Pays gabaye

Cavignac

- Vincent P.


 

Lardilas

en graphie alibertine :

L’Ardilàs

argèla, ardila ? / argile

Prononcer entre "argèle" et "argèlo". Un "argelar" (ne pas prononcer le "r" (...)

Le nombre de Lardilas en territoire gavache est relativement important, à se demander si le terme gascon n’aurait pas été repris en gavache.


 

Grans de sau

  • Les Gavaches prononçaient-ils le -s final ?

  • Au contraire de "Les Ardilas" qui peut s’analyser comme Los Ardilars, avec un suffixe -ar et la marque du pluriel, "L’Ardilas", n’étant pas un pluriel, soit a reçu à l’écrit un s "adventice" (inutile !), soit se décompose comme ardila + suffixe augmentatif -as, mais je ne sens pas trop ce suffixe augmentatif sur un mot ardila (argile) qui d’ailleurs n’existerait que comme racine ancienne*...
    On peut aussi imaginer L’Ardilassa (suffixe -assa logique pour un mot féminin) : mais je ne le sens pas trop non plus, et pourquoi n’y aurait-il jamais de réalisation écrite Lardilasse ? Mais justement, l’IGN en donne une : les ardillasses, 17130 Corignac

    Sinon, l’histoire du toponyme est encore plus complexe, surtout en pays gabaye...

    * Les dictionnaires ne donnent pas ardila pour argile ; ce mot n’existerait pas en oc, tout en ayant donné des dérivés comme ardilèir ou ardilar...

  • Aucun dictionnaire d’oc, en effet, ne mentionne ardila pour argile. Il semble que cela a été la forme locale en gascon bordelais (de "Les Ardilères" à Captieux dans la lande à "Les Ardileys" à Vensac dans le Médoc septentrional), ainsi qu’en oc limousin. Cf le patronyme Ardillier, de distribution périgourdino-limousine.

    Le toponyme gersois Ardilès de Miradoux (32) montre que la distribution pouvait être plus méridionale. Gasconha.com a déjà recensé toutes les occurrences.

    ardile semble avoir été également la forme en oïl régional de l’ouest de la France dont le domaine poitevin-saintongeais : la commune d’Ardillières (17) en Aunis ne peut pas être autre chose. Idem Ardilleux (79). Et tant d’autres micro-toponymes.

    Une fois la confirmation de l’existence d’une variante en -d- sur terme latin argila, à cheval sur les mondes d’oc et d’oïl, reste la suffixation. En effet, L’Ardilas sous-tend un pluriel, qui n’a pas de sens avec un article au singulier.

    On trouve en Limousin Lardilat à Saint-Fiel (23), en domaine linguistique du croissant, et dans une contrée où les suffixes prennent des formes orthographiques aberrantes. C’est aussi le cas en pays gavache : le cas le plus connu est le suffixe -eau/aud/au/aut, pour un même son. Dans le cas du Lardilas de Cavignac et de L’Ardillas de Saint-Yzan-de-Soudiac, on peut imaginer un -s qui ne serait pas étymologique et serait venu masquer le suffixe -ar au singulier. Quelle est la valeur du suffixe -at dans le Lardilat creusois ? Une résolution globale de la question passe par la connaissance des modes de suffixation en oc limousin, oïl saintongeais et une recherche sur l’histoire des cacographies.

    Une solution plus simple serait d’imaginer tout simplement que via l’oïlisation, L’Ardilasse a perdu sa voyelle finale, compte tenu de l’accentuation oïlique. Comment était prononcé localement Lardilas à Cavignac ? Là encore, nous aurions besoin de fouiller dans toute la toponymie gavache, voir si pareille déformation a pu avoir lieu.

    Le toponyme "Les Ardillasses" de Corignac (17). Il se situe dans une zone désormais boisée de Haute-Saintonge, probablement la dernière zone de Saintonge à avoir perdu l’usage de l’oc limousin. Très proche, sur la commune voisine de Bussac-Forêt (17), l’on trouve le lieu-dit "L’Abdie", qui doit être le résultat avec accentuation oïlique de "L’Abadie" ("La Bedie" chez Cassini), ce qui dénote un passé d’oc assez fort. Sur la commune de Corignac, l’on trouve également "La Font Ardilouse".


Un gran de sau ?

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