Les nouvelles grandes régions à Octélé

- Gerard Saint-Gaudens

Bonne émission que celle signalée par Renaud dans le lien ci-dessous : Octele évolue bien, comme nous l’avions constaté lors de la journée occitane de Bordeaux en juin dernier.
Ce débat sur les nouvelles grandes régions, Nouvelle Aquitaine et Occitanie, tout en gascon, sauf les contributions de l’Occitan languedocien Patric Roche, a d’abord permis de rendre au gascon sa place dans l’espace public pour parler de questions d’intérêt général dans le beau cadre de l’Hôtel de Ville de Tarbes et pas seulement de la langue ou de la culture. En soi, cette sortie du ghetto est déjà un progrès à signaler dont il faut féliciter Octélé.

Ensuite on a vu et entendu en gros se développer deux thèses :
 l’une, optimiste, de confiance dans ces nouvelles régions, l’Occitanie en l’espèce, de la bouche de Patric Roche (inconnu de moi jusqu’alors ) pour qui on ne perçoit pas encore tout ce qu’elle pourraient permettre, qu’il faut s’y habituer, etc …
 l’autre, très attachée aux soucis de terrain, chez Jean Lassalle qui, par parenthèse parle un gascon pyrénéen parfait, efficace comme je l’ai dit ailleurs. Lassalle veut privilégier les communes, petites ou grandes comme seule réalité de proximité totale. Les nouvelles intercommunalités et a fortiori les nouvelles régions sont bien trop grandes à ses yeux. Les communes sont les colonnes de la proximité et de la défense de la ruralité pour lui, les départements aussi qu’il voit dotés du reste d’une identité qu’il me semble bien majorer : réelle pour la Bigorre en effet mais plus discutable pour les PA réunissant Pays Basque et Béarn ou l’Ariège, assemblage du Couserans et du Pays de Foix encore assez différents les uns des autres. Pour les régions Lassalle confesse son doute ; régions anciennes voire anciennes provinces respectant mieux « nostas loengas » voir aucune … En tout cas, comme candidat à l’élection présidentielle, il veut abolir la loi NOTRE.

Deux regrets de ma part :
  Que le débat n’ait pas été assez concret : les transports scolaires ont été mentionnés par exemple mais personne n’a demandé s’il était normal que les parcours des cars sillonnant la région soient déterminés dans un bureau bordelais ou toulousain alors qu’il s’agit de cantons bien éloignés de ces métropoles. Il faut dire qu’un ou deux intervenants n’étaient peut-être pas aussi à l’aise en gascon que Lassalle pour nuancer leurs propos et bien les illustrer.
  Que les deux animateurs n’aient pas posé la question de l’écartèlement accru de la Gascogne entre les directions nord-ouest et sud–est des deux régionasses. Mais bien que gascons tous deux et s’exprimant dans notre langue, le positionnement pan-occitan d’Octélé les empêchait peut-être de mettre l’accent là-dessus.
Les média ne sont que les média, Octélé ou pas.

Pour finir, un agréable cadeau dans cette émission : l’adaptation gasconne, excellente, de la chanson basque Hegoak ("l’ausèth") par un trio remarquable de jeunes bigourdans.

Voir en ligne : Territòris excentrats deras navèras "regions granas"

Grans de sau

  • Se vòletz escotar un gascon perfèit parlat per un joen (1h13mn30s) :

    http://www.octele.com/video-oc/doc-show.html

  • Merci per lo ligam, Renaud. Mes a quin joen pensas ? Au Clemenç Puech, au condaire bigordan Peir, a quauqu’un mèi ?
    En tot cas qu’èi escotat aquera emission dab interès.
    Octele que hè bon tribalh (qu’ac avevi dejà arremercat per la jornada occitana de junh a Bordèu) a maugrat de quauques decas deguda a la sua vocacion "inter-occitana" : per exemple s’atz plan escotat la charmanta Samira, en mièi d’un devis gascon (biarnes, tà simplificar) que’ns perpausa d’"apondre" comentaris sus la navèra aplicacion d’Octélé ... La nòvlenga occitanista n’es pas tan luenh on e’s cau "bolegar" tostems. E plan segur aquera vocacion panoccitana que hè empach de hèit a ua percepcion de las problematicas deus pais gascons, çò qui n’ es pas un problema de fòrma.

    Qu’aimari comentar tabé lo desbat sus las navèras regions mes que seré tròp long per uèi. Deman benlèu .

  • Ne parli pas de’questa hemna, nani ! Raaa !

    Que parli de Peir, lo condaire, un òmi que parla un gascon arremirable dab hòrt de rigor e, mè que mè, le prosodia !!

