Laas : Andorre, Monaco ou Groland ? Gérard Saint-Gaudens

http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2014/05/03/et-si-la-petite-commune-de-laas-devenait-une-principaute,1192232.php

Préparé dans l’ombre depuis 2011 ce projet assez ahurissant fait depuis quelques semaines la page intérieure de plusieurs médias, en commençant par « La République » (voir ci-dessus) et « Sud Ouest » et en continuant son chemin via l’ « Express » et le « petit Journal » de Canal + .
Il illustre, de façon pathétique, tout ce que nous commentons ici, les uns et les autres, mois après mois : le désespoir des petites communes rurales, leur désir de se raccrocher à toute branche à leur portée, la perte de conscience historique et l’impact du monde formaté véhiculé par les media.

Laas, 111 habitants mais tout de même si l’on en croit le Petit Journal, une fabrique de bérets (pas florissante, on l’imagine), une entreprise de taille de pierres et un ébéniste d’art. Celui-ci, peut-être d’installation récente d’après l’accent, est actuellement occupé à la construction d’une cabane de douane, curieux pour une municipalité qui se verrait bien au contraire en zone franche mais bon…
Peu importe d’ailleurs puisque en fait, tout dans ce projet est dans la pure apparence, dans les signes qui ne renvoient à rien et en particulier à aucune réalité historique (ce serait Bidache, on pourrait discuter mais pas là !).
Le maire (M.Pedehontaa) a toutefois conçu un drapeau (probablement pas issu du blason de la commune d’après son allure) qui fait la part des vaches du Béarn (significatif que cette évocation ait fait s’esclaffer le public du Petit Journal, évidemment peu au fait de ce genre de réalités).

Ce projet n’a bien sûr aucune chance de voir le jour, même de forme atténuée, et le maire, en fin béarnais, a sans doute surtout envie d’accroitre la notoriété de sa commune et d’attirer un flot de touristes mais qui sait si une part de lui-même n’espère pas davantage ?
Reste que tout cela sonne faux et creux malgré un comité de patronage de l’association « principauté de Laas en Béarn » qui se veut prestigieux et malgré le travail préparatoire (se sont-ils fait payer et combien ?) de deux jeunes « spécialistes » en développement touristique, tous deux parfaitement extérieurs au pays, naturellement et sans doute peu connaisseurs de ses diverses particularités .

Curieux d’ailleurs que ne soit à peu près jamais mentionné dans les contributions médiatiques (et peut-être aussi dans la savante étude des deux spécialistes du tourisme) le seul attrait touristique majeur de Laas : le château du XVIIè siècle légué il y a une quarantaine d’années au Touring club de France par ses derniers propriétaires, alors très connus en Béarn ; ces généreux collectionneurs et mécènes avaient ainsi légué un ensemble considéré comme remarquable par les historiens de l’art.
Le Touring Club ayant disparu, je ne sais qui est maintenant propriétaire du château mais il est toujours là et c’est sans doute sur lui que devrait s’appuyer une volonté de création de valeur à base touristique (avec la pêche dans le gave d’Oloron en association avec Navarrenx tout proche sans doute aussi).
Avec bien sûr une utilisation intelligente de l’identité béarnaise et de la culture gasconne sous-jacente. Celle-ci n’est jamais mentionnée ou sollicitée dans cette artificielle construction et le Béarn l’est à travers la très chauvine appellation (déposée également à l’INP !) de « Béarn centre du monde » sans doute vaguement inspirée de Salvador Dali : étonnant que cette revendication-là n’ait pas été reprise par l’IBG !

Grans de sau

  • Bonjour,

    Je suis l’auteur de l’article paru dans l’Express. http://www.lexpress.fr/region/et-si-laas-en-bearn-devenait-une-principaute_1574624.html

    Contrairement à ce que vous indiquez, j’y fais bel et bien allusion au château de Laàs, qui est actuellement la propriété du conseil général.
    Je pense, comme vous, que cette bâtisse constitue l’un des atouts de la commune, mais je ne crois pas une seconde qu’elle suffise à elle seule à assurer son développement. A défaut, toutes les communes de France possédant un château seraient prospères, et cela se saurait.

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le passage au statut de "principauté", n’est pas le but de Pédehontaà. Son objectif, vous l’avez compris, est d’accroître la notoriété de son village pour donner envie à certains touristes de s’y rendre. Il souhaite aussi le spécialiser dans les mariages "événementiels" à l’intention des couples sensibles à l’originalité.

