ces nnquêtes Mais à part cela vous devriez y trouver des informations de base .
    https://www.institut-bearnaisgascon.com/3752/

  • Merci. C’est quand même fou qu’il soit impossible en France d’avoir des données précises et coordonnées des langues régionales ! Selon les offices régionaux, les méthodologies varient, que de chiffres contradictoires, et des critères retenus variables ! L’étude évoquée ci dessus est celle de l’INSEE de 1999 (donc pas bien récente)qui ne donne aucun chiffre précis entre Landes, Béarn et Périgord, si ce n’est que c’est en Béarn que les "foyers d’occitans" sont les plus nombreux, et en Périgord la "transmission relativement la plus forte en milieu rural"(?), sans chiffre à l’appui. Bref...rien de concret.

  • En effet, donc de grandes variations dans les estimations.D’autant qu’ aucun critère n’est unanimement reconnu:qu’est-ce qu’un locuteur "natif" ? Ou un locuteur potentiel ,pouvant s’exprimer à l’occasion avec un vocabulaire limité ? Ou un locuteur à peu près complet dans tous les champs d’expression ? Etc...

  • Gratia Dei sum id quod sum ! J’ai pas choisi de naître béarnais, j’ai juste eu de la chance

  • Maxime, quand tu me cites il faut bien le faire. Dans ma chanson je parlais des imbéciles heureux qui sont nés quelque part. Mais j’aurais pu dire cons aussi. Je voulais simplement me moquer des chauvins de tous horizons qui tirent orgueil et vanité, plutôt vanité, de leur lieu de naissance.

  • Cher Georges,
    Ta chanson a quand même eu un effet délétère pour toute une génération qui s’est vue ainsi confortée dans sa tendance facile à tout laisser tomber de l’attachement au pays, à ce qu’elle avait reçu de ses aieux, etc...
    Etre citoyen du monde sans aucune attache et surtout aucune responsabilité, c’était tellement plus facile... et légitimé par la poésie du grand Georges !

  • Oui Gérard, mais ce n’était qu’un gentil foutage de gueule envers ceux qui n’ont comme titre de gloire que le hasard d’un lieu d’accouchement. Ce n’est pas suffisant pour faire une identité. Quand on ne peut se prévaloir que de ça, c’est un peu court.
    Et puis j’ai aussi suppliqué pour qu’on m’enterre sur la plage de Sète. Sinon, j’aurais fait comme Bourdieu le béarnais, je serais au père Lachaise au lieu de Denguin. Ou encore comme Mauriac le gascon, à Vémars et pas à Saint-Maixant ou à Verdelais.
    Comme tu sais, ni le lieu de naissance ni le temps ne font rien à l’affaire. Quand on est con, on est con.

  • Je suppose, cher Georges, que tu sais mieux que personne l’intention que tu souhaitais mettre dans ta chanson mais, n’empêche, elle avait bien été perçue comme du mépris pour ceux qui se sentait liés à un lieu, à un pays et pas seulement une critique gentille pour ceux qui se prévalaient seulement du lieu d’accouchement de leur mère.
    Mais bon, c’est du passé maintenant et les moins de trente ans ne doivent même pas connaitre ta chanson en question... Sic transit gloria mundi !
    En tot cas, respausa en patz a Sèta !

  • Je pense que GSG a bien fait de répondre à ces fantômes qui viennent nous chanter un refrain trop connu*. Et je souscris à ses réponses.
    Quelle serait une formule courte et efficace pour contrer la caricature des "imbéciles heureux qui sont nés quelque part" ?
    Je ne la trouve pas pour l’instant ; sans doute qu’il faut évacuer la question du lieu d’accouchement, et suggérer en termes simples l’idée de responsabilité (mot employé plus haut par GSG) envers un territoire électif, qui ne dit pas qu’on se fout du reste du monde.

    *Pour les plus jeunes, qui connaissent moins Brassens, j’observe la diffusion récente d’une image : "Les "anywhere" et/contre les "somewhere" (ceux qui sont à l’aise partout / ceux qui sont à l’aise dans un territoire et moins ailleurs).

  • Ah l’amour de la terre, de la filiation, de la petite patrie, comme l’exprime si bien la devise du Béarn, justifient des insultes de ceux qui pensent posséder la vertu de ne naitre nulle part ? D’ailleurs, celui qui fait du Bearn un territoire d’election est aussi légitime que celui qui né béarnais par la transmission, bien entendu, mais pourquoi tant de haine envers le second, qui plus est sur un forum regionaliste ? Qu’e badude aci, pégase ! Tourne-t y si gauses, toque y si gauses, nou sera pas desbroumbade ûe memòris de familhe, ûe tradicioû de mil ans, que cau ha ço qui cau ! Per gasconha, viva la vaqueta ! La gen doun y sou qu’en soun.

  • Je viens d’aller à la source de cette mini-polémique : il y un message qui donne un lien vers de "belles photos du Béarn", et qui a donné envie à "O moun païs" de lancer cette tirade, que je sens comme une plaisanterie un peu provocatrice, exprimant cependant un sentiment béarnais sincère :

    Gratia Dei sum id quod sum ! J’ai pas choisi de naître béarnais, j’ai juste eu de la chance

    Cette provocation souriante a provoqué autre chose que du sourire.
    Donc, soyons sérieux :
    Il est question d’attachement ou de dévouement à des territoires.
    C’est courant d’aimer son "chez soi". La définition du "chez soi" laisse une marge de choix immense, avec de multiples combinaisons : sa maison, son quartier, son village, son pays, son département, sa région (mais laquelle ? l’officielle ou la région rêvée - la Gascogne pour certains d’entre nous ?), sa nation (mais laquelle ? l’officielle ou une autre ?), le monde entier ?

    Il y a aussi des nomades. Le nomade par excellence n’aurait aucun lien à un territoire en particulier, mais est-ce que ça existe vraiment ? Si oui, n’y aurait-il pas encore le lien au vaste monde ?

  • Je me souviens d’une réflexion du regretté Jacques Ellul lors d’un cours :"il n’y a pas de civilisation nomade" ; il voulait ainsi nous mettre en garde sur l’absence d’attachement à un territoire qui commençait déjà à imprégner nos sociétés et pas mal d’opinions sensibles aux sirènes de ce qu’on n’appelait pas encore mondialisation.
    Je devine qu’on peut lui objecter que les Touaregs ,par exemple, représentent bien ce qu’on peut appeler une civilisation propre (bien menacée justement par les Etats non-nomades qui s’en partagent aujourd’hui le territoire...) mais il me semble qu’il a raison : le nomadisme ancien ou moderne peut bien produire une culture mais pas une civilisation, terme fondamentalement attaché à un (ou des) lieux, des terroirs, du bâti etc...
    Graves propos dominicaux !

  • Alors il faut prendre les choses comme elles sont. Car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités. Bien entendu on peut sauter sur sa chaise comme un isard en disant : "Le Béarn, le Béan, le Béarn !" , mais ça n’aboutit à rien et ça ne signifie rien. Je répète, il faut prendre les choses comme elles sont.

  • Nani moussu, qu’aurei gran degreu... C’est le coeur qui parle en visionnant ces belles photos des gaves et des montagnes de la terre des Béarnais. Pas de politique ! Ce n’est qu’un peu d’exaltation, attachement et dévouement au país, ce qui est peut-être le prélude à la clairvoyance politique pour ceux qui veulent en faire.


Un gran de sau ?

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