  • Qu’es çò que pensavi haut o baix ! Qu’es vertat, son biaix de parlar qu’es, com diser, autentic. E lo gascon de Jan Lassalle qu’es tabé excellent, eficaç tà tot diser. Non cerca pas los mots a tot moment, non pateseja pas, tapòc no cad pas en lo nhirgòu occitaniste. Los dus que parlan com un espanhòu e parlaré espanhòu o un aleman aleman, d’un biaix normau, qué. Mes lo condaire es joen, vertat !

  • Oc, lo Lassalle que parla hòrt plan !

  • Je ne suis toujours pas d’accord avec Jean Lassalle, ce qui confirme ce que j’estime avoir été ma bonne intuition il y a des années, face à ses revendications pour la gendarmerie d’Urdos ou pour le maintien de l’activité de Toyal.

    Jean Lassalle fait les bons constats : dévitalisation de la France périphérique, métropolisation à outrance. C’est clairement ce que nous disons ici depuis un certain nombre d’années.

    Mais là où nous cherchons des solutions, parfois iconoclastes, peut-être juste avant-gardistes dans un contexte français (métropoles semi-indépendantes, généralisation de l’intercommunalité, ...), Jean Lassalle propose le retour au jacobinisme originel, la pureté de la commune.

    Or, à mon sens, il est très clair selon moi que la commune, outre qu’elle incarne la volonté de la Révolution jacobine de tuer toute médiation entre le citoyen et l’État, est le symbole de l’échec de la politique en matière d’aménagement du territoire.

    Cacophonie entre ville-centre et communes de banlieue, guerres intestines pour s’accaparer l’ancienne taxe pro, étalement urbain incohérent, insuffisance de moyens et de technique juridique des communes rurales, ...

    Jean Lassalle ne fait pas confiance à la capacité émancipatrice de ses concitoyens, il réclame pour eux l’enfermement dans le carcan français traditionnel, tout comme le FN et autres partis souverainistes : suppression des régions (indépendamment de la question de leur découpage), suppression des intercommunalités.

    C’est parce qu’une partie non négligeable de nos élus fonctionnent sur ce schéma qu’ils ont pu laisser faire le découpage issu de la réforme de 2015 : l’esprit de clocher et la figure du maire tout puissant, pourtant impuissant, n’ont pas permis l’instauration d’un débat rationnel sur les solidarités entre voisins, ce dans le cadre éventuel d’une prise de conscience gasconne.

    A la commune de Jean Lassalle, je préfère la vallée, le bassin de vie naturel autour d’un petit chef-lieu, une capitale morale, qui organise et dispatche les services. Je regarde avec enthousiasme les intercommunalités fleurir depuis des années, et si j’en critique certaines (l’incapacité des Béarnais à mettre en place une collectivité unique est pathétique et le grand Tarbes-Lourdes n’a aucun sens), j’y vois aussi une réappropriation du territoire par des élus conscients de leur véritable espace de vie.

  • Attention, je suis prêt à entendre que Jean Lassalle est dubitatif quant aux nouvelles intercos issues de la loi NOTRe, ce en quoi je le rejoindrai. Mais je ne peux toujours pas le suivre sur son idée qu’il n’y aurait pas trop de communes.

    https://twitter.com/jeanlassalle

    @jeanlassalle "ne veut plus de ces gdes intercos. J’ai bcp aimé 1ère génération communautés communes" pas intercos grand format #LoiNotre

  • Si ce site n’est pas me semble-t-il un blog politique, le cas J. Lassalle mérite attention car c’est un élu de souche gasconne pyrénéenne autochtone qui se positionne dans le contexte politique national français.
    Et l’on peut regarder en partant de son cas comment la part locale et la part hexagonale, la part héritée et la part mythifiée etc se mêlent et quelle synthèse il fait...

    Je suis issu de la même culture que lui, mais avec une génération d’écart (je suis de 1986 lui de 1956). C’est important ces 30 ans. Ceux de sa génération (celle de mes parents) ont grandi en côtoyant des parents qui se sont battus/sont morts pour le drapeau tricolore. Beaucoup sont obligés (au sens premier du terme) de révérer la France, par respect pour les aînés, fidélité qui me semble fondamentale dans la structure mentale pyrénéenne. La grande Patrie vue comme un agrandissement de la petite, cette vision a permis d’ancrer assez solidement l’attachement au bleu blanc rouge, à la République dans tous les petits pays pyrénéens. Le modèle De Gaulle leur parle beaucoup. Social et conservateur, honorable et entêté, pragmatique, ça colle trop bien avec la mentalité locale...

    Et si cette époque là, cette francisation des 30 glorieuses a saigné démographiquement les vallées comme jamais, ce fut librement consenti ! On ne fit pas le lien entre la France et l’exode, ou marginalement (cf faiblesse des régionalismes et nationalismes sur le versant nord des Pyrénées des années 70).