    Il s’agit en fait d’une approche de "marketing territorial" tout à fait originale dans la mesure où celui-ci est d’ordinaire l’apanage des grandes collectivités (Lyon, Bordeaux, Bretagne, etc).
    Vous semblez vous offusquer qu’il n’ait pas choisi de mettre en avant la Gascogne. Personnellement, cela ne me paraît pas étonnant. Celle-ci, qu’on le regrette ou non, n’a pas aujourd’hui d’existence forte dans l’esprit des Français. Elle n’est pas une "marque porteuse", pour utiliser le jargon en vigueur. ll n’est pas certain que le Béarn le soit beaucoup plus, mais Pédehontaà considère qu’il renvoie à un sentiment d’appartenance plus fort. A titre personnel, je pense qu’il a raison.

    La démarche de Pédehontaà est aussi révélatrice du malaise d’un certain nombre de "petits maires" qui ont aujourd’hui le sentiment d’être oubliés par une réforme territoriale qui fait la part belle aux métropoles, aux grandes régions et aux grandes intercommunalités.

    Pour toutes ces raisons, cette initiative m’a paru susceptible d’intéresser les lecteurs de l’Express.

    Cordialement,

    Michel Feltin-Palas

  • Ce Pédehontaà est sans doute un as des médias et de l’entregent, mais...
    à en juger par l’article de "La Rép" et par l’article de Michel Feltin-Palas dans "l’Express", je lui ferais ces reproches :

     il joue perso pour sa commune (voir sa haine de l’intercommunalité),
     il attend le fait du prince (Albert de Monaco, le "coprince" évêque de Bayonne, le président de la République...)

    Même s’il arrivait à faire de son village un "Laàs Vegas" ou un "Hutt River", ce serait par un procédé non généralisable aux autres communes de même taille et de même situation ; donc, je trouve l’entreprise peu intéressante pour le développement futur des villages béarnais, gascons et autres...

    Finalement je souscris à toute la critique de Gérard Saint-Gaudens, et notamment "tout cela sonne faux et creux".

    Pour ce qui est de la puissance de la référence "Gascogne" :
    Même si la Gascogne est ignorée par la géographie administrative française depuis la Révolution, et a donc perdu du terrain dans les esprits français, son image persiste, et même largement au delà des frontières de la France.
    Ensuite, en Béarn, il est intelligent d’utiliser l’appartenance béarnaise ; encore mieux si on sait l’articuler avec une appartenance gasconne, ou vasconne, plus large...

  • A M.Feltin-Palas :
    A propos du château de Laas, je n’ai pas dit que votre article (un des nombreux parus sur le sujet) n’en parlait pas ; j’évoquais le silence quasi général des media sur le sujet.

    S’agissant dudit château, bien sûr c’est insuffisant pour assoir un développement mais d’abord ce n’est pas un château ordinaire en raison des collections de premier ordre qu’il abrite (ce n’est pas le cas de tous et de très loin...) ; ensuite je préfère qu’on assoie une politique de développement sur ce qui existe (le château et encore une fois la pêche, sans oublier d’autres atouts que je ne connaitrais pas) plutôt que sur du vide, du "people" pur et simple, qui risquera bientôt de virer au "trash" puisque je vire moi-même ici au franglais : l’exemple que vous citez m’y incite, celui des supposés "mariages princiers" attendus qui seront sans doute finalement des mariages d’élus de télé-réalités, tout au plus...

    Désolé pour cette sévérité mais je crois qu’on ne gagne rien à travestir les réalités sociales et culturelles, comme c’est le cas ici.

    Et pour le reste, tous mes vœux à la commune de Laas et à ses habitants !

  • Gérard,
    la fabrique de bérets, l’entreprise de taille de pierres et l’ébéniste d’art qui existent à Laas selon "le Petit Journal" pourraient aussi contribuer à une attractivité du village qui ne soit pas seulement du vent.

    Aco dit... le vent médiatique que le maire M. Pédehontaà essaye de faire souffler sur Laas a déjà une retombée favorable sur Gasconha.com : le nom gascon Pédehontaà vient d’y être ajouté.

  • Bien sûr d’autant que le "tout tourisme" n’est jamais à conseiller...je suppose que l’excellent M.Pedehontaa a dû déjà y penser.Cela dit, pour tous ces artisans,il faut des clients,où les trouver ? Grâce à la publicité que lui fait gratuitement Gasconha.com,naturellement !


Un gran de sau ?

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