Pays de Born Pays negue Landes de Gascogne

Pontenx-les-Forges

- Halip Lartiga


 

La dernière maison "vasconne" de Pontenx / Le darrèira maison "vascona" de Pontens / Le darreÿre maÿsoun "bascoune" de Pountens


Au quartièr Larrousseau.

Aquera maison de Pontens qu’es hòrt bròia e un bèth exemple de l’estile "vascon" deu Bòrn de bisa. Qu’es le darrèira atau de le comuna, com le d’Eslèirs a Parentias.

Alavetz, les maisons ditas deus Anglés ne sonn pas lo monopòli deu Marensin o de le Maremna.

Entà dar le pròba lo Bòrn de bisa que n’avè dinc a le començada deu sègle XIXau.


 

Grans de sau

  • De quelle façon l’abondance de la garluche a-t-elle pu jouer sur la désaffection du style vascon en bois à Pontenx ?

    Il va sans dire que l’activité industrielle de Pontenx-les-Forges est également en cause dans l’importation de styles venus d’ailleurs.

  • Bonjour Vincent,

    L’abondance de la garluche n’a pas vraiment joué sur cette désaffection, ni à Pontenx, ni ailleurs en Born septentrional.
    En fait, elle était utilisée pour la construction des maisons en concurrence avec les autres modes (pans de bois, briques plates dites barouns produites dans les communes où il y avait des veines d’argile, mélange des deux) et, plus la commune en avait, moins le bâti à pans de bois était présent, comme c’est le cas des villages le long de la Leyre. Il y avait même des maisons à façade sous pignon bâties en garluche.
    Je profite des vacances pour terminer un travail sur les 650 microtoponymes de Biscarrosse (c’est pourquoi je suis allé photographier Larrouseau et l’ai envoyée à Tederic) et j’ai méthodiquement épluché le cadastre napoléonien (en ligne sur le site des Archives départementales 40) ainsi que les registres papier de 1840 mis à ma disposition par René Lalanne, l’ancien géomètre de Biscarrosse.
    Bref, je ne m’ennuie pas mais je prends un peu de temps pour répondre à ton interrogation puisque tu réagis à ma photo.
    La deuxième feuille de la section P du plan de 1807 présente dans le détail tous les bâtiments du Bourg. Il en reste huit aujourd’hui et on a des images pour certains d’entre eux. Sur ces huit bâtiments qui ont survécu (on possède l’image photographique de 5), deux sont à façade sur pignon (le café de l’orme et une maison disparue, à côté de la mairie, mais photographiée en 1896), le type "vascon" qui nous est cher ici. Si cette proportion est la même pour le reste du bourg et de la commune, on peut supposer 2 à 3 maisons sur 10 de style "vascon" à Biscarrosse (les dessins des géomètres ne permettent pas de différencier les toits à deux, trois ou quatre eaux et encore moins les matériaux utilisés) et, par extrapolation, dans les autres communes du Born septentrional (Sanguinet, Biscarrosse, Parentis, Gastes, Sainte-Eulalie et Pontenx).
    L’étude méticuleuse des relevés cadastraux et des plans permet de supposer que le type à façade sous pignon a cessé d’être bâti à partir de la fin du XVIIIème siècle, comme l’atteste la maison du préfet, à Parentis, datant de 1770.
    La chronologie typologique a dû être la suivante :
     maisons au toits à deux eaux et à façade sous pignon (c’est le type du Born, du Marensin et de la Maremne) et maisons au toit à quatre eaux et à façade sur mur goutterau.
     Ensuite, disparition du premier type au profit exclusif du second. - Disparition progressive du bâti à pans de bois et remplissage torchis après 1850 et utilisation quasi exclusive de la garluche et du baron.

    Avant le XIXème, les plus belles garluches était réservée aux bâtiments de quelque importance (les maisons des notables, comme la maison Darmuzey-Gazailhan, le château de Biscarrosse par exemple, les moulins à vent ainsi que toutes les églises du Born. On peut le vérifier de visu à Biscarrosse, Parentis, Pontenx, Aureilhan ou encore Mézos).
    En fait, il ne faut pas confondre alios, garluche et fer des marais.
     L’alios (qu’on appelle lapar) est bien trop friable pour servir à la construction (sous sa forme sableuse on l’appelle laparrine).
     La garluixa, qu’on dit aussi pèira de lana, pèira de hèr, pèira de Comensac ou pèira nhòga (vers Pissos), est celle qui sert à la construction car elle n’est pas assez riche en fer pour être exploitée dans les forges.
     C’est le fer des marais, une espèce de garluche bien plus dense et lourde, qui contient jusqu’à 80% de fer, qui était utilisé dans les forges, concassé et fondu dans des fours, donc pas utilisé pour la construction.

    Voilà, j’espère que j’ai été le plus clair possible par rapport à ce que j’ai déduit de mes recherches et observations sur le terrain.

  • Toujours à L’Arrossèu, une autre que je n’avais pas vue, à 300 mètres de la précédente. Rare témoin de la strate architecturale ancienne en Born septentrional. Les propriétaires, très sympathiques, sont vraiment amoureux de leur maison et ont eu la grande intelligence de ne pas la dénaturer.

  • Angle différent, depuis le sud-est. L’intérieur est particulièrement bien conservé, avec une majestueuse cheminée à double foyer.

  • Superbe Halip ! Merci pour cette trouvaille et ce partage ! Vite un inventaire des maisons du Born (avant liquidation ?).

    Pour rappel, la dernière modification des statuts de Région Gascogne Prospective nous permet dorénavant d’agir sur l’urbanisme et l’architecture. Un champ immense à investir.

  • Oui Vincent, il faudrait faire ça. Pierre Toulgouat s’était donc trompé qui n’avait pas vu ni documenté de maison à façade sous pignon dans notre zone et l’en avait exclu de sa carte aréologique des différents types. La mairie de Biscarrosse est en train de finaliser le projet de destruction/reconstruction du café de l’Orme. La version qui sera vraisemblablement retenue est très belle et moi-même, qui craignait un bâtiment rustico-burlesque, suis très enthousiaste. Le cabinet d’architecte qui a travaillé dessus s’appelle Arktic, à Pessac. L’inauguration est prévue en 2024. Je ne peux pas dévoiler le dessin car ce n’est pas encore officiel. Je vous le transmettrai dès que ce sera possible, avec l’autorisation de Madame Larrezet qui est très investie et souhaite faire quelque chose de réussi. Ce que je peux dire est que la visite de l’Arrossèu, avec l’adjointe à la culture, est en relation avec ce projet. J’espère donc que la municipalité, qui est vraiment sur la bonne voie, persistera dans cette volonté de respecter l’état d’esprit de notre vieux bâtiment, tellement abîmé depuis les années 1950, tout en restituant le vieux style architectural du XVIIIème tel qu’il existait encore au nord du Pays de Born.


Un gran de sau ?

(identification facultative)

  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document