    L’époque récente en revanche, si elle a vu la stabilisation des départs (on continue à décliner par simple inertie = plus de vieux que de jeunes) et la "décentralisation", est aussi celle où tout se délite.
    La disparition des écoles et services publics est concomitante de l’euro, des intercos et des régions ! De l’arrivée de l’écologie et l’explosion des normes et de la paperasse, des réglementation cumulées et du mille-feuille territorial, la dévaluation croissante de la parole politique...

    Comment s’étonner qu’un Jean Lassalle n’en tire pas quelques conclusions en considérant les nouvelles structures comme moins légitimes et moins opérantes, comme superflues, surtout quand l’impulsion fondamentale vient d’un mouvement de technocratisation et de mort politique programmée des territoires ruraux qui ne se cache presque plus et a tout fait depuis 30 ans pour se faire détester ?

    J’en viens au fait que si comme Vincent (génération oblige je pense) je ne vibre guère pour le mythe républicain français (à la rigueur j’en prends raisonnablement mon parti), je ne peux que partager avec Jean Lassalle une révolte viscérale à l’encontre du trinôme bruxelles/région/intercos. Après lui propose un statu quo "moins pire" au niveau du couple région-département que je ne partage pas du tout. Sur la commune je le rejoindrais plutôt...

    Tout ça pour donner un petit éclairage différent de cette part de Gascogne qui n’en finit plus de subir... et ne sait pas tirer parti des évolutions récentes, donc tire à la nostalgie. Il manque une vision d’avenir pour canaliser la révolte vers autre chose.

  • Excellentes réflexions de la part de Vincent et Artiaque.
    Quelques remarques toutefois :
     Vincent est un peu sévère avec Jean Lassalle :celui -ci n’est pas partisan déterminé de la suppression des régions ; dans sa contribution à Octélé il dit bien être dubitatif à leur sujet. C’est vrai qu’il privilégie avec constance le binôme département + commune. Personnellement c’est au sujet du département que je serais dubitatif, pas de la commune qui est réellement l’échelon de proximité en milieu rural. En milieu urbain c’est autre chose et les Métropoles ou communautés me paraissent le bon échelon pour lutter contre les phénomènes décrits par Vincent (invasion pavillonaire,etc…). Du reste je ne vois pas dans les communes, successeurs à très peu de choses près des paroisses d’Ancien Régime, réalité ancienne et bien humaine, l’expression d’une volonté révolutionnaire (bien réelle, certes) d’empêcher tout lien entre l’individu et l’Etat. Au contraire c’est un de ces indispensables échelons intermédiaires qui a été ainsi préservé et vivifié.
     De plus l’expérience des communautés de communes dans la zone que je connais (les Landes) ne me convainc pas : celle que je pratique, finance et subis est très forte dans le dérapage financier et les investissements en tous sens, justifiés ou pas qui mais qui me paraissent surtout servir de tremplin à certaines carrières politiques. Du reste, globalement ce sont ces communautés de communes (et pas les communes) qui sont responsables de l’envol des dépenses publiques territoriales (et donc des déficits publics) de ces dernières années. Après cela il faudrait voir si des communautés « new look » style Pays Basque aujourd’hui ou Béarn demain auraient un sens, peut-être bien que oui mais en ce cas elles seraient simplement un substitut au département que l’Etat ne veut pas leur créer. Elles apporteraient de l’eau au moulin de Lassalle qui concède auxdits départements une identité et une utilité véritables.
     Pour le reste, la notation d’Artiaque sur les conséquences de perception d’un écart générationnel me parait très bien vu. Que faudrait-il pour qu’un Lassalle ou d’autres élus comme lui,proches du terrain, se réconcilie avec l’idée de régions ? D’abord certainement, qu’elles correspondent à une réalité humaine, ce qui est de moins en moins le cas, nous en sommes tous d’accord. Je pense que nous devrions interpeller ces politiques en cette période pré-électorale sur les charcutages de la loi NOTRE dont il ne suffit pas de dire, comme Lassalle, qu’on veut l’abroger, pour ne rien dire de tous ceux qui s’en accommoderaient bien a priori. Mais quoi mettre à la place ?

  • Loin de moi l’idée de douter de la sincérité de l’engagement de Lassalle, encore moins de questionner le bien-fondé de son constat, qui est souvent le mien, mais je constate dans ses propos comme un manque d’articulation intellectuelle d’une part (au sens d’une vision d’ensemble), une mystique archaïque d’autre part, faite de nostalgie.

    Jean Lassalle se présente aux élections présidentielles françaises, et il ne peut pas se contenter d’un discours sur la seule ruralité, la commune. Jean Lassalle parle d’aménagement du territoire, il doit donc parler de la ville, il doit prendre en considération l’étonnante diversité française (l’appartenance à une commune dans une vallée de montagne n’a rien à voir avec l’appartenance à une autre commune en plaine, encore moins dans une commune de la Beauce, de Sologne) et ne pas tout ramener à son expérience, très spécifique, de maire de commune isolée.

