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Course landaise et culture gasconne : une évolution ? Comment un ganadero introduit l’art equestre dans la course

lundi 5 septembre 2016, par Gerard Saint-Gaudens

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  • Courses landaises & jeux taurins

J’avais amorcé une réflexion ces jours derniers dans un autre fil de discussion (« On veut être landais de la tête aux pieds ! ») au sujet des arts taurins et de leur relation avec la culture gasconne et son évolution.

Rappelons qu’ils ont été codifiés seulement au XVIIIe siècle pour la corrida espagnole et au XIX voire au XXe pour la course landaise. Je voudrais aujourd’hui signaler, un peu à titre d’exemple, un développement tout récent (depuis 2013) encore totalement ponctuel mais qui pourrait bien permettre un nouveau tournant pour la course landaise (gasconne en fait puisqu’elle effleure à peine le territoire géographiquement landais et déborde largement du territoire départemental).
Un éleveur de vaches et taureaux du pays d’Orthe, en marge des quatre grandes ganaderies chalossaises, Clément Grenet*, également cavalier de haute tenue, a créé il y a quelques années l’association Chevaux Toros (sic) Emotion et promeut depuis trois ans dans quelques villages de la région (le dernier en date Soustons le 22 août dernier) un spectacle total réunissant art équestre (cinq superbes cavalières et une dizaine de chevaux employés avec maestria dans une perspective de spectacle peut-être puisée chez Bartabas quoiqu’avec beaucoup moins de moyens), flamenco réinterprété ** et course landaise (écarteurs, sauteurs et – innovation - cavalier à l’image de la corrida portugaise ou du rejoneo espagnol à la différence que le taureau n’y subit aucun châtiment et que tout est dans l’art de l’esquive, comme dans l’écart finalement).

Si la première partie (le spectacle équestre) est totalement déconnectée de l’art taurin et relève, comme la seconde, d’une imitation de la culture andalouse, la troisième a davantage attiré mon attention : pourrait-elle préparer l’évolution de la course gasconne (landaise), lui adjoignant un troisième moment (pour ne pas dire un troisième « tierço »), équestre celui-là, après les interventions traditionnelles des écarteurs et des sauteurs ? A dire vrai, cela n’aurait sans doute que des avantages : élargir le public de la course en attirant ceux que l’esthétique équestre motive plus que des prestations parfois jugées austères et répétitives par le grand public non aficionado et permettre l’entrée des femmes dans le jeu taurin ; or on ne compte que très peu (2 ou 3) femmes écarteurs et aucune dans le saut alors que les arts équestres sont devenus, tout comme le public des centres équestres eux–mêmes, largement féminins.
Ajoutons à cela que la course deviendrait un débouché de certains cavaliers et cavalières des très (trop pour être rentables ?) nombreux centres équestres de la région à l’image des associations de gymnastique de nos villages chalossais, pépinières de sauteurs…

Dans un entretien à Sud Ouest avant le spectacle de Soustons, Clément Grenet disait vouloir ainsi « sortir de la course landaise », peut-être un lapsus ne correspondant pas vraiment à ce qu’il avait en tête d’ailleurs (son jeune frère Etienne, autre acteur de ce spectacle, n’est-il pas un des espoirs du saut ?).
Ce pourrait bien au contraire un enrichissement de celle-ci à condition que cette initiative « prenne » et ne soit pas perçue comme un ajout momentané tout juste apte à satisfaire les touristes d’un soir. Evidemment cela ne concernerait qu’un certain type de représentation à côté d’autres qui sont déjà très longues par nature (concours landais, challenges ...) et dont la durée ne saurait être allongée.
Que faudrait-il pour que cela « prenne » ?
Si la culture gasconne est morte, peut-être les motivations citées ci-dessus, pour extérieures qu’elles soient à la culture en question, suffiront-elles (ou pas ; ça peut aussi tomber à plat en raison de l’inertie d’un système)...
Sinon, qu’est-ce qui susciterait l’étincelle dans ce premier quart du XXIè siècle où tout à l’air moribond de nôtre côté ? Peut-être le désir collectif de démentir cette mort annoncée par une création – fût-elle comme un troisième acte d’une pièce inachevée. Paradoxalement, la volonté de créer quelque chose qui ne doive rien à une banale espagnolade et ne soit pas davantage un clonage des manifestations extérieures de la culture basque voisine en puisant au contraire dans un fond commun ibérique.
Rêve, tout cela ? C’est sans doute le public de la course « landaise » qui en décidera.

