Libournais - Castillonnais

Castillon-la-Bataille

- Gerard Saint-Gaudens


 

Capitourlan / Capitorlan / Capitourlan

Capitourlan est sans doute le dernier hameau de langue historiquement gasconne quand on prend à Castillon la route du nord, vers Montpeyroux et Villefranche de Longchapt (communes franchement périgordes, donc occitano-guyennaises).
En fait la route le long de la vallée nord-sud de la Lidoire ne fait qu’effleurer ce hameau, sans doute plus peuplé et vivant que ce qu’on voit depuis la route. Une association de quartier y développe d’aillleurs des acitivités, dont un concours des "couleurs d’Aquitaine".
Voir http://www.capitourlan.fr/

En plus de cette situation intéressante de dernier boulevard de la gasconité*, le nom de ce hameau de Castillon intrigue. Il sonnerait presque provençal en fait mais est presque sûrement gascon. Palay donne "capità" pour "entamer une action,une affaire" (un pays ?) et "capitat" pour "haut perché" ; le centre du hameau est peut-être sur une colonie, il faudra que j’aille y voir !

*dans le domaine subjectif c’est à peu près à cet endroit (avant ? après ?) que j’ai un peu l’impression de changer de paysage, voire de pays et d’entrer en Périgord ...

Castillon la Bataille - Vieille maison à Capitourlan

 

Grans de sau

  • « Capitorlan es una anciana comuna de Gironda, restacada a Castilhon lo 1èir vendemiari an XI. Tanlèu la fin deu XI° siègle, apareish lo nom de Capèra Arland. »
    https://oc.wikipedia.org/wiki/Capitorlan

    « Le nom de Capitourlan a pour origine sa chapelle. Un parchemin relatant le rôle ancien du prieuré de “Mont-Caret” et une traduction du 17ème siécle, évoquant la fondation du prieuré de Castillon sur Dordogne par Olivier, Vicomte de Castillon , retacent l’évolution du nom de la commune. Nommée à la fin du XIème et tout début du XIIème Chapelle Arland ou Chapelle Irland, elle prend sucessivement les noms de Sainte-Marie de la Chapelle [Irland], puis de ”Nostre dame de Capet Hyrlani”, ou de “Capitelan. Au 17ème siécle, elle est répertoriée “Beatae Mariae de capella Arlandi, vulgo Capitourlan”. »
    http://capitourlan.free.fr/?page_id=6

  • C’est le passage du Bordelais viticole à la forêt du Landais qui explique cette impression, que j’ai aussi.
    L’ancienne langue vernaculaire est proche entre le Libournais et le Bergeracois, pays de dialectes de transition. Ce sont les formes verbales (avè/aviá, dissut/disset) qui permettent de séparer les deux dialectes.

  • Tè, sui jo qu’escrivuri l’artigle Wikipedia de Capitorlan , avèvi aublidat. Mès hasuri l’error de pas citar mes sorças. E la fotò es de jo tabé :)

  • Sembla estrange que capella > capet/capit

  • Je trouve cela étrange moi aussi. Je me demande même si cette étymologie depuis Capella Irian (je suppose, le texte cité nommant le lieu en français, jusqu’à Capitourlan) n’est pas forgée de toutes pièces a posteriori et en fait serait tout à fait controuvée ; cela arrive parfois. Bizarres passages de Capilla a Capit, d’hirian a ourlan, etc...
    Au passage, je n’aurais jamais imaginé qu’il pût y avoir un article wikipedia ("occitan", en plus !) pour le si modeste Capitourlan !

  • Au cours de mes pérégrinations girondines, je m’étais dit que les anciennes communes méritaient d’avoir une notice comme les communes actuelles. Je me souviens d’avoir aussi fait ça pour St Martin de Mazerat : https://oc.wikipedia.org/wiki/Sent_Martin_de_Maserac.

  • La question de la frontière linguistique dans cette zone aux confins du Périgord et du Bordelais est fascinante, et plus encore celle de l’ancienne frontière, avant tout de même que les dialectes ne se mêlent.

    Notre ami Philippe Lartigue a pu faire remarquer que les environs de Montcaret, côté périgourdin, étaient tout à fait de même langue que Castillon, ce qui montre tout de même que la Lidoire n’a pas été, perpendiculaire à la vallée de la Dordogne, une frontière nette, au moins le long de ladite vallée.

    En effet, je suis d’accord dès que l’on s’éloigne de la vallée, le gouffre paysager est assez immense entre les paysages viticoles du Castillonnais et l’alternance de landes et forêts du Périgord adjacent, autour de Montpeyroux.

    Je ne connais quasiment pas, sauf peut-être le passage du seuil de Lauragais ou l’entrée en Quercy depuis Fumel, de transition aussi brutale que la route entre Francs et Villefranche-de-Lonchat. Mais cela ne dit rien des langues, ou pas directement.

    Il semble net que la langue castillonnaise débordait sur les communes des bords de la Dordogne, côté Périgord, dont le château de Montaigne. La toponymie de ces quatre communes historiquement périgourdines (du moins dans un dernier état, celui des intendances, les frontières ont pu bouger), que sont Montcaret, Lamothe-Montravel, Saint-Seurin-de-Prats et Saint-Michel-de-Montaigne, montre des formes assez peu périgourdines.

    La Tauziatte (chute du -n- intervocalique ?), Bardies (idem ?), Le Cendrey (suffixe -èir bordelais), Le Carros (toponyme aquitain ?), Les Palanques (toponyme clairement de distribution de sud-oc), Trety (variante de Treytin), ...

    En gros, la toponymie typée oc méridional et rare en Bergeracois s’arrête le long de la rive droite de la Dordogne en face de l’ancien Bazadais, rive gauche, de Flaujagues à Pessac-sur-Dordogne. Immédiatement à l’est, c’est le Pays Foyen, de l’ancien Agenais, et la couleur toponymique change.

    On trouve même sur cette rive droite périgourdine, non loin de la frontière communale de Montcaret, en allant vers Bergerac, le toponyme "L’Hirondelle", qui semble un dérivé du toponyme de frontière celte d’époque romaine "equa randa". La frontière entre la cité des Birutiges et celle des Pétrocores devait être là, selon moi. Ce qui signifierait que l’orbite bordelaise de ces 4 communes est inscrite dans un temps très long.


    Le celte "equa randa" et ses dérivés en Gironde

    En revanche, en allant vers le Nord, en remontant la Lidoire, on voit bien que la toponymie changeait, et que l’on est déjà dans le monde limousinoïde. Le toponyme Lonchat, avec sa palatisation et son suffixe final -ac > -at tranche très clairement avec la toponymie du Castillonnais.

  • Pour ce qui est de Capitourlan, je ne vois aucune raison de penser que l’étymologie serait fausse, capet doit être la forme masculine de capèra, donc capèth (ce qui fait que le toponyme est parfaitement gascon).

    Quant à Arland (nom propre médiéval), il aura subi une déformation : d’expérience, j’ai l’impression que les toponymes en Bordelais sont beaucoup moins stables sur le temps long que plus au sud en Gascogne méridionale. Mais enfin, de Capetarland à Capitourlan, ce n’est rien d’inenvisageable.

  • Capèth dans le sens de ’’toit’’ alors, comme attesté dans les Pyrénées ?

  • J’en connais d’autres, moi, des transitions brutales : l’entrée sur le plateau landais (notamment depuis Pompéjac), ou le passage Double/Ribéracois...


Un gran de sau ?

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