    Et ainsi que l’indique Artiaque, je trouve la nostalgie gaullienne chez Jean Lassalle quelque peu vaine. Faire les constats de l’échec de l’aménagement du territoire, c’est une chose, croire que le retour à l’âge d’or des Trente Glorieuses est possible en est une autre. L’aménagement du territoire, ce sont des questions complexes de droit, d’économétrie, de sociologie. Une fois de plus, la "commune" fantasmée, avec la bonne figure paternelle du maire n’a aucun sens dans une métropole intégrée.

    Je remarque que les Basques ne sont pas du tout dans cette nostalgie : ils ont pris les armes juridiques qui leur étaient offertes et ont constitué une intercommunalité basque unique, qui videra petit à petit le département de sa substance. Cette interco pose des problèmes cruciaux, j’y suis à titre personnel opposé, car ce n’est pas la bonne réponse pour le fait basque (Bayonne se coupe de son hinterland landais, et la gestion de la Soule ou de la Basse-Navarre va se trouver inféodée à des thématiques qui ne sont pas les siennes), mais force est de constater que les Basques n’attendent pas l’apparition d’une croix de Lorraine dans le ciel pour faire quelque chose. Ils ont compris l’importance de la question du territoire, un fait qui m’avait surpris il y a 15 ans, quand au contact de jeunes Basques de l’intérieur venus étudier à la fac à Pau, j’avais face à moi des jeunes gens qui dès leurs 18 ans étaient au fait des thématiques immobilières et foncières.

    Bref, Jean Lassalle, avec toute l’estime que l’on peut avoir pour son combat, n’incarne pas une pensée d’avenir, susceptible d’articuler un enracinement dans un terroir avec une inventivité des formes juridiques pour chercher à mieux coller à la réalité vécue. La réponse à la bêtise de la loi NOTRe sur de nombreux aspects ne doit pas être le rejet de tout l’apport de la décentralisation.

    Je dis ça avec le sentiment net néanmoins que le cycle de décentralisation entamé dans les années 80, me semble en fait avoir accouché d’une hyper-administrativisation, voire d’une reconcentration des pouvoirs (quel intérêt de confier à des collectivités territoriales des missions étatiques comme le RSA ?). Quand l’ancien monde créait des syndicats intercommunaux innovants, le nouveau se trouve contraint par le régime rigide du Code général des collectivités territoriales. Nous avons créé dans les capitales de région des mini-Paris et la fonction publique territoriale est venue appesantir le tout.

    Il y a donc beaucoup à redire de tout ce qui a été fait depuis une trentaine d’années. Mais Jean Lassalle n’est pas cette figure innovante que nous attendrions.

  • Ces questions de répartition des pouvoirs entre différents échelons et de découpage du territoire sont d’une complexité extrême.

    D’un point de vue "Gasconha", je pense qu’il faut pousser à la suppression des départements qui dès le début et encore maintenant sont la négation de la Gascogne.

    Comme alternative aux départements, il faut promouvoir un couple pays/régions historico-géographiques :
     les pays (par exemple le pays de Born, le Couserans, le Béarn...) peuvent coïncider plus ou moins avec les intercommunalités géantes que la loi NOtre promeut ;
     les régions historico-géographiques fédéreraient ces pays ; une région Gascogne, une région Guyenne, une région (Grand) Poitou, une région Languedoc... je maintiens que les métropoles Bordeaux et Toulouse doivent avoir un statut spécial et extra-régional.

     La cellule de base des pays serait la "commune nouvelle" au sens où elle est proposée par la loi : ces communes nouvelles résulteraient de la fusion des communes trop petites pour faire face à la complexité administrative actuelle ; il y a encore beaucoup de communes qui ont moins de 200 habitants ! Mais même celles qui en ont beaucoup plus ont parfois intérêt à fusionner.

     Communes anciennes, hameaux, quartiers... pourraient être le lieu du bénévolat, de l’entraide, des solidarités plus ou moins informelles ; par exemple elles pourraient maintenir des lieux conviviaux ; je pense par exemple à des estanquets associatifs, aux églises à clocher mur qui cherchent une vie communautaire nouvelle, celle des anciennes paroisses...

    La vision "Gasconha" (en fait la mienne...) serait aussi de ne pas chercher à appliquer un modèle uniforme (notamment entre ville et campagne, entre plaine et montagne, entre lande forestière et campagne agricole...), tout en prenant garde de rester simple et lisible !

  • J’avais exprimé à l’occasion d’un autre fil quelques idées pour nuancer le procès à charge contre les communes : http://gasconha.com/spip.php?article2151

  • Artiaque, je n’avais pas oublié ton éloge des petites communes, et en particulier de la mine de bénévolat qu’elles constituent.