* Les frères Grenet sont des petit-fils d’Henri Grenet,longtemps député–maire de Bayonne, Girondin d’origine et devenu plus basque que les Basques ainsi que son fils Jean. Bref,une famille vasconne qui retrouve ce qu’il y a de gascon en elle …

** Pas besoin de redire ici l’ambigüité des spectacles d’inspiration andalouse dans une Gascogne oublieuse de ses propres traditions. D’autant que le mélange flamenco / « pole dance », celle-ci plus souvent repérable dans les films érotico-pornographiques américains, n’est pas des plus heureux et sera, espérons le, sans lendemain (tout ceci sans nier la qualité des danseuses l’école de flamenco embauchée pour l’occasion).

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Grans de sau

  • 1. Ua navèra sinergia de jòcs, d’espòrts e d’arts ?, 6 septembre 2016, 08:48, par Tederic Merger

    Bravo Gérard pour ton activité de veilleur sur l’émergence possible de nouveaux spectacles ou jòcs ancrés dans le terreau gascon !

    J’invite tous les gasconhautes à faire de même dans leur domaine de prédilection*, et à partager ici leurs observations.

    * Hors des jòcs avec les animaux, je vois d’ores et déjà ces axes possibles pour une nouvelle culture gasconne :
    - lo minjar (lou mindyà), de la culture ou la cueillette dinc a la taula...
    - lo cant (lou cant)... en diffusant les pratiques de polyphonie actuellement trop cantonnées vers les Pyrénées.
    - Et bien entendu, les chasses traditionnelles (paloumères etc.), sur l’évolution desquelles il y a sans doute beaucoup à dire - elle dépend de l’évolution de l’espace rural...

    Si nous arrivons à la longue à associer une dizaine de faits culturels vivants à l’espace gascon, il ne sera plus question de se replier sur les départements 32-40-64-65, et on nous appellera même en Entre-deux-Mers et ailleurs, comme on fait maintenant venir des animateurs basques pour mettre le feu dans les fêtes du pays toy (m’a-t-on dit...).

  • 2. A suivre / de seguir !, 26 octobre 2016, 10:00, par Tederic Merger

    Arzacq.
    Encore un spectacle qui combine, ou plutôt juxtapose, course landaise et spectacle équestre...
    Je remarque aussi l’importance donnée à « l’ambiance musicale créée par la Lyre Arzacquoise » et « à 12 h, un repas coursayre, au prix de 10 €, sera servi au foyer d’Arzacq ».
    Peut-être que je découvre la roue, et que ce type de progamme est déjà assez courant... sabi pas... en tout cas, j’y vois une création enracinée.
    En plus, une fois n’est pas coutume, j’annonce un évènement avant qu’il ait lieu !-)

    Arzacq : course landaise et spectacle équestre dimanche 30 octobre

  • 3. La course landaise en danger de mort , 20 juin 2020, 10:21, par GSG

    Mardi dernier 16 juin, Henri Tilhet, propriétaire de l’élevage Dargelos, s’est résigné à envoyer dix de ses coursières à l’abattoir "pour préserver les 50 à 60 stars qui constituent la tête de la ganaderia", déclarait-il à Sud Ouest (édition d’hier).
    Motif : les frais fixes quotidiens face à toute absence de revenu depuis la fin de la saison 2019.
    Et d’ajouter "c’est notre culture qui est en jeu".
    La cagnotte lancée sur Leetchi par l’association des jeunes coursayres, dont nous avions signalé ici le lancement pendant l’"embarrament sanitari" n’a pas suffi à protéger les éleveurs bien que l’action solidaire ait réussi à apporter 80 boules de fourrage et deux tonnes d’aliments, comme signalé par l’éleveur lui même.
    On ne peut que recommander à nos lecteurs de se précipiter aux prochaines courses (Quand ? On ne sait toujours pas) et d’être généreux.

    Au delà se pose la question du modèle économique. Et aussi celui de la nécessaire collaboration entre notre monde de la course landaise et celui des courses espagnoles pareillement touchées par le confinement, même si cela risque de faire grincer des dents : comment, sinon, équilibrer les budgets des arènes si les deux genres de jeux de taurins n’assurent pas une bonne couverture de l’agenda des arènes ?


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