Maison "Ramuntcho"


Audenge.
Qui offrira à la Gascogne son Ramuntcho ?
En gascon, ce serait Ramonet (prononcer "Ramounétt")...

Grans de sau

  • « Ainsi, le pays basque fut associé pendant plus de trente ans à l’existence de Pierre Loti. Il lui a inspiré, à côté de tant de pages admirables qu’ont recueillies Les Reflets sur la Sombre Route et Le Château de la Belle au Bois Dormant, un grand chef-d’oeuvre, Ramuntcho, moins émouvant peut-être que Pêcheur d’lslande, mais plus original et plus imprévu. La Bretagne n’avait pas conquis tout de suite Pierre Loti. Elle lui avait causé d’abord une oppression et une tristesse extrêmes. Il fut moins long à aimer l’Euzkalerria. Même sans Mme V. d’Abbadie, qui, en l’automne de 1891, l’initia avec goût aux beautés du pays basque, le jeune commandant du Javelot n’aurait pas mis du temps à les découvrir.
    Il était trop artiste pour ne pas en sentir du premier coup la séduction unique. Aucun de ses voyages ne lui avait procuré la révélation d’une semblable harmonie entre une terre et une race. Il s’y mêlait un mystère que la science n’avait pas réussi à déchiffrer. Est-il nécessaire qu’elle y arrive ? Les Basques ont la fierté de l’énigme qui entoure leurs origines. Elle ajoute le charme d’un secret à la noble souplesse de leur allure, à l’élégance de leurs paysages, où tout est ordre et mesure, à la richesse de leur langue, que les étrangers n’apprennent pas, à leurs rites et à leurs jeux. Avant Pierre Loti, ils avaient des chansons, qui sont d’ailleurs du tour le plus original, où le terroir se sent. Pierre Loti leur a fait, avec Ramuntcho, le don royal d’un des plus beaux poèmes qu’il ait écrits. Il a enchâssé une histoire d’amour, gracieuse et douloureuse, qui fut son dernier roman, dans des descriptions dont l’exactitude, la variété et la finesse sont incomparables. Mais je le loue surtout d’avoir tenté de peindre une race, « un de ces ensembles résistants et de durée presque indéfinie qu’on appelle une race », et d’y avoir fait aux croyances la part que, de temps immémorial elles y occupent.
    [...]
    Pierre Loti composa a Ascain ce noble et émouvant chef-d’oeuvre. Il n’habitait pas encore Bakhar Etchea. Mais c’est tout le pays basque qui vit, qui fleurit, qui aime, qui palpite, qui sourit, qui joue, qui souffre... et qui prie, dans Ramuntcho. Il y a dans ce livre toute son âme, qu’un magicien du verbe a sentie et exprimée.

    Au nom de l’Académie française, devant cette humble maison qui fait partie du patrimoine national, j’ai la joie, que mon patriotisme béarnais ne dément pas, d’associer dans un même hommage le pays basque et son glorieux poète, la race basque et son écrivain immortel. »

    LOUIS BARTHOU
    de l’Académie française
    Les annales politiques et littéraires - 15 sept. 1930

  • "Pour tous ces croyants qui chantaient là, il se dégageait de ce cérémonial immuable de la messe une sorte de paix, une confuse mais douce résignation aux anéantissements prochains. Vivants de I’heure présente, ils perdaient un peu de leur personnalité éphémère pour se rattacher mieux aux morts couchés sous les dalles et les continuer plus exactement, ne former, avec eux et leur descendance encore à venir, qu’un de ces ensembles résistants et de durée presque indéfinie qu’on appelle une race."
    ["Ramuntcho"]

    Je reviendrai sur ce "Ramuntcho" de Pierre Loti, qui n’est pas, comme ça a peut-être été dit, un recueil de clichés touristiques, mais une évocation émouvante et qui sonne juste de ce Pays basque immuable, de ses paysans, de ses frontons, de ses églises...
    Pierre Loti utilisait le mot "race" pour désigner une communauté attachée à un pays, chaque génération vivant, chantant, parlant... comme la génération précédente.
    Le chant des croyants à l’église exprime l’appartenance à cette "race", dont la permanence permet à chacun de dépasser, et d’accepter un peu, son "anéantissement prochain".

    Quel rapport avec la Gascogne ?

    Par rapport à la description du pays basque idéal que fait Loti, on pourrait voir celle-ci comme un Pays basque dégradé ou dilué.
    Les pays gascons ont plus ou moins certains ingrédients observés par Loti : le climat doux et humide, avec parfois le vent chaud venant d’Espagne, la présence des Pyrénées... ils avaient aussi, plus ou moins, les communautés villageoises que Loti observe au Pays basque...

    Et le sentiment d’appartenance à une Gascogne, certes moins immuable, mais millénaire quand même, peut-il nous aider à vivre et mourir ? La question est grave, mais elle vaut le coup d’être posée.
    Je pense ici à ce que dit Hervé Coudroy, l’auteur du site auribat.com dans son article "Qui suis-je ?" :
    "Si aucune croyance mystique n’est jamais venue ébranler mes doutes, l’exploration à la fois scientifique et poétique des siècles passés me console de nos faiblesses, de nos inconséquences, de nos erreurs, du sentiment de vanité et d’absurdité de l’existence qui peut parfois traverser l’esprit humain, et m’inspire un mystérieux espoir, comme une foi inexplicable et inébranlable en notre avenir."


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