    Mais quand je vois une commune comme Baudignan qui a 52 habitants selon Wikipédia, et devinant la pluie d’obligations que l’Etat déverse sur toute commune, je me demande comment c’est possible.

    Je n’ai pas d’expérience personnelle et regrette de n’avoir que très rarement discuté avec des élus de village. Mais la presse dit parfois comme c’est dur d’être maire d’une petite commune, même faisant partie d’une intercommunalité.

    C’est pour ça que j’accepte l’idée des fusions de communes.
    Une autre raison, c’est que je vois que même une commune de 500-600 habitants n’est plus un bassin de vie quotidien : la plupart des habitants n’y travaillent pas et n’y font pas leurs achats quotidiens, les enfants vont souvent à l’école ailleurs.
    Il reste à ce genre de communes le secrétariat de mairie ouvert à temps partiel, souvent un commerce de proximité parfois aidé par la municipalité, une salle des fêtes, une fête annuelle, la vie de l’association communale de chasse, l’association des anciens...
    N’est-ce pas possible de conserver tout ça - et le bénévolat qui va avec - dans un groupement plus grand, plus adapté au bassin de vie quotidien, plus apte à gérer la complexité administrative imposée par l’Etat ?

  • Je suis sur la position de Tederic, outre que du fait de mon activité professionnelle, je suis au contact de petites communes, et que je ne peux faire que le constat de leurs difficultés, financières comme juridiques.

    Les petites communes sont absolument dépassées par les obligations qui pèsent sur elles, devenir maire est une charge lourde, et nous payons très cher l’absence de coordination de communes riveraines.

    Un exemple net que j’ai déjà exposé ici même est celle du mitage du territoire. Le fait d’avoir contraint les intercos à élaborer les PLU dans le cadre de la loi NOTRe est une bonne chose, car jusqu’ici, bien souvent, les petites communes n’ont pas agi de concert, chacun y allant de son lotissement communal.

    La communautarisation du PLU permettra que les intercommunalités prennent attache avec des cabinets, juridiques comme paysagers, qui pourront élaborer des PLU plus intelligents, organisant de manière plus rationnelle l’espace à bâtir dans le cadre d’un véritable bassin de vie (sauf à ce que l’élaboration du PLU ne devienne un marchandage entre maires, qui chacun exigera sa part).

    L’enlaidissement effroyable de la France, et plus particulièrement de nos pays gascons depuis une quinzaine d’années est en liaison directe avec le transfert de la compétence d’urbanisme aux communes, qui n’ont pas su être un rempart efficace dans le contexte d’une société dérégulée, où le "poids" de la tradition s’est effacé.

    Je ne crois plus en la commune, comme espace d’action administratif, pour résumer. En suite, personne ne peut interdire que des gens, sur les limites communales, cherchent à nouer des liens, à créer des associations. C’est la liberté individuelle, c’est l’espace privé, et c’est très bien ainsi.

  • Le lien donné par Artiaque
    http://gasconha.com/spip.php?article2151
    m’a permis de relire notre dense échange de mai 2014.Tout y est, déjà. Avec malheureusement, entre temps, la loi NOTRE et pour ce qui concerne la Gascogne, la constitution des deux infortunées arregionasses que nous savons. Au fait, qui de nos lecteurs et contributeurs auront effectivement pétitionné, écrit à leurs représentants, locaux, régionaux ou nationaux ? Nous sommes bien souvent vélléitaires, je le crains. L’occasion des élections législatives à venir est un nouveau virage à saisir, n’hésitons pas.
    Pour le fond, je perçois de mon point de vue la cristallisation des points suivants :
     nécessaire refonte des limites régionales : je ne crois pas à une région administrative purement gasconne pour encore de longues décennies, ne serait-ce, comme on l’a fait remarquer dans le débat de 2014 qu’il y manque une capitale naturelle, Métropole ou pas. Par conséquent, la seule carte à jouer serait celle d’une fusion entre anciennes Aquitaine et Midi Pyrénées dotée de deux capitales (Agen devant essayer de jouer sa carte de mini-capitale intermédiaire pour certains domaines) ;
     affaiblissement du rôle des départements sans disparition (c’est une réalité plus prégnante et incrustée qu’on ne le croit), la fusion des conseillers territoriaux pouvant permettre l’articulation à moindres frais de leurs rôles respectifs ; les Métropoles pourront elles-mêmes être considérées au même niveau qu’eux mais tout en restant au sein de la région (cf ma contribution du 13 mai 2014 ) ; je diverge là-dessus de Tederic et Vincent ;
     intercommunalités : les recomposer en renonçant à l’exigence d’un plancher d’habitants de 10 000 habitants (couperet technocratique imbécile ne tenant pas compte de réalités contrastées) en retrouvant dans leurs traçés les vieilles et permanentes solidarités ; ces collectivités, duement contrôlées en raison de leur tendances dépensières voire népotiques, auraient la responsabilité de la politique territoriale, comme Vincent le réclame à juste titre. Les communes s’occuperaient des questions plus terre à terre, plus simples à régler (conceptuellement, humainement les questions sont toujours d’un règlement difficile, même les plus modestes) et seraient le cadre d’initiatives où la motivation civique compte, c’est-à-dire presque toutes. Je suis convaincu que si les communes disparaissaient purement et simplement (ou par biais de regroupements forcés) le désert collectif s’établirait avec la disparition de la motivation de base et les anciennes communes n’abriteraient plus que des individualités consuméristes.

  • La culture politique et administrative hexagonale et bruxelloise sont un contexte dans lequel la substitution des communes par des intercos telles qu’elles sont proposées aujourd’hui représente un suicide politique (et donc à terme, un suicide tout court) des espaces périphériques ruraux.

    Avant l’enjeu technique, il y a l’enjeu démocratique, humain. Vincent, Tédéric, ne devenez pas technos ! Un raisonnement sur les compétences, tout argumenté qu’il soit (et que je pourrais partager, c’est pas la question), ne vaut rien si l’on méconnaît la dimension humaine et les rapports de force.

    Avaliser un abandon (c’est ce qu’il se passe bon sang, quand un bulldozer vient chez vous ce n’est plus le moment de réfléchir au meilleur moyen de renforcer les murs, il faut stopper le chauffeur pour y réfléchir tranquillement) et accepter l’hyper-administration de la vie courante... ne fera rien émerger du réveil gascon que vous appelez de vos vœux, cela contribuera à en balayer les ultimes braises.

    Et si pour une fois , h... de p..., on écoutait la base et on réformait de bas en haut ?
    Plus de communes (en ville notamment) !! Territoire urbains et ruraux s’organisant à leur guise par regroupement volontaire de ces communes, puis au-dessus une seule entité veillant aux équilibres...
    On parie qu’on obtiendrait des taux de participation de 85% à toutes les élections ?
    La république deviendrait démocratique...

    • Plutôt que nous coller hâtivement des étiquettes du genre "techno", cherchons ensemble et écoutons-nous, lisons-nous !
      Je redis que nous abordons ici un débat très complexe.
      Si Gasconha.com doit s’en mêler, c’est à mon sens pour participer à la recherche d’identités collectives heureuses ; des identités emboîtées, depuis l’ostau/la casa jusqu’au monde entier, en passant par le quartier, la commune, le regroupement de communes (qu’on pourrait appeler canton ?), le pays, le département, la région, l’Etat-nation, l’Europe... Et le tout appliqué à la Gascogne !
      Et pour nous, une identité heureuse, c’est une identité qui a une profondeur historique.
      C’est "techno" de dire ça ?
      C’est "techno" de se demander si on peut demander la même chose à une commune de 50 habitants et à une commune de 50 000 habitants ? de se préoccuper de la surcharge de travail et de responsabilités d’un maire de petite commune ? Oui peut-être. Mais il faut bien aussi observer "comment ça marche", ou comment ça ne marche pas ?

      Soyons précis : la loi NOtre ne vise pas à remplacer les communes par des "intercos".
      Elle vise à une augmentation généralisée des échelles : regroupements de communes dans des "communes nouvelles", regroupements d’intercos dans des intercos plus grandes, géantes même parfois ; et regroupement des régions dans des arrégiouasses. Le département est préservé, mais les métropoles tendent à s’en émanciper. Le "pays" n’est toujours pas un échelon administratif, mais je ne sais pas s’il ne connait pas un timide retour en grâce, alors qu’il avait été banni par la réforme Sarkozy.
      J’applique ma grille d’analyse "Gasconha" à cette vision NOtre :
       Les super-régions : concernant la Gascogne, c’est mauvais ; je n’y reviens pas, nous en avons assez parlé.
       Les départements : je maintiens que ce sont des créations qui avaient pour but de contrer les régions historiques ; ils continuent à brouiller le triangle gascon, à créer des frontières imaginaires, des identités factices ; je le vois tous les jours avec le Lot-et-Garonne (alias 47).
       Les métropoles qui s’affranchissent des départements : d’accord, mais concernant Bordeaux et Toulouse, je maintiens qu’il faut les laisser vivre leur vie propre et veiller à ce qu’elles ne vampirisent pas la Gascogne ; les affranchir donc aussi des régions, ce serait "gagnant-gagnant", pour parler "techno" !
       Les intercos géantes : là, c’est particulièrement compliqué. Il faudrait distinguer les zones urbaines des zones rurales et ne pas appliquer les mêmes seuils de population dans les unes et les autres. J’habite dans une Communauté d’agglomération, "Val de Garonne", qui regroupe un pays rural qui n’a rien d’une agglomération : j’ai découvert récemment que Cocumont en faisait partie... Moi je suis à Tonneins... pour aller à Cocumont qui est censé être dans la même agglo, on met une demi-heure de voiture (1h44 à vélo selon Google) au travers de campagnes heureusement émaillées de bordes vasconnes... pas de transport en commun, ça va sans dire... Pour moi c’est un pays, qu’on pourrait élargir encore un peu et qui pourrait prendre les compétences du Département ; mais comme interco, ça ne va pas : il n’y a pas la proximité suffisante.
      Alors, je lis ce que dit Vincent ci-dessous : il faudrait faire avec ces structures géantes, apprendre à ruser avec elles... Comme les basques rusent avec leur interco géante pour faire leur Pays basque administratif ? Sabi pas...
       Les communes nouvelles : oui dans certains cas, par exemple pour ne pas maintenir des communes de 50 habitants comme Baudignan... Mais si on me montre que ces communes sont administrables par des gens normaux dans des conditions satisfaisantes, je veux bien revoir ma position.
      On pourrait aussi utiliser les communes nouvelles pour recréer des groupements d’échelle géographique raisonnable à l’intérieur des intercos géantes, en reprenant si nécessaire certaines compétences à l’interco (il me semble qu’il peut y avoir négociation sur la distribution des compétences à l’intérieur d’une interco...).
       L’infra-communal : par définition, il est ignoré par la loi ; là aussi, il faut distinguer le milieu rural et le milieu urbain. Je connais des hameaux ou d’anciens bourgs (Lausseignan par exemple) qui me donnent l’impression de pouvoir constituer des collectivités, mais selon un modèle administratif léger qui serait à imaginer.

      Que m’arresti !

  • Il n’est pas question de devenir techno, je l’ai toujours été, haha !

    Ce que j’écris est le fruit d’une décennie de maturation intellectuelle, orientée vers la seule interrogation : qu’est-ce qui fait que cela marche si mal ?

    Je ne décèle pas que la commune serait encore cet espace démocratique que l’on peut vanter, ça et là. Je ne vois pas une plus grande dimension humaine à tel découpage plutôt qu’un autre, au contraire, je trouve que nous sommes plus "humains" à réfléchir sur l’espace que nous vivons (remettons en cause les vieilles lunes de 1789 !).

    Il y a cependant hyper-administrativisation, depuis un certain nombre d’années, mais pour quelle raison ?

     D’une part, parce que la loi, le règlement, sont protecteurs : c’est certainement de la paperasse, mais c’est là la seule possibilité pour faire respecter l’État de droit. Quand une collectivité de communes se dote d’un plan local d’urbanisme, quand un maire est tenu de délivrer une autorisation d’urbanisme et de motiver son choix, quand un conseil municipal délibère, et bien c’est ça la démocratie.

    Notre personnel élu, je le regrette, n’est souvent pas au niveau, c’est l’affaire d’une nouvelle génération, et éventuellement d’une revalorisation du "métier" d’élu.

     D’autre part, si la tendance est vers plus d’administration, c’est parce que les gens ne savent plus gérer la collectivité autrement que sous le prisme de l’hyper-individualisme, du chacun chez soi, dans l’absence quasi totale de transmission culturelle. L’ancien monde pouvait s’administrer sans administration, par la force de la coutume, mais ce temps est révolu.

    Bref, je ne m’intéresse qu’aux thématiques concrètes. Dans le contexte du monde tel qu’il est, que faisons-nous ? Je ne cherche aucun bouc-émissaire, ni Paris, ni Bruxelles : si le "peuple" de lui-même n’investit pas les immenses pouvoirs qu’il a à disposition, il ne mérite peut-être pas d’être sauvé.

    Malheureusement, nous sommes un pays où la population est très inerte quand il s’agit de prendre des initiatives, ou en tout cas notre personnel politique, et cela explique la violence d’État, après des années de palabres : une réforme territoriale abrupte et brutale, avec tout ce qui s’est ensuivi, dont le retour en force des préfectures à la manœuvre (notamment s’agissant du redécoupage de la carte des intercommunalités).

    Tout aurait été si différent si depuis des années, les élus des collectivités territoriales avaient joué le jeu de l’expérimentation, des rapprochements, des mutualisations, ...

    Mon propos ne s’inscrit que dans ce contexte : pour éviter une future violence d’État, lors d’un prochain redécoupage ou autre réforme venue d’en haut, il faut sensibiliser les élus comme les citoyens aux thématiques de base, même technocratiques. Savoir qui fait quoi, la commune, l’intercommunalité, la Préfecture, ... C’est là de l’Éducation civique de base. Et y raccrocher la Gascogne.

    Si la loi NOTRe a pu passer si facilement, notamment dans le "Sud-Ouest" de la France, c’est parce que nous sommes encore une contrée régie par d’aimables maires ruraux, un peu dépassés, qui n’ont pas su depuis des décennies rapprocher les anciennes régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. Une contrée où parallèlement, les bonnes circos servent à parachuter des Parisiens. Si nous avions été plus technocratiques, comme le sont les Basques ou les Bretons, alors nous aurions pu amortir le choc, voire émettre des contre-propositions (qui ne sont venues que du monde économique, via les chambres de commerce et de l’industrie).

    Pour parler à l’État central, il faut parler son langage : vive la langue technocratique en deuxième langue vivante !

    NB : Pour les villes, je ne suis absolument pas d’accord. Il faut très clairement supprimer toutes ces communes banlieusardes qui, bien souvent, profitent des équipements de la ville-centre, sans participer comme il se devrait aux coûts de fonctionnement, même dans le cadre d’une communauté d’agglomération. Sans oublier la thématique récurrente des communes périphériques qui obtiennent la création de commerces de grande distribution, qui tuent le commerce en centre-ville, ou encore celle des petites intercos en lisière des grosses intercommunalités urbaines qui pratiquent des tarifs de taxe pro - en fait la CET - pour attirer sur leur territoire des emplois ou des activités qui n’auraient pas vocation à s’étaler si loin en périphérie - cf aussi l’effet autoroute, désastreux, autour des sorties.

  • Boh, Bisens e Tederic a pawzos betz de maw endene. Kin pa de mustres !
    J’étais étonné de comment vous passiez à côté de ce que j’essaie d’apporter à la conversation. Du coup je vous interpelle... c’est pire ! Tant pis. Vous foncez avec vos arguments sans écouter les miens. Et je suis très largement d’accord avec les vôtres pas besoin de les répéter que diable ! L’expérience m’apprend qu’il ne sert à rien de poursuivre quand ça part comme ça. Pas grave, un coup pour rien. Gérard, lui m’a fait la courtoisie de me lire je crois :)
    Bu brespe e dinka ñawde kop !

  • Be m’aduvi dab Vincent.

    Et je dirais aussi une chose : dans nombre de petites communes, plus personne ne veut se présenter à la mairie, on l’a bien vu aux dernières élections... Et si je prends l’exemple de mon village où le maire s’est présenté parce que personne ne voulait y aller, ça ne donne vraiment pas raison à J Lassalle. Parce que pour le coup, le maire , en poste depuis 3 ans, n’a fait qu’une seule chose, refaire le parking de la salle des fêtes. Le reste, rien. Pas de compte rendu de conseil municipal (y en a-t-il au moins ?), pas d’objectifs, pas de projets (une station de ski de fond en haut du village mais aucun commerce ou aucun gite pour les touristes), l’école est en train de crever (plus que 10 élèves) et il ne vient même pas aux réunions, pas de vision, pas de philosophie en somme.

    Si l’entité était gérée par une administration style cdc par des gens compétents et impliqués, ce serait sûrement autrement.

  • Sans esprit de polémique , voici un apport à la réflexion provenant d’un élu ,non pas gascon mais angevin,suite à un regroupement de communes(les régions de l’ouest de la France sont en flèche dans ce domaine ).L’article du Figaro d’hier est malheureusement indisponible hors abonnement ainsi que l’article général « comment les regroupements de communes remodèlent la France ».L’interview est aussi signalée sur Twitter mais sans accès amélioré hélas.

    Je cite donc ses points essentiels :
    « Cette union (à 3) s’est faite dans la précipitation,sous la pression de l’Etat…Ce serait à refaire,je ne le ferais pas…Le budget de fonctionnement va augmenter.Le personnel administratif a la garantie de l’emploi et on ne peut jouer sur les effectifs.De surcroit …il a fallu embaucher un directeur général des services…Les économies ,on les faisait déjà en passant des commandes groupées et en créant des syndicats intercommunaux…Avec des collectivités plus grandes,on va professionnaliser la politique.Or en milieu rural,tout repose sur le bénévolat des élus et le bien-vivre ensemble.On va perdre ce volontariat, cette proximité avec la population,ce maillage du territoire et une certaine liberté chère aux habitants…Les soutiens financiers se tournent vers de modèles plus grands mais à quelle fin ? J’ai le sentiment d’avoir pris un TGV sans savoir où cela va nous mener… ».

    Pour information, Saint-Georges du Bois,maintenant intégrée dans la commune « Bois d’Anjou » ,comptait 428 habitants en 2013.

    Deux remarques :
    1)cette union avait été forcée par l’Etat et n’était pas le fruit d’une démarche commune et pensée de longue date des élus et populations locales ;
    2)des mutualisations pragmatiques à la carte,type commandes groupées , permettraient aussi des progrès hors mesures administratives contraignantes , générales et coupées au cordeau .


Un gran de sau